Nuit au chaud

Le sac de couchage

On ne peut pas envisager le bivouac sans un bon sac de couchage ! Nid douillet après des heures de marche, barrière contre le froid ambiant, cet élément de votre équipement est central. Voici quelques conseils pour bien choisir votre prochain sac de couchage.

Quelle forme ?

Il existe deux formes principales de sac de couchage :

La forme rectangulaire

Le sac rectangulaire est relativement simple et souvent orienté pour les nuits ne présentant pas de températures trop basses. Ils sont relativement volumineux et on perd de la chaleur à chauffer un volume d’air inutile au niveau des pieds. Cette forme est relativement désuète.

Arpenaz 10°C - Décathlon
Exemple de sac rectangulaire : Arpenaz 10°C - Décathlon

La forme sarcophage ou momie

De loin la forme la plus rencontrée, le sac de couchage présente ici des lignes anatomiques : plus étroit au pied qu’au niveau des épaules, il n’y a pas de volume d’air perdu et chauffé pour rien. De même le sac de couchage est plus compact à température de confort égale. C’est la forme adaptée pour le grand froid mais également pour les duvets 3 saisons.

Millet Basecamp
Exemple de sac momie : Millet Basecamp

Il existe d’autres formes en général orientées légèrement (ultralight). Le Quilt et le Top Bag sont des sortes de demis sacs de couchage : uniquement rembourrés sur la partie supérieure il partent de l’hypothèse que la partie inférieur du duvet, écrasée contre le matelas, est inutile. Le « Pied d’éléphant » est également un semi sac de couchage mais dans le sens de la hauteur cette fois-ci ; il ne couvre que jusqu’au niveau du tronc, le reste devant être couvert par une doudoune.

Quilt Cumulus 450
Quilt Cumulus 450
Quilt-principe
Quilt-principe

Les différentes parties d'un sac de couchage

Détaillons rapidement quelques éléments particuliers qui composent un sac de couchage :

  • La capuche : c'est un élément essentiel lorsque la température baisse. Elle permet de protéger la tête du froid. Lorsque l'on sait qu'on perd 20% de notre chaleur par le crâne on comprend son importante. En général, la capuche est dotée d'un cordon de serrage afin de l'ajuster au mieux.
  • La collerette : située juste au dessus des épaules, la collerette joue un rôle important quand il commence à faire très froid : elle permet de fermer "hermétiquement" l'intérieur du sac afin qu'il n'y ait pas de courant d'air par le cou. Certaines sont amovible. Cet accessoire n'est utile que s'il fait froid.
  • La foot box : la foot box est la zone au niveau des pieds. Évidemment présente dans tous les sacs de couchage cela reste un élément essentiel du confort. Les pieds en tant qu'extrémité très vascularisée jouent un rôle important dans la gestion thermique du corps. La foot box doit donc être bien rembourrée.
  • Le sac de rangement : élément qui ne rentre pas en jeu dans le confort de la nuit mais qui a toutefois son importance : le préférer de compression afin que le sac de couchage prenne le moins de place possible dans le sac.
  • Les poches : élément vraiment accessoire, on peut trouver des poches dans le sac de couchage. Personnellement je ne m'en suis jamais servi.

Le sac de couchage suivant, le Néo Odin de la marque française Valandré, présente certaine des caractéristiques présentées ci-dessus (collerette, capuche et foot box rembourrée) :

Sac Valandré Néo Odin
Sac Valandré Néo Odin

Duvet ou synthétique ?

Ce choix peut être relativement complexe. Chacune des matières a ses avantages et ses inconvénients. Essayons de regarder tout cela de plus près :

Le duvet :

Le duvet est constitué de plume et de duvet d’oie ou de canard. Le duvet de ces animaux est une plume légère dont les barbes ne sont pas enchevêtrées. Elles ont un rôle thermique chez l’animal. C’est cette caractéristique qui est recherchée dans son utilisation dans un sac ou couchage ou dans une doudoune d’ailleurs. Le duvet par sa composition va capturer beaucoup d’air qui va agir comme une barrière thermique de par le fait qu’il conduit mal la chaleur. Le duvet est donc chaud, léger et compressible, des qualités essentielles pour un sac de couchage.

La qualité d’un duvet se mesure en « CUIN »  autrement dit en cubic inches (pouces cubiques). Cette grandeur exprime le volume occupé par une once de duvet (une once = 28,3g). Un « bon » duvet aura donc une valeur en CUIN supérieur. On trouve donc dans le marché des duvets pouvant atteindre 900cuin pour le haut de gamme, un duvet moyen gamme étant dans les 600-700cuin. C’est donc une information important lorsque l’on veut acheter un sac de couchage. Un autre point à prendre en compte est le rapport plume/plumette : celui-ci est en général en rapport avec la qualité du duvet (le plus grand, le mieux).

Le principal inconvénient du duvet est qu’il ne retient plus la chaleur une fois mouillé. Il faut donc faire très attention à ce point surtout en hiver. Afin de palier ce défaut, certains fabricants proposent des duvets traités hydrophobes ou des membranes de sac de couchage « waterproof » comme le PERTEX par exemple. Cela ne dispense pas de faire très attention à toujours garde son sac de couchage sec. Malheureusement le duvet est une matière onéreuse et un sac de couchage composé de cet produit coûtera relativement cher.

Le synthétique :

Le synthétique est une fibre plastique à laquelle on va essayer de donner les propriétés du duvet animal afin d’en imiter les capacités thermiques. Malheureusement la nature fait bien les choses et à « chaleur » égale un sac de couchage synthétique est beaucoup plus volumineux qu’un sac en duvet.

Par contre très gros point fort du synthétique est qu’il reste chaud même mouillé ce qui est particulièrement utile surtout en hiver. Point non négligeable il est également beaucoup moins cher que le duvet.

A titre de comparaison :

  • Duvet CUMULS TENEQA 700 :
    • Température de confort : -9°C
    • Poids : 1170g
    • Taille plié : 33cmx20cm soit 7L
    • Prix : 334€
  • Synthétique CARINTHIA Wilderness :
    • Température de confort : -10°C
    • Poids : 2900g
    • Taillé plié : 28cm x 45cm soit 11L
    • Prix : 254€

Température de confort/limite/extrême

Lorsque vous allez acheter un duvet vous allez forcément vouloir savoir jusqu’à quelle température vous pourrez dormir sans avoir froid. Cette indication est en général fournie par le biais de trois températures : les températures de confort, limite et extrême.

Les températures de confort et limite vont donner une idée de la gamme thermique du sac de couchage en question. En règle générale on peut considérer qu’une femme, de nature plus frileuse car possédant moins de masse musculaire en relative, sera plus attentive à la température de confort alors qu’un homme regardera plutôt la température limite. Évidemment cela est à adapter à la frilosité de chacun.

Concernant la température extrême : je ne sais pas quel est le critère de cette température mais il ne faut pas en prendre compte. Si je prends on duvet par exemple, il affiche une température limite à -4°C et une température extrême à -23°C… je pense honnêtement que par -23°C dans mon duvet je ne ferai pas de vieux os… Oubliez donc cette indication.

Dans tous les cas, ces températures sont indicatives. Il y a de nombreux critères qui vont rentrer en jeu pour votre confort une fois dans le sac de couchage : fatigue, humidité, faim, moral, … Tous ces aspects vont jouer directement sur votre ressenti thermique.

Construction des sacs de couchage

Il existe différentes façon de construire un sac de couchage et notamment en ce qui concerne la structure des caissons, c’est à dire là où est placé le duvet ou le synthétique.

La structure cousue de part en part

La première structure, la plus simple, consiste à faire des « boudins » en séparant les caissons par des coutures qui traversent de part en part. L’inconvénient de ce type de construction est la création de ponts thermiques au niveau des coutures. Cette structure n’est donc utilisée que pour des sacs de couchage temps chaud.

Structure classique
Structure classique

La structure en H

Cette fois-ci les caissons sont en forme de boite ou de H. C’est une structure adaptée aux duvets printemps-été.

Structure H
Structure H

La structure en trapèze

Comme son nom l’indique les caissons sont ici de forme trapézoïdales et s’imbriquent les uns dans les autres permettant de diminuer ainsi les risques de ponts thermiques.

Structure Trapeze
Structure Trapeze

La structure en V

Sur le même principe que la structure précédente, celle-ci permet de diminuer le poids du duvet et d’améliorer la thermicité.

Structure V
Structure V

La structure en double H

C’est la plus performante des constructions car elle limite presque totalement le risque de pont thermique. C’est également la plus complexe et le prix s’en fait ressentir.

Structure Double H
Structure Double H

En résumé

Le choix d’un duvet n’est pas chose simple. En pratique il en faudrait plusieurs pour différentes activités et en fonction de la température mais là le budget en prend un coup. Concrètement les critères de choix sont les suivants :

  • Un duvet pour qu'elle utilisation ?
  • Quelle gamme de températures visée ?
  • Choisir entre duvet ou synthétique
  • Essayer de limiter le poids et le volume plié.
  • Et forcément le prix...

L'extrémité Ouest des Lofoten, Norvège

Îles Lofoten, Norvège

14jours

de beauté

300km

au nord du Cercle Polaire

4plages

perdus au bout du monde

3sommets

à couper le souffle

Voilà plus d’un an que nous patientions pour retourner en Norvège et surtout partir aux Îles Lofoten. Pourquoi ici en particulier ? Parce que les Îles Lofoten sont un joyau d’une beauté unique niché au nord du Cercle Polaire Arctique. Imaginez les Alpes mais avec les pieds dans l’eau. Vous êtes le matin en bord de mer et l’après-midi en montagne. Les Lofoten sont uniques et magiques.

Où sont-elles précisément ?

Situées entre le 67° et le 69°N, les Lofoten sont à 300km au nord du Cercle Polaire Arctique, l’archipel s’étend sur 150km dans l’Atlantique Nord. Bien qu’au delà du Cercle Polaire, les Lofoten jouissent d’un climat relativement doux étant donné la latitude. Cela est rendu possible grâce au Gulfstream qui baigne les îles.

L’archipel est constitué de sept îles principales (d’est en ouest) : Austvågøya, Gimsøya, Vestvågøya, Flakstadøya, Moskenesøya, Værøy, Røstlandet. Les populations (environ 24000 habitants) se concentrent le long du littoral étant donné que le centre des îles est en général très montagneux.

Il est facile de parcourir l’archipel en voiture grâce à l’E10 qui relie les différentes îles par des ponts ou des tunnels. Pour les personnes pressées la traversée peut se faire depuis Moskenes jusqu’à Svolvaer en quelques heures mais quel dommage de ne pas prendre le temps de découvrir les Lofoten plus longuement. C’est pour cela que nous avons choisi de « vivre » les îles à pied afin de s’y immerger le plus possible.

Notre projet était le suivant : arrivé à Svolvaer depuis Bodø et descendre les îles Lofoten à pied jusqu’à Moskenes. Entre les deux se laisser vivre au grès de la météo et des envies.


Comment se rendre aux Îles Lofoten ?

Il y a de nombreuses possibilités pour se rendre aux Lofoten :

  • en voiture : la porte d’entrée des Lofoten se situe au niveau de Svolvaer sur l’E10. On peut également arriver aux Lofoten par Moskenes en ferry depuis Bodø. Lorsque nous y étions, nous avons croisé pas mal de personnes en van faisant un tour de la Scandinavie, entrant aux Lofoten par Svolvaer et repartant par Bodø pour poursuivre vers le sud ensuite.
  • en ferry depuis Bodø : il existe plusieurs lignes qui partent de Bodø ayant pour direction Moskenes, Svolvaer (ExpressBoat) ou Stamsund.
  • en avion : il y a deux petits aéroports sur l’archipel : Svolvaer et Leknes. Il existe plusieurs vols quotidien partant principalement de Bodø.

Vous l’aurez compris beaucoup des points d’entrées passent par Bodø. Cette petite ville est accessible par avion, voiture ou train. Elle est même sur la route des hurtigruten.

Pour ce qui est de notre voyage nous avons pris l’option suivante :

  • Avion jusqu’à Oslo (Gardenmoen)
  • Train entre Oslo et Bodø
  • Ferry Express Boat entre Bodø et Svolvaer

Pourquoi prendre le train alors que le trajet dure 17h? Et bien premier point, si l’on considérait le trajet complet Paris → Svolvaer prendre le train ou bien faire un vol jusqu’à Bodø ne nous faisait pas perdre de temps car les horaires des avions nous faisaient rater le ferry. On économisait une nuit d’hôtel au passage. Ensuite le voyage en train permet de prendre le temps de s’imprégner de l’ambiance et surtout de parcourir la Norvège du sud au nord pour en admirer les paysages. Autre côté plaisant : les trains norvégiens sont très confortables (et abordable en prix) notamment le train couchette entre Tromsø et Bodø dans lequel nous avions réservé une cabine avec deux couchettes, lavabo, …

Concernant Bodø, la ville est sympathique et plus active que nous l’avions pensé. On y trouve de bons restaurants.


Premier Jour : de Svolvaer à l'Olderjforden

Nous y voilà enfin! Nous sommes à Svolvaer après quelques heures de train, la traversée du fjord en ferry et une nuit passée en hôtel (histoire de prendre une dernière douche). Nous commençons donc la route direction Kleppstad. Le début du sentier se fait le long du Lille Kongsvatnet après avoir passer le pont au dessus du Straumen puis en direction d’une petite centrale électrique. Cette portion ne présente pas vraiment d’intérêt. Nous quittons le sentier pour entrer sur un vrai chemin. Celui-ci longe le lac de Stor Kongsvatnet. Certaines portions se font sur des chemins aménagés avec des planches surélevées qui ont pour but de protéger les zones humides, on retrouvera ce genre d’installation à de nombreuses reprises durant le voyage  :

Les zones humides sont extrêmement fragiles, il faut éviter autant que possible d’y marcher.

Nous mettons du temps sur cette portion car la vitesse d’évolution n’est pas très élevée entre le poids du sac (plein de nourriture pour les prochains jours), le temps de se mettre en jambe et surtout pas mal de passage rocailleux, recouverts de mousse ou de sentier glaiseux. Nous sommes toutefois content de commencer vraiment le trek et de découvrir les Lofoten.

Nous arrivons finalement au niveau d’un petit bâtiment hydroélectrique auquel nous tournons sur la droite pour monter en direction du Damvatnet. On ressent bien le poids du sac sur les épaules dans la montée. Il doit être dans les 12h-13h, nous faisons donc un pause repas à côté du petit lac. Nous avons une vue superbe sur les lacs en contrebas, les montagnes et au loin la mer.

Nous devons ensuite rejoindre Vestre Nøkkvatnet, du bas nous sommes un peu étonné car nous n’arrivons pas à voir le chemin qui monte… nous le suivons dans les buissons pour arriver finalement au pied d’une canalisation d’eau qui descend du barrage au dessus. Nous comprenons donc qu’il faut la longer pour rejoindre le lac supérieur. L’ascension se fait à l’aide de cordes fixes ancrées sur la canalisation car la pente est raide surtout avec les sacs sur le dos.

Nous arrivons, au final, au lac après cette petite phase “d’escalade”. Le milieu a changé, il n’y a plus d’arbres juste de la lande rase. La vue est belle.

Le temps commence à se couvrir un peu et l’heure est déjà avancée. Nous cherchons à rejoindre un petit col qui nous permettra de descendre vers le fjord. Nous nous égarons légèrement car le sentier est peu marqué et je me suis trompé sur la position de la passe. Nous galérons dans la broussaille mais on arrive à l’endroit voulu. Il est environ 17h et vu d’ici il nous reste beaucoup de chemin, il faut descendre dans le fond du fjord; traverser une zone de marécages (d’après la carte) et longer le fjord sur 5-10km pour rejoindre Kleppstad. Vu l’heure on va pas pouvoir tout faire aujourd’hui, il va donc falloir trouver un endroit pour dormir près de l’eau car la vallée au fond va être trop humide.

Nous attaquons la descente mais le soucis c’est que sur cette partie du sentier,…il n’y a plus sentier. On aperçoit de temps à autre une trace de passage mais rien de fou. Je sortirai donc le GPS au bout de quelques hésitations afin de suivre le chemin. Une personne que l’on croisera plus tard nous à dit mettre quasiment 3-4h à descendre car elle s’était perdue plusieurs fois ou était tombée sur des barres rocheuses empêchant la progression. Dans tous les cas la fatigue commence à se faire sentir et le terrain, extrêmement glissant, n’aide pas.

Une fois le fond de la vallée atteint on constate bien que nous sommes dans un marais, on se dirige donc vers le bord de l’eau en suivant la trace. Cela fait 9h que l’on est parti, il fait moche il est « tard » (19h) et nous en avons un peu marre car on imaginait une première journée plutôt tranquille.

Nous sommes donc sur la trace au milieu des broussailles et dans la boue quand soudain nous tombons sur une cabane et en passant devant je note le “Open Cabin” placardé au dessus de la porte : Ô miracle c’est un refuge “public” ouvert à tous ! On va avoir un toit pour dormir ce soir ! La cabane est toute simple : deux banquettes, une table et un poêle mais c’est le grand luxe tout de même ! Nous nous installons pour la soirée, biens contents d’être au chaud.

Cela aura été une longue première journée, le temps aura été maussade mais sans pluies mais les paysages déjà beaux même avec cette météo. Nous n’avons croisé absolument personnes pendant la marche. A l’issue de cette journée nous décidons de changer un peu nos plans et de prévoir des journées plus courte en distance. On se dit également que l’on va zapper certaines parties de l’archipel pour se concentrer sur Moskenoya car cette île parait la plus riche.


Deuxième Jour : de la cabane magique à Haukland

Une bonne nuit de sommeil ! On reprend la route après un bon petit déjeuner, après avoir ranger et nettoyer et après avoir signé le livre d’or. C’est quand même bien ces cabanes publiques !

Le plan de la journée est le suivant : rejoindre l’E10, faire un coup de stop pour rejoindre les plages d’Utakleiv ou d’Haukland, on verra sur place où passer la nuit. On a choisi de ne pas parcourir Vestvagoy car d’après la carte c’est surtout de la zone humide relativement plate et on a envie d’autre chose. La météo est au soleil ce matin quand on remet le sac sur le dos.

Il nous faudra 1h30 pour rejoindre Kleppstad en longeant le littoral du fjord. Le chemin est sympa. On essaie de trouver un endroit stratégique pour le stop et ça a l’air de fonctionner car un couple s’arrête pour nous prendre au bout de quelques minutes. Ceux sont deux grimpeurs suédois qui passent un peu de temps aux Lofoten. Il y a beaucoup de voies possibles et bien sauvages étant donné le nombre de paroies qu’il y a. Ils nous déposeront à l’intersection entre l’E10 et la petite route qui part vers les plages (Leiteveien). On enchaînera sur un deuxième stop car la perspective de marcher sur la route pendant 2h ne nous enchante pas trop. Notre chauffeur nous déposera sur la plage d’Utakleiv. La plage est très belle et sauvage, il y a peu de monde, par contre ce jour là était assez venteux. 

Nous voulions rester sur cette plage initialement mais entre le vent, le manque de point d’eau et aussi un panneau pas clair sur le prix de la nuit sur la plage, nous décidons de retourner par le chemin côtier vers Haukland. Ce chemin est sympathique et permet de découvrir la plage au fur et à mesure que l’on avance.

Haukland est une très jolie plage de sable blanc nichée dans une anse aux eaux cristallines. Cela donne très envie de s’y baigner si l’eau n’avait pas été aussi froide (mais nous avons vu certaines personnes se prêter à l’exercice tout de même). Derrière la plage se trouve un grand espace en herbe parfait pour poser la tente. Malheureusement le parking qui se situe derrière attire du monde et notamment pas mal de camping-car. Ce soir nous ne serons pas seuls mais la tente la plus proche doit être à 20m de nous, pas de quoi nous embêter. Aspect pratique intéressant : il y a des sanitaires sur parking qui offrent également un point d’eau facile. On pose donc notre bivouac juste derrière la plage à côté d’une table de pique-nique histoire de manger assis ce soir. L’entrée de la tente est face à la mer, il fait un grand soleil, la vie est belle.

Du haut de ses 489m, le Veggen qui se situe entre Utakleiv et Haukland est atteignable à pied depuis les plages et offre un superbe point de vue.

Cela aura été une petite journée, surtout niveau marche mais nous avions besoin de nous reposer suite au voyage et à la première journée de marche. De toute façon le but n’est pas de courir mais de profiter. Ce que nous ferons pendant l’après midi sur la plage au soleil.


Troisième Jour : de Haukland à Nusfjord

Réveil au son des vagues et sous le soleil par 68°N… Quel bonheur !

Le programme de la journée est relativement simple. Rejoindre Nusfjord pour y passer la journée et faire la randonnée jusqu’à Nesland. Le choix de cette journée relativement « pauvre » en marche se justifie par la météo du lendemain qui se sera pas super, nous préférons donc voir le village sous le soleil. Il faut aussi prendre en compte qu’il nous faudra obligatoirement faire du stop car nous devrons emprunter un tunnel (sans trottoir) pour changer d’île.

Nous levons donc le camp tranquillement de bon matin. Notre premier but est de rejoindre l’E10 au niveau de son croisement avec l’Offersøyveien juste avant le passage du tunnel. Nous ferons la route à pied, passage pas très intéressant avec des paysages relativement pauvres.

Nous arrivons finalement à l’embranchement avec l’E10, nous commençons donc notre mission stop.

Il nous faudra 1h30 dans le vent et après plusieurs désillusions pour qu’un couple de Norvégiens en balade s’arrêtent finalement. Nous leur demandons à la base de nous déposer au début de la FV807 qui mène à Nusfjord mais après leur avoir expliqué ce qu’était ce petit village ils décident d’y aller et nous y dépose. Parfait! La route est sympathique et on sent que les paysages deviennent de plus en plus montagneux.

Nous arriverons finalement à Nusfjord vers 13h. Ce village est dit être le plus vieux des Lofoten. C’est un ancien village de pêcheur reconverti en village musée et inscrit à la liste des « sites à protéger » de l’UNESCO. Nous voulions y aller mais nous avions peur que cela soit juste un attraction touristique où des Tour Opérateurs déversent des flots de touristes mitraillant de photo. Et bien non ! Nous avons été très agréablement surpris, il y avait peu de monde et le charme du village est intact. Celui-ci a été conservé dans le style « village de pêcheur ». Alors bien sûr il y a un magasin de souvenir mais il est « camouflé » dans le bâtiment de l’ancienne épicerie (on y trouve d’ailleurs quelques produits frais mais hors de prix!). Les Rorbus ont été aménagés en location très agréable (mais au prix Norvégien…) avec une vue superbe sur le fjord.

Les Rorbus sont des cabanes de pêcheurs montées sur pilotis et posée directement sur les rochers du littoral, les pieds dans l’eau.

Pour résumer tout cela, je vous conseille de faire un tour à Nusfjord, quelques rorbus ont été transformés en musée exposant d’ancienne embarcation ou du vieux matériel de pêcheur.

Nous récupérons les clés de notre rorbu, après avoir posé les affaires, nous décidons de faire la randonnée Nusfjord-Nesland qui est réputée.

Celle-ci part du bout du village et suit la côte jusqu’au hameau de Nesland. Le littoral est magnifique durant la balade surtout sous le grand soleil que nous avons aujourd’hui. On pourrai se croire dans le sud de la France avec cette eau cristalline. Une petite erreur de navigation fait que perdons un peu de temps à un moment. Au final nous ne ferons que la moitié de la randonnée afin de pouvoir profiter du village de jour. La balade est vraiment à faire, même en aller-retour si vous êtes en voiture.

De retour nous ferons un peu de barque sur le fjord ; le soir nous dînerons dans un restaurant du village et profiterons de notre rorbu douillé…


Quatrième Jour : de Nusfjord à Kvalvika

Premier jour de pluie ce matin. Le réveil est plus long que prévu surtout lorsqu’on est au chaud dans un vrai lit et que l’on sait que l’on doit aller marcher sous la pluie… On s’y met tant bien que mal.

On se retrouve donc sur la route à remonter vers l’E10 direction Kvalvika. Cette portion n’est pas agréable. On est le long de la route avec peu ou pas de place pour marcher, il y a peu de voitures mais pas mal de camion et bus. Le tout sous la pluie c’est pas folichon.

Une fois sur l’E10 on se fait prendre en stop par des locaux très sympa(encore une fois pas le choix car il y a des ponts routiers à passer). On voulait, à la base, juste se faire déposer à Ramberg mais le couple nous propose de nous déposer au pied de la rando ! Nos aimables chauffeurs sont originaires des Lofoten et y ont vécu toute leur vie. Aujourd’hui à la retraite ils profitent de leur journée pour flâner en voiture et redécouvrir leurs îles.

Ils nous déposeront donc au petit parking qui sert de départ pour la randonnée vers la plage de Kvalvika. Le sentier, bien balisé, est simple à suivre et n’est pas compliqué techniquement. Toutefois on passe par des zones détrempées surtout après la matinée pluvieuse.

Le chemin pour la plage commence par monter gentiment pour déboucher sur une sorte de col vers 200m d’altitude. Derrière, le sentier se poursuit sur la descente vers la plage dans un terrain plus rocailleux. Tout étant trempé, il faut faire attention car ça dérape. La plage se dévoile le long de la descente. Celle-ci s’étend sur deux anses séparées par une avancée rocheuse. A chaque extrémité se trouvent deux sommets fermant ainsi l’ensemble, au SO le Kjerringa (585m) et au NE le Ryten (515m). C’est somptueux, même sous le voile gris de ce début d’après midi. La première plage sous le Ryten doit s’étendre sur environ 500m, une étendue d’herbe courre tout du long parfait pour le bivouac. La seconde plage est plus petite et plus isolée. Elle est également un peu moins bien orientée vis à vis du soleil surtout le soir.

En tous cas le site est magnifique et parfait pour un bivouac comme on les recherche. Malheureusement, on trouve pas mal de détritus sur la plage, la majorité étant rejetée par la mer.

On s’installera côté SO de la première plage sous le Moltinden (600m) sur une jolie plateforme herbeuse bien plate et parfaite pour un bivouac.

Le temps est toujours maussade mais on sent que le soleil commence à vouloir percer. On en profite pour bouquiner et se reposer sous la tente. Pour ma part je sors faire un tour et tombe à 50m du bivouac (à côté du chemin) sur une cabane semi enterrée bricolée dans le creux de rochers. Cette plage est connue pour avoir “hébergée” deux surfeurs pendant un hiver, ils s’étaient construit une cabane directement sur la plage. Je ne sais pas si c’est celle-ci mais en tout cas elle a des airs de maison Hobbit avec sa porte ronde.

Le soleil percera finalement en fin d’après midi, la plage se transforme, c’est encore plus beau sous les rayons du soleil avec la légère brume d’embruns, l’atmosphère est paisible, sereine.

Nous décidons de monter en haut du Ryten en cette soirée afin de profiter de la lumière de soir. Le soleil se couchant vers 23h on a largement le temps. L’ascension commence au pied du petit cours d’eau qui descend du Ryten, c’est d’ailleurs le meilleur point d’eau de la plage. Vers 250m nous arrivons au petit lac qui se niche au creux de ce replat. Il faut alors prendre sur la gauche quelques dizaines de mètres après le lac. Nous sommes à peine à 300m d’altitude mais le paysage a déjà complètement changé : on se sent plus en montagne qu’en bord de mer vu la végétation.

La suite du chemin longe le bord de la falaiseet monte progressivement vers le sommet. Le point de vue principal se trouve un peu sous le sommet. La vue est absolument magnifique, surtout à cette heure avec la lumière rasante du soir. Ce sera l’un des plus beaux points de vue du trek avec le Reinebringen et l’Hermannsdalstinden. Nous profitons de la vue et du calme, il n’y a personne, nous sommes bien, c’est un beau moment.

Nous entamons la descente qui sera beaucoup rapide évidemment. Nous finirons la soirée en mangeant nos lyophilisés face au large toujours avec cette ambiance de plage du bout du monde. Cela ne fait que quatre jours que nous sommes ici mais Svolvaer et la France paraissent déjà bien loin.


Cinquième Jour : de Kvalvika à Reine

Réveil agréable au bord de la mer même si les montagnes alentours nous cachent le soleil. C’est donc un réveil frais ce matin. Nous rangeons notre bivouac et nous reprenons l’ascension vers le col. Les rochers sont un peu moins dérapant qu’hier. Nous arrivons rapidement au petit col, nous croisons déjà quelques personnes qui viennent faire l’ascension du Ryten.

Dernier coup d’oeil à la plage qui aura été un des plus beaux lieux du voyage. On continue sur la descente qui, elle, est toujours bien dérapante et humide. Le planning de la journée est de nous rendre à Reine, une fois sur place nous aviserons en fonction de l’heure.

Arrivés de nouveau au parking nous prenons direction Fredvang. Nous arriverons dans la petite ville en une petite heure de marche pas très passionnante sur la route. Nous faisons une petite pause juste avant la série de pont qui nous permet de rejoindre l’E10. On s’installe sur une aire de pique nique sans charme. Quelques minutes après cela un gros camion aménagé en van arrive. Nous commençons à discuter avec le conducteur qui est Norvégien. Après avoir exposé notre plan il nous propose de nous emmener car il va également à Reine. On accepte, on embarque donc après avoir manger un bout avec Ian (le conducteur) et son fils. Le bout de route que nous empruntons ensuite jusqu’à Reine est très beau. En tous cas le voyage est haut en couleur. Ian est un grand bavard et il a beaucoup d’histoire à raconter !

L’arrivée sur Reine est belle, la route passe d’îles en îles suspendue au dessus de l’eau. Reine est juché sur une petite presqu’île. Le village s’articule autour d’une place centrale avec des jolies maisons en bois et notamment un super café qui fait des cinnamon rolls délicieux et du bon café (juste à côté de la location de kayak)! On retrouve un ensemble de Rorbu/hotel qui forme un ensemble typique.

Ian nous dépose sur la place. Nous avions initialement loué un rorbu mais nous sommes en avance sur le planning et nous ne pourrons pas changer de nuit car ils sont complets. Nous essayons donc d’autres hôtels du coin (il doit y en avoir deux autres de mémoire) mais pareil, choux blancs. Nous sommes victime du succès de Reine.

Il nous faut un toit pour la nuit et il n’y a pas grandes possibilités de bivouac pour la nuit autrement. Au final on trouve le contact d’une habitante qui loue des chambres pour la nuit. On va donc la voir (c’est à 100m de la place) et coup de chance il lui reste une chambre !

On pose donc nos sacs pour la nuit. Sur place on fait la connaissance de Félicie, une Franco-Suisse qui passe un mois en solo dans les Lofoten. On débriefe les choses qu’on a fait/vu jusque là et on échange des conseils pour la suite. Le soir on dînera avec Ian, son fils et Félicie dans le resto de l’hôtel à Rorbu qui est pas mal. Ça sera notre dernière journée “véhiculée” on fera toute la suite à pied dans les montages.


Sixième Jour : de Reine à Bunes en passant par le Reinebringen

Une bonne journée en perspective, surtout qu’elle commence sous un grand soleil, il fait même chaud. On aura une chance insolente pendant toutes les vacances sur la météo…

Le programme est simple. Le matin direction le Reinebringen (448m) pour en réaliser l’ascension et ainsi admirer le point de vue le plus connu des Lofoten. Ensuite direction la plage de Bunes sur laquelle on rejoindra Ian, son fils et Félicie.

On part léger pour notre sommet de la journée. Le début de la rando se rejoint en suivant la route (direction Å) sur 200-300m. Le chemin est repérable par un panneau qui avertit de la dangerosité de l’ascension. Concernant ce panneau et différentes choses que l’on peut lire, je pense que le chemin est tout à fait praticable et sans autres dangers immédiats lorsque le temps est sec depuis quelques jours, par contre c’est que par temps humide ça peut devenir très glissant. Il faut noter que lorsque nous avons fait la randonnée (en 2016), un chemin était en train d’être construit afin de rendre la montée plus sûre.

Nous commençons la montée dans les arbres. Le sentier est bon et on s’élève rapidement. Il faut juste faire un peu attention à la direction que l’on suit car de « faux » sentiers mènent nulle part. Un peu plus haut la végétation s’éclaircit et la vue se dégage. On aperçoit la montée en zigzag jusqu’au petit col juste sous le sommet. Il fait très chaud, on est en sueur. La chaleur aux Lofoten est toute relative mais en tous cas on sent bien la différence avec les jours précédents. Nous arrivons au point de vue sur l’autre versant après cette longue montée . C’est vraiment superbe. On peut voir le village en contrebas mais également la route qui court le long de la côte et toutes les îles dans le lointain. Cela valait vraiment le coup de monter ici, la récompense en vaut la peine !

Nous prenons notre temps pour admirer la vue et nous balader le long de la crête. Il faut toutefois penser à redescendre car nous devons ensuite prendre le bateau pour Bunes.

Il faut faire un petit peu attention à la descente car cela peut glisser. On croise pas mal de monde qui montent. Certains, juste équipés de baskets ou de chaussures plates, luttent pas mal dans la boue…

De retour au village nous reprenons nos sacs chez notre logeuse et on se dirige vers le ferry.

Le ferry est un ancien bateau de pêche reconverti pour faire les allers-retours dans le fjord. Le voyage est agréable et surtout rapide. Nos compères, Ian et Félicie mettront, eux,  1h30-2h en kayak.

L’arrivée à Vinstad se fait par un petit ponton sur lequel une véritable foule de touristes attend pour le retour à Reine. Heureusement ceux sont des personnes qui fond l’aller-retour pour la plage dans la journée, il y a donc beaucoup moins de monde qui bivouaque sur la plage.

La marche vers la plage est rapide. On suit le chemin qui longe le bras du fjord et on tourne à gauche juste après le petit cimetière. Il suffit alors de monter en haut de la colline qui fait dans les 80m et on y est

Arrivée sur la plage de Bunes, Iles Lofoten, Norvège

La plage est grande et il y a l’embarras du choix pour poser la tente. Nous décidons de nous mettre plutôt vers la droite afin de nous isoler un peu. Bunes est surplombée par l’Helvetestinden, impressionnante face rocheuse lisse de 510m de haut. L’endroit est très beau et apaisant. La mer est assez éloignée car la plage est profonde. On trouve beaucoup de bouées échouées sur la plage au milieu de la végétation éparse. C’est encore une fois un magnifique lieu à découvrir.

Nous passerons la fin de journée à profiter de la plage et de ses variations au fur et à mesure des heures qui passent. Le soir venu, nous se serons rejoint pas Ian et Félicie mais également des Français, des Américains et d’autres Norvégiens. Nous passerons la soirée à discuter autour d’un feu avec le coucher du soleil qui n’en finit plus en toile de fond.


Septième Jour : de Bunes à la "Butte 448m"

Réveil à l’ombre en cette septième journée dans les Îles Lofoten. Mais il fait beau ce qui augure une randonnée au soleil.

Le but aujourd’hui est d’atteindre le sommet d’une petite butte à 448m sous l »Hermannsdalstinden (1029m) dont on fera l’ascension le lendemain. Normalement un petit ferry permet de se faire déposer à la station électrique de Forsfjorden mais d’après les infos que l’on a eu sur internet, le ferry ne passe plus cette année. Nous allons donc devoir faire le tour du fjord à pied. A posteriori on remarquera que les infos que l’on a eu n’étaient pas bonnes car on a bien vu au loin un ferry passer de Vinstad et aller à la station électrique.

Relativement proche sur la carte la station s’avérera plus longue à atteindre que prévue. Le chemin depuis Bunes est très mauvais et difficile. Pour le rejoindre il faut revenir à Vinstad et partir sur la droite avant d’arriver au niveau de l’embarcadère. Le chemin commence par suivre le fjord dans du terrain assez spongieux mais qui permet une progression rapide. Toutefois on arrive rapidement dans la partie « compliquée » : la majeure partie du chemin passe par un chemin qui se faufile dans des gros rochers recouverts de mousse et dans de la végétation dense. Les rochers moussus, en plus d’être glissant, cachent des trous recouverts de mousse… On passe donc la jambe à travers très facilement et là, on risque de se faire mal. On progresse donc doucement en tâtant avec les bâtons le terrain devant nous. Cette portion est interminable. La centrale électrique ne se rapproche pas et on galère vraiment longtemps.

Nous arriverons finalement à la centrale électrique un peu cassés par le fait d’avoir mis autant de temps à parcourir si peu de distance.

De la station nous prenons à droite en suivant la grosse canalisation. Le terrain est très boueux et glissant. On s’élève rapidement au dessus du fjord et la vue est belle.

On rejoint le lac de Tennesvatnet une fois en haut de cette montée relativement raide; de là on prend vers la droite pour rejoindre le sommet de la butte qui sépare le lac du Krokvatnet. Dans la montée nous croisons un vieux monsieur qui monte avec son chien (seule personne que nous croiserons aujourd’hui), nous découvrions en discutant avec lui que c’est le propriétaire de ces terres et qu’il rejoint sa cabane auprès du Krokvatnet pour y passer quelques jours avec des amis…

L’ascension de la butte est raide mais on arrive enfin à son sommet. Nous sommes bien fatigués… Nous trouvons un emplacement pour monter le camp. Tâche ardue car même si il y a pas mal de zones plates mais celles-ci sont des marécages pour la plupart.

Finalement nous trouverons un bon emplacement dont la vue embrasse le fjord et l’Hermannsdalstinden. Nous savourons ce beau lieu au soleil pour le reste de l’après midi.

Encore une bonne journée de marche même si peu de kilomètres ont été parcourus à vol d’oiseau. Demain nous ferons l’ascension du plus haut sommet de Moskenesoya.


Huitième jour : de la "Butte 448m" à Munkebu en passant par l'Hermanndalstinden

Nous nous levons ce matin sous un grand soleil. Direction le sommet de l’Hermanndalstinden (1029m) ce matin. Nous quittons le camp relativement tôt le matin après avoir pris un bon petit déjeuner. Nous partons léger, laissant la tente et les gros sacs derrière et ne prenant que le strict nécessaire pour l’aller-retour.

Le sentier commence par redescendre quasiment au niveau du lac pour ensuite remonter dans un chemin relativement étroit, boueux et bordé d’une végétation dense pouvant cachée certains trous par exemple. Nous croiserons un couple qui redescend et qui a dû passer la nuit plus haut.La vue se fait rapidement de plus en plus belle.

L’ascension est réputée difficile surtout par temps de pluie. Il n’y a pas de difficultés sur le début du chemin mais la section suivante peut faire quelques frayeurs si l’on n’est pas habitué à un peu d’air et de vide. Le chemin monte d’un coup assez fortement sur une arrête qui laisse pas mal d’air surtout sur la gauche. Des chaînes et des cordes ont été installées pour aider le marcheur. Nous y sommes passer alors que le terrain était sec mais  je pense que faire cette portion sous la pluie peut être légèrement plus dangereux et dans tous les cas il ne faut pas se laisser impressionner par le vide.

L’avantage est que l’on prend vite du dénivelé.

Arrivé au cairn de la photo précédente le chemin part sur la droite. La végétation commence à se raréfier et à être rase. La montée se poursuit ensuite sur un chemin qui pourrait rappeler un sentier des Alpes. La vue est très belle et dégagée, ça promet pour la suite.

Sur la fin, le sentier se fait 100% minéral. Nous ne sommes même pas encore à 1000m et on se croirait à 2500m en France. Il ne reste que quelques lichens. Sur cette partie le chemin devient un peu moins visible et des points de peinture rouges donnent la direction. On arrive au final à une petite passe (très venteuse lorsque nous y étions) qui n’est pas encore le sommet.

Celui-ci se trouve quelques dizaines de mètre sur la gauche et est marqué par un poteau. Pour l’atteindre il faut passer par de gros blocs rocheux qui doivent être glissant si mouillés.

Encore quelques mètres et ça y est nous sommes au sommet. La vue est époustouflante, sublime ! On domine totalement la région environnante. A l’ouest, les Lofoten se jettent dans l’océan avec Vaeroy au loin. A l’est, l’archipel s’étend sur des dizaines de kilomètres, loin au sud on perçoit le continent. C’est absolument parfait ! Sûrement la plus belle vue que nous avons eu durant le séjour (avec le Ryten)…

Nous prenons le temps de savourer l’instant, seuls, bien à l’abri du vent.

Après ce moment de plénitude, nous décidons de redescendre. Nous croiserons quelques groupes de personnes en train de monter. Certains ne dépasseront pas le passage avec les chaînes et les cordes.

Une fois de retour au bivouac, nous nous accordons une petite pause repas avant de refaire les sacs et de partir en direction de Munkebu.

Le chemin est relativement simple pour s’y rendre.

Munkebu est un refuge qui se situe sous le Munken. Plusieurs spots de bivouac sont disponibles dans les parages. Le refuge en lui même n’est accessible que si l’on a les clés qu’il faut récupérer à Sørvagen auprès du DNT (Club Alpin Norvégien).

Le Munken est accessible à pied et offre un beau panorama de son sommet.

Concernant le bivouac, la zone est assez marécageuse, il y a des emplacements pour poser la tente mais pas tant que ça au final si on veut être au sec. Pour notre part nous choisirons de nous mettre sur les hauteurs pour avoir moins d’humidité. Nous avons une jolie vue sur le refuge avec l’Hermann en toile de fond. Nous finirons ainsi la journée qui aura été ensoleillée tout du long encore une fois.


Neuvième Jour : de Munkebu à Sørvagen

La nuit aura été humide… Munkebu est vraiment un beau lieu mais pas forcément le plus adapté à un bivouac.

Nous quittons donc la zone après avoir tout empaqueté encore une fois, direction Sørvagen pour un retour à la civilisation.

Le début du chemin ondule entre de petits sommets secondaire. On reste sur les hauteurs c’est beau même si le temps est plus maussade aujourd’hui. Nous entamons ensuite la descente qui sera progressive sur le début et assez raide à la fin avec quelques passages avec chaînes et cordes pour aider ; mais rien d’infaisable. Nous croisons un peu de monde qui monte certainement à Munkebu pour la journée.

L’arrivée sur Sørvagen se fait par le lac de Sørvagvatnet. La ville s’étend le long de l’E10. On y trouve deux supérettes bien pratiques après quatre jours en montagne. Pour la nuit nous choisissons de dormir dans du dur et nous prenons une chambre qui appartient au restaurant le Maren Anna. La chambre n’est pas extraordinaire en elle même voir même un peu austère… Mais nous souhaitions dormir dans un lit et surtout prendre une bonne douche bien chaude…

La journée n’aura pas été très chargée. Nous la finirons par une balade dans la ville et surtout un bon repas au Maren Anna qui sert une cuisine tout à fait excellente !

Certains guides proposent l’aller retour pour l’Hermanndalstinden depuis Sørvagen dans la journée. Je ne doute pas que ce soit faisable mais je pense que cela demande une bonne condition physique et surtout de voyager léger. De plus cela laisse peu de temps pour prendre le temps ce qui est aussi dommage. Une autre possibilité est de faire l’inverse de notre chemin : partir de Sørvagen et finir à Reine par le ferry ce qui est déjà plus envisageable en une journée.


Dixième Jour : de Sørvagen à Moskenes en passant par Å

Journée de transition aujourd’hui. Nous avons choisi de partir pour Væroy le lendemain, cette journée sera donc consacrée à la visite de Å et à du repos.

Rejoindre la petite ville de Å qui se trouve au bout de l’E10 est relativement facile et rapide depuis Sørvagen en suivant la route. Les paysages sont beaux le long du trajet et heureusement il n’y a pas trop de trafic. On longe le littoral non loin de l’eau en passant par de petit patelins locaux.

Å est un petit village musée au bout de la route. Nous avions peur que ça soit ultra touristique car il y a un grand parking à bus et que c’est assez connu. Heureusement il n’y pas pas foule. Nous croiserons Félicie juste à l’entrée du village qui faisait du stop pour retourner vers Svolvaer.

Nous commençons notre tour dans le village par acheter du pain et des Cinnamon Rolls avec un café dans la boulangerie de la petite place principale. Nous nous poserons ensuite près de l’eau profiter du soleil et des viennoiseries. Nous serons rejoint par deux groupes de français avec qui nous partagerons nos expériences des Lofoten.

Nous ferons un tour plus poussé dans le village. Cela n’est pas très long vu la taille de celui-ci. Le village est sympathique mais pas extraordinaire non plus si on le compare à Nusfjord.

Nous ne restons pas très longtemps finalement. Nous préférons aller vers Moskenes, prendre une place au camping et profiter de la fin d’après midi. Nous reprenons donc la route à pied dans la direction opposée.

Plusieurs belles randonnées sont faisables en partant de Å : l’une d’elles est la plage de Stokkvika en passant par le lac d’Ågvatnet, une autre belle randonnée est l’ascension de l’Andstabben (514m) à l’ouest du village.

Comme nous prendrons le ferry demain à Moskenes nous choisissons de passer la nuit au petit camping de « Moskesnes Camping As ». L’endroit n’est pas d’un charme fous mais nous pourrons prendre une douche, faire une petite lessive et prendre une bière sous le soleil couchant des Lofoten. La fin de l’après midi et la soirée passerons donc ainsi calmement. Demain nous quittons les îles principales des Lofoten en direction de Vaeroy.


Onzième Jour et Douzième Jours : Vaeroy

Avant de parler de Vaeroy en tant que tel, je souhaitais expliqué pourquoi nous y sommes aller. Premier élément nous avons été pris en stop par un couple qui avait passé quelques jours « inoubliables » sur la petite île, un autre couple d’autostoppeur qui nous avait pris était originaire des Lofoten et nous avait vendu Vaeroy comme « spéciale » dans le bon sens a priori ; enfin certaines photos et son isolement avait fini de nous persuader d’y aller. Nous verrons bien.

Pour rejoindre l’île, nous partons donc de Moskenes par le ferry qui rejoint ensuite le continent (en passant par Røst). La traversée se fait en une ou deux heures environ.

L’arrivée se fera dans la grisaille sur un débarcadère sans charme tout en béton… Il n’y a pas grand monde qui descend ni grand monde qui monte dans le ferry… Allons voir dans le village de Sørland ce qui l’en est.

La route vers Sørland est relativement triste et le village également … Il n’y a personne dans les rues et la grisaille n’aide pas … Nous faisons une pause au magasin du coin pour refaire le plein pour le bivouac de ce soir. J’essaie de discuter avec des locaux pour qu’ils nous donnent des coins sympa mais ils parlent pas très bien anglais et n’ont pas non plus l’air très motivés à nous aider…

Nous décidons de rejoindre la plage au bout de la route sur la côte nord non loin de l’aérodrome désaffecté qui accueille le « Midnight Sun Festival » durant le jour polaire.

La route passe par un petit col pour suivre ensuite un littoral sans grand intérêt. Le chemin est relativement long jusqu’à la plage. Nous y arriverons après qu’un local nous ait pris en stop pour aller plus vite.

La plage est sympathique : dans son dos se trouve des grandes falaises quasiment verticales sur lesquelles se forment les nuages. La plage s’ouvre sur l’océan avec une jolie vue sur l’extrémité des Lofoten. Il fait encore gris mais ça devrait changer. Sur la plage et dans les environs on trouve les traces du festival sous forme de sculptures de galets ou de bois, de grandes cabanes en bois sur la plage ou d’un faux bateau pirate échoué. Le tout est sympa et donne un côté plage de pirate perdue.

Nous passerons ainsi la soirée à nous balader sur la plage ou sur le chemin qui longe le littoral vers l’Ouest. Le soleil reviendra en fin d’après midi nous réchauffant ainsi un peu et permettant de sécher de l’humidité de la journée.

De nos onze jours cette journée est la moins sympathique pour l’instant. Nous verrons demain ce que nous réserve Vaeroy.

Le lendemain nous n’avons pas vraiment de plan. On souhaite rejoindre Sørland en coupant par un col au dessus de la plage et aller voir la fameuse vue du fer à cheval au passage.

Nous empaquetons donc tout notre matériel (pour la dernière fois) et on attaque la montée par le chemin bien visible qui mène à la passe. Celui-ci est raide mais pas compliqué et offre une jolie vue que la zone. De haut on peut voir aussi la petite ville de Sørland et la physionomie si particulière de Vaeroy avec sa grande plaine entourée de hautes falaises.

Nous voulions ensuite rejoindre le point de vue que l’on voit partout et qui permet d’admirer les falaises en fer à cheval. Malheureusement nous nous tromperons de coin en pensant que la vue était accessible depuis la station radio. En fait non il faut bifurquer sur la gauche à un moment mais nous n’avons pas vraiment vu de panneaux ni même de chemin clair. Donc grosse déception… ça plus le temps et l’ambiance générale de l’île nous sape un peu le moral. Nous décidons donc de rejoindre la ville et de trouver un hôtel. L’un des rares hôtels de l’île se trouvent dans la zone portuaire et n’a aucun charme. Nous devrons attendre pendant une heure que la réceptionniste arrive mais « heureusement » nous serons accompagnés par deux gars complètement saouls et relativement flippants dont nous arriverons pas à nous débarrasser jusqu’à ce qu’on ait la chambre !

Journée pourrie !! Vaeroy est spéciale mais pas dans le bon sens du tout … Une impression de misère, de lassitude se fait sentir partout. Beaucoup de personnes vivent ou vivaient ici de la pêche et sont au chômage… En tous cas nous sommes véritablement déçu par ces deux jours… Alors tout ça, est évidemment à prendre avec recul car c’est notre expérience et peut être qu’avec plus de soleil et de chance cela aurait été plus sympa…

Nous prendrons le ferry à la première heure le lendemain.


Treizième et Quatorzième Jours : Bodø et le retour

Le ferry entre Vaeroy et Bodø prend environ 5h et passe par Røst. De quoi profiter de la vue sur la mer. De retour à Bodø nous rejoignons l’Airbnb que nous avions réservé chez une norvégienne qui vit ici depuis 3ans. Nous passerons récupérer nos sacs laisser à la consigne à l’aéroport. La fin de journée sera surtout marquée par une grosse pizza chez Bjørk dans le centre ville.

Pour le retour nous prendrons deux avions avec une escale à Oslo. C’est plus rapide que le train… Bye bye Lofoten et la Norvège après ces deux semaines bien remplies.


Conclusions

Ce voyage aura été pour nous l’un des plus beaux que nous ayons fait. Définitivement dans le TOP 3 des plus belles destinations. Nous avions fait la Norvège des fjords l’année précédente mais les Îles Lofoten n’ont rien à voir avec le sud du pays. Ces montagnes avec les pieds dans l’eau sont vraiment uniques, magnigfiques. Nous y avons passé quatorze jours mais nous avions l’impression de n’avoir pas fait la moitié ou le tiers des possibilités offertes par ce terrain de jeu extraordinaire. Point positif supplémentaire : il n’y pas pas encore trop de monde et beaucoup de touristes restent le long de la route principale donc dès qu’on s’éloigne un peu on est seul.

Nous avons eu pendant ces vacances une chance insolente avec la météo : trois jours seulement de mauvais temps ! C’est extrêmement rare dans ces îles. De plus nous avons même eu des températures tout à fait confortables frôlant les 20°C.

Hormis les paysages et la météo on aura aussi rencontrer pas mal de monde très sympa, dans l’esprit baroudeur, « backpacker » ce qui est agréable pour échanger, partager.

Je conseille à 200% la visite des Îles Lofoten et surtout de prendre le temps de les explorer. Une chose est sûre on y retournera, je sais pas quand, mais on y retournera !

Quelques infos utiles :

  •  Le site à consulter avant de voyager aux Lofoten : Lien
  • Le site de la météo Norvégienne : http://www.yr.no/
  • Le site de la compagnie ferroviaire Norvégienne : Lien
  • Un site d'infos générales sur les Lofoten : Lien
    • Et notamment les ferry pour s'y rendre : Lien

Bivouac près de Radunjarga - Laponie

Les tentes

La tente est un élément essentiel de votre équipement surtout si vous partez en zone reculée pendant longtemps. Il existe de nombreux types de tentes, de nombreuses marques, de nombreuses tailles. S’y retrouver peut être un peu compliqué parfois. Je propose de résumer les grands points autour du choix d’une tente mais également des conseils sur son montage, son pliage, … N’hésitez pas à partager votre expérience dans les commentaires.

Les différents composants d'une tente

Quelques notions et de vocabulaire autour des tentes :
  • Double paroi : une tente double paroi, comme son nom l'indique , va être composée de deux toiles qui vont avoir chacune leurs rôles :
    • La toile extérieure : son rôle principal est d'isoler du vent et de la pluie.
    • La toile intérieure : son rôle sera d'isoler des courants d'air mais également de l'humidité qui a tendance à ce mettre sous la toile extérieure. Elle peut être en toile pleine, en moustiquaire pour assurer la ventilation ou un mix des deux.
  • Mono paroi : une tente mono paroi ne sera constituée que d'une toile. Le gain en masse est conséquent mais le risque de condensation, le matin notamment, est plus important
  • Arceaux : les arceaux sont des tiges souples et solide, souvent en fibre de verre, qui vont donner sa forme à la tente. Souvent constitués de petit tronçons reliés par un élastique, ils s'enfilent dans des fourreaux sur la toile extérieure. Montés ils sont très solide (même si il existe différentes qualités) une fois montés il faut faire attention à ne pas marcher dessus lorsqu'il sont au sol.
  • Abside : c'est un espace entre la toile intérieure et extérieure généralement voué au stockage du matériel. Selon les tentes il peut y en avoir une, deux ou aucune. L'abside rajoute du poids à la tente mais est très pratique pour entreposer sac et chaussures le soir.
  • Piquet : les piquets ou sardines sont des tiges métalliques que l'on enfonce dans le sol pour maintenir la tente en place sous le vent. Ils peuvent être en aluminium, en acier ou en titane, ils ont également des formes variées : des sections circulaires, carrées, en forme de V ou de Y. Chacun à son utilité.
    • Cornière et ancres à neige : dans le cas de bivouac hivernal dans la neige, les piquets classiques ne servent à rien. On va donc utiliser des cornières ou des ancres à neige qui par leur dimension vont tenir dans la neige (on peut également utiliser ski ou bâtons dans ce but).
  • Tapis de sol : cet accessoire n'est pas obligatoire mais peut améliorer la durée de vie de votre tente ou la protéger de l'humidité du sol. Les marques de tente vendent souvent des tapis de sol parfaitement adaptés au modèle de tente mais souvent chers et lourd. Pour ma part j'utilise une couverture de survie, c'est léger, résistant, étanche, elle coûte rien et peut être utile en d'autres circonstances.
  • Haubans : ceux sont les cordelettes qui permettent de renforcer l'ancrage de la tente au sol. Souvent réglables en longueur ils vont assurés une bonne tenue au vent. Attention à ne pas se prendre les pieds dedans le soir !

Les types de tente

Il existe trois grands types de tentes :

  • Les tentes dômes
  • Les tentes tunnels
  • Les tentes géodésiques

Les tentes dômes

C’est surement le type le plus rencontré. Une tente dôme se caractérise par deux arceaux qui se croisent au sommet de la tente. Ce type de tente tient particulièrement bien le vent et est souvent autoportante c’est à dire qu’elle n’a pas forcément besoin d’être ancrée au sol (même si cela reste conseillé évidemment). Elles peuvent posséder une ou deux absides et offrent un bon volume intérieur.

Deux exemples ci-dessous de tentes dômes dont la MSR Hubba Hubba que l’on croise beaucoup et qui se caractérise par son côté hybride avec un système d’arceaux un peu particulier :

Tente dôme Décathlon
Tente dôme Décathlon
Tente Hubba Hubba de MSR
Tente Hubba Hubba de MSR

Les tentes tunnels

La tente tunnel se caractérise par le fait que ses arceaux ne se croisent pas. Ils peuvent être au nombre de un, deux, trois, voir plus en fonction de la taille de la tente. Ces tentes ne sont pas autoportantes il faut donc absolument les ancrer au sol par contre à volume égale elles sont moins lourdes que des tentes dômes. Elles possèdent une excellente tenue au vent dans leur axe mais un peu mois si celui-ci est oblique, la toile de la tente peut alors faseyer.

Deux exemples de tentes tunnels ci-dessous avec la Xterm3 de Helsport et l’Anjan 2 de Hilleberg qui m’équipe depuis cette année :

Tente Fjellheimen Xtrem 3 de Helsport
Tente Fjellheimen Xtrem 3 de Helsport
Tente Anjan 2 de Hilleberg
Tente Anjan 2 de Hilleberg

Les tentes géodésiques

Une tente géodésique se caractérise par le fait que ses arceaux se croisent en plusieurs points. En général, elles possèdent donc plus de deux arceaux. Ceux sont des tentes faites pour résister aux conditions difficiles, elles sont donc très solide, typiquement des tentes utilisées en expéditions.

Ci-dessous deux exemples de tentes géodésiques dont la très connues VE25 de The Northface :

Tente VE25 de The Northface
Tente VE25 de The Northface
Tente Tarra de Hilleberg
Tente Tarra de Hilleberg

Autres formes

Les trois formes citées précédemment ne couvrent pas tous les types possibles. On peut citer le tipi ou Laavu qui se caractérise par son piquet central et sa forme pyramidal. On peut également citer les tentes « canadiennes » que l’on reconnait facilement par leur forme triangulaire et qui sont portées par deux poteaux aux extrémités.

Tipi Varanger de Helsport
Tipi Varanger de Helsport
Tente Scoul UL2 de Big Agnes
Tente Scoul UL2 de Big Agnes

Tentes trois ou quatre saisons ?

On ne prendra pas la même temps que l’on parte en plein mois de juillet en France ou en décembre au Groenland. Il existe donc différentes appellations pour déterminer la résistance d’une tente pour faire simple.

Les tentes trois saisons

La tente trois saisons est celle que l’on trouve le plus communément sous nos latitudes. Elle permet de sortir dans des conditions pas trop extrêmes et surtout sans neige. Etant orientées vers une utilisation potentiellement par temps chaud, elles sont souvent bien ventilées. Elles sont en général assez légère voir ultra légère. C’est la tente de base à avoir dans son équipement.

Les tentes quatre saisons

On sort la « quatre saisons » lorsque ça ne rigole plus : bivouac en haute montagne, dans le grand nord ou en plein hiver sur la neige. La tente quatre saison se caractérise tout d’abord par une solidité à toute épreuve. C’est une tente qui ne doit pas céder aux assauts de la météo sous peine de mettre en danger ses occupants. Elles sont également capable d’être utilisées en hiver, c’est à dire qu’elles supportent bien les chutes de neiges (qui peuvent drastiquement alourdir la toile et donc l’abîmer si elle n’est pas prévue pour) et qu’elle l’empêchent de pénétrer à l’intérieur, en général en faisant descendre la toile extérieure au niveau du sol ou encore mieux en utilisant une « toile à pourrir », c’est à dire une bout de toile qui serra enterré sous la neige et qui assura une certaine étanchéité à l’extérieur. Dans tous les cas la tente quatre saisons est général plus lourde que son homologue trois saison. Petit conseils : en hiver on utilise des duvets plus gros, on a des doudounes et beaucoup de matos ; on va également potentiellement plus rester dans la tente le soir : donc prévoir potentiellement une place en plus que le nombre d’occupant c’est pas forcément du luxe.

Monter sa tente

Il est impossible de décrire comment toutes les tentes se montent mais on peut retenir quelques points généraux applicables dans la majorité des cas :

  • Bien choisir son emplacement de bivouac :
    • Assurez-vous de ne pas être en zone inondable, ni dans une dépression car en cas de pluie on peut vite être les pieds dans l'eau. Sonder le sol afin de voir si il est plutôt sec ou humide voir gorger d'eau.
    • Ne pas être trop loin non plus d'un point d'eau pour éviter les aller-retours.
    • Préférer un sol par trop caillouteux historie de ne pas tordre les piquets.
  • Bien orienter sa tente :
    • On évite de mettre l'entrée de la tente face au vent sinon on peut avoir un effet parachute qui peut potentiellement déchirer la toile.
    • Les tentes, surtout les tunnels, ont une orientation privilégiées pour le vent, essayer de la respecter.
  • Faire attention à son matériel :
    • Les arceaux sont très solide une fois montés mais vulnérable lors du montage : on a vite fait de marcher sur un arceau assemblé caché dans les herbes, en général c'est synonyme de casse. On peut emmener un tronçon de rechange au cas où mais c'est du poids en plus.
    • De même la toile reste fragile : éviter de marcher dessus, de la frotter contre des branches ou sur des revêtements abrasifs type sable ou rocher.
    • Un élément particulièrement fragile sont les fermetures éclairs des portes. Il faut les manipuler avec délicatesse et ne pas forcer si ça bloque.
  • Ne pas s'éparpiller :
    • On va vite à perdre un piquet dans l'herbe donc pour ma part je les mets directement dans ma poche au montage comme au démontage.
    • Ne pas laisser traîner les sacs de rangement car ils vont vite à s'envoler avec un coup de vent.

Malgré tout il y a des tentes plus ou moins rapides à monter. Cela peut avoir son importance si la tempête approche et qu’il faut vite se mettre à l’abri.

De même l’ordre de montage des toiles à son importance à mon avis : souvent on monte d’abord la toile intérieure puis l’extérieure. Le problème est que lorsque l’on monte la tente sous la pluie tout l’intérieur est mouillé. Il existe au contraire des tentes avec lesquelles on monte les deux toiles en même temps ce qui a pour avantage de protéger l’intérieur.

Comment bien choisir sa tente ?

Vaste question que celle-ci ! Et comme vous vous en doutez il n’y a pas de réponse toute faite. Le choix d’une tente se fait avant tout par rapport à son utilisation : allez-vous en plaine, en montagne ? Fera-t-il chaud ? Froid ? Il faut évidemment prendre en compte le nombre de personne qui logeront dans la tente. Rien ne sert non plus de prendre une 4 saisons en plein été.

Il y a les aficionados du dôme ou de la tunnel, il y a aussi les personnes qui ne veulent pas entendre parler de tente qui ne jurent que par le tarp…

Ce que je peux vous conseiller c’est faire une liste des points importants que vous voulez et aussi de ce que vous ne voulez pas. Si cela peut vous aider voici mes critères :

  • Robustesse : quand je suis dans ma tente sous un orage de montagne ou dans une tempête en Norvège je veux pouvoir être sûr que ma tente tienne. Je ne fais donc pas de concession sur la robustesse et la qualité des matériaux.
  • Poids : chaque gain de poids c'est pouvoir aller plus loin plus longtemps, la tente n'échappe pas à cette règle.
  • Vitesse et simplicité de montage : ce n'est pas ici une question de fainéantise  mais de sécurité comme cité plus haut. Une tente qui se monte vite et facilement permet de se mettre très rapidement à l'abri en cas de gros temps qui arrive. Par exemple ma tente tient avec 4 piquets et se monte en 5min sans courir. De même pouvoir monter sa tente seul est un gage de sécurité si son camarade est dans l'incapacité de le faire.
  • Habitabilité : une tente légère c'est bien mais si l'intérieur est tout petit cela n'a que peu d’intérêt. Le rapport poids/volume habitable est donc important surtout si on est à deux et que l'on passe une journée à attendre que la tempête passe.
  • Présence d'une abside : très important pour pouvoir ranger les sacs ou les chaussures le soir.
  • Volume rangée : assez important lorsque l'on part longtemps. On peut toujours la ranger à l'extérieur mais personnellement je la range toujours dans le sac si jamais je prends l'avion.
  • Look : mine de rien ça compte aussi, c'est toujours plus sympa de trouver sa tente jolie.
  • Couleur : cela rejoint en partie le point précédent mais pas que : dans la neige je préfère une tente rouge histoire de la voir de loin, par contre pour l'été et le bivouac je préfère les teintes qui tirent sur le vert car cela s'intègre beaucoup mieux à l'environnement. De plus une teinte sombre captera mieux la chaleur du soleil ce qui n'est pas négligeable si il fait relativement froid dehors. De même la couleur à l'intérieur joue sur "l'ambiance". Par exemple l'intérieur de ma tente est jaune ce qui améliore la lumière même si dehors il fait gris.

En résumé

Pour conclure, la tente est à mon sens un élément central de l’équipement. Il faut donc bien choisir selon son besoin et son budget. Certains diront qu’un tarp suffit ou qu’on peut même dormir directement à la belle étoile, c’est affaire de goût. Dans tous les cas votre abri, quel qu’il soit, sera votre refuge pour la nuit et vous devait vous y trouver bien et rassuré surtout en cas de mauvais temps.


Panorama du sommet du Mont Thabor

Ascension du Mont Thabor

Le Mont Thabor est situé dans les Alpes du nord au Sud Ouest de Modane, coincé entre le massif de la Vanoise et le massif des Ecrins. L’ascension de ses 3178m ne présente pas de difficultés pour des randonneurs en forme. Nous avons choisi pour ces quatre jours de savourer, le premier jour sera consacré au voyage aller et à la montée au refuge du Mont Thabor (2500m), le deuxième jour nous ferons une petite randonnée dans le coin et pour le troisième jour nous monterons enfin au sommet du Mont. Nous avons pris un léger risque car partant le weekend du 11 Novembre nous pourrons avoir beaucoup de neige comme pas du tout,… nous verrons sur place.

La vidéo réalisée par Quentin après ces quelques jours :

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Premier jour - Montée au Refuge du Mont Thabor (2500m)

Cela faisait un an que je voulais faire cette randonnée et gravir le Mont Thabor (3178m) mais j’avais dû repousser car les conditions météo de l’année précédente n’était pas bonne et que nous n’avions pas pu planifier une date. Mais voilà cette fois-ci c’est la bonne, la météo est au beau fixe pour les trois prochains jours et nous nous rejoignons tous à Gare de Lyon le samedi matin pour un départ matinal. Nous sommes cinq pour ces quatre jours au pied du Mont Thabor : Hélène, Jeff, Quentin, Joanne et moi même. Un des avantages de cette randonnée est qu’elle est directement accessible depuis la gare de Modane mais cela rajoute un bout de chemin en comparaison à des personnes venant en voiture.

Quelques heures, donc, après le départ, nous voici arrivés à Modane. Il fait grand beau. Il est déjà 14h et nous avons quelques heures de montée. Il ne faut pas traîner car nous sommes en Novembre et le soleil se couche vers 19h…

Pour rejoindre le début de la randonnée, il faut partir vers l’ouest en sortant de la gare ; on arrive rapidement à un passage souterrain qu’il faut prendre pour traverser les voies ferroviaires. On prend ensuite sur la droite et à 300m de là le début du chemin se dévoile sur la gauche sous le viaduc. L’endroit n’est pas très beau… C’est donc ici que la rando commence réellement ; 1500m de dénivelé nous attendent. Et ça commence fort! On attaque directement par un chemin qui monte raide en traversant une route forestière. Cette dernière était en travaux lorsque nous sommes passés il y avait donc pas mal d’engins de chantier. En plus d’être fatigués du voyage et du chemin qui grimpe, nos sacs sont bien lourds car étant donné que nous resterons trois nuits au refuge du Mt Thabor nous avons pris pas mal de nourriture et même un peu de vin pour faire de bons repas. Le poids des sacs s’en fait très clairement ressentir.

Cette première portion nous fait donc grimper de 600m assez rapidement. Sans être magnifique le chemin n’est pas déplaisant surtout grâce aux couleurs d’automnes qui font rougeoyer les mélèzes. Nous évoluons dans la forêt en suivant le ruisseau de Charmaix. La vue par contre est assez bouchée et on n’aperçoit que quelques sommets au dessus des arbres.

Nous dépasseront rapidement la station de Valfréjus, le chemin se fait plus beau et plus plat, on progresse bien mais la jour baisse déjà nous ne pouvons pas traîner.

Après quelques heures on rejoint le Lavoir après être passer à côté d’un ancien fort militaire donc ne dépasse du sol qu’un impressionnant bunker, celui-ci faisant parti de la ligne Maginot.

Si vous venez en voiture il est possible de la laisser garer au Lavoir (1941m) économisant ainsi quelques heures de marche avant d’attaquer la montée vers le refuge.

Le paysage commence à se dévoiler à partir de ce moment, derrière nous le massif de la Vanoise en montre en partie et face à nous le reste du chemin vers le refuge qui est encore loin, les sommets sont blancs, on aura surement un peu de progression à faire dans la neige. Tout le monde commence à ressentir un peu de fatigue mais pas question de baisser la cadence car il commence à faire sombre…

Après la forte montée du lavoir (sur un chemin carrossable pas très agréable) nous arrivons sur un replat (qui monte quand même), on commence à apercevoir le refuge du Mont Thabor au loin. On peut également constater qu’une grosse portion du chemin est sous la neige c’était à prévoir. Heureusement celle-ci se montrera suffisamment dure pour le pas avoir à progresser en raquettes pendant les trois jours. Le « plateau » est parsemé de petites cabanes pastorales, certaines en ruines, d’autres en bonne état, voir habitées comme en témoigne la fumée qui sort de certaines cheminées.

Nous sommes dans la neige. Heureusement elle est assez dure pour pouvoir marcher dessus même si cela nous ralenti. Le soleil est couché mais il fait encore jour pour une heure ou deux max. Nous n’avons toujours pas croiser âme qui vivent. Le refuge se rapproche de plus en plus, on aperçoit de la lumière à l’intérieur, nous ne serons pas seuls ce soir.

Nous finirons la montée dans la nuit à la frontale comme prévu. On arrivera enfin au refuge à 20h30 après ces 1500m de D+ bien long.

Le refuge est lorsque nous arrivons. Il doit bien y avoir 20-25 personnes en plus de nous. Ils ont tous fini de manger on a donc la cuisine de disponible pour se faire une bonne plâtrée de purée à la sardine.

Le refuge est sympa. L’entrée se fait par un sas qui donne sur la salle de vie principal. Il y a en tout quatre grande table qui peuvent loger chacune 10 personnes au moins. La cuisine d’été est fermée étant donné que le refuge n’est pas gardé à cette saison mais une petite cuisine est à disposition avec des casseroles, des couverts et de la vaisselle. L’eau va se chercher dans une fontaine un peu au dessus du refuge grâce à de gros jerrican. Au centre de la pièce de vie on trouve un gros poêle salvateur qui chauffe très fort. On retrouve toutes les chaussures de rando en cercle à sécher tels des adorateurs devant leur dieu. Il y a deux dortoirs dans le couloir directement après la salle de vie et d’autres places encore dans un couloir plus loin. Ces dernières places sont froide car la chaleur du poële n’y parvient pas. Les lits sont classiques pour un refuge. Il y a suffisamment de couvertures pour tout le monde. On trouvera deux toilettes sèches non loin des dortoirs qui sont même éclairées, de même pour toutes les autres pièces ! Quel luxe ! En résumé, le refuge est sympathique et tout à fait confortable pour un refuge d’hiver. Le bois pour le chauffage se trouve empilé tout autour du refuge.

De notre côté après cette bonne assiette de purée nous nous dirigeons tous vers le lit afin de récupérer de cette longue journée commencée à 6h à Paris Gare de Lyon. On ne mettra pas longtemps à s’endormir.

Panorama Refuge du Mont Thabor
Le Refuge du Mont Thabor

Deuxième journée - Petite Balade

La nuit aura été assez classique pour une nuit en refuge : chaud, froid et ronflement. Comme nous n’avons pas de programme précis pour aujourd’hui certains traînent un peu au lit. On se retrouvera tous vers 9h pour un café et un bon petit déjeuner. Après concertation on décide de faire une “petite” randonnée vers le col de la Roue (2541m). Encore une fois il fait grand beau et nous partirons tardivement vers 10h30. Le chemin est relativement facile car presque à altitude constante. Pour y parvenir on suivra le chemin “haut” qui longe la Replanette et qui débouche au col éponyme à 2338m. On passe en dessous d’une ruine qui était une vieille baraque des postes. Après une bonne descente, on poursuit le chemin sur le “Tour des Rois Mages”. Arrivés à un croisement des chemins vers 2300m on se pose pour pique niquer sous le col. Il n’y a personne encore une fois et on profite du soleil.

Le repas pris nous décidons de ne pas pousser au col de la Roue car nous souhaitons d’une part ne pas trop pousser après la journée de la veille et l’ascension du lendemain et d’autre pas ne pas rentrer trop tard au refuge pour aussi en profiter pour lire, discuter …

Le retour se fera droit dans le vallon hors sentier. On récupéra le chemin principal à la montée sous le col de la Replanette. S’en suivra un retour sans soucis jusqu’au refuge si ce n’est l’ultime pente gelée juste sous le refuge qui nous cassera à chaque fois qu’on la prendra.

Arrivés au refuge, nous sommes seuls (pour l’instant) et chacun vaque à ses occupations : repos, petit thé ou lecture. Quentin et moi décidons de fournir un peu le stock de petites bûches pour le poêle car celles stockées sont un peu grande. Nous nous donnerons donc à une saine activité de bûcheronnage avec les moyens du bord. On arrivera au final à sortir de quoi tenir la soirée et le lendemain en bûche. En tous cas débiter du bois réchauffe bien !

Nous serons rejoint en fin d’après midi par quelques randonneurs mais moins nombreux que la veille (peut être un dizaine). Je croiserai d’ailleurs un collègue du boulot… Le monde est petit. Afin de contenter nos estomac vides nous cuisinerons avec Jeff une grosse casserole de spaghettis à la tomate et au thon, de quoi tenir au corps ; on n’oubliera pas un bon verre de vin issu du cubi que l’on a monté ! Le grand luxe encore une fois ! La soirée se finira par des parties endiablées de “Hong Kong Monopoly” et de “Trou d’uc”. Demain on attaque le Mont Thabor !


Troisième jour - Ascension du Mont Thabor

La nuit n’aura pas été mauvaise encore une fois. Nous réveillons tous tôt cette fois-ci et prenons un bon petit déjeuner en prévision de la journée qui nous attend. Le dénivelé pour le sommet n’est bien important (environ 600m) mais la distance horizontale est assez conséquente et avoisine les 15km. Nous nous attendons, de plus, à en faire une grosse partie dans la neige mais il a fait froid cette nuit, la neige sera donc surement dure le matin pour la montée et ramollira en début d’après midi à la descente ce qui nous va bien.

Le départ se fait à 9h, nous sommes léger car nous ne prenons que de petits sacs pour la journée avec juste de l’eau et de quoi manger. On descend vers le col de la Vallée Etroite puis nous tournons vers la droite. Le chemin est déneigé sur cette portion et évolue à altitude constante, nous progressons donc rapidement mais en prenant tout de même le temps d’admirer la vue sur le Thabor mais également sur les Alpes alentours.

Nous récupérons la neige dans le fond du Vallon du Peyron. Le lac est d’ailleurs totalement gelé. Il n’y a personne pour changer et l’endroit est beau. On peut voir du bas toute la montée qui nous reste juste à la Chapelle sommitale que l’on commence à apercevoir. Première grosse montée (200D+) après le lac qui débouche sur “Les chances du Peyron”. Petite pause le temps de manger un bout et de s’hydrater. Le chemin continue ensuite en pente douce jusqu’au col de Méandes (2727m) auquel on croise le chemin venant de la Vallée Etroite. Quelques personnes sont visibles en contrebas.

Le chemin continue par une montée bien raide sur 200m. La neige ne gène pas voir même permet de faire des marches qui facilitent un peu la montée. Nous continuons ensuite en suivant les croix qui balisent le chemin. Dernière montée sous la chapelle. Jeff est déjà arrivé en haut je le suis avec Quentin juste derrière (la dernière montée aura été dure pour ma part). Hélène et Stéphanie nous rejoindrons quelques minutes plus tard motivée par la pression des autres marcheurs derrière elle 🙂

Voilà, nous y sommes ou presque car la chapelle est quelques mètres sous le sommet. Celui-ci est relativement plat. On y retrouve quelques marcheurs mais il y a peu de monde. La vue est superbe : au nord la Vanoise et au sud les Écrins (retrouvez également notre Tour des Écrins et de l’Oisans – Lien) dont on distingue clairement la Barre des Écrins, La Meije et d’autres sommets bien connus et à 360° des sommets à perte de vue. Séance photo pour immortaliser le moment.

Nous redescendons à la chapelle pour prendre notre déjeuner. Pour ce qui est de la chapelle c’est un petit bâtiment rectangulaire dont l’intérieur est constitué d’une pièce unique séparée deux par une grille. On y retrouve un crucifix et de nombreux objets déposés par les visiteurs. Le temps est superbe, on chauffe au soleil bien à l’abri du vent.

Une fois le repas fini il est temps de penser à la redescente. Comme celle-ci risque d’être longue du fait de la neige (plus molle) si on marche “normalement” je propose une descente type ramasse afin de gagner un peu de temps. Un peu frileux au départ tout le monde s’y met avec plus ou moins de succès au final et on descend en 30min ce que l’on a monté en 2h. On revient donc vite au lac du Peyron. J’ai trouvé le chemin qui suit très long jusqu’au col de la Vallée Etroite, surtout du fait que c’est le même qu’à l’aller. Au final nous reviendrons au refuge vers 16h. Nous sommes seul encore une fois. Nous attaquons une nouvelle tournée de bois avec Quentin pendant que les autres font la sieste ou bouquinent. Le soir ressemblera au précédents mais avec encore moins de personnes au refuge. Bon petit repas, jeux de société et dodo


Quatrième jour - Le retour

Journée de retour … Chacun range sans grande motivation à l’idée d’être de retour en ville ce soir… Nous quitterons tout de même le refuge vers 9h après avoir dûment réglé nos nuitées. Pour le retour nous passerons par les Chalets de Mounioz par le nord de la Combe de la Grande Montagne. La descente se fait rapidement et nous retrouvons le chemin de l’aller. Les genoux se feront douloureux surtout sur la fin du chemin car le sentier se fait plus dur. Nous arriverons à destination vers 11h30 Direction un petit bar local pour prendre une bonne bière rafraîchissante et bien méritée surtout. On ira également une grande pizza avant de prendre le train et de retrouver Paris à 20h…

Au final ces quatre jours en ont paru beaucoup plus ; comme souvent pour ce genre de weekend. Sans forcément être le plus bel endroit des Alpes, le refuge offre un beau panorama et la vue du sommet du Mont Thabor vaut vraiment l’ascension. Je n’ai jamais fait cette randonnée en été mais je la conseille vivement comme balade tardive dans la saison comme nous l’avons fait. La neige donne un petit goût de haute montagne à l’ascension et surtout ajoute un esthétique indéniable. Avantage et non des moindres, le refuge d’hiver est super confortable ce qui est agréable tout de même surtout le soir.

Quelques infos :


Paysage en chiens de traineau

Itinérance en chiens de traîneau

Introduction


Ça faisait longtemps qu’on en causait, que ça nous travaillait Qing et moi (Quentin) (entre autres choses…) : expédition chiens de traîneau en Laponie. Bon la Laponie c’était complet. Du coup plan B : direction Québec ! (pour le même prix). En plus on y a déjà fait un road trip en été et c’était juste génial. Ça sera surement le cas en hiver…

La vidéo de notre périple au fin fond du Québec :

Video de l'itinéraire en Chiens de Traineau

Le camp des loups


Après une petite journée/nuit à la ville de Québec où nous pûmes expérimenter les conditions climatiques qui allaient être globalement celles du séjour (froid + soleil) ainsi que la graille locale nous arrivâmes dimanche soir à Girardville près du lac Saint Jean. Le paysage qui défile pendant nos 5 heures de route est déjà une expérience : lacs gelés et forêts enneigées à perte de vue nous plongent directement dans une ambiance de roman de Jack London.

Arrivés à la nuit tombée au « camp des loups » nous fûmes émerveillés d’apprendre que nous allions dormir les 2 premières nuits dans des cabanes parmi des loups, de vrais loups. En effet si ça peut paraître logique vu le nom du camp, moi j’imaginais bêtement que c’était juste un nom. Imaginez donc une forêt, une nuit étoilée sans pollution lumineuse, une soixantaine de loups répartis en 3 meutes et 3 très grands enclos, nos 2 cabanes au milieu, puis soudainement ces fameuses bibittes (« bêtes en Québécois) qui se mettent à chanter à l’unisson : le pied total pour nous autres amoureux de la nature!

Nous vécûmes cette nuit là notre première expérience de l’hiver Canadien telle qu’on en rêvait. Même se déplacer la nuit jusqu’à la cabane toilette par -20 degrés fut un réel plaisir!

Le lendemain matin, on assista au repas des loups et à une séance câlin entre les bestioles et Gilles le boss du camp. Vous pouvez payer ici pour une expérience presque unique au monde, l’activité « contact avec les loups » où vous rentrez dans l’enclos d’une des meutes pour s’adonner à une séance de papouilles. Aucun risque, ces loups sont en fait « imprégnés » c’est à dire qu’ils ont été élevés et nourris par l’homme depuis qu’ils sont petits ce qui les rend dociles et affectueux comme de bons chienchiens à leurs mémères (à noter que seul un des enclos a ce type de loup).

On quitta le camp des loups pour rejoindre la base de préparation des expéditions, jointe à la maison de Gilles et au chenil. Les chiens sentaient probablement l’odeur du départ qui s’approche car ils braillaient un max et semblaient gonflés à bloc. Bon… on n’était pas encore sur le traîneau, ni même dans le chenil, mais la pression commençait à monter, tranquillement…

Après la distribution de bottes et moufles grand froid, notre guide d’expédition, dénommé Julien, commença à briefer notre petit groupe (Qing, moi et Dominique (une Belge)) sur un tas de détails techniques et nous annonça la couleur : « Je vais être obligé de vous parler maintenant de tout ce qu’il y a à savoir car dès que vous serez sur le traîneau il n’y aura pas de temps d’apprentissage, vous serez en autonomie et devrez gérer vous mêmes votre attelage. En kayak par exemple, on peut y aller molo et apprendre petit à petit sur le tas. En traîneau ce n’est pas possible ». Nous l’avons compris bien assez tôt : les chiens n’attendent pas, pas d’hésitation possible, pas de réglage de dernière minute autorisé… Imaginez que vous ne savez pas skier et qu’on vous balance direct sur une piste rouge avec uniquement quelques paroles et conseils théoriques en guise de bagage… et bien c’est exactement ce qu’on peut ressentir la première fois qu’on se retrouve aux commandes d’un traîneau.

Un état de fait nous apparu soudain comme une révélation : « hey! c’est compliqué en fait ». Aucune personne dans notre entourage n’ayant vécu l’expérience nous n’étions pas prévenus… à dire vrai il y avait bien le retour d’une collègue qui m’avait dit que son fils avait trouvé ça flippant mais je n’y avais pas prêté attention. Nous étions donc jusqu’avant ce briefing sans aucun à priori et dans une confortable naïveté (que peut-il y avoir de difficile à se faire traîner par de gentils chienchiens??).

Julien nous distribua également le nom des 4 limiers qui composèrent notre attelage. Il était alors très important de retenir leur nom car ordres, réprimandes et encouragements doivent souvent être ciblés à un chien en particulier. L’attelage de Q était ainsi composé de Corail et Karma en chien de tête ainsi que de Cosmos & Sikar à l’arrière. J’avais en tête Sky & Akouf et à l’arrière Jacks & Pépère. Bon, Pépère n’est en fait pas un vrai nom car je dois avouer que je l’ai tout simplement oublié… Pour ma défense, l’avenir nous dira que je ne devais garder qu’une seule de ces braves bêtes tout du long de l’expédition : Akouf (dit « le courageux »). Je reviendrai sur les causes du turnover de chien plus tard. Après ce petit briefing, la pression passa un cran au dessus : on avait plein d’info en tête et avions légitimement peur d’en zapper une importante…

La préparation des traîneaux consista à l’installation de la toile pour les bagages (opération qui me parut aussi pénible que mettre une couette dans sa housse) ainsi qu’à l’attache de l’ancre (sorte de grappin à planter dans le sol, dans le but de fixer l’engin).

Quelques minutes plus tard, nous voila à tirer nos traîneaux dans le chenil où 70 chiens de traîneau survoltés,de toutes les races nordiques (Husky, Malamutes, Groenlandais, Samoyèdes etc.), aboyaient à gorge déployée : + 1 cran niveau pression…

Une fois les traîneaux correctement disposés, il convient à chacun d’aller récupérer ses animaux en commençant par les chiens de tête. C’est là que le sport commença. Il faut aller chercher chaque cerbère, le détacher de sa niche et le ramener au traîneau. Problèmes généralement rencontrés :

  1. La dite bestiole a envie de se mettre sur la gueule avec une autre bestiole du chenil
  2. Les autres bestioles du chenil ont envie d’en découdre avec la dite bestiole (par jalousie peut être?)
  3. La dite bestiole n’a pas envie d’aller au traîneau et préfère aller courtiser de la chienne en chaleur / agacer du mâle

A ces situations s’ajoute un élément à considérer : chaque molosse est une vraie boule de nerfs et de muscles capable de tracter 2 fois son poids (sachant qu’un Malamute mâle peut atteindre jusqu’à 50kg…)

Je rencontrais plutôt les situations 1 et 2 mais fus heureusement aidé de Julien qui vint faire la police. Qing était plutôt sur la situation 3. et se fit traîner dans la neige (littéralement) par une de ses chiennes désireuse d’aller chanter la pomme (« flirter » en Québécois). Tout ça avec en parallèle Julien qui nous pressa de nous magner le fion (plus on met de temps, plus les chiens s’impatientent, plus ça peut partir en cacahuète). Inutile de préciser qu’à partir de ce moment là, toutes les consignes claires et cohérentes qu’on nous avait précédemment énumérées ne sont plus que poussières dans la tempête émotionnelle que nous subissons.

A peine le dernier molosse attaché que Julien nous fit signe de détacher les animaux attachés à l’arrière de nos traîneaux respectifs (les chiens de tête de chaque traîneau sont en effet attachés au traîneau de devant). C’est une étape hyper importante car si on part sans les détacher ces pauvres toutous peuvent tout simplement se retrouver étranglés et y laisser leur vie…

A peine les bestiaux de derrière détachés que mon traîneau démarra à 50000km/s sans attendre mon « OK » censé autoriser le départ. Déjà bien éloignés du chenil j’entendis un guide venu nous assister dans notre préparation me crier « l’ANCRE! N’OUBLIE PAS L’ANCRE! ». En effet j’avais été tellement pris de court que j’avais zappé que j’avais initialement une ancre enterrée dans le sol censée bloquer mes chiens à l’arrêt… Ces derniers avaient réussi à faire décoller l’engin sans difficulté alors que le grappin était solidement planté dans la glace… Et voici donc ce fameux grappin qui se baladait à l’arrière de mon bolide au risque de se coincer dans une souche et provoquer l’accident. Ni une ni 2  j’arrivai à choper le problème pour venir le fixer là où il était censé se trouver (du moins je croyais). Après 30 secondes je réalisai que le traîneau de Qing me suivait de prêt, mais sans Qing dessus… Une fois arrêté, elle nous rejoignit en courant puis nous expliqua qu’elle avait dû utiliser ses 2 mains pour déterrer l’ancre et que bien entendu les chiens n’avaient pas attendu qu’elle soit confortablement installée avant de démarrer. Elle avait bien réussi à se faire traîner sur quelques mètres, tel le skieur qui tombant du tire-fesse s’obstine à ne pas lâcher prise…

Nous revoilà vite repartis dans l’action car les chiens sont encore chargés à bloc et ne supportent pas d’être à l’arrêt. Il s’en suivi de multiples déboires et gamelles dont je vous passerai l’énumération. Les passages les plus difficiles à négocier consistent aux virages dans les descentes qui, si vous n’êtes pas bien positionnés et avez de surcroît une mauvaise vitesse, vous envoient systématiquement dans le décor.

Arriva un moment où je fis une gaffe beaucoup plus sérieuse que les autres : une fois n’est pas coutume Q s’était sympathiquement vautrée lors d’une descente et ses chiens avaient décidé de continuer la route sans elle (rien d’inhabituel en cela). N’écoutant que mon courage je descendis de mon traîneau pour arrêter sa meute. Seulement voila, mon propre quadruplet de canailles décida également de se faire la malle pendant que j’étais occupé à sauver ma belle. Ils n’allèrent pas bien loin : juste assez pour se mettre sur la gueule avec les chiens de Dominique qui était placée devant moi. S’en suivi une bagarre entre les 2 attelages d’une rare violence où Julien dû intervenir en distribuant les taloches… A noter qu’il est d’autant plus difficile dans ces situations de séparer les querelleurs du fait que les attelages s’emmêlent. Bilan du combat, beaucoup des pauvres toutous avaient pris de sales coups par ma faute… Jacks notamment avais pris une sacré morsure à la patte (je voyais du sang sur la neige). Julien ne manqua pas de m’engueuler à juste titre, en précisant que j’étais le seul responsable de la catastrophe… Inutile de préciser qu’à ce moment là je me sentais mal… très mal.

Julien décida ensuite de s’arrêter un peu plus tôt pour la pause déjeuner car tout le monde avait l’air d’avoir besoin de souffler. Une fois les chiens installés et tranquillisés, nous procédâmes moi et Q à une séance câlin / réconfort avec nos bêtes qui avaient tant souffert de notre incompétence. On essayait de les rassurer et de se montrer positif, mais notre cœur battait toujours la chamade. On dit que les animaux sentent la peur. J’espérais qu’à ce moment là ce n’était pas le cas!

Julien lança sans transition des sujets de conversation sans lien avec notre aventure actuelle. Ceci, je supposais, dans le but de détourner notre attention de nos problèmes et de baisser un peu la pression de nos cocottes minutes respectives. Seulement voilà, après moultes gamelles et gaffes plus ou moins sérieuses notre esprit ne voulait pas zapper de chaîne et notre participation à la conversation n’étaient donc réalisées que grâce au mode automatique de notre cerveau. La partie consciente de notre matière grise elle, passait en revue le concentré d’action qu’on avait subi dans la matinée…

En quelques minutes Julien avait abattu un petit arbre mort (bien sec!), l’avait débité en bûches et avait coupé ces dernières en 2. Il agença 4 demi-bûches en lignes parallèles puis superposa les autres en couches successives, systématiquement perpendiculaires à la couche du dessous. Avec quelques brindilles et de l’écorce de bouleau, le feu prit en 2 secondes avec juste l’aide d’un petit briquet!! Il est impressionnant de voir à quel point l’air est sec (du fait des températures négatives je suppose). Pour se désaltérer, rien de plus simple, il suffisait de remplir de neige la bouilloire puis de la mettre sur le feu. Barbaque et pains à toaster furent ensuite déposés sur le grill pour nous offrir le plus sauvage des barbecues. Le cadre, en pleine forêt boréale canadienne, était idyllique. Seulement, nos têtes pleines d’inquiétude n’étaient pas du tout réceptives car on était déjà mentalement en train de préparer le départ.

Le rangement des ustensiles de cuisine et de la bouffe doit être fait le plus discrètement possible car les canidés, loin d’être idiots, sentent très vite le départ arriver. A peine la dernière fourchette réintégrée dans la boite que tous les molosses étaient debout à aboyer qu’on traînait un peu trop. Quelques secondes plus tard on était chacun sur nos traîneaux respectifs et Julien nous fit signe de détacher les chiens de derrière.

A y est c’était reparti à 500000km/s comme ce matin. Même mon attelage qui comportait maintenant un blessé restait vaillant. Bon on maîtrisait tout de même un peu plus. Notre équilibre notamment se faisait de plus en plus naturellement. Ceci n’empêchait pas les multiples gamelles. Voulant revenir au camp par la rivière gelée (plate et tranquille comme on aime!), Julien décida d’emprunter des chemins ouverts par des motoneiges. Le petit problème est qu’il fallait, pour arriver à la rivière, se taper quelques descentes à pas piquer des hannetons. J’arrivais à les négocier tant bien que mal mais Qing par contre n’avait pas encore compris comment utiliser les freins. Lors d’une descente un peu plus raide que les autres, son traîneau allant plus vite que les chiens percuta ceux de derrière puis alla se renverser dans la poudreuse. Qing enterrée dans la neige jusqu’au nombril commença alors à montrer des signes de fatigue nerveuse. Pour couronner le tout, un de ses toutous avait décidé de la réconforter par une séance de léchouille alors que ses efforts étaient concentrés sur comment se dépêtrer de la neige. 2 de ses chiens, emmêlés l’un sur l’autre, commençaient par ailleurs à se reprocher violemment cet état de fait. Heureusement Julien intervint vite pour arrêter la bagarre et aider Qing à se remettre sur pieds. Le reste de la balade sur la rivière fut beaucoup plus tranquille mais notre esprit lui, était très occupé. Allions nous abandonner ce soir? Fallait-il continuer alors qu’on avait tant souffert aujourd’hui? On pensait alors que le boulot trankilou devant son ordi, c’était pas si mal finalement. Dans mon attelage, Jacks l’estropié montra vite des signes de fatigue (matérialisés par sa corde qui n’est pas systématiquement tendue) et il laissait des traces de sang dans la neige, ce qui me rappelait constamment mon erreur et me nouait l’estomac. Quant aux chiens de Qing ils regardaient désormais souvent derrière eux pour vérifier qu’elle avait toujours le contrôle et qu’ils n’allaient pas se faire botter l’arrière-train par un traîneau fou.

De retour au camp des loups, on passa la soirée à débriefer de notre calvaire et à lister toutes les techniques qui nous restaient à maîtriser. Gilles vint nous apporter le repas ainsi que quelques mots de réconfort : « la première journée est toujours la plus dure et ça ne peut aller qu’en s’améliorant ». Cet état de fait ne nous rassura pas des masses non plus vu le niveau duquel on partait… qui plus est le lendemain c’était le début de l’expédition de 4 jours et un abandon en cours de route ne serait alors plus envisageable…

Départ du camp


Le lendemain matin le stress était à son comble, avec la même suite d’actions et d’adrénaline jusqu’au départ à quelques différences prêts : il faut charger les traîneaux du nécessaire pour 4 jours d’expédition avec notamment les sacs de couchage grand froid et surtout la bouffe pour hommes et bêtes. Par ailleurs, mon pauvre Jacks, blessé à la patoune par ma faute, dû rester à la niche se reposer. Son poto Pépère fut lui aussi remplacé pour maintenir l’harmonie au sein de l’attelage (il est primordial de respecter les liens sociaux si l’on veut que tout se passe bien). A leur place je récupérai Keorn et Keffir, 2 frères malamutes mâles qui se ressemblent tellement que je ne sus jamais les distinguer.

A y’est, c’est parti pour quatre jours d’expéditions! Le départ fut violent mais nous avions tout de même retenu quelques leçons qui nous permirent d’éviter grand nombre de gamelles. J’utilisais notamment désormais régulièrement mon grappin en plus de mes freins pour calmer la hardiesse de mes limiers qui se montraient souvent un peu trop rapides et impatients.

Le temps était toujours au beau fixe et l’air de rien, le stress diminuait petit à petit. On commença à se permettre de ne pas être à 100% concentrés sur notre conduite et de contempler un peu le paysage magnifique qui nous entourait. Je sortis même pour la première fois ma caméra lors d’un long passage assez plat dans une tourbière.

Notre tranquillité fut à un moment interrompue par le passage délicat d’une petite crevasse creusée par un ruisseau, où nous devions emprunter un pont de glace. Julien passa le premier sans grabuge. Vint ensuite le tour de Qing qui s’élança à pleine vitesse comme commandée. A l’inverse de Julien cependant, le pont céda et son traîneau vint se planter violemment dans la neige ce qui ne manqua pas de la faire tomber. Celle-ci eu cependant le réflexe de s’accrocher de toute ses forces à la partie émergée des skis de son traîneau. Le temps que Julien arrive pour l’aider, elle avait tout de même mis un pied dans l’eau glacée, ce qui ne s’avéra pas très confortable pour le reste de la journée!

Nous arrivâmes en fin d’après-midi à notre premier camp, situé sur une île en plein milieu d’un lac gelé où nous fûmes heureux de découvrir un peu plus la vie de trappeur canadien telle qu’on l’imaginait. Après s’être occupé de l’installation des chiens nous allâmes chercher de l’eau au lac. Rien de plus simple sachant que celui-ci était recouvert d’une couche de 2m de glace! Heureusement Julien était équipé en conséquence. Après avoir dégagé la neige à coups de hache, celui-ci entreprit de percer la glace via une sorte d’énorme visse surmontée d’une manivelle. Après quelques minutes d’effort, l’eau jaillit du trou telle une fontaine, du fait de la pression exercée par la banquise.

S’en suivi une petite balade en raquette en duo avec Julien (les femmes avaient décidé de rester au chaud dans la cabane) où nous discutâmes politique, finance et permaculture. Je fus impressionné par la singularité de cet homme qui, nourrit d’une énergie débordante et d’une grande curiosité, ne limitait pas ses intérêts à son univers de coureur des bois. Bien au contraire, j’avais souvent l’impression que ces sujets l’ennuyaient car il passait rapidement à d’autres thèmes de conversation. Après réflexion, je me dis que je serais également las de répéter chaque semaine les mêmes choses à des citadins qui ne connaissent rien à la vie sauvage! Nous apprîmes plus tard qu’il était, en plus d’être guide, écrivain…

De retour au camp, on décida, moi et Q de tester le sauna avec pour objectif de clôturer l’expérience par un bain de neige… Une chose que je n’avais pas prévue en plongeant dans la poudreuse c’est que ce n’était pas de la poudreuse, mais plutôt de la glace, ce qui ne manqua pas de me meurtrir les genoux. J’étais cependant content de moi car j’avais résisté quelques secondes de plus que Q dans ce froid de canard 🙂

Après un dîner copieux nous nous endormîmes on ne peut plus rapidement…

Deuxième jour de raid


Le lendemain un élément que l’on n’avait pas vraiment rencontré jusqu’à présent s’invita dans notre expédition : le froid. Les autres en avaient déjà fait l’expérience pendant la nuit (-30 degrés paraît-il) sur le court chemin qui allait au petit coin mais j’avais réussi à ne pas avoir besoin d’y aller. Le soleil déjà haut dans le ciel, le thermomètre indiquait toujours -22 degrés. Les rafales de vent qui faisaient bouger la cabane nous indiquaient par ailleurs que ce n’était pas le bon moment pour une promenade de santé. On attendit un petit peu mais décidâmes finalement d’y aller malgré les conditions un peu rudes. Les moufles, jusqu’à présent plutôt optionnelles (on portait jusqu’à présent des  gants légers), étaient devenues une nécessité et ce fut une réelle difficulté supplémentaire que d’essayer de détacher/attacher les chiens avec.

Une fois parti, en trombe comme d’habitude (mais avec une appréhension moindre), je m’aperçu que Qing ne nous avait pas suivi. Celle-ci avait une fois de plus eu tout le mal du monde à retirer l’ancre solidement plantée dans le sol… Il convient d’ajouter que, du fait des difficultés des 2 jours précédents, Qing était courbaturée à un niveau tel qu’elle n’arrivait pas à lever le bras (NB : on comprendra donc mieux sa démarche de canard dans certains passages de la vidéo…).

L’épreuve en ce début de journée consista à résister au froid, dont l’effet était décuplé par le vent que l’on prenait en pleine face (étant donné qu’on évoluait essentiellement sur des lacs). Ainsi par exemple, avec une température de l’air à -20°C, et un vent de 35km/h (moyenne observée au canada au mois de mars selon windfinder.com) la température équivalente ressentie est de -43°C… Tout ça pour dire qu’on se situait très probablement à ces moments là dans la fourchette de températures correspondant à la définition de « Froid intense. Danger grand : gelures probables lors d’exposition prolongée. » (Lien vers source). Heureusement on avait pris le soin de se couvrir de la tête aux pieds par de multiples couches et notre chaudière interne était constamment alimentée par les efforts fournis sur le traîneau. Heureusement aussi, on arriva vite dans la forêt est ce fut comme si la température avait récupéré 20 °C d’un coup.

Le reste de la journée se passa sans grabuge notable, mise à part pour Dominique qui avait toujours quelques difficultés à asseoir son autorité envers sa meute. Une des probables raisons exprimées par Julien était qu’elle n’arrivait pas à changer de ton entre ses quelques encouragements et ses nombreux reproches, ce qui perturbait grandement ses chiens. Moka, un de ses deux chiens de tête, lui donnait spécialement du fil à retordre. Fatigué d’entendre trop souvent Dominique crier après l’animal, Julien décida de le changer d’attelage. Plus précisément, il me refila la bestiole en échange de Sky. Julien m’expliqua plus tard : « des fois, le feeling passe pas entre chien et homme, tout comme entre hommes. Dans ces cas là faut pas chercher à comprendre ». Moka était en effet un peu plus dissipé que le reste de ma bande (il ne perdait pas une occasion pour se rouler dans la neige) mais Akouf le remettait généralement dans le droit chemin (parfois en montrant les crocs) et finalement l’efficacité de ma meute n’était pas amoindrie.

Etant placée devant moi je voyais régulièrement  Dominique paniquer à l’approche d’une pente un peu raide. Elle répétait alors ce même mot, que ses toutous n’avaient très probablement jamais appris, avec une intensité croissante « doucement!, DoUcEment! DOUCEMENNNNNNNNNNT » puis ce dernier cri s’atténuait d’un coup comme celui de quelqu’un qui saute dans le vide.  Je savais alors qu’il fallait que je laisse passer un peu de temps avant d’attaquer à mon tour la descente car si Dominique s’était plantée sur le chemin ou même en bas de la pente, il fallait que je puisse m’arrêter avant de lui rentrer dedans. J’eus une fois affaire à cette situation et je dus mettre toute mes forces à la fois sur le frein et sur le grappin pour éviter la collision.

Arrivés à notre second camp, qui se révéla être la cabane la plus spacieuse du séjour, nous procédâmes à notre routine de travaux du soir (à noter que Julien effectuait quatre vingt pour cent des tâches): décharger les traîneaux, nettoyer les emplacements des chiens, leur donner à boire et à manger, aller chercher de l’eau au lac, ramener du bois dans la cabane, sortir les sacs de couchage etc.

Nous eûmes cependant le temps moi et Qing d’aller faire une petite promenade en raquette. Évoluer dans cette forêt où régnait un calme absolu avait quelque chose de magique. Seul le bruit de nos raquettes venait perturber le silence et le temps semblait être arrêté. Nous ne suivions pas de chemin et la nuit tombait, nous étions donc prudent. Julien nous avait notamment prévenu qu’il ne fallait pas marcher sur certains endroits de la rivière, où la glace pouvait se révéler être fragile. Après une petite demi-heure, il nous rejoignit, avec la démarche assurée du trappeur qui avait marché en raquette toute sa vie. Tout l’opposé de Qing qui avait, du fait de ses courbatures, une démarche de canard boiteux.

On arriva jusqu’à une clairière qui était en fait des lacs gelés entretenus par des castors (on n’aurait pas pu deviner si on ne nous l’avait pas précisé!).

La soirée Julien nous demanda si on souhaitait continuer notre expédition jusqu’au 3ème camp ou retourner au premier. Le chemin qui allait au troisième s’avérait plus technique que ce qu’on avait vu jusqu’à présent et vu qu’on n’était pas encore des as du traîneau, il nous posait légitimement la question. Ce  dernier campement était aussi selon lui le plus rustique. Si ma nature de perpétuel optimiste et curieux me faisait pencher pour le troisième camp, Qing était partagée et Dominique était clairement plus pour retourner au premier, ce qui du coup, n’aida pas du tout Julien… Malgré l’indécision générale, il finit par trancher: nous irions jusqu’au troisième!

Troisième jour de raid


Le lendemain matin, après le copieux petit déjeuner à base de pancakes et sirop d’érable, on s’apprêta au départ comme d’habitude. Il faisait toujours très froid et le port des moufles était de rigueur. Une fois les traîneaux disposés, Julien nous donna le top départ pour aller chercher nos chiens. S’enclencha alors le chrono habituel, où telle une course il fallait aller le plus vite possible car les molosses étaient déjà survoltés. Pour une raison que je ne m’explique pas, je fus assez lent et Julien me pressa comme d’accoutumé car j’allais « être en retard ». A peine les bestiaux attelés que Julien nous fit signe de détacher les chiens de derrière. Seulement voilà, j’éprouvai toutes les difficultés du monde à détacher l’attache avec mes moufles alors que les secondes étaient comptées… Je me débarrassai en vitesse de ma moufle droite puis détachai rapidement les bestiaux. Du moins je croyais, car je réalisai vite mon erreur, d’une extrême gravité : au lieu de détacher les chiens de mon traîneau j’avais simplement détaché la corde qui reliait les chiens de tête entre eux. A ce moment là un vent de panique s’empara de moi car je savais que si mon attelage partait, la pauvre bête qui était restée attachée à mon traîneau allait se faire étranglée (imaginer 4 molosses qui tirent une corde reliée à votre coup et que votre corps lui, ne peut pas bouger…) Je criai de toutes mes forces pour dire à Julien et Qing (situés devant moi) de ne pas partir pour de pas inciter mes chiens à faire de même mais ils ne m’entendirent pas sous le vacarme des aboiements. Il était déjà trop tard… ils étaient déjà lancés. Heureusement un miracle se produisit alors. Mon ancre, qui le premier jour n’avait pas résisté une seconde, restait sereinement plantée dans le sol. Après une manipulation de quelques secondes qui me parurent une éternité, j’étais lancé sur les traces de Q et Julien, tremblant et heureux d’avoir esquivé l’horreur.

Arrivé à hauteur de Qing et Julien, j’expliquais ce qui venait de se passer et vit le visage du guide pâlir (il avait faillit perdre un chien cette saison à cause du même type d’accident). Je n’eu pas le temps de lui dire que tout s’était finalement bien passé qu’il était déjà en train de courir à la rencontre de Dominique qui était resté bloquée au départ. Heureusement elle n’arrivait juste pas à déterrer la fameuse ancre!! Ainsi au final il y eu plus de peur que de mal!

Le reste de la journée ne fut pas aussi difficile qu’annoncé par ce faux départ. Le chemin était en effet assez technique mais il n’y avait pas trop de descentes de la mort comme le craignait Dominique. La difficulté résidait essentiellement au franchissement/contournement des nombreux obstacles de la forêt, ainsi qu’à quelques côtes un peu abruptes à grimper. Généralement, tout est question de vitesse, équilibre et maîtrise de la force centrifuge. D’autres passages délicats consistaient à faire comprendre à son quadruplet de coquins qu’il valait mieux, dans un virage serré, bien suivre le chemin plutôt que de couper à travers les bois. Ainsi parfois il était important dans un virage d’attendre que les chiens de derrières identifient bien là où ils devaient passer car ces derniers avaient souvent le mauvais réflexe de couper au plus court sans se soucier de savoir si le traîneau qu’ils tiraient pouvait également suivre…

On arriva en fin d’après-midi au dernier camp qui n’était pas une cabane mais une tente, située sur une petite île au milieu d’un lac.

Ici pas de toilette, il convenait d’aller dans la forêt pour faire ses besoins. Après notre routine habituelle de soirée je demandais à Julien si je ne pouvais pas aller couper un arbre pour faire du bois (je l’avais vu faire plein de fois lors de nos piques niques du midi) et celui-ci se proposa de m’accompagner. On ramena ainsi 3 arbres que l’on débita en buches. La nuit tombée, nous observions le ciel avec attention car l’application de Qing disait que c’était la soirée de la semaine avec le plus de chance de voir des aurores boréales. Malheureusement, les nuages, de plus en plus épais, éliminèrent vite toutes nos chances de voir le phénomène.

Dernier jour ...


La nuit ne fut pas très confortable pour une seule et bonne raison : le poêle chauffait énormément et la petite tente n’arrivait pas à évacuer la chaleur. Ne tenant plus, je sortis une paire de fois pour me refroidir et on garda longtemps la porte ouverte, alors qu’il faisait -20 dehors…

Au petit matin, nous fûmes réveillés par le chant de la meute, qui ressemblait étrangement à celui des loups. C’est la première fois que je les entendais se coordonner de la sorte et en fus touché. Nous amorcions notre dernière journée d’expédition et déjà je commençais à m’attrister de finir l’aventure. Je m’ébrouais : il fallait profiter à fond de cette dernière journée et ne pas penser au lendemain!

Je sortis pour aller au petit coin et fus surpris par le temps : il neigeait à gros flocons ce qui tout de suite me plongea directement dans une ambiance encore jamais vue, presque féérique. Après le copieux petit déj habituel, je m’imposais la corvée de ramassage de crottes. Julien avait plus nourri les molosses que d’habitude (car il les trouvait un peu maigrichons) ce qui augmentait proportionnellement la quantité d’excréments produite. Je dus ramasser ainsi en moyenne 3 gros cacas par chien (x 17 toutous = 3 seaux remplis à ras bord). Heureusement par ces températures, les étrons, gelés comme des esquimaux au chocolat, ne sentent quasiment rien.

Le départ se passa cette fois-ci sans accroche.  L’objectif de la journée était de retrouver le camp de base en passant par « la route des crêtes ». Celle-ci s’avéra beaucoup plus tranquille que le jour précédent mais c’était sympa de changer de paysage. En effet, on prenait de la hauteur et beaucoup d’endroits présentaient une vue dégagée.

Le départ se passa cette fois-ci sans accroche.  L’objectif de la journée était de retrouver le camp de base en passant par « la route des crêtes ». Celle-ci s’avéra beaucoup plus tranquille que le jour précédent mais c’était sympa de changer de paysage. En effet, on prenait de la hauteur et beaucoup d’endroits présentaient une vue dégagée.

A un moment je vis Julien crier « ORIGNAL DROIT DEVANT! » puis foncer à toute allure. En effet il avait aperçu deux orignaux, chose apparemment rarissime et nous encourageait donc à partir à leur poursuite pour avoir une chance de les voir. Malheureusement, les chiens de Dominique, qui étaient placés juste devant moi et Q, n’avaient pas envie de faire de même et nous restâmes donc à un rythme relativement lent. Nous avions donc presque vu des Orignaux sauvages, est-ce que cela compte pour quelque chose?

Il était toujours tôt dans l’après-midi mais déjà je reconnaissais la rivière du 1er jour : on s’approchait du camp de base et du chenil. Ça tombait pas mal car Qing avait percuté un arbre assez violemment ce qui avait abîmé son pare-choc et la déséquilibrait constamment (la pauvre devait perpétuellement mettre son poids sur la droite). Avant même de voir le chenil, on l’entendit : tous les chiens qui étaient restés au camp nous accueillaient par de chaleureux aboiements!

Dès que nous fûmes arrivés, nous dûmes raccompagner chacun de nos braves toutous à leur niche respective. Un vrai crève cœur! Qing versa une petite larme et moi je me retenais de ne pas en faire autant. L’aventure avait été courte (5 jours seulement) mais elle avait été d’une richesse intense et splendide.

Conclusions


Au moment où je vous écris (plus ou moins 1 mois après), il n’y a pas eu un seul jour sans que je ne repense à cette expérience formidable. Je repense à nos chiens bien sûr, mais aussi aux petits détails qui nous ont plongé dans un autre univers : les forêts de pins et d’épinettes, les barrages de castor, le pain croustillant cuit à la chaleur du feu du poêle, la sensation de la neige que l’on frotte entre ses mains pour se les laver, le crépitement du feu du pique-nique dans les bois, la fatigue du soir quand on se glisse dans le sac de couchage, le bruit de nos pas dans la neige, le chant des loups…

Aussi en seulement cinq petits jours, nous fûmes surpris de la rapidité avec laquelle nous avons développé des sentiments envers nos chiens. Chacun sa personnalité, ses qualités, ses défauts, son charisme auprès des autres. Sur mon attelage :

  • Akouf dit « le courageux » : le seul toutou que j’eus dans mon équipe du début jusqu’à la fin. Il n’en démord jamais et il est toujours le premier à vouloir repartir. Un vrai chien de tête! Il a aussi un sacré coup d’épaule qui lui a permis de rompre son attache (je dus alors en bricoler une  de fortune le temps de rejoindre Julien).

  • Sky dit « le larmoyant pelé » : ce brave chienchien avait en effet un pelage des plus singuliers : tout blanc sans poil long de telle sorte qu’on avait l’impression qu’il avait été tondu comme un mouton. Julien confessa qu’il n’avait jamais vu de chien « aussi moche », point sur lequel je n’étais pas d’accord (je trouvais qu’il avait une beauté singulière). Sky avait pour habitude de s’adonner à de longues séances de plaintes et jérémiades la nuit ou le matin (il était le seul à faire ça). A la différence de beaucoup d’autres, il avait un passé probablement difficile car ce dernier avait été recueilli par Gilles il y a peu de temps et avait avant appartenu à des familles. Il était en manque constant de câlin. On avait aussi l’impression qu’il se retenait de faire ses besoins, probablement par peur de réprimandes (il est difficile de désapprendre quelque chose à un chien).

Keorn et Keffir « les forts »: Les 2 frères malamutes mâles étaient les locomotives de mon attelage. Infatigables, on avait l’impression que rien ne pouvait les arrêter. C’était surtout grâce à eux je pense, que même dans les côtes les plus raides, je n’avais qu’un effort minime à fournir là où les autres mushers devaient pousser leur traîneau! Ça avait aussi son inconvénient quand il fallait les arrêter… Ils étaient par ailleurs peu bruyants et affichaient souvent leur indépendance, un caractère typique de leur race (« Même s’il présente des caractéristiques similaires avec le husky sibérien, le malamute est plus trapu, plus puissant, plus têtu et plus dominant. Le husky sibérien est plus fin, plus rapide tandis que le Malamute est plus endurant et saura tirer de plus lourdes charges sur des distances plus longues. » source: wamiz.com)

Moka « le fou » : Moka était un peu le foufou de la bande (on sentait qu’il était plus jeune que les autres) et devait être rappelé à l’ordre à la moindre distraction (pipi des copains/copines, animaux sauvages etc.).

Et n’oublions pas:

  • Jacks ‘l’estropié » : nul besoin de le redire, ce brave Jacks (qui veut dire copain en Québécois) fut durement touché dans la bagarre du premier jour et je m’en veux encore aujourd’hui.
  • Pépère » le brave » : compagnon de traîneau de Jack, je n’eu pas le temps de développer beaucoup de liens avec lui mais je suis sûr que c’est un brave et fidèle toutou!

Ajout par « Q » sur son attelage « 5 étoiles »: une équipe de choc, avec laquelle Julien n’a jamais eu de souci:

  • Les soeurs Karma et Corail: mes chiennes de tête. Karma est la vive et Corail la câline. A chaque fois que je venais les chercher au chenil, Karma se tenait toujours toute droite et remuait de la queue, comme si elle me disait « je suis toute prête, ramène moi maintenant! » je l’attachais en effet le plus souvent en premier afin de ne pas casser ce dynamisme. Corail en revanche était totalement différente. Au départ du chenil, elle était toujours couchée et dès que j’approchais, elle roulait sur le dos, non  pas parce qu’elle ne voulait pas partir, mais parce qu’elle adorait des câlins au point où j’avais même du mal à lui mettre son harnet! Mes deux leaders étaient supra intelligentes. Mais comme l’expédition tombait pendant leur période de « chaleur », elles pouvaient s’arrêter à tout moment en chemin pour une simple odeur de mâle. Heureusement que j’avais aussi Cosmos et Sikar.

  • Cosmos est « le moteur », un malamute jeune et bien dynamique, toujours celui qui relance le troupeau. Si cet entrain ne m’arrangea pas vraiment au début, surtout à la fin des pauses,  il s’avéra être un avantage énorme tout au long de l’expédition. Plusieurs fois, il boostait mêmes les 2 chiens de tête en donnant des petits coups de tête pour qu’elles avancent. J’appréciais beaucoup le geste.
  • Sikar est le « brave », et le plus costaud. Du coup il était aussi le plus lourd, et celui qui s’enfonçait le plus dans les passages de neige souple et profonde. A ces moments là, il ne tournait jamais la tête et avançait toujours avec une détermination touchante! Il était, plus qu’un chien, un vrai partenaire.


La Cime du Pied de Barry, Parc National des Ecrins

Entre la Muzelle et le Lauvitel

3jours

de randonnée

18km

parcourus

1800m

D+

2lacs

Nous cherchions une randonnée de quelques jours avec possibilité de bivouac et en particulier près de lacs. Je connaissais déjà le Parc National des Ecrins et plus particulièrement la Bérarde. Je souhaitais y retourner depuis quelques temps. C’est donc en cherchant dans ce massif que nous avons trouvé ces deux lacs : la Muzelle perchée à 2105m surplombée par la Roche de la Muzelle (3465m) et le Lauvitel situé à 1530m, entouré de parois impressionnantes. C’était décidé : nous irons passé quelques jours en autonomie entre ces lacs entre le 18 et 22 juin 2015.

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Logo Parc National des Ecrins
Logo du Parc National des Ecrins

Le parc National des Ecrins est un parc National français situé dans les Alpes près de Grenoble et s’étendant en grande partie sur le Massif des Ecrins. Il a été créé en 27 mars 1973.

D’une surface de 918km², le parc culmine au sommet de la Barre des Ecrins à 4102m.

Pour plus d’informations : http://www.ecrins-parcnational.fr/le-parc-national


Première journée - Montée au Lac de la Muzelle (2105m)

Nous somme arrivés la veille dans le Massif des Ecrins. Nous avons passé la nuit au charmant gîte du Plan du Lac entre Vénosc et St Christophe en Oisans.

L’ascension vers le lac de la Muzelle se fait en général depuis Bourd d’Arud en suivant une portion du GR54 (retrouvez également notre Tour des Ecrins et de l’Oisans le long du GR54 – Lien). Nous avons décidé de ne pas suivre le chemin habituel et de passé par la Cîme du Pied de Barry. Ce chemin peu emprunté (nous ne croiserons absolument personne jusqu’à l’arrivée au refuge de la Muzelle) commence derrière le gîte du Plan du Lac, non loin de la cascade de la Pisse et monte jusqu’à 2637m à la Cime du Pied de Barry avant de redescendre sur la Muzelle. Il offre de superbes vue sur les Ecrins et propose un passage sur une jolie arrête bien large mais qui reste aérienne.

Nous avons quitté le gîte sans nous presser vers 8h45. La journée commence bien rapidement car nous croisons un chamois juste à côté de la cascade. Il fait beau et les prévisions sont bonnes. Tout est réuni pour une belle journée.

La randonnée commence directement par une forte pente qui nous mène au Lanchatra, un minuscule village perché, peu ou pas habité. Une fois au dessus du village la pente reste forte mais la vue sur la vallée se dégage. Par contre nous commençons à être envahis de mouches. Cela restera une constante sur toute cette journée et sur les suivantes (légèrement atténué) : des dizaines de mouches qui vous tournent autour de la tête et pas mal de taons…

Cette partie du chemin devient plus abrupte encore, il faut pas mal se servir de ses mains. L’évolution est quasiment verticale car après presque une ou deux heures de marche on est toujours en vue du gîte en contrebas. Après un bon dénivelé (600m ?), le chemin commence à suivre la la crête. On se trouve plein étage alpin tout en fleur en ce mois de juin.

Variante possible : une variante à envisager est « l’ascension » du sommet de la Clôche (2328m)

Après le col de la Clôche nous nous posons pour déjeuner. Les attaques de mouches gâchent un peu le moment et je me fais piquer par un taon… Nous repartons en direction de la fameuse crête ; c’est un très beau passage qui ne présente pas de risque si on fait attention mais qui donne une belle impression aérienne. Voilà déjà 2-3h que nous sommes parti, nous n’avons et nous ne croiserons personne, on est au coeur des Ecrins,… tout va bien.

La montée reprendre de plus belle après ce beau passage. Nous croiserons un petit troupeau de mouton paissant paisiblement et heureusement pour nous non gardé par un patou. Nous arrivons enfin en dessous de la Cîme du Pied de Barry. Le chemin disparaît quasiment ici et bifurque sur la droite (vers l’ONO) pour attaquer une descente relativement raide et sans trace visible. Nous profiterons de la vue juste avant cette partie en prenant un café (nous avions pris la Mocca…) face au Massif.

La descente bien que fatiguante car évoluant dans un terrain herbeux assez chaotique nous offre aussi un le spectacle des fleurs de printemps et des marmottes. On rejoint le chemin plus bas, non loin de ce qui semble être une ruine (une ancienne bergerie peut être) pour partir vers le refuge qui n’est plus très loin. Sur le chemin on passe non loin d’une des dernières tourbières des Ecrins, milieux extrêmement fragile. Ce n’est que là, après quasiment que l’on croise des personnes et pas n’importe qui : la gardienne du refuge et une personne de l’équipe qui monte pour ouvrir pour le week-end.

L’arrivée sur le refuge et le lac de la Muzelle est superbe. Le paysage dévoile un grand cirque fermé au fond par l’impressionnant col de la Muzelle. Le Lac est niché au fond de la dépression. Etant donné que nous sommes tôt dans la saison, de nombreuses plaques de neiges sont présentes sur les parois environnantes et se réfléchissent sur la surface du lac. Après une pause rafraîchissante au refuge, profitant de la présente de la gardienne, nous allons poser le bivouac légèrement au dessus du lac non loin du déversoir. La vue est superbe, il fait beau et nous n’aurons croisé que la gardienne, son équipière et un gars qui fait le GR54 et avec qui on mangera le soir. Nous ne nous coucherons pas tard après les 1500m de D+ que l’on vient de réaliser.


2e Journée - De la Muzelle au Lauvitel

Il a fait relativement froid cette nuit étant donné que la tente était gelée le matin mais nous avons bien dormi dans notre sac de couchage douillet. Comme le programme de la journée n’est pas très chargée nous prenons notre temps le matin en attendant que le soleil vienne réchauffé la tente.

Le petit déjeuner sera vite avalé et nous rangeons le camp avant de repartir en direction du Lac du Lauvitel.

Nous passerons par le col du Vallon (2540m) pour rejoindre le Lac du Lauvitel. Mais avant cela nous nous arrêtons 5min pour trouver une Geocache placée sous un rocher non loin du chemin.

L’ascension suit un chemin qui zigzag jusqu’au col. La vue est absolument superbe sur le Lac de la Muzelle en contrebas. Nous avons de la chance car c’est sous un grand soleil que nous marcherons encore aujourd’hui. La montée ne pose pas de difficulté particulière notamment grâce au sentier bien étagé. Arrivés au col nous nous posons pour manger un bout et surtout admirer le paysage. Un bouquetin nous fait même le plaisir de passer juste à côté tout en prenant son temps. Il n’y a personne…

Nous entamons, après cette pause, la longue descente jusqu’au Lac du Lauvitel. Plus de 1000m de D-. Heureusement le chemin est bon et la vue est belle, il suit le ruisseau de l’Embernard sur quasiment toute la descente. Le Lac se dévoile rapidement en dessous de nous et nous le voyons se rapprocher au fur et à mesure, doucement. La partie basse du sentier passe par une zone fraichement écroulée. Nous avions d’ailleurs décalé le séjour car des travaux de sécurisation étaient en cours les semaines précédentes et le chemin était interdit. Mais ce jour-ci nous passons sans encombres.

Nous arrivons enfin au Lac. Il y a un peu de monde car le chemin pour y monter depuis la vallée est simple et rapide. Il y a une grande étendue d’herbe avec deux tentes déjà et de l’autre côté du lac quelques chalets. Le Lac est très beau, il est niché entre de grandes falaises sauf sur le côté ouest où il s’ouvre sur un vallon qui est une réserve intégrale. Seul bémol, une ligne électrique qui passe au dessus du lac mais qui ne gâche pas non plus la beauté de l’endroit.

Nous ne voulons pas être trop proche des autres campeurs, nous partons donc sur la gauche vers un chaos rocheux car nous pensons trouver un emplacement pour la tente derrière celui-ci si on en croit la carte. Nous trouvons effectivement un espace juste à côté du lac et dos au rocher bien caché des autres personnes pouvant être sur la partie herbeuse. Nous montons la tente rapidement puis nous profitons du lieu et de sa sérénité.

Nous finirons la soirée en prenant un bon repas chaud et en admirant le coucher de soleil sur la montagne.


3e Journée - Descente et retour

La nuit aura été bonne et moins froide que la veille étant donné que nous étions beaucoup plus bas. Le réveil se fait à l’ombre mais l’endroit est toujours aussi beau. Nous prenons notre petit déjeuner sans nous presser car le programme de la journée n’implique que de redescendre jusqu’à la Danchère avant de retourner au plan du Lac pour reprendre la voiture et rentrer à la maison.

La descente est sympathique, elle suit le ruisseau de la Selle qui se transforme en ruisseau du Lauvitel plus bas. Nous croisons quelques personnes qui font la montée.

Voilà, nous sommes en bas … Après 2 grandes journées en haut, seuls, la vue bouchées de la vallées est étrange. Afin d’accélérer le retour (nous avons de la route ensuite pour rentrer) on décide de faire du stop. Je pense qu’il n’y a jamais eu de stop plus efficace, à peine le pouce était levé que deux gars en van s’arrêtent et nous dépose au gîte du premier jour.

Cette escapade sur trois jours aura été un vrai bol d’air. Les Ecrins sont magnifiques et sont moins courus que d’autres parties des Alpes. La nature y est forte et présente. Ce tour est à conseiller pour tout ceux qui veulent découvrir la montagne et passer deux nuits en bivouac. On peut le faciliter en montant à la Muzelle depuis Bourd d’Arud.

Quelques infos :

  • Carte IGN : IGN TOP 25 3336 ET  (1/25000e)
  • Site du refuge de la Muzelle : Lien