Bivouac au Lac de l'Etoile - Parc National des Ecrins

GR54, Tour des Ecrins

10jours

de trek

176km

parcourus

12000m

D+

14cols

Ce n’est pas le GR le plus connu mais le GR54 n’a rien à envier au GR20 ou au Tour du Mont Blanc. Techniquement d’une part, les chiffres parlent d’eux-même : un peu moins de 180km et environ 13000m de dénivelé positif, 11 cols et une altitude moyenne de 1800m. Mais d’un point de vue scénique non plus, le GR54 n’a pas à rougir : on traverse l’un des plus beaux massif des Alpes, on passe par tous les étages montagnards, on croise Chamois, Marmottes et Vautours,… et cerise sur le gâteau, le chemin est bien moins couru que d’autres GR tel que ceux cités précédemment. En d’autres termes, le Tour de l’Oisans et des Écrins est superbe et sauvage et y randonner a été un bonheur pendant 10 jours.


Le GR54 et le Parc National des Ecrins

Le Tour de l’Oisans et des Écrins est une boucle qui parcoure ces magnifiques massifs au cœur de l’Isère. La diversité des paysages, leur beauté et leur aspect sauvage (surtout pour la partie Sud) font de ce GR l’un des plus beaux qui soit. Toutes les journées de marche sont ponctuées par le passage d’au moins un col, par des lacs de montagne ou des vallées majestueuses. En terme de difficultés, le GR54 n’est pas simple mais reste accessible au plus grand nombre car il est tout à fait possible de faire chaque nuit en refuge et donc de voyager léger. Pour ma part j’ai choisi le bivouac tout du long car ce format offre la plus grande liberté qui soit. Le fait de traverser des villages ou des bourgs au moins tous les deux jours permet également de ne pas avoir à prendre trop de nourriture sur soit et permet de varier les menus.

On parcourt le GR54 en grande partie dans le Parc National des Écrins. Cet espace de protection de la nature et des traditions montagnardes est à respecter comme un joyau. Le feu y est évidemment interdit ainsi que le camping. Toutefois le bivouac est autorisé entre 20h et 8h. Le mieux pour bien connaître les règles à suivre est de se rendre sur le site du parc, ce que je vous conseille avant le départ : http://www.ecrins-parcnational.fr/

Download file: GR54.gpx

Premier Jour : de Paris aux Ecrins

Nous sommes début juillet, c’est le jour du départ ! Enfin ! Comme toujours avant de partir en randonnée (et en vacances…) l’attente a été longue. Mais on y est ! Je rejoins Quentin, un ami, qui aurait dû m’accompagner sur tout le GR54 mais comme on le verra cela ne sera pas possible pour lui malheureusement. Pour se rendre aux Écrins rien de plus simple : un peu de TGV jusqu’à Grenoble et un peu de bus jusqu’à Bourg d’Oisans d’où nous débuterons le GR54.

Il ne nous aura donc fallu qu’une grosse matinée pour passer de la ville à la montagne. Sur place on complète notre réserve de nourriture avec un peu de frais pour les prochains jours et le midi. Le « début » du GR54 est facile à trouver, il se situe derrière le camping de la Cascade et commence directement par une petite montée dans les rochers (attention en cas de pluie ça peut être glissant je pense). Il fait super beau, voir même trop chaud et les prévisions météo sont au beau fixe pour les prochains jours…

On s’arrêtera sur les hauteurs de Bourg d’Oisans pour grignoter notre midi.

Le chemin continue ensuite de monter pour finalement déboucher dans le joli hameau de La Ville auquel on s’arrête 2min profiter de la fontaine publique ! Le GR54 continue ensuite en alternant chemins et passages goudronnés le tout en nous faisant passer par de petits villages typiquement montagnard. Encore une fois on profite des fontaines que l’on trouve dans quasiment chacun d’eux. Il fait très très chaud et les mouches sont nombreuses et bien agaçantes !

Le chemin redescend une fois le village du Rosay passé. On rejoint le torrent de la Sarenne au niveau d’un superbe pont en pierre romain. Nous sommes à présent sous le couvert de la forêt, il fait donc meilleur mais il y a toujours autant de mouches c’est fatiguant. On avait prévu de dormir dans ce coin mais la topologie ne s’y prête pas du tout et les mouches nous poussent à avancer, de plus il est encore tôt alors autant gagner du temps.

On longe ainsi le torrent sur pas mal de distance, petite pause boisson fraîche à une buvette et on continue.

Nous trouverons notre emplacement pour la nuit un peu plus loin, une grande étendue d’herbe assez plate et pas trop loin de la Sarenne. Les mouches sont un peu moins présentes. Il est l’heure de prendre notre petit repas du soir après une première bonne journée (entre le trajet et la marche) et on se couchera tôt.


Deuxième Jour : du Col de Sarenne au plateau d'Emparis

La deuxième journée commence glorieusement envahis par les mouches. On quitte donc rapidement le bivouac en direction du col de Sarenne (1999m). Sur le chemin on croise un berger qui conduit ses moutons dans un enclos. En continuant d’avancer deux patous surgissent de nul part et viennent vers moi, un devant, l’autre derrière, je ne fais pas le malin. Heureusement le berger les calme…

Les patous sont des chiens de bergers élevés dès leur plus jeune age au sein du troupeau. Ils se pensent donc « moutons » et feront tous pour les protéger. Faites donc attention lorsque vous approchez d’un troupeau non gardé car le patou peut être agressif malheureusement. Des « attaques » de randonneurs sont enregistrées chaque année.

La montée vers le col n’a pas vraiment de charme car elle suit une route. Il y a beaucoup de cyclistes. On fait une pause au refuge afin de boire un coup.

Nous entamons ensuite la descente vers Clavans-Les-Bas. Il fait déjà très chaud et Quentin commence à avoir les pieds dans un sale état à cause de ses chaussures. Il a des bonnes ampoules à chaque pied et a mal à chaque pas… C’est pas bon signe.

Nous prenons  notre pause midi au début du chemin qui monte vers Besse. Il fait de plus en plus chaud et les mouches sont une plaie. Une fois à Besse on attaque une montée de 700m de dénivelé. C’est pas mal mais en temps normal ça passerait bien mais là avec la température accablante c’est franchement dur ! Quentin a de plus en plus mal aux pieds…

Par contre une fois en haut le spectacle est sublime : devant nous s’étale le Plateau d’Emparis, immense prairie verte qui n’est pas sans rappeler les Grandes Plaines Américaines d’une certaine façon, sauf qu’ici point de bisons mais des marmottes.

Je motive Quentin à avancer encore un peu afin de bivouaquer à côté d’un point d’eau. Ses pieds le font vraiment souffrir, ça m’inquiète pour la suite…

Notre emplacement pour la nuit est très beau. On est légèrement surplombant on a donc la vue sur tout le plateau. Juste à côté le « Rif du Coin » nous permet de nous rafraîchir et de laver un peu nos affaires…

La soirée se finit avec une fondue lyophilisée bien méritée et une armée de mouche pour nous souhaiter bonne nuit…


Troisième Jour : Du Plateau d'Emparis au Lac de l'Etoile

La journée commence par une mauvaise nouvelle : Quentin décide d’arrêter le GR étant donné l’état de ses pieds et la douleur qu’il ressent à chaque pas… Il va donc descendre jusqu’à La Grave et continuer en stop jusqu’à une gare. Je continuerai donc sans lui.

Nous sommes encore une fois chassés par les mouches ce matin. La montée au Col du Souchet (2365m) ne présente pas de difficultés et est vite avalée. Du haut le massif de la Meije se dévoile, beau et impressionnant.

La descente vers la Grave est jolie surtout grâce à la Meije (3983m) en face. Le GR54 passe également par quelques jolis village comme le Chazelet ou Les Terrasses. La Grave aussi est joli mais plus animé déjà.

Après la pause du midi, Quentin reste là et je continue… J’aurai préféré qu’il puisse continuer mais vu ses pieds c’est mieux comme ça pour lui. Je vais continuer seul mais c’est pas grave, ça donnera une autre dimension au GR.

Direction Villar-d’Arêne et plus loin Pont d’Arsine. Le chemin est plat et facile par contre il fait une chaleur étouffante… Je m’arrête quasiment toutes les heures boire 1L d’eau… Je suis trempé…

Mais bon j’avale du terrain et je me retrouve rapidement à gravir le chemin qui mène au Refuge de l’Alpe de Villar-d’Arêne. Je suis à accueilli par un troupeau de vaches.

Pour finir cette longue journée, durant laquelle j’aurai abattu pas mal de kilomètres, je me mets à la recherche d’un coin pour mon bivouac du soir (après avoir pris une petite bière au refuge quand même …).

Mon dévolu se jettera sur le Lac de l’Etoile car on y est un peu caché par rapport au sentier et surtout l’emplacement est superbe ! Une sacré journée qui fini et surtout une chaude journée ! J’aurai bu quasiment 7L !


Quatrième Jour : du Lac de l'Etoile à Vallouise

J’ai survécu à ma première nuit tout seul… En même temps le plus inquiétant en montagne, la nuit, c’est plus le silence qui règne que réellement les bruits alentours.

Je refais mon sac après un petit déjeuner rapide et j’attaque direction le Col d’Arsine (2348m). Au col il y a pas mal de marmottes mais les photos ne rendent pas bien…

J’attaque ensuite la descente. On suit le ruisseau du Petit Tabuc qui va grossissant au fur et à mesure. Le décor minéral laisse la place à des forêts de conifères. C’est un très beau paysage, il fait encore suffisamment frais pour en profiter et comme les jours précédents je ne croise personne…

Le chemin continue ensuite vers Le Casset et Le Monêtier-les-Bains. Je commence à croiser des randonneurs qui remontent vers le col. Le sentier commence à se « civiliser », il y a présent des cyclistes et on se retrouve dans des sortes de champs. Le tout a beaucoup moins de charme forcément…

Après une pause à Monêtier, j’embraye sur la montée vers le Col de l’Eychauda (2425m). Le début de l’ascension se fait heureusement à l’ombre sous le couvert de la forêt. Je croise quelques cervidés qui cherchent également la fraîcheur du sous-bois. La montée se fait en suivant le Torrent de la Selle, c’est sympathique.

Par contre, vers 2177m, on débarque sur une zone de télésiège et d’installation de sports d’hiver… ça casse toute l’ambiance. Le chemin est caillouteux et poussiéreux, tout est « maîtrisé », artificiel. C’est ainsi jusqu’au col auquel on trouve un lac de rétention pour la neige artificielle.

Je continue dans le Ravin des Neyzets, heureusement la vue est beaucoup plus sympa ici.

Les 600m de descente jusqu’à Chambrian font mal au genoux surtout si l’on compte les 800m de D- après le col d’Arsine… Pour couronner le tout j’ai droit à un saignement de nez bien abondant surement dû à la chaleur, à l’altitude et la déshydratation.

Je décide de continuer vers Vallouise pour ce soir et de faire une nuit en camping afin de prendre une bonne douche. Le problème c’est que Vallouise c’est pas tout près et que la route pour y aller c’est que du goudron globalement. Autant dire que c’est un calvaire pour les genoux…

Je me résous donc à faire un peu de stop pour économiser mes petites articulations… Un couple de Hollandais me prendra au bout de quelques minutes et, coup de chance, il loge au camping où je voulais aller !

Ils me déposent donc devant l’accueil, royal. Après avoir poser ma tente je m’octroie une vraie douche, la première depuis le départ ! En fin d’après-midi, je passe un peu de temps avec « Vinz » un autre randonneur qui fait le GR54. C’est un ancien gérant de bar à Paris qui a tout lâché et qui fait des randos depuis. On discute de tout ça autour d’un petit pastis bien mérité après cette longue journée encore une fois très/trop chaude.


Cinquième Jour : de Vallouise au Refuge du Prè de la Chaumette.

J’ai moins bien dormi cette nuit que les précédentes… Forcément dans un camping il y a un peu plus de bruit le soir qu’à 2300m d’altitude..

Aujourd’hui au programme : passage du Col de l’Aulp Martin, point culminant du GR54 avec ses 2761m. Ce qui donne un dénivelé de 1100 depuis le parking d’Entre les Aygues suivi d’une descente de 900m. Une journée sportive mais au bout de quatre jours complets, je commence à avoir la forme.

Comme je viens de le dire je commencerai la journée à Entre les Aygues car ce n’est que du goudron depuis Vallouise. J’arrive donc à me faire prendre en stop pour ces 8km.

Le début du chemin est très beau. On se balade en fond de vallée avec le joli torrent de la Selle à côté. Après quelques kilomètres on arrive à la Cabane du Jas Lacroix à laquelle se repose le berger et où je recharge en eau. Le site est charmant.

Le GR54 change rapidement de physionomie après la cabane. L’environnement devient de plus en plus minéral au fur et à mesure. Les 700m de D+ au dessus de la cabane se font bien sentir surtout qu’il fait déjà bien chaud.

La fin de la montée se réalise dans un environnement 100% minéral. Je pense que la roche est du schiste, ceux sont des sortes d’ardoises empilées très friables. Il faut faire un peu attention si il y a du monde au dessus. Je pense également qu’en cas de pluie le chemin doit être assez dérapant, prudence donc.

En tous cas j’arrive enfin en haut, très jolie vue. J’y croise un couple qui réalise le GR54 avec qui on papote un peu.

Le chemin traverse ensuite jusqu’au Pas de la Cavale (2735m). Il faut ensuite attaquer la descente vers le Refuge. La vue est belle. On croise pas mal de moutons qui se cachent derrière des rochers pour ne pas trop souffrir de la chaleur.

J’avale rapidement le dénivelé et je suis relativement tôt au Refuge du Pré de la Chaumette (1790m). Je profite du temps que j’ai pour manger une bonne omelette, une part de tarte et une bière, grand luxe ! Je passe ensuite une bonne partie de l’après midi à discuter avec le gardien. C’est toujours intéressant de discuter avec les gardiens de refuge, ils ont plein de chose à nous apprendre.

Plus tard dans l’après midi, le couple de tout à l’heure arrive également au refuge. On va ensuite chercher un emplacement pour bivouaquer. Le bivouac est autorisé à côté du refuge mais dans une zone précise, demandez simplement au gardien de vous l’indiquer en cas de doute. Malheureusement le terrain n’est pas très plat et surtout très herbeux (grandes herbes hautes) ce n’est pas le plus pratique. En soirée Vinz arrive enfin avec son énorme sac à dos qui doit être rempli à plus de 20kg.

Fin de journée toujours avec les mouches et gros dodo…


Sixième Jour : du Pré de la Chaumette à la Chapelle-en-Valgaudémar

Encore une sacré journée en perspective : trois cols à passer et pas mal de kilomètres jusqu’à la Chapelle !

J’attaque donc tôt mais le couple de la veille est déjà parti ! Le début du chemin se fait bien sans difficulté. J’enquille rapidement jusqu’au Col de la Valette (2668m) malgré le dénivelé. Dans la montée je rattrape mon petit couple qui prend son temps.

Après le col, on entame une descente bien pentu et constituée de cette roche en feuillets bien glissant, prudence donc surtout si il pleut !

Un petit peu de plat et on attaque le Col de Gouiran (2597m) qui se passe facilement.

La physionomie du terrain à beaucoup changée ces derniers jours, on est dans la partie sud du GR54 qui est beaucoup plus « montagnarde » en terme de « minéralité » et d’ambiance. Toute cette partie sera ma préférée jusqu’à la Muzelle.

Une fois le Col de Gouiran dépassé, on longe le « Vallon Plat » jusqu’au Col de Vallonpierre (2607m). Malheureusement trop pris par le chemin à parcourir j’ai un peu oublié de faire des photos ici mais c’est l’un des plus beau paysages des Ecrins que j’ai pu voir. La vue sur la face Ouest du Sirac (3441m) est saisissante et impressionnante !

La descente vers le Refuge de Vallonpierre (2271m) permet de profiter de spectacle. Le site du refuge en lui même est magnifique avec le lac et le chaos rocheux alentour, encore une fois je zappe les photos (…).

Je profite du lieu pour faire une pause omelette avant de continuer ma route.

Je pense qu’il y a une très belle rando à faire sur 2 jours en partant du fond de vallée puis en reliant le Refuge de Vallonpierre suivi de celui du Chabournéou

Suit ensuite la très longue descente vers la Chapelle en Valgaudémar, 1100m plus bas. De mon côté ça se passe bien jusqu’au Refuge du Clot mais ensuite les long kilomètres de plat me cassent les genoux. En plus de cela il fait toujours aussi chaud… La fin du chemin se fait en longeant des champs c’est moins sympa. Je suis toujours étonné de voir comment en quelques heures on passe de la haute montagne à la vallée. L’avantage de la marche est de vivre la transition en douceur.

Enfin arrivé à la Chapelle en Valgaudémar, je prends une place au camping municipal qui est très bien en terme de rapport qualité/prix. Une fois installé, direction la douche qui fera un bien fou ! Je profite de la fin d’après midi pour refaire des courses et aller faire un tour dans le village qui est très joli.

En fin de journée je retrouve Vinz qui reste également au camping pour la nuit par coïncidence. On se prend donc une petite bière ensemble afin de bien finir la soirée.


Septième Jour : de la Chapelle en Valgaudémar au Col de la Vaurze.

Demain, mon pote Ben doit me rejoindre au village de Désert-en-Valjouffrey, le soucis c’est que ce n’est pas loin du tout. Je vais donc devoir faire une petite journée ainsi que demain.

Pour le moment je plie bagage et je prends direction Villar-Loubière. Le chemin est aménagé et ne présente pas d’intérêt. Villar est un village de montagne typique et charmant. C’est de là que commence la vraie montée qui a pour première étape le Refuge des Souffles (1968m). Je prends mon temps mais les 900m de D+ se font bien et dans un beau décor.

L’emplacement du refuge est très sympa, légèrement boisé. Je prends le temps d’y manger un bout et de me reposer comme il est encore tôt.

Après cette longue pause je reprends la route vers le col. Après avoir discuter avec le gardien je décide de dormir dans le Ravin de Périnon vers 2050m. Le seul « soucis » c’est qu’il n’y a pas d’eau dans le coin je me ravitaille donc bien au refuge, au total j’emporte 4L pour ce soir et demain matin. Cela peut paraître beaucoup mais vu la chaleur c’est limite…

Le chemin est joli jusqu’au bivouac. Il tourne dans le fond de vallée à une altitude à peu près constante.

J’arrive donc rapidement à mon emplacement pour la nuit. Je m’installe sur la petite colline au sud du ravin. C’est un joli site, encore une fois il n’y a personne. Par contre les mouches et les taons n’ont pas oubliés d’être là… Pas étonnant étant donné qu’un troupeau de mouton paît dans le coin. J’espère qu’il n’y pas de patou …

Il est tôt j’ai donc tout mon après midi mais pas grand chose à faire. Je tourne en rond. J’ai bien essayé la sieste dans la tente mais le soleil est au zénith et il y fait trop chaud…

L’après midi passe donc ainsi, lentement. En début de soirée j’ai la visite du troupeau de mouton qui passe littéralement sur mon lieu de bivouac. Je joue donc au berger pour qu’elles n’endommagent pas ma tente en priant qu’il n’y ait pas de patou un peu trop protecteur. Je suis impressionné par le nombre de brebis blessées, parfois salement…

Ainsi se finit la soirée. Tranquillement dans mon petit coin tout seul… Je me sens bien.


Huitième Jour : du Col de Vaurze au Désert en Valjouffrey

Petite journée en perspective : je passe le col, je descend au Désert et j’attends Benjamin…

Je démarre donc « tard » en prenant mon temps.

La montée au col est sympa et pas trop difficile. D’en haut la vue est très belle, on aperçoit bien le Désert en Valjouffrey loin en bas, 1200m plus bas.

Après quelques minutes à profiter de la vue, j’attaque la longue descente. En soit il n’y a rien de vraiment compliqué mais les nombreuses pierres rendent la chemin un peu dangereux. Peu de temps après être arrivé au Désert, j’ai assisté à un hélitreuillage dans ce chemin. J’apprendrai plus tard que c’était une dame qui a pris dans la cuisse un rocher lancé à pleine vitesse : bilan une fracture du fémur… Le rocher a surement dû être « lâché » par un mouton en amont. Tout ça pour dire soyez prudent dans cette longue descente. Durant la mienne j’ai vu un nombre impressionnant de brebis avec les pâtes cassées.

Toujours est-il que me voilà arrivé au petit village. Il a un air de bout du monde j’aime bien. Il fait très typique. Je n’ai pas trop de news de Benjamin, je ne sais pas trop à quelle heure il doit arrivé car il y a eu des changements de trains et malheureusement le réseau passe très mal ici.

En attendant je me pose au petit bar « Les Ecrins » prendre un verre et recharger le téléphone.

Le temps passe et toujours pas de nouvelles… Je décide d’aller faire un tour pour trouver le coin bivouac du soir. Il n’y a pas grand chose comme emplacement sympa et à proximité du village. Je repère néanmoins un coin au nord du village en direction du Côte Belle.

Je retourne au bar et j’arrive enfin à capter un chouya de réseau qui me permet de recevoir une mise à jour de Benjamin : il y a eu un gros couac avec les trains et il n’est pas sûr de trouver un bus pour monter aujourd’hui au Désert … Aïe… De toute façon je n’ai rien d’autre à faire que de l’attendre. Je reste donc au bar et finalement je passe pas mal de temps à discuter avec le gérant qui est d’origine corse.

C’est finalement en début de soirée que Benjamin arrive, transporter en Entraigues et le Désert dans la benne d’une camionnette … Une image qui me restera de le voir arriver ainsi on se serai cru dans un film…

Pour la fin de soirée on se pose au coin que j’avais repéré, on mange rapidement harcelés par les moustiques et hop au dodo.


Neuvième Jour : du Désert-en-Valjouffrey à Valsenestre

Il fait légèrement humide ce matin en fond de vallon, on décolle donc rapidement du camp. La première étape de la journée est de gravir Côte Belle (2290m). Le chemin début en pente douce mais rapidement celle-ci se raidit. Pour ma part ça va pas mal comme ça fait neuf jours que je marche mais Ben lutte un peu étant donné que c’est sa première journée et que pour ne rien arranger son sac pèse bien lourd ! Mais on avance, tranquillement. De toute façon ça sert à rien de se presser on a le temps aujourd’hui.

Le « sommet » sera tout de même rapidement atteint et on s’octroie une bonne petite pause en haut. Nous y croisons une mère et sa fille qu’on retrouvera à la Muzelle ainsi que deux potes avec qui on passera la fin d’après midi.

La vue du haut est sympa ; au nord on aperçoit le col de la Muzelle qui est impressionnant vu d’ici.

Nous descendons ensuite vers Valsenestre. Dans le haut de cette partie on trouve quelques formations rocheuses intéressantes qui pourrait faire penser à des sculptures.

La suite de la descente se fait dans la broussaille. C’est long par contre et assez monotone au bout d’un moment… Sans compter sur la chaleur toujours aussi présente.

Arrivé dans le fond du vallon nous nous dirigeons vers le village mais on s’arrêtera avant près de la rivière pour se baigner un peu et laver nos affaires.

Il est encore relativement tôt. On tue donc le temps comme on peut à une table de pique-nique. D’abord que tous les deux puis rejoins par les potes du Côte Belle (un gars et une fille). On finit la soirée tranquillement avec eux.

Pour le bivouac pas le choix Il y a un espace obligatoire et nous respecterons la règle. Par contre il n’y a même pas un point d’eau ou quelque aménagement que ce soit. Il pourrait y avoir un effort de fait à ce niveau.

Demain dernière vraie journée de marche et dernier col à passer…


Dixième Jour : De Valsenestre au Lac de la Muzelle

Nous partons tôt pour faire la montée vers le col à la fraîche. On rejoint le GR54 où on l’avait laisser, un peu plus haut. 1100m à gravir avec un final qui est réputé un peu dangereux.

Le début monte doucement jusqu’au niveau de la Cabane du Ramu (environ 2100m sur le GR). Par contre ensuite ça se redresse fort et les lacets s’enchaînent jusqu’au sommet. C’est de la rocaille glissante mais ça passe à l’aise. Vu de bas le col est impressionnant. On monte chacun à son rythme. J’arriverai en haut en premier suivi de Ben quelques minutes plus tard.

La vue du Col de la Muzelle (2613m) est superbe ! Devant s’étend le lac niché entre les falaises et surplombé du la Roche de la Muzelle (3465m).

La descente vers le Lac de la Muzelle (2099m) se fait bien même s’il faut faire un peu attention aux chevilles car il y a beaucoup de cailloux.

Arrivés en bas nous nous dirigeons directement vers le refuge savourer une bonne bière bien méritée encore une fois ! Il est tôt on se prend donc également à manger et on savoure l’instant. On croise de nouveaux la mère et sa fille de Côte Belle et les deux de la veille.

Nous allons rejoindre une coin pour le bivouac pas trop tardivement car contrairement à la fois précédente où j’étais venu ici (Entre la Muzelle et le Lauvitel) il y a pas mal de monde étant donné que le lac est facilement accessible par la route…

Mais on se trouve un bon petit coin assez isoler avec une belle vue sur le lac. Dernier bivouac, dernière nuit en montagne…


Dernier Jour : Descente et Retour

Voilà c’est le dernier jour. Ce soir on sera à Paris…

On range tout une dernière fois et on attaque la descente le long du Ruisseau de la Pisse. C’est un joli chemin bien à l’ombre et embelli par les flots tumultueux du torrent. On croise pas mal de monde qui viennent passer la journée au lac.

Une fois en bas on rejoint rapidement Bourg d’Oisans en stop afin d’éviter une longue partie plate et réussir à prendre un train plus tôt.

La boucle est bouclée et le GR54 fini !

Pouf ! Nous voilà de retour à Paris en quelques heures alors que ce matin on était encore à 2000m dans un décor superbe. Fin de cette aventure, préparons la suivante….


Conclusions

Cela ne va pas être très original mais j’ai adoré ce GR. Comme je le disais en préambule il n’a rien à envier au GR20 ou au Tour du Mont Blanc je pense. Au contraire, le fait qu’il y ait peu de monde améliore encore l’expérience.

Les Ecrins sont définitivement l’un des plus beaux massifs des Alpes, je vous conseille vraiment d’aller le découvrir. Nombre des étapes du GR54 peuvent être réaliser sur une journée (en aller-retour) ça vaut le coup !

En plus des paysages on y croise Chamois, Bouquetin, rapaces et évidemment des Marmottes.

Comme tous les GR, le GR54 est parfaitement balisé donc pas de soucis d’orientation. On croise tous les jours un refuge on peut donc le faire sans tente en demi pension ce qui est encore plus confortable.

Le fait d’avoir marcher tout seul a également été un expérience intéressante que je réitérerai malgré tout c’est quand même sympa de partager les bons moments et c’est dommage que Quentin ait dû arrêter si tôt mais c’est pas grave ce n’est que partie remise !

Quelques infos utiles :

  • Pour la préparation du GR54, je vous conseille l'excellent TopoGuide de la FFRandonnée : Topo Guide
  • Toujours utiles le numéro du PGHM des Hautes-Alpes : 04 92 22 22 22
  • Site du Parc National des Ecrins : http://www.ecrins-parcnational.fr/

Bivouac au Svalbard

Svalbard

12jours

d'expé

130km

parcourus

77°

Latitude Nord

-15°

Température moyenne

Je voulais depuis longtemps réaliser une randonnée itinérante en milieu polaire et en particulier sur la fin de l’hiver afin de me confronter à cet environnement dure, hostile mais magnifique qu’est l’arctique hivernal. Nous sommes donc parti avec mon pote Guillaume, au Svalbard durant deux semaines donc 12jours dans le froid une expédition dont on se souviendra longtemps.


Le Svalbard

Le Svalbard est un archipel perdu à mi-chemin entre l’extrême nord de la Norvège et le Pôle Nord. Situé entre 74° et 81° de latitude, l’archipel est au coeur de l’arctique mais le courant du Gulfstream baigne les îles ce qui permet « d’adoucir » les températures, notamment l’hiver avec des moyennes aux alentours de -15°C qui sont à contraster avec le -30°C, -40°C voir même -50°C que l’on peut rencontrer aux mêmes latitudes au Canada ou au Groenland.

L’archipel est constitué d’une trentaine d’îles. La principale est l’île Spitzberg. Au total un peu plus de 2600 personnes vivent à l’année sur cette île et notamment dans la ville de Longyearbyen. L’autre « grande » ville de l’île étant Barenstburg qui est une ville minière Russe.

Le Svalbard étant au coeur de l’arctique on y trouve de nombreux ours blancs. Il y a d’ailleurs plus d’ours que d’humain sur l’archipel (environ 5000 au total). L’ours représente donc un danger dès que l’on sort des villes car c’est un des rares animaux qui peut chasser l’homme. Ce danger conditionnera une grande partie de notre vie quotidienne durant l’expédition et notamment le soir au bivouac. L’Ours blanc sera omniprésent durant le voyage car on y pense constamment, on en parle beaucoup ainsi que des histoires d’attaques… C’est un sentiment ambivalent car on a évidemment envie de le voir mais en même temps on se dit que si on le voit de trop près c’est dangereux…

Quelques infos sur l’Ours Blanc :

L’ours blanc peut être considéré comme un mammifère marin semi-aquatique car sa survie dépend intégralement de la mer et de la banquise étant donné qu’il se nourri quasi exclusivement de phoques. Présent sur tout le territoire arctique, l’ours blanc est un descendant de l’ours brun dont le pelage a muté afin de mieux se fondre dans son environnement. Excellent nageur, pouvant courir bien plus rapidement qu’un homme et pouvant vous sentir à des dizaines de kilomètres à la ronde, l’ours est un super-prédateur. C’est même le plus grand prédateur terrestre. Un ours mâle (que l’on identifie facilement par son absence de cou et sa taille) peut atteindre 800kg pour une taille de 2-3m de long. La femelle, plus petite, pèse un honorable 350kg pour 2m de long. C’est malheureusement une espèce en voie de disparition du fait du réchauffement climatique et de la fonte des banquises.

Un des avantages du Svalbard est qu’il est relativement simple d’y aller car une ligne aérienne régulière mène à Longyearbyen tout au long de l’année ce qui en fait d’ailleurs la ligne régulière la plus septentrionale du monde. On peut donc y être en quelques heures en partant de Paris (moyennant une escale à Oslo ou Tromsø) pour un prix honnête ce qui n’a rien à voir avec le grand Nord Canadien ou le Groenland.


L'expédition

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Comme je l’ai dit plus haut l’expédition consiste en une boucle partant de Longyearbyen et passant par Barensburg au Sud Ouest. Le problème est qu’au Svalbard on ne peut pas se balader or des villes comme on veut du fait de la présence de l’ours. Pour ce genre d’expédition il faut une autorisation du Gouverneur local, être armé en permanence d’un fusil (avec toutes les autorisations requises), avoir du matériel type balise argos, etc,… ce qui fait qu’un expédition n’est pas forcément simple à organiser. De plus je souhaitais partir à la fin de l’hiver au mois de mars. Nous allions donc rencontrer des températures constamment négatives et de potentielles conditions très rudes auxquelles je n’avais jamais été confronté.

Partant de tous ces éléments j’ai fait le choix de partir avec une agence qui proposait un circuit en autonomie sur 12j en ski-pulka avec un guide. Ce format à l’avantage de faciliter les démarches administratives mais également de profiter de la sécurité et surtout de l’enseignement qu’allait nous dispenser notre guide polaire, Manu. Ces douze jours auront donc étaient, en plus d’une expé, une véritable école du froid et des techniques associées.

Direction le grand blanc!


Premiers jours au Svalbard : la Préparation

Ca y est c’est le grand départ après 5mois d’attente depuis la réservation du voyage ! On est le 29/03 et on embarque avec Guillaume pour deux semaines d’aventures (très) nordique. Première étape : se rendre sur place. On a donc rendez-vous à l’aéroport Charles De Gaulle pour un premier vol direction Oslo. Nous enchaînons ensuite pour 5h d’attente afin de prendre le second vol. Second vol qui passe pas loin de l’annulation car la tempête sévis sur le Svalbard. Au final nous partirons avec un peu de retard.

Nous arrivons sur place à 00h30 accueillis par un vent violent et des températures qui nous font paraître lointain le début de printemps parisien. Nous sommes directement dans le vif du sujet. Nous sommes récupérer par les guides. Le notre sera Manu, un Belge, qui guide l’hiver et une partie de l’été et qui est infirmier le reste du temps. Nous rencontre les autres membre du groupe : Bertrand et Olivier. Nous serons donc quatre plus notre guide. Un vrai « Boys Band »…

Direction la guesthouse ensuite. Nous serons loger à l’extrémité de Longyearbyen dans la Guesthouse 102. Cette soirée finira par un repas/grignotage afin de ne pas dormir le ventre vide.

Le lendemain réveil aux aurores car nous avons du pain sur la planche : il faut tout préparer pour l’expe qui démarre demain !

Nous commencerons par un briefing de sécurité surtout orienté sur l’ours blanc et le danger qu’il représente. Une fois le brief fini, direction un grand hangar qui sert de lieu de préparation pour les expé. Nous recevons donc notre pulka, nos skis, des raquettes, du matos pour le froid (nous avions notre matos perso avec Guillaume), de la nourriture, le fuel des réchauds, les tentes, … Cela représente beaucoup beaucoup de matos. Notamment la nourriture car nourrir cinq gaillards pendant 12jours par -10/-15°C cela représente quelques kilogrammes. Comptez quasiment 3000kcal/jours/personne…. Il faut également emporter de la nourriture pour les chiens car nous serons accompagnés par deux chiens de traîneaux. Avant de tout ranger, on s’entraîne à monter les tentes car mieux vaut savoir faire cela avant de partir si jamais le premier montage se fait dans la tempête. Nous avons des tentes pour dormir (des Helsport Svalbard High Camp – trois places pour deux) mais également une tente messe qui servira pour se réchauffer (un peu), manger, … C’est une tente type Laavu traditionnel Same. Le montage n’en est pas facile car la tente est lourde mais au bout des douze jours nous serons devenu rapide et efficace.

Nous voilà bien équipé. Nous commençons le rangement de nos pulka mais il sera complété demain par les affaires personnelles (vêtements,…). Cela nous aura pris toute la matinée et le début de l’après midi.

Le reste de la journée sera libre. Nous en profitons donc pour visiter Longyearbyen et pour ma part faire quelques Geocaches. La météo est venteuse et on a un bon avant goût de ce qui nous attend. Je suis content car mon matos tient bien le froid pour l’instant.

Le soir, fin de la préparation du sac, des affaires. On se couche tôt en prévision du lendemain…


Premier Jour : le Départ

C’est le jour du départ ! Enfin !

La matinée commence tranquillement avec les derniers détails de la préparation. Dernière douche pour les 12 prochains jours… je savoure… Une fois que nous sommes prêt nous allons récupérer les chiens vers 11h. Ceux sont de beaux chiens de traîneaux. Un mâle, Fenrir, magnifique mais foufou et une femelle Freya, beaucoup plus calme et douce. Ils serviront avant tout à éloigner un potentiel ours trop curieux mais également à nous avertir si ils en sentent un. On s’en servira parfois pour tirer les pulka en cas de fatigue et leur présence est également agréable pour le moral. Ceux sont des bêtes superbes parfaitement adaptées à ces conditions polaires.

Une fois les chiens récupérés on se dirige vers le début du chemin. Le vent n’a pas faibli depuis hier c’est dans une véritable tempête que nous attaquons. J’avoue que lorsque la voiture qui nous a conduit ici est partie j’ai ressenti un petit moment de solitude car on se retrouve dans le blanc entouré uniquement de vent… On attaque avec les raquettes car la neige est très molle ici.

Il fait environ -15°C mais avec le vent, la température ressentie avoisine plutôt les -20/-25°C toutefois tant qu’on est en mouvement ça reste supportable. Il faut juste éviter de suer afin de ne pas avoir froid.

Nous avançons doucement, on découvre la sensation de tirer une pulka. Le décor est magnifique, blanc…

Après quelques heures de progression, on s’arrête à l’abri du vent pour un rapide repas au menu et comme pour tout les jours suivant : yum-yum (pâtes chinoises) et soupe. J’ai une légère douleur à la hanche mais celle-ci est due à un mauvais réglage de mon harnais de pulka et disparaîtra rapidement une fois celui-ci mieux ajuster.

L’après midi nous continuons la progression dans la poudreuse ce qui créé beaucoup de frottement sur la pulka ; nous ne sommes pas encore dans le rythme de l’expe, on fatigue donc rapidement mais ça va.

Première journée, premier problème : subitement la partie reliant la pulka au harnais casse… impossible de continuer ainsi. Heureusement on en avait un en rab. Je continuerai donc avec celui là pour le reste de l’expe.

Nous arrivons à notre emplacement de bivouac en début de soirée. L’installation du camp est laborieuse car c’est la première fois, on est donc pas très bien organisé et on a pas encore tous les réflexes. Cela nous prendra donc plus d’une heure de tout installer… par contre ça réchauffe car il faut « enterrer » les tentes dans la neige et creuser les toilettes, donc on pelte beaucoup…

On se retrouve tous ensuite dans la tente messe pour le repas du soir. Les réchauds font gagner de précieux degrés à l’intérieur. Le repas chaud fait un bien fou.

Au coucher nous découvrons tout le cérémoniel nécessaire, entre brossage des affaires, changement de vêtements, … cela prend quasiment 20min par personne pour se mettre au lit…

Une fois au fond du duvet, la tente fermée, on se sent un peu « à poil » en cas d’attaque d’ours. On a juste un sifflet pour avertir. Le guide, lui dort dans la tente messe avec le fusil au cas où.


Deuxième Jour : la Mise en Jambe

Alors déjà la nuit c’est pas forcément facile par ce froid (même si ça a été globalement) mais sortir du sac e couchage le matin est une vrai torture. Il faut ensuite ré-enfilé les affaires humides de la veille avec lesquelles on a dormi dans le duvet pour pas qu’elles gèlent ; ensuite il faut enfiler les chaussures qui elles ont gelé et enfin s’extraire de la tente…  Heureusement ce matin il fait beau.

Le petit déjeuner se déroule dans la tente messe. Malheureusement on a oublié le sac des thés et cafés à Longyearbyen. Pour ma part je tournerai donc aux yumyum avec du « Caviar » sur des wasaa (le seul pain qui gèle pas…)

Le « Caviar » Norvégien n’a rien des oeufs d’esturgeon. On est plus sur du tarama en tube. C’est loin d’être fameux mais quand on a faim c’est excellent !

Il faut ensuite ranger le camp, ce qui prend également un temps fou surtout pour ce premier vrai matin d’expe. Au final entre le levé et le départ il se sera passé 3h et on aura pas chômé.

Aujourd’hui on s’équipe avec les skis et on démarre. Enfin plutôt on pense démarrer car au bout de 5mètres Olivier pète une de ses fixations… Retour à la raquette pour lui.

Le début est une légère pente descendante, agréable car la pulka se fait oubliée. La progression en ski est sympa également. La pente se durcie plus loin et ayant un harnais souple je passe mon temps à me prendre la pulka dans les jambes ce qui est pas agréable du tout. De plus je ne gère pas bien les skis qui sont assez différents des skis alpins classiques je chute donc pas mal. Si bien que je casse, moi aussi, ma fixation… Retour aux raquettes donc ainsi que pour Bertrand. Au final après cette journée nous serons tous revenus aux raquettes qui s’avéreront tout à fait pratiques durant le reste de l’expe.

La descente continue dans une vallée, c’est toujours aussi blanc, toujours aussi beau. La météo est au soleil avec un léger vent. Un sentiment de pureté absolue émane du paysage.

Le soir nous bivouaquerons à la confluence de trois vallées. Nous mettrons encore du temps à monter le camp mais un peu moins qu’hier. Par contre la couche de neige est très fine on tombe vite sur de la glace ce qui n’aide ni pour accrocher les tentes, ni pour creuser les toilettes que l’on construira finalement avec des blocs de glace.

Nous sommes arrivés tôt on profite donc de la fin d’après midi. Petit frayeur à un moment car j’ai sorti mes mains pour prendre une photo et en 30s je ne sentais plus un de mes doigts… La sensation reviendra finalement rapidement, le doigt n’était pas gelé mais cela rappelle qu’une gelure peut arriver très très vite surtout avec du vent.


Troisième jour : Premier Coup de Mou

Lever, petit déjeuner, rangement, départ,… La routine est déjà au bout de trois jours. Le froid complique tout. La moindre petite action qui normalement prend quelques secondes prend deux/trois fois plus de temps avec les gants, avec la neige ou le vent. Les gros moufles ne permettent pas de réaliser des actions fines, il faut donc les enlever sauf qu’on a du mal à tenir longtemps dans le froid mains nues ou en sous gants.

Toujours est-il qu’on reprend la route. Nous commençons par de la montée. On sent bien les pulkas dans le dos. La journée se déroule comme d’habitude : du blanc, de la montée, de la descente, encore du blanc et toujours ce sentiment de pureté et cette beauté des paysages. On a de la chance il fait beau.

En fin d’après midi nous allongerons un peu l’étape pour dormir dans une cabane perdue. Comme partout en Norvège on trouve des cabanes, des « Cabin » ou Hytte, libres d’accès et bien pratique en cas de mauvais temps ou pour passer une nuit un peu plus confortable. Notre cabane du soir est toute petite. Il déjà commencer par creuser un peu la neige pour pouvoir rentrer. L’intérieur est spartiate : six lits (constitués de planches), une petit table et c’est tout mais c’est déjà pas mal.

On gagne donc tout le temps de montage ce qui fait qu’on a pas mal de temps libre. Malheureusement, il n’y a pas grand chose à faire par ce froid car l’intérieur de la cabane reste très très froid et surtout humide. C’est donc un peu dur surtout qu’on a bien marché aujourd’hui et qu’on commence à être fatigués. Heureusement la cabane est dans un lieu magnifique légèrement surplombant on profite donc aussi de la vue et de la quiétude. Mais un peu dur ce soir avec le froid quand même.

La fin de journée sera rythmée par le repas et le couché. La nuit ne sera pas forcément meilleures étant donné que ça ronfle un peu dans la cabane …


Quatrième Jour : Dans la Grondalen

Ce matin on a pas à démonter le camp, on prend donc notre temps. Au moment de partir on se rend compte que le Fenrir a rongé une paire de raquette ainsi qu’un bidon d’essence (pour les réchauds) dans la nuit ce qui fait qu’il fuit à présent… Il est gentil ce chien mais il passe ses journées à faire des bêtises et n’est même pas utile pour tirer les pulkas car totalement indiscipliné. Mais bon ça fait un peu d’action.

Le début de journée est la suite de la montée de la veille qui nous mène à un col. Le sentier est assez renfermé et entouré de congères. C’est beau. Je suis bien en forme aujourd’hui en plus donc j’en profite d’autant plus.

Au bout de ce passage « renfermé » se dévoile une immense vallée entièrement blanc, toute droite aux bords doux et arrondi. Au bout la mer, encore recouverte par la banquise en grand partie. Le tout est absolument magnifique.

Notre but aujourd’hui est d’atteindre une cabane perchée sur un Pingo, une colline de glace recouverte de terre. La progression se fait à bon rythme mais la cabane se rapproche pas bien vite étant donné les dimensions colossales de la vallée. Comme il fait beau j’ai vite chaud et donc je sue légèrement ce qui fait qu’à chaque arrêt je me gèle comme je suis humide. En arctique l’ennemi c’est vraiment l’humidité…

Nous arrivons enfin à la cabane. Elle ressemble à celle de la veille, en légèrement plus confortable. Ce soir grand luxe : je change de chaussette pour la première fois (je n’en ai que trois paires..) et ça fait du bien surtout qu’elles sont sèches. Je voulais me laver un peu mais mes lingettes ne dégèle pas même après plusieurs heures sous la doudoune (agréable bloc de glace contre les côtes) ; j’utiliserai donc de la neige pour laver les parties sensibles…c’est mieux que rien.

Fin de soirée classique dans le froid et l’humidité…


Cinquième jour : Jusqu'au Pied de Barenstburg

Petit journée en prévision aujourd’hui. L’idée est d’aller monter le camp un peu avant Barentsburg, non loin de la banquise et d’y passer le lendemain en repos afin de faire un tour dans les environs.

Lorsque l’on part de la cabane c’est jour blanc, on voit rien, on ne distingue pas le sol du ciel. C’est très perturbant et extrêmement facile de s’y perdre. On navigue donc à la boussole et en suivant des traces de motoneiges.

Finalement le soleil arrivera à percer la couche nuageuse en début d’après midi. Nous atteignons notre lieu de bivouac après 8km de marche. Nous sommes tout proche de la banquise et donc potentiellement de l’ours, bien plus que les jours précédents.

Le camp est vite monté mais avec soin car nous allons rester ici le lendemain.

Le soir le soleil nous offre une lumière somptueuse.

Etant donné le risque accru d’une rencontre avec un ours nous allons faire des tours de garde cette nuit. Comme on est quatre plus le guide on fera des rotations toutes les 2h, le guide s’occupant de la première et de la dernière. Pour ma part je tire la garde de 00H-2h. Je dois avouer que le réveil n’est pas facile mais on traine pas car on veut pas que notre camarade qui vient de finir son tour soit trop amputé de sa nuit. On se retrouve donc tout seul avec une lumière entre chien et loup (il ne fait jamais vraiment nuit) à tourner autour du camp avec une simple pistolet d’alarme si jamais un ours se présente. La lumière fait que l’on distingue rien car tout est de la même couleur à cette heure. Le silence est assourdissant, parfois rompu par des cris au loin, sûrement des renards polaires. Pas de rencontre avec un ours ce soir mais une courte nuit. En tous cas on dort un peu plus serein en sachant que quelqu’un veille pendant ce temps.


Sixième Jour : Balade sur la Banquise

Aujourd’hui nous ne bougerons pas le camp mais on se reposera pas vraiment pour autant étant donné qu’on se fera une « balade » de 6h sur la banquise.

Il fait grand beau ça va être une journée sympa. On part léger direction le fond du fjord qui est encore pris dans la glace. Les paysages sont superbes avec au premier plan la « plat » de la banquise et au fond des pics tout en neige et cerclés de glaciers.

Le midi nous nous arrêterons à une cabane sur les hauteurs pour manger. En repartant nous croiserons des rennes, les premiers d’une longue série.

Nous rentrerons ensuite pour une fin de journée calme. Comme il fait beau j’ai réussi à dégeler un peu des lingettes, je fais donc un brin de toilette. Je change même de caleçon et de sous-vêtement ! Le luxe !

Ce soir nous sommes à la moitié du périple. Le moral et le physique sont au vert, tout va bien !

Encore un petit tour de garde ce soir …


Septième Jour : Barentsburg

Nous reprenons la route après cette journée de repos. Direction Barentsburg la cité minière Russe pour un voyage dans le temps à l’ère soviétique.

Avant toute chose il faut ranger le camp sous le vent et attaquer ensuite par une forte montée durant laquelle on ressent bien les pulkas qui n’ont qu’une envie : redescendre. L’arrivée dans la ville se fait par une sorte d’immense zone de dépôt de machines hors d’âge et d’anciens bâtiments en ruine… Sympa. La ville en tant que telle n’est pas beaucoup plus réjouissante avec ces bâtiments figés dans le temps, des tuyaux partout, de la fumée et une austérité soviétique parfaite. Nous arrivons après une longue traversée de la périphérie dans ce qu’on pourrait qualifier de centre ville : en soit l’unique hôtel de la ville, la poste et un petit magasin. Nous décidons de nous arrêter manger à l’hôtel le midi pour changer un peu des YumYum et passer un peu de temps au chaud.

L’intérieur des bâtiments est à la hauteur de l’extérieur figés à l’ère de l’URSS. Nous prendrons donc un repas sans plus et pas bien gros, servi sans le sourire … un vrai plaisir. Par contre quel plaisir de prendre un café ! Ne pas prendre de douche pendant 7 jours ne pose pas trop de problème dans le froid mais dès qu’on passe au chaud, les odeurs se développent… et là c’est un vrai bonheur…!

Nous reprenons la route après cette pause en demie teinte. Nous traversons la seconde partie de la ville, un peu moins industrielle, l’église notamment est jolie dans un style tout à fait slave. Nous quittons donc cette aparté « civilisée » pour retrouver nos solitudes glacées. Nous reprenons au passage le chemin du retour vers Longyearbyen qui longera la côte pendant quelques jours.

Le Svalbard est sous souveraineté Norvégienne et est administré par un gouverneur, le Sysselmannen. Toutefois l’archipel est régi par le Traité du Svalbard qui stipule que n’importe quelle personne peut exploité les ressources naturelles quelque soit sa nationalité. Le Svalbard est également une zone entièrement démilitarisée. Toutefois l’Arctique attire depuis longtemps les convoitises : d’une part, de part ses ressources naturelles (charbon, pétrole, fourrure, …) et d’autre part du fait de sa situation stratégique notamment durant la Guerre Froide (en observant une carte du monde centrée sur le pôle on se rend mieux compte de la proximité des USA et de la Russie). De nos jours s’ajoute à cela la possibilité d’exploiter les passages du Nord Ouest et/ou du Nord Est qui s’ouvrent de plus en plus du fait du réchauffement climatique. Tous ces points expliquent la présence Russe à Barentsburg : bien que la cité minière n’ait plus d’intérêt économique, elle assure une position stratégique à la Russie dans l’Atlantique Nord.

Nous longeons une route relativement ennuyante au sortir de la ville, route qui mène à un petit héliport. Nous prendrons ensuite la direction de l’est en longeant le littoral. Nous croisons quelques rennes paissant tranquillement à la recherche de lichen sous la neige. Le chemin n’est pas très passionnant ni très joli sur cette partie.

Le soir nous logerons dans un bâtiment en semi ruine mais qui nous coupera du vent pour la nuit. Rien de bien confortable pour autant et manquant un peu « d’esthétisme ». J’aurai préféré dormir sous tente, je n’aime pas trop le lieu et je préfère les infinis blancs…


Huitième Jour : du Plat ...

J’ai mal dormi cette nuit, c’était humide sûrement à cause de la proximité de la mer.

Le chemin de la journée aura été extrêmement monotone ; sur le début surtout : du plat, du plat et tout droit…

La seconde partie de la journée est plus sympathique car ponctuée de lits de rivières gelées à passer ce qui permet de mettre un peu de piment à la journée. On croise également beaucoup de rennes dont des jeunes. J’aime bien les rennes, ceux sont de jolies bêtes.

Le soir nous trouverons une nouvelle cabane pour passer la nuit. Cerise sur le gâteau nous pourrons faire un peu de feu dans un vieux pôele et ainsi avoir chaud et sécher un peu nos affaires…


Neuvième Jour : ... Encore du Plat

Une bonne nuit de passée dans la cabane, il faisait même bon…

Nous partons tôt car nous avons une longue longue route aujourd’hui. La marche du jour commencera le long de la Baie des Hollandais mais continuera dans une gigantesque plaine plate et très large… On a l’impression de ne pas avancer et nous mettrons des heures à arriver au bivouac du soir.

Nous nous poserons non loin de l’emplacement du 2e jour, le lieu est toujours aussi beau surtout le soir au couchant.

Comme nous avons un peu le temps le soir nous décidons de nous construire des toilettes de compétition avec un mur en parpaing de neige (répétition d’une volonté de faire un igloo les prochains jours).

La fin de journée sera classique pour un jour de bivouac avec un repas glaciale dans la tente messe, le rituel du déshabillage avant la nuit et une nuit froide avec les chaussettes et les doublures trempées des chaussures dans le sac de couchage pour les faire un peu sécher contre soit…


Dixième et onzième jours : Petite pause sous le col

Le lendemain sera une petite journée. Nous ne sommes pas très loin de Longyearbyen à vol d’oiseau mais il nous reste un col de 600m à passer et ça va pas être une partie de plaisir avec les pulkas (même si elles se sont bien allégées après ces 10j). Comme nous avons bien avancé les derniers jours nous sommes en avance sur la planning, nous allons donc passer une journée sous le col à profiter du lieu.

Avant cela nous allons devoir rejoindre la zone du bivouac par un chemin de montagne bien plus refermé que les jours précédents ce qui change des immenses plaines que l’on a traversé.

Nous posons le bivouac tôt dans la journée ce qui nous permet de savourer la fin d’après midi dans ce qui est un des plus beau bivouac du séjour. L’ambiance est très montagnarde et la vue superbe.

Le onzième jour nous ferons une petite balade sur les hauteurs afin de profiter de la vue mais nous passerons surtout du temps à nous essayer à la construction d’un igloo pour Guillaume et à creuser un abri sous neige pour ma part (ce n’est d’ailleurs ni facile, ni rapide).

Nous profitons surtout de cette journée pour savourer les grands espaces et la pureté car demain nous serons de retour à la civilisation et ensuite de retour à Paris dans le RER. Nous savourons donc le blanc, le silence et l’espace…


Douzième Jour et Retour à la Maison

Dernier levé, dernier rangement du camp, dernier empaquetage des pulkas. On chausse les raquettes et on attaque le col. Le poids du matériel se fait ressentir mais ça passe bien. Derrière une longue pente jusqu’à Longyearbyen.

Nous arriverons en début d’après midi après 12j « perdus » dans la blancheur du Svalbard. L’intérieur des bâtiments nous parait surchauffé après tout ce temps par des températures oscillant entre -5°C et -15°C. Arrivés nous commençons par poser les affaires et on saute tous à la douche presque aussi tôt. Quel bonheur !! Sûrement une des meilleures douches de ma vie ; la première depuis 12j. J’aurai changé 3 fois de chaussettes, 2 fois de caleçons et pas beaucoup plus de sous vêtements thermiques. Je vous laisse imaginer l’odeur à l’intérieur au chaud juste avant la douche.

A présent que nous sommes propres on s’accorde une sieste ; la fatigue et la pression retombent et on s’écroulent tous.

Le reste de la journée sera consacrée au rangement du matériel, à son tri et au repos, on dit également au revoir à Fenrir et Freya avec qui on aura passé des moments sympas même si Fenrir était ingérable (mais drôle). Le soir on se fait un resto et Ô bonheur sans limite on boit une bonne bière fraîche ! D’ailleurs anecdote sympa, on ne porte pas de chaussure dans ce bar (comme dans de nombreux bâtiments ici) car la rue est tellement boueuse ou neigeuse que ça salirai tout, autrement. Tout le monde est donc en chaussette en train de boire des bières.

Le soir on dort comme des bébés dans un vrai lit, encore une fois que du bonheur.

Le lendemain c’est journée libre. On en profite tous pour se reposer, faire des courses de souvenirs, boire des petites bières et profiter encore quelques heures du Svalbard. J’en profite aussi pour finir d’écrire mes carnets en buvant un bon café.

Le soir, nous prenons l’avion assez tard. On se fait donc un restaurant en attendant pour goûter les mets locaux (Renne pour moi).

Le retour se fera sans soucis hormis le « choc » de se retrouver à Paris en quelques heures. Le trajet en RER fait mal ensuite mais je suis quand même content de retrouver mon chez moi et le confort de la vie de tous les jours…Le Blanc paraît déjà loin…


Conclusions

Ce voyage aura été une belle aventure ! Même si je suis passé par une agence ça n’a gâché en rien le plaisir de l’expédition. Au contraire ça m’a permis d’apprendre énormément au contact du guide grâce à ses conseils et à toutes les questions qu’on lui a posé : Merci Manu !

Pour ce qui est du Svalbard, cette terre est à part. Un morceau de Grand Nord accessible en quelques heures et qui vous offre un sacré dépaysement. L’ambiance est géniale même à Longyearbyen car tout le monde est là pour l’aventure, l’isolement,… On se sent invité par la Nature au Svalbard, pas plus ; et parfois on est plus les bienvenus et elle sait nous le faire sentir.

Nous avons vu le Svalbard en hiver mais l’été a l’air très sympa aussi surtout grâce aux expés en kayak. Dans tous les cas je vous conseille de tenter le Svalbard que ce soit en hiver ou en été, à ski, raquette, kayak ou même en croisière. On y sent la force de la Nature mais aussi sa fragilité face au réchauffement…

Quelques infos utiles :


L'extrémité Ouest des Lofoten, Norvège

Îles Lofoten, Norvège

14jours

de beauté

300km

au nord du Cercle Polaire

4plages

perdus au bout du monde

3sommets

à couper le souffle

Voilà plus d’un an que nous patientions pour retourner en Norvège et surtout partir aux Îles Lofoten. Pourquoi ici en particulier ? Parce que les Îles Lofoten sont un joyau d’une beauté unique niché au nord du Cercle Polaire Arctique. Imaginez les Alpes mais avec les pieds dans l’eau. Vous êtes le matin en bord de mer et l’après-midi en montagne. Les Lofoten sont uniques et magiques.

Où sont-elles précisément ?

Situées entre le 67° et le 69°N, les Lofoten sont à 300km au nord du Cercle Polaire Arctique, l’archipel s’étend sur 150km dans l’Atlantique Nord. Bien qu’au delà du Cercle Polaire, les Lofoten jouissent d’un climat relativement doux étant donné la latitude. Cela est rendu possible grâce au Gulfstream qui baigne les îles.

L’archipel est constitué de sept îles principales (d’est en ouest) : Austvågøya, Gimsøya, Vestvågøya, Flakstadøya, Moskenesøya, Værøy, Røstlandet. Les populations (environ 24000 habitants) se concentrent le long du littoral étant donné que le centre des îles est en général très montagneux.

Il est facile de parcourir l’archipel en voiture grâce à l’E10 qui relie les différentes îles par des ponts ou des tunnels. Pour les personnes pressées la traversée peut se faire depuis Moskenes jusqu’à Svolvaer en quelques heures mais quel dommage de ne pas prendre le temps de découvrir les Lofoten plus longuement. C’est pour cela que nous avons choisi de « vivre » les îles à pied afin de s’y immerger le plus possible.

Notre projet était le suivant : arrivé à Svolvaer depuis Bodø et descendre les îles Lofoten à pied jusqu’à Moskenes. Entre les deux se laisser vivre au grès de la météo et des envies.


Comment se rendre aux Îles Lofoten ?

Il y a de nombreuses possibilités pour se rendre aux Lofoten :

  • en voiture : la porte d’entrée des Lofoten se situe au niveau de Svolvaer sur l’E10. On peut également arriver aux Lofoten par Moskenes en ferry depuis Bodø. Lorsque nous y étions, nous avons croisé pas mal de personnes en van faisant un tour de la Scandinavie, entrant aux Lofoten par Svolvaer et repartant par Bodø pour poursuivre vers le sud ensuite.
  • en ferry depuis Bodø : il existe plusieurs lignes qui partent de Bodø ayant pour direction Moskenes, Svolvaer (ExpressBoat) ou Stamsund.
  • en avion : il y a deux petits aéroports sur l’archipel : Svolvaer et Leknes. Il existe plusieurs vols quotidien partant principalement de Bodø.

Vous l’aurez compris beaucoup des points d’entrées passent par Bodø. Cette petite ville est accessible par avion, voiture ou train. Elle est même sur la route des hurtigruten.

Pour ce qui est de notre voyage nous avons pris l’option suivante :

  • Avion jusqu’à Oslo (Gardenmoen)
  • Train entre Oslo et Bodø
  • Ferry Express Boat entre Bodø et Svolvaer

Pourquoi prendre le train alors que le trajet dure 17h? Et bien premier point, si l’on considérait le trajet complet Paris → Svolvaer prendre le train ou bien faire un vol jusqu’à Bodø ne nous faisait pas perdre de temps car les horaires des avions nous faisaient rater le ferry. On économisait une nuit d’hôtel au passage. Ensuite le voyage en train permet de prendre le temps de s’imprégner de l’ambiance et surtout de parcourir la Norvège du sud au nord pour en admirer les paysages. Autre côté plaisant : les trains norvégiens sont très confortables (et abordable en prix) notamment le train couchette entre Tromsø et Bodø dans lequel nous avions réservé une cabine avec deux couchettes, lavabo, …

Concernant Bodø, la ville est sympathique et plus active que nous l’avions pensé. On y trouve de bons restaurants.


Premier Jour : de Svolvaer à l'Olderjforden

Nous y voilà enfin! Nous sommes à Svolvaer après quelques heures de train, la traversée du fjord en ferry et une nuit passée en hôtel (histoire de prendre une dernière douche). Nous commençons donc la route direction Kleppstad. Le début du sentier se fait le long du Lille Kongsvatnet après avoir passer le pont au dessus du Straumen puis en direction d’une petite centrale électrique. Cette portion ne présente pas vraiment d’intérêt. Nous quittons le sentier pour entrer sur un vrai chemin. Celui-ci longe le lac de Stor Kongsvatnet. Certaines portions se font sur des chemins aménagés avec des planches surélevées qui ont pour but de protéger les zones humides, on retrouvera ce genre d’installation à de nombreuses reprises durant le voyage  :

Les zones humides sont extrêmement fragiles, il faut éviter autant que possible d’y marcher.

Nous mettons du temps sur cette portion car la vitesse d’évolution n’est pas très élevée entre le poids du sac (plein de nourriture pour les prochains jours), le temps de se mettre en jambe et surtout pas mal de passage rocailleux, recouverts de mousse ou de sentier glaiseux. Nous sommes toutefois content de commencer vraiment le trek et de découvrir les Lofoten.

Nous arrivons finalement au niveau d’un petit bâtiment hydroélectrique auquel nous tournons sur la droite pour monter en direction du Damvatnet. On ressent bien le poids du sac sur les épaules dans la montée. Il doit être dans les 12h-13h, nous faisons donc un pause repas à côté du petit lac. Nous avons une vue superbe sur les lacs en contrebas, les montagnes et au loin la mer.

Nous devons ensuite rejoindre Vestre Nøkkvatnet, du bas nous sommes un peu étonné car nous n’arrivons pas à voir le chemin qui monte… nous le suivons dans les buissons pour arriver finalement au pied d’une canalisation d’eau qui descend du barrage au dessus. Nous comprenons donc qu’il faut la longer pour rejoindre le lac supérieur. L’ascension se fait à l’aide de cordes fixes ancrées sur la canalisation car la pente est raide surtout avec les sacs sur le dos.

Nous arrivons, au final, au lac après cette petite phase “d’escalade”. Le milieu a changé, il n’y a plus d’arbres juste de la lande rase. La vue est belle.

Le temps commence à se couvrir un peu et l’heure est déjà avancée. Nous cherchons à rejoindre un petit col qui nous permettra de descendre vers le fjord. Nous nous égarons légèrement car le sentier est peu marqué et je me suis trompé sur la position de la passe. Nous galérons dans la broussaille mais on arrive à l’endroit voulu. Il est environ 17h et vu d’ici il nous reste beaucoup de chemin, il faut descendre dans le fond du fjord; traverser une zone de marécages (d’après la carte) et longer le fjord sur 5-10km pour rejoindre Kleppstad. Vu l’heure on va pas pouvoir tout faire aujourd’hui, il va donc falloir trouver un endroit pour dormir près de l’eau car la vallée au fond va être trop humide.

Nous attaquons la descente mais le soucis c’est que sur cette partie du sentier,…il n’y a plus sentier. On aperçoit de temps à autre une trace de passage mais rien de fou. Je sortirai donc le GPS au bout de quelques hésitations afin de suivre le chemin. Une personne que l’on croisera plus tard nous à dit mettre quasiment 3-4h à descendre car elle s’était perdue plusieurs fois ou était tombée sur des barres rocheuses empêchant la progression. Dans tous les cas la fatigue commence à se faire sentir et le terrain, extrêmement glissant, n’aide pas.

Une fois le fond de la vallée atteint on constate bien que nous sommes dans un marais, on se dirige donc vers le bord de l’eau en suivant la trace. Cela fait 9h que l’on est parti, il fait moche il est « tard » (19h) et nous en avons un peu marre car on imaginait une première journée plutôt tranquille.

Nous sommes donc sur la trace au milieu des broussailles et dans la boue quand soudain nous tombons sur une cabane et en passant devant je note le “Open Cabin” placardé au dessus de la porte : Ô miracle c’est un refuge “public” ouvert à tous ! On va avoir un toit pour dormir ce soir ! La cabane est toute simple : deux banquettes, une table et un poêle mais c’est le grand luxe tout de même ! Nous nous installons pour la soirée, biens contents d’être au chaud.

Cela aura été une longue première journée, le temps aura été maussade mais sans pluies mais les paysages déjà beaux même avec cette météo. Nous n’avons croisé absolument personnes pendant la marche. A l’issue de cette journée nous décidons de changer un peu nos plans et de prévoir des journées plus courte en distance. On se dit également que l’on va zapper certaines parties de l’archipel pour se concentrer sur Moskenoya car cette île parait la plus riche.


Deuxième Jour : de la cabane magique à Haukland

Une bonne nuit de sommeil ! On reprend la route après un bon petit déjeuner, après avoir ranger et nettoyer et après avoir signé le livre d’or. C’est quand même bien ces cabanes publiques !

Le plan de la journée est le suivant : rejoindre l’E10, faire un coup de stop pour rejoindre les plages d’Utakleiv ou d’Haukland, on verra sur place où passer la nuit. On a choisi de ne pas parcourir Vestvagoy car d’après la carte c’est surtout de la zone humide relativement plate et on a envie d’autre chose. La météo est au soleil ce matin quand on remet le sac sur le dos.

Il nous faudra 1h30 pour rejoindre Kleppstad en longeant le littoral du fjord. Le chemin est sympa. On essaie de trouver un endroit stratégique pour le stop et ça a l’air de fonctionner car un couple s’arrête pour nous prendre au bout de quelques minutes. Ceux sont deux grimpeurs suédois qui passent un peu de temps aux Lofoten. Il y a beaucoup de voies possibles et bien sauvages étant donné le nombre de paroies qu’il y a. Ils nous déposeront à l’intersection entre l’E10 et la petite route qui part vers les plages (Leiteveien). On enchaînera sur un deuxième stop car la perspective de marcher sur la route pendant 2h ne nous enchante pas trop. Notre chauffeur nous déposera sur la plage d’Utakleiv. La plage est très belle et sauvage, il y a peu de monde, par contre ce jour là était assez venteux. 

Nous voulions rester sur cette plage initialement mais entre le vent, le manque de point d’eau et aussi un panneau pas clair sur le prix de la nuit sur la plage, nous décidons de retourner par le chemin côtier vers Haukland. Ce chemin est sympathique et permet de découvrir la plage au fur et à mesure que l’on avance.

Haukland est une très jolie plage de sable blanc nichée dans une anse aux eaux cristallines. Cela donne très envie de s’y baigner si l’eau n’avait pas été aussi froide (mais nous avons vu certaines personnes se prêter à l’exercice tout de même). Derrière la plage se trouve un grand espace en herbe parfait pour poser la tente. Malheureusement le parking qui se situe derrière attire du monde et notamment pas mal de camping-car. Ce soir nous ne serons pas seuls mais la tente la plus proche doit être à 20m de nous, pas de quoi nous embêter. Aspect pratique intéressant : il y a des sanitaires sur parking qui offrent également un point d’eau facile. On pose donc notre bivouac juste derrière la plage à côté d’une table de pique-nique histoire de manger assis ce soir. L’entrée de la tente est face à la mer, il fait un grand soleil, la vie est belle.

Du haut de ses 489m, le Veggen qui se situe entre Utakleiv et Haukland est atteignable à pied depuis les plages et offre un superbe point de vue.

Cela aura été une petite journée, surtout niveau marche mais nous avions besoin de nous reposer suite au voyage et à la première journée de marche. De toute façon le but n’est pas de courir mais de profiter. Ce que nous ferons pendant l’après midi sur la plage au soleil.


Troisième Jour : de Haukland à Nusfjord

Réveil au son des vagues et sous le soleil par 68°N… Quel bonheur !

Le programme de la journée est relativement simple. Rejoindre Nusfjord pour y passer la journée et faire la randonnée jusqu’à Nesland. Le choix de cette journée relativement « pauvre » en marche se justifie par la météo du lendemain qui se sera pas super, nous préférons donc voir le village sous le soleil. Il faut aussi prendre en compte qu’il nous faudra obligatoirement faire du stop car nous devrons emprunter un tunnel (sans trottoir) pour changer d’île.

Nous levons donc le camp tranquillement de bon matin. Notre premier but est de rejoindre l’E10 au niveau de son croisement avec l’Offersøyveien juste avant le passage du tunnel. Nous ferons la route à pied, passage pas très intéressant avec des paysages relativement pauvres.

Nous arrivons finalement à l’embranchement avec l’E10, nous commençons donc notre mission stop.

Il nous faudra 1h30 dans le vent et après plusieurs désillusions pour qu’un couple de Norvégiens en balade s’arrêtent finalement. Nous leur demandons à la base de nous déposer au début de la FV807 qui mène à Nusfjord mais après leur avoir expliqué ce qu’était ce petit village ils décident d’y aller et nous y dépose. Parfait! La route est sympathique et on sent que les paysages deviennent de plus en plus montagneux.

Nous arriverons finalement à Nusfjord vers 13h. Ce village est dit être le plus vieux des Lofoten. C’est un ancien village de pêcheur reconverti en village musée et inscrit à la liste des « sites à protéger » de l’UNESCO. Nous voulions y aller mais nous avions peur que cela soit juste un attraction touristique où des Tour Opérateurs déversent des flots de touristes mitraillant de photo. Et bien non ! Nous avons été très agréablement surpris, il y avait peu de monde et le charme du village est intact. Celui-ci a été conservé dans le style « village de pêcheur ». Alors bien sûr il y a un magasin de souvenir mais il est « camouflé » dans le bâtiment de l’ancienne épicerie (on y trouve d’ailleurs quelques produits frais mais hors de prix!). Les Rorbus ont été aménagés en location très agréable (mais au prix Norvégien…) avec une vue superbe sur le fjord.

Les Rorbus sont des cabanes de pêcheurs montées sur pilotis et posée directement sur les rochers du littoral, les pieds dans l’eau.

Pour résumer tout cela, je vous conseille de faire un tour à Nusfjord, quelques rorbus ont été transformés en musée exposant d’ancienne embarcation ou du vieux matériel de pêcheur.

Nous récupérons les clés de notre rorbu, après avoir posé les affaires, nous décidons de faire la randonnée Nusfjord-Nesland qui est réputée.

Celle-ci part du bout du village et suit la côte jusqu’au hameau de Nesland. Le littoral est magnifique durant la balade surtout sous le grand soleil que nous avons aujourd’hui. On pourrai se croire dans le sud de la France avec cette eau cristalline. Une petite erreur de navigation fait que perdons un peu de temps à un moment. Au final nous ne ferons que la moitié de la randonnée afin de pouvoir profiter du village de jour. La balade est vraiment à faire, même en aller-retour si vous êtes en voiture.

De retour nous ferons un peu de barque sur le fjord ; le soir nous dînerons dans un restaurant du village et profiterons de notre rorbu douillé…


Quatrième Jour : de Nusfjord à Kvalvika

Premier jour de pluie ce matin. Le réveil est plus long que prévu surtout lorsqu’on est au chaud dans un vrai lit et que l’on sait que l’on doit aller marcher sous la pluie… On s’y met tant bien que mal.

On se retrouve donc sur la route à remonter vers l’E10 direction Kvalvika. Cette portion n’est pas agréable. On est le long de la route avec peu ou pas de place pour marcher, il y a peu de voitures mais pas mal de camion et bus. Le tout sous la pluie c’est pas folichon.

Une fois sur l’E10 on se fait prendre en stop par des locaux très sympa(encore une fois pas le choix car il y a des ponts routiers à passer). On voulait, à la base, juste se faire déposer à Ramberg mais le couple nous propose de nous déposer au pied de la rando ! Nos aimables chauffeurs sont originaires des Lofoten et y ont vécu toute leur vie. Aujourd’hui à la retraite ils profitent de leur journée pour flâner en voiture et redécouvrir leurs îles.

Ils nous déposeront donc au petit parking qui sert de départ pour la randonnée vers la plage de Kvalvika. Le sentier, bien balisé, est simple à suivre et n’est pas compliqué techniquement. Toutefois on passe par des zones détrempées surtout après la matinée pluvieuse.

Le chemin pour la plage commence par monter gentiment pour déboucher sur une sorte de col vers 200m d’altitude. Derrière, le sentier se poursuit sur la descente vers la plage dans un terrain plus rocailleux. Tout étant trempé, il faut faire attention car ça dérape. La plage se dévoile le long de la descente. Celle-ci s’étend sur deux anses séparées par une avancée rocheuse. A chaque extrémité se trouvent deux sommets fermant ainsi l’ensemble, au SO le Kjerringa (585m) et au NE le Ryten (515m). C’est somptueux, même sous le voile gris de ce début d’après midi. La première plage sous le Ryten doit s’étendre sur environ 500m, une étendue d’herbe courre tout du long parfait pour le bivouac. La seconde plage est plus petite et plus isolée. Elle est également un peu moins bien orientée vis à vis du soleil surtout le soir.

En tous cas le site est magnifique et parfait pour un bivouac comme on les recherche. Malheureusement, on trouve pas mal de détritus sur la plage, la majorité étant rejetée par la mer.

On s’installera côté SO de la première plage sous le Moltinden (600m) sur une jolie plateforme herbeuse bien plate et parfaite pour un bivouac.

Le temps est toujours maussade mais on sent que le soleil commence à vouloir percer. On en profite pour bouquiner et se reposer sous la tente. Pour ma part je sors faire un tour et tombe à 50m du bivouac (à côté du chemin) sur une cabane semi enterrée bricolée dans le creux de rochers. Cette plage est connue pour avoir “hébergée” deux surfeurs pendant un hiver, ils s’étaient construit une cabane directement sur la plage. Je ne sais pas si c’est celle-ci mais en tout cas elle a des airs de maison Hobbit avec sa porte ronde.

Le soleil percera finalement en fin d’après midi, la plage se transforme, c’est encore plus beau sous les rayons du soleil avec la légère brume d’embruns, l’atmosphère est paisible, sereine.

Nous décidons de monter en haut du Ryten en cette soirée afin de profiter de la lumière de soir. Le soleil se couchant vers 23h on a largement le temps. L’ascension commence au pied du petit cours d’eau qui descend du Ryten, c’est d’ailleurs le meilleur point d’eau de la plage. Vers 250m nous arrivons au petit lac qui se niche au creux de ce replat. Il faut alors prendre sur la gauche quelques dizaines de mètres après le lac. Nous sommes à peine à 300m d’altitude mais le paysage a déjà complètement changé : on se sent plus en montagne qu’en bord de mer vu la végétation.

La suite du chemin longe le bord de la falaiseet monte progressivement vers le sommet. Le point de vue principal se trouve un peu sous le sommet. La vue est absolument magnifique, surtout à cette heure avec la lumière rasante du soir. Ce sera l’un des plus beaux points de vue du trek avec le Reinebringen et l’Hermannsdalstinden. Nous profitons de la vue et du calme, il n’y a personne, nous sommes bien, c’est un beau moment.

Nous entamons la descente qui sera beaucoup rapide évidemment. Nous finirons la soirée en mangeant nos lyophilisés face au large toujours avec cette ambiance de plage du bout du monde. Cela ne fait que quatre jours que nous sommes ici mais Svolvaer et la France paraissent déjà bien loin.


Cinquième Jour : de Kvalvika à Reine

Réveil agréable au bord de la mer même si les montagnes alentours nous cachent le soleil. C’est donc un réveil frais ce matin. Nous rangeons notre bivouac et nous reprenons l’ascension vers le col. Les rochers sont un peu moins dérapant qu’hier. Nous arrivons rapidement au petit col, nous croisons déjà quelques personnes qui viennent faire l’ascension du Ryten.

Dernier coup d’oeil à la plage qui aura été un des plus beaux lieux du voyage. On continue sur la descente qui, elle, est toujours bien dérapante et humide. Le planning de la journée est de nous rendre à Reine, une fois sur place nous aviserons en fonction de l’heure.

Arrivés de nouveau au parking nous prenons direction Fredvang. Nous arriverons dans la petite ville en une petite heure de marche pas très passionnante sur la route. Nous faisons une petite pause juste avant la série de pont qui nous permet de rejoindre l’E10. On s’installe sur une aire de pique nique sans charme. Quelques minutes après cela un gros camion aménagé en van arrive. Nous commençons à discuter avec le conducteur qui est Norvégien. Après avoir exposé notre plan il nous propose de nous emmener car il va également à Reine. On accepte, on embarque donc après avoir manger un bout avec Ian (le conducteur) et son fils. Le bout de route que nous empruntons ensuite jusqu’à Reine est très beau. En tous cas le voyage est haut en couleur. Ian est un grand bavard et il a beaucoup d’histoire à raconter !

L’arrivée sur Reine est belle, la route passe d’îles en îles suspendue au dessus de l’eau. Reine est juché sur une petite presqu’île. Le village s’articule autour d’une place centrale avec des jolies maisons en bois et notamment un super café qui fait des cinnamon rolls délicieux et du bon café (juste à côté de la location de kayak)! On retrouve un ensemble de Rorbu/hotel qui forme un ensemble typique.

Ian nous dépose sur la place. Nous avions initialement loué un rorbu mais nous sommes en avance sur le planning et nous ne pourrons pas changer de nuit car ils sont complets. Nous essayons donc d’autres hôtels du coin (il doit y en avoir deux autres de mémoire) mais pareil, choux blancs. Nous sommes victime du succès de Reine.

Il nous faut un toit pour la nuit et il n’y a pas grandes possibilités de bivouac pour la nuit autrement. Au final on trouve le contact d’une habitante qui loue des chambres pour la nuit. On va donc la voir (c’est à 100m de la place) et coup de chance il lui reste une chambre !

On pose donc nos sacs pour la nuit. Sur place on fait la connaissance de Félicie, une Franco-Suisse qui passe un mois en solo dans les Lofoten. On débriefe les choses qu’on a fait/vu jusque là et on échange des conseils pour la suite. Le soir on dînera avec Ian, son fils et Félicie dans le resto de l’hôtel à Rorbu qui est pas mal. Ça sera notre dernière journée “véhiculée” on fera toute la suite à pied dans les montages.


Sixième Jour : de Reine à Bunes en passant par le Reinebringen

Une bonne journée en perspective, surtout qu’elle commence sous un grand soleil, il fait même chaud. On aura une chance insolente pendant toutes les vacances sur la météo…

Le programme est simple. Le matin direction le Reinebringen (448m) pour en réaliser l’ascension et ainsi admirer le point de vue le plus connu des Lofoten. Ensuite direction la plage de Bunes sur laquelle on rejoindra Ian, son fils et Félicie.

On part léger pour notre sommet de la journée. Le début de la rando se rejoint en suivant la route (direction Å) sur 200-300m. Le chemin est repérable par un panneau qui avertit de la dangerosité de l’ascension. Concernant ce panneau et différentes choses que l’on peut lire, je pense que le chemin est tout à fait praticable et sans autres dangers immédiats lorsque le temps est sec depuis quelques jours, par contre c’est que par temps humide ça peut devenir très glissant. Il faut noter que lorsque nous avons fait la randonnée (en 2016), un chemin était en train d’être construit afin de rendre la montée plus sûre.

Nous commençons la montée dans les arbres. Le sentier est bon et on s’élève rapidement. Il faut juste faire un peu attention à la direction que l’on suit car de « faux » sentiers mènent nulle part. Un peu plus haut la végétation s’éclaircit et la vue se dégage. On aperçoit la montée en zigzag jusqu’au petit col juste sous le sommet. Il fait très chaud, on est en sueur. La chaleur aux Lofoten est toute relative mais en tous cas on sent bien la différence avec les jours précédents. Nous arrivons au point de vue sur l’autre versant après cette longue montée . C’est vraiment superbe. On peut voir le village en contrebas mais également la route qui court le long de la côte et toutes les îles dans le lointain. Cela valait vraiment le coup de monter ici, la récompense en vaut la peine !

Nous prenons notre temps pour admirer la vue et nous balader le long de la crête. Il faut toutefois penser à redescendre car nous devons ensuite prendre le bateau pour Bunes.

Il faut faire un petit peu attention à la descente car cela peut glisser. On croise pas mal de monde qui montent. Certains, juste équipés de baskets ou de chaussures plates, luttent pas mal dans la boue…

De retour au village nous reprenons nos sacs chez notre logeuse et on se dirige vers le ferry.

Le ferry est un ancien bateau de pêche reconverti pour faire les allers-retours dans le fjord. Le voyage est agréable et surtout rapide. Nos compères, Ian et Félicie mettront, eux,  1h30-2h en kayak.

L’arrivée à Vinstad se fait par un petit ponton sur lequel une véritable foule de touristes attend pour le retour à Reine. Heureusement ceux sont des personnes qui fond l’aller-retour pour la plage dans la journée, il y a donc beaucoup moins de monde qui bivouaque sur la plage.

La marche vers la plage est rapide. On suit le chemin qui longe le bras du fjord et on tourne à gauche juste après le petit cimetière. Il suffit alors de monter en haut de la colline qui fait dans les 80m et on y est

Arrivée sur la plage de Bunes, Iles Lofoten, Norvège

La plage est grande et il y a l’embarras du choix pour poser la tente. Nous décidons de nous mettre plutôt vers la droite afin de nous isoler un peu. Bunes est surplombée par l’Helvetestinden, impressionnante face rocheuse lisse de 510m de haut. L’endroit est très beau et apaisant. La mer est assez éloignée car la plage est profonde. On trouve beaucoup de bouées échouées sur la plage au milieu de la végétation éparse. C’est encore une fois un magnifique lieu à découvrir.

Nous passerons la fin de journée à profiter de la plage et de ses variations au fur et à mesure des heures qui passent. Le soir venu, nous se serons rejoint pas Ian et Félicie mais également des Français, des Américains et d’autres Norvégiens. Nous passerons la soirée à discuter autour d’un feu avec le coucher du soleil qui n’en finit plus en toile de fond.


Septième Jour : de Bunes à la "Butte 448m"

Réveil à l’ombre en cette septième journée dans les Îles Lofoten. Mais il fait beau ce qui augure une randonnée au soleil.

Le but aujourd’hui est d’atteindre le sommet d’une petite butte à 448m sous l »Hermannsdalstinden (1029m) dont on fera l’ascension le lendemain. Normalement un petit ferry permet de se faire déposer à la station électrique de Forsfjorden mais d’après les infos que l’on a eu sur internet, le ferry ne passe plus cette année. Nous allons donc devoir faire le tour du fjord à pied. A posteriori on remarquera que les infos que l’on a eu n’étaient pas bonnes car on a bien vu au loin un ferry passer de Vinstad et aller à la station électrique.

Relativement proche sur la carte la station s’avérera plus longue à atteindre que prévue. Le chemin depuis Bunes est très mauvais et difficile. Pour le rejoindre il faut revenir à Vinstad et partir sur la droite avant d’arriver au niveau de l’embarcadère. Le chemin commence par suivre le fjord dans du terrain assez spongieux mais qui permet une progression rapide. Toutefois on arrive rapidement dans la partie « compliquée » : la majeure partie du chemin passe par un chemin qui se faufile dans des gros rochers recouverts de mousse et dans de la végétation dense. Les rochers moussus, en plus d’être glissant, cachent des trous recouverts de mousse… On passe donc la jambe à travers très facilement et là, on risque de se faire mal. On progresse donc doucement en tâtant avec les bâtons le terrain devant nous. Cette portion est interminable. La centrale électrique ne se rapproche pas et on galère vraiment longtemps.

Nous arriverons finalement à la centrale électrique un peu cassés par le fait d’avoir mis autant de temps à parcourir si peu de distance.

De la station nous prenons à droite en suivant la grosse canalisation. Le terrain est très boueux et glissant. On s’élève rapidement au dessus du fjord et la vue est belle.

On rejoint le lac de Tennesvatnet une fois en haut de cette montée relativement raide; de là on prend vers la droite pour rejoindre le sommet de la butte qui sépare le lac du Krokvatnet. Dans la montée nous croisons un vieux monsieur qui monte avec son chien (seule personne que nous croiserons aujourd’hui), nous découvrions en discutant avec lui que c’est le propriétaire de ces terres et qu’il rejoint sa cabane auprès du Krokvatnet pour y passer quelques jours avec des amis…

L’ascension de la butte est raide mais on arrive enfin à son sommet. Nous sommes bien fatigués… Nous trouvons un emplacement pour monter le camp. Tâche ardue car même si il y a pas mal de zones plates mais celles-ci sont des marécages pour la plupart.

Finalement nous trouverons un bon emplacement dont la vue embrasse le fjord et l’Hermannsdalstinden. Nous savourons ce beau lieu au soleil pour le reste de l’après midi.

Encore une bonne journée de marche même si peu de kilomètres ont été parcourus à vol d’oiseau. Demain nous ferons l’ascension du plus haut sommet de Moskenesoya.


Huitième jour : de la "Butte 448m" à Munkebu en passant par l'Hermanndalstinden

Nous nous levons ce matin sous un grand soleil. Direction le sommet de l’Hermanndalstinden (1029m) ce matin. Nous quittons le camp relativement tôt le matin après avoir pris un bon petit déjeuner. Nous partons léger, laissant la tente et les gros sacs derrière et ne prenant que le strict nécessaire pour l’aller-retour.

Le sentier commence par redescendre quasiment au niveau du lac pour ensuite remonter dans un chemin relativement étroit, boueux et bordé d’une végétation dense pouvant cachée certains trous par exemple. Nous croiserons un couple qui redescend et qui a dû passer la nuit plus haut.La vue se fait rapidement de plus en plus belle.

L’ascension est réputée difficile surtout par temps de pluie. Il n’y a pas de difficultés sur le début du chemin mais la section suivante peut faire quelques frayeurs si l’on n’est pas habitué à un peu d’air et de vide. Le chemin monte d’un coup assez fortement sur une arrête qui laisse pas mal d’air surtout sur la gauche. Des chaînes et des cordes ont été installées pour aider le marcheur. Nous y sommes passer alors que le terrain était sec mais  je pense que faire cette portion sous la pluie peut être légèrement plus dangereux et dans tous les cas il ne faut pas se laisser impressionner par le vide.

L’avantage est que l’on prend vite du dénivelé.

Arrivé au cairn de la photo précédente le chemin part sur la droite. La végétation commence à se raréfier et à être rase. La montée se poursuit ensuite sur un chemin qui pourrait rappeler un sentier des Alpes. La vue est très belle et dégagée, ça promet pour la suite.

Sur la fin, le sentier se fait 100% minéral. Nous ne sommes même pas encore à 1000m et on se croirait à 2500m en France. Il ne reste que quelques lichens. Sur cette partie le chemin devient un peu moins visible et des points de peinture rouges donnent la direction. On arrive au final à une petite passe (très venteuse lorsque nous y étions) qui n’est pas encore le sommet.

Celui-ci se trouve quelques dizaines de mètre sur la gauche et est marqué par un poteau. Pour l’atteindre il faut passer par de gros blocs rocheux qui doivent être glissant si mouillés.

Encore quelques mètres et ça y est nous sommes au sommet. La vue est époustouflante, sublime ! On domine totalement la région environnante. A l’ouest, les Lofoten se jettent dans l’océan avec Vaeroy au loin. A l’est, l’archipel s’étend sur des dizaines de kilomètres, loin au sud on perçoit le continent. C’est absolument parfait ! Sûrement la plus belle vue que nous avons eu durant le séjour (avec le Ryten)…

Nous prenons le temps de savourer l’instant, seuls, bien à l’abri du vent.

Après ce moment de plénitude, nous décidons de redescendre. Nous croiserons quelques groupes de personnes en train de monter. Certains ne dépasseront pas le passage avec les chaînes et les cordes.

Une fois de retour au bivouac, nous nous accordons une petite pause repas avant de refaire les sacs et de partir en direction de Munkebu.

Le chemin est relativement simple pour s’y rendre.

Munkebu est un refuge qui se situe sous le Munken. Plusieurs spots de bivouac sont disponibles dans les parages. Le refuge en lui même n’est accessible que si l’on a les clés qu’il faut récupérer à Sørvagen auprès du DNT (Club Alpin Norvégien).

Le Munken est accessible à pied et offre un beau panorama de son sommet.

Concernant le bivouac, la zone est assez marécageuse, il y a des emplacements pour poser la tente mais pas tant que ça au final si on veut être au sec. Pour notre part nous choisirons de nous mettre sur les hauteurs pour avoir moins d’humidité. Nous avons une jolie vue sur le refuge avec l’Hermann en toile de fond. Nous finirons ainsi la journée qui aura été ensoleillée tout du long encore une fois.


Neuvième Jour : de Munkebu à Sørvagen

La nuit aura été humide… Munkebu est vraiment un beau lieu mais pas forcément le plus adapté à un bivouac.

Nous quittons donc la zone après avoir tout empaqueté encore une fois, direction Sørvagen pour un retour à la civilisation.

Le début du chemin ondule entre de petits sommets secondaire. On reste sur les hauteurs c’est beau même si le temps est plus maussade aujourd’hui. Nous entamons ensuite la descente qui sera progressive sur le début et assez raide à la fin avec quelques passages avec chaînes et cordes pour aider ; mais rien d’infaisable. Nous croisons un peu de monde qui monte certainement à Munkebu pour la journée.

L’arrivée sur Sørvagen se fait par le lac de Sørvagvatnet. La ville s’étend le long de l’E10. On y trouve deux supérettes bien pratiques après quatre jours en montagne. Pour la nuit nous choisissons de dormir dans du dur et nous prenons une chambre qui appartient au restaurant le Maren Anna. La chambre n’est pas extraordinaire en elle même voir même un peu austère… Mais nous souhaitions dormir dans un lit et surtout prendre une bonne douche bien chaude…

La journée n’aura pas été très chargée. Nous la finirons par une balade dans la ville et surtout un bon repas au Maren Anna qui sert une cuisine tout à fait excellente !

Certains guides proposent l’aller retour pour l’Hermanndalstinden depuis Sørvagen dans la journée. Je ne doute pas que ce soit faisable mais je pense que cela demande une bonne condition physique et surtout de voyager léger. De plus cela laisse peu de temps pour prendre le temps ce qui est aussi dommage. Une autre possibilité est de faire l’inverse de notre chemin : partir de Sørvagen et finir à Reine par le ferry ce qui est déjà plus envisageable en une journée.


Dixième Jour : de Sørvagen à Moskenes en passant par Å

Journée de transition aujourd’hui. Nous avons choisi de partir pour Væroy le lendemain, cette journée sera donc consacrée à la visite de Å et à du repos.

Rejoindre la petite ville de Å qui se trouve au bout de l’E10 est relativement facile et rapide depuis Sørvagen en suivant la route. Les paysages sont beaux le long du trajet et heureusement il n’y a pas trop de trafic. On longe le littoral non loin de l’eau en passant par de petit patelins locaux.

Å est un petit village musée au bout de la route. Nous avions peur que ça soit ultra touristique car il y a un grand parking à bus et que c’est assez connu. Heureusement il n’y pas pas foule. Nous croiserons Félicie juste à l’entrée du village qui faisait du stop pour retourner vers Svolvaer.

Nous commençons notre tour dans le village par acheter du pain et des Cinnamon Rolls avec un café dans la boulangerie de la petite place principale. Nous nous poserons ensuite près de l’eau profiter du soleil et des viennoiseries. Nous serons rejoint par deux groupes de français avec qui nous partagerons nos expériences des Lofoten.

Nous ferons un tour plus poussé dans le village. Cela n’est pas très long vu la taille de celui-ci. Le village est sympathique mais pas extraordinaire non plus si on le compare à Nusfjord.

Nous ne restons pas très longtemps finalement. Nous préférons aller vers Moskenes, prendre une place au camping et profiter de la fin d’après midi. Nous reprenons donc la route à pied dans la direction opposée.

Plusieurs belles randonnées sont faisables en partant de Å : l’une d’elles est la plage de Stokkvika en passant par le lac d’Ågvatnet, une autre belle randonnée est l’ascension de l’Andstabben (514m) à l’ouest du village.

Comme nous prendrons le ferry demain à Moskenes nous choisissons de passer la nuit au petit camping de « Moskesnes Camping As ». L’endroit n’est pas d’un charme fous mais nous pourrons prendre une douche, faire une petite lessive et prendre une bière sous le soleil couchant des Lofoten. La fin de l’après midi et la soirée passerons donc ainsi calmement. Demain nous quittons les îles principales des Lofoten en direction de Vaeroy.


Onzième Jour et Douzième Jours : Vaeroy

Avant de parler de Vaeroy en tant que tel, je souhaitais expliqué pourquoi nous y sommes aller. Premier élément nous avons été pris en stop par un couple qui avait passé quelques jours « inoubliables » sur la petite île, un autre couple d’autostoppeur qui nous avait pris était originaire des Lofoten et nous avait vendu Vaeroy comme « spéciale » dans le bon sens a priori ; enfin certaines photos et son isolement avait fini de nous persuader d’y aller. Nous verrons bien.

Pour rejoindre l’île, nous partons donc de Moskenes par le ferry qui rejoint ensuite le continent (en passant par Røst). La traversée se fait en une ou deux heures environ.

L’arrivée se fera dans la grisaille sur un débarcadère sans charme tout en béton… Il n’y a pas grand monde qui descend ni grand monde qui monte dans le ferry… Allons voir dans le village de Sørland ce qui l’en est.

La route vers Sørland est relativement triste et le village également … Il n’y a personne dans les rues et la grisaille n’aide pas … Nous faisons une pause au magasin du coin pour refaire le plein pour le bivouac de ce soir. J’essaie de discuter avec des locaux pour qu’ils nous donnent des coins sympa mais ils parlent pas très bien anglais et n’ont pas non plus l’air très motivés à nous aider…

Nous décidons de rejoindre la plage au bout de la route sur la côte nord non loin de l’aérodrome désaffecté qui accueille le « Midnight Sun Festival » durant le jour polaire.

La route passe par un petit col pour suivre ensuite un littoral sans grand intérêt. Le chemin est relativement long jusqu’à la plage. Nous y arriverons après qu’un local nous ait pris en stop pour aller plus vite.

La plage est sympathique : dans son dos se trouve des grandes falaises quasiment verticales sur lesquelles se forment les nuages. La plage s’ouvre sur l’océan avec une jolie vue sur l’extrémité des Lofoten. Il fait encore gris mais ça devrait changer. Sur la plage et dans les environs on trouve les traces du festival sous forme de sculptures de galets ou de bois, de grandes cabanes en bois sur la plage ou d’un faux bateau pirate échoué. Le tout est sympa et donne un côté plage de pirate perdue.

Nous passerons ainsi la soirée à nous balader sur la plage ou sur le chemin qui longe le littoral vers l’Ouest. Le soleil reviendra en fin d’après midi nous réchauffant ainsi un peu et permettant de sécher de l’humidité de la journée.

De nos onze jours cette journée est la moins sympathique pour l’instant. Nous verrons demain ce que nous réserve Vaeroy.

Le lendemain nous n’avons pas vraiment de plan. On souhaite rejoindre Sørland en coupant par un col au dessus de la plage et aller voir la fameuse vue du fer à cheval au passage.

Nous empaquetons donc tout notre matériel (pour la dernière fois) et on attaque la montée par le chemin bien visible qui mène à la passe. Celui-ci est raide mais pas compliqué et offre une jolie vue que la zone. De haut on peut voir aussi la petite ville de Sørland et la physionomie si particulière de Vaeroy avec sa grande plaine entourée de hautes falaises.

Nous voulions ensuite rejoindre le point de vue que l’on voit partout et qui permet d’admirer les falaises en fer à cheval. Malheureusement nous nous tromperons de coin en pensant que la vue était accessible depuis la station radio. En fait non il faut bifurquer sur la gauche à un moment mais nous n’avons pas vraiment vu de panneaux ni même de chemin clair. Donc grosse déception… ça plus le temps et l’ambiance générale de l’île nous sape un peu le moral. Nous décidons donc de rejoindre la ville et de trouver un hôtel. L’un des rares hôtels de l’île se trouvent dans la zone portuaire et n’a aucun charme. Nous devrons attendre pendant une heure que la réceptionniste arrive mais « heureusement » nous serons accompagnés par deux gars complètement saouls et relativement flippants dont nous arriverons pas à nous débarrasser jusqu’à ce qu’on ait la chambre !

Journée pourrie !! Vaeroy est spéciale mais pas dans le bon sens du tout … Une impression de misère, de lassitude se fait sentir partout. Beaucoup de personnes vivent ou vivaient ici de la pêche et sont au chômage… En tous cas nous sommes véritablement déçu par ces deux jours… Alors tout ça, est évidemment à prendre avec recul car c’est notre expérience et peut être qu’avec plus de soleil et de chance cela aurait été plus sympa…

Nous prendrons le ferry à la première heure le lendemain.


Treizième et Quatorzième Jours : Bodø et le retour

Le ferry entre Vaeroy et Bodø prend environ 5h et passe par Røst. De quoi profiter de la vue sur la mer. De retour à Bodø nous rejoignons l’Airbnb que nous avions réservé chez une norvégienne qui vit ici depuis 3ans. Nous passerons récupérer nos sacs laisser à la consigne à l’aéroport. La fin de journée sera surtout marquée par une grosse pizza chez Bjørk dans le centre ville.

Pour le retour nous prendrons deux avions avec une escale à Oslo. C’est plus rapide que le train… Bye bye Lofoten et la Norvège après ces deux semaines bien remplies.


Conclusions

Ce voyage aura été pour nous l’un des plus beaux que nous ayons fait. Définitivement dans le TOP 3 des plus belles destinations. Nous avions fait la Norvège des fjords l’année précédente mais les Îles Lofoten n’ont rien à voir avec le sud du pays. Ces montagnes avec les pieds dans l’eau sont vraiment uniques, magnigfiques. Nous y avons passé quatorze jours mais nous avions l’impression de n’avoir pas fait la moitié ou le tiers des possibilités offertes par ce terrain de jeu extraordinaire. Point positif supplémentaire : il n’y pas pas encore trop de monde et beaucoup de touristes restent le long de la route principale donc dès qu’on s’éloigne un peu on est seul.

Nous avons eu pendant ces vacances une chance insolente avec la météo : trois jours seulement de mauvais temps ! C’est extrêmement rare dans ces îles. De plus nous avons même eu des températures tout à fait confortables frôlant les 20°C.

Hormis les paysages et la météo on aura aussi rencontrer pas mal de monde très sympa, dans l’esprit baroudeur, « backpacker » ce qui est agréable pour échanger, partager.

Je conseille à 200% la visite des Îles Lofoten et surtout de prendre le temps de les explorer. Une chose est sûre on y retournera, je sais pas quand, mais on y retournera !

Quelques infos utiles :

  •  Le site à consulter avant de voyager aux Lofoten : Lien
  • Le site de la météo Norvégienne : http://www.yr.no/
  • Le site de la compagnie ferroviaire Norvégienne : Lien
  • Un site d'infos générales sur les Lofoten : Lien
    • Et notamment les ferry pour s'y rendre : Lien

Paysage en chiens de traineau

Itinérance en chiens de traîneau

Introduction


Ça faisait longtemps qu’on en causait, que ça nous travaillait Qing et moi (Quentin) (entre autres choses…) : expédition chiens de traîneau en Laponie. Bon la Laponie c’était complet. Du coup plan B : direction Québec ! (pour le même prix). En plus on y a déjà fait un road trip en été et c’était juste génial. Ça sera surement le cas en hiver…

La vidéo de notre périple au fin fond du Québec :

Video de l'itinéraire en Chiens de Traineau

Le camp des loups


Après une petite journée/nuit à la ville de Québec où nous pûmes expérimenter les conditions climatiques qui allaient être globalement celles du séjour (froid + soleil) ainsi que la graille locale nous arrivâmes dimanche soir à Girardville près du lac Saint Jean. Le paysage qui défile pendant nos 5 heures de route est déjà une expérience : lacs gelés et forêts enneigées à perte de vue nous plongent directement dans une ambiance de roman de Jack London.

Arrivés à la nuit tombée au « camp des loups » nous fûmes émerveillés d’apprendre que nous allions dormir les 2 premières nuits dans des cabanes parmi des loups, de vrais loups. En effet si ça peut paraître logique vu le nom du camp, moi j’imaginais bêtement que c’était juste un nom. Imaginez donc une forêt, une nuit étoilée sans pollution lumineuse, une soixantaine de loups répartis en 3 meutes et 3 très grands enclos, nos 2 cabanes au milieu, puis soudainement ces fameuses bibittes (« bêtes en Québécois) qui se mettent à chanter à l’unisson : le pied total pour nous autres amoureux de la nature!

Nous vécûmes cette nuit là notre première expérience de l’hiver Canadien telle qu’on en rêvait. Même se déplacer la nuit jusqu’à la cabane toilette par -20 degrés fut un réel plaisir!

Le lendemain matin, on assista au repas des loups et à une séance câlin entre les bestioles et Gilles le boss du camp. Vous pouvez payer ici pour une expérience presque unique au monde, l’activité « contact avec les loups » où vous rentrez dans l’enclos d’une des meutes pour s’adonner à une séance de papouilles. Aucun risque, ces loups sont en fait « imprégnés » c’est à dire qu’ils ont été élevés et nourris par l’homme depuis qu’ils sont petits ce qui les rend dociles et affectueux comme de bons chienchiens à leurs mémères (à noter que seul un des enclos a ce type de loup).

On quitta le camp des loups pour rejoindre la base de préparation des expéditions, jointe à la maison de Gilles et au chenil. Les chiens sentaient probablement l’odeur du départ qui s’approche car ils braillaient un max et semblaient gonflés à bloc. Bon… on n’était pas encore sur le traîneau, ni même dans le chenil, mais la pression commençait à monter, tranquillement…

Après la distribution de bottes et moufles grand froid, notre guide d’expédition, dénommé Julien, commença à briefer notre petit groupe (Qing, moi et Dominique (une Belge)) sur un tas de détails techniques et nous annonça la couleur : « Je vais être obligé de vous parler maintenant de tout ce qu’il y a à savoir car dès que vous serez sur le traîneau il n’y aura pas de temps d’apprentissage, vous serez en autonomie et devrez gérer vous mêmes votre attelage. En kayak par exemple, on peut y aller molo et apprendre petit à petit sur le tas. En traîneau ce n’est pas possible ». Nous l’avons compris bien assez tôt : les chiens n’attendent pas, pas d’hésitation possible, pas de réglage de dernière minute autorisé… Imaginez que vous ne savez pas skier et qu’on vous balance direct sur une piste rouge avec uniquement quelques paroles et conseils théoriques en guise de bagage… et bien c’est exactement ce qu’on peut ressentir la première fois qu’on se retrouve aux commandes d’un traîneau.

Un état de fait nous apparu soudain comme une révélation : « hey! c’est compliqué en fait ». Aucune personne dans notre entourage n’ayant vécu l’expérience nous n’étions pas prévenus… à dire vrai il y avait bien le retour d’une collègue qui m’avait dit que son fils avait trouvé ça flippant mais je n’y avais pas prêté attention. Nous étions donc jusqu’avant ce briefing sans aucun à priori et dans une confortable naïveté (que peut-il y avoir de difficile à se faire traîner par de gentils chienchiens??).

Julien nous distribua également le nom des 4 limiers qui composèrent notre attelage. Il était alors très important de retenir leur nom car ordres, réprimandes et encouragements doivent souvent être ciblés à un chien en particulier. L’attelage de Q était ainsi composé de Corail et Karma en chien de tête ainsi que de Cosmos & Sikar à l’arrière. J’avais en tête Sky & Akouf et à l’arrière Jacks & Pépère. Bon, Pépère n’est en fait pas un vrai nom car je dois avouer que je l’ai tout simplement oublié… Pour ma défense, l’avenir nous dira que je ne devais garder qu’une seule de ces braves bêtes tout du long de l’expédition : Akouf (dit « le courageux »). Je reviendrai sur les causes du turnover de chien plus tard. Après ce petit briefing, la pression passa un cran au dessus : on avait plein d’info en tête et avions légitimement peur d’en zapper une importante…

La préparation des traîneaux consista à l’installation de la toile pour les bagages (opération qui me parut aussi pénible que mettre une couette dans sa housse) ainsi qu’à l’attache de l’ancre (sorte de grappin à planter dans le sol, dans le but de fixer l’engin).

Quelques minutes plus tard, nous voila à tirer nos traîneaux dans le chenil où 70 chiens de traîneau survoltés,de toutes les races nordiques (Husky, Malamutes, Groenlandais, Samoyèdes etc.), aboyaient à gorge déployée : + 1 cran niveau pression…

Une fois les traîneaux correctement disposés, il convient à chacun d’aller récupérer ses animaux en commençant par les chiens de tête. C’est là que le sport commença. Il faut aller chercher chaque cerbère, le détacher de sa niche et le ramener au traîneau. Problèmes généralement rencontrés :

  1. La dite bestiole a envie de se mettre sur la gueule avec une autre bestiole du chenil
  2. Les autres bestioles du chenil ont envie d’en découdre avec la dite bestiole (par jalousie peut être?)
  3. La dite bestiole n’a pas envie d’aller au traîneau et préfère aller courtiser de la chienne en chaleur / agacer du mâle

A ces situations s’ajoute un élément à considérer : chaque molosse est une vraie boule de nerfs et de muscles capable de tracter 2 fois son poids (sachant qu’un Malamute mâle peut atteindre jusqu’à 50kg…)

Je rencontrais plutôt les situations 1 et 2 mais fus heureusement aidé de Julien qui vint faire la police. Qing était plutôt sur la situation 3. et se fit traîner dans la neige (littéralement) par une de ses chiennes désireuse d’aller chanter la pomme (« flirter » en Québécois). Tout ça avec en parallèle Julien qui nous pressa de nous magner le fion (plus on met de temps, plus les chiens s’impatientent, plus ça peut partir en cacahuète). Inutile de préciser qu’à partir de ce moment là, toutes les consignes claires et cohérentes qu’on nous avait précédemment énumérées ne sont plus que poussières dans la tempête émotionnelle que nous subissons.

A peine le dernier molosse attaché que Julien nous fit signe de détacher les animaux attachés à l’arrière de nos traîneaux respectifs (les chiens de tête de chaque traîneau sont en effet attachés au traîneau de devant). C’est une étape hyper importante car si on part sans les détacher ces pauvres toutous peuvent tout simplement se retrouver étranglés et y laisser leur vie…

A peine les bestiaux de derrière détachés que mon traîneau démarra à 50000km/s sans attendre mon « OK » censé autoriser le départ. Déjà bien éloignés du chenil j’entendis un guide venu nous assister dans notre préparation me crier « l’ANCRE! N’OUBLIE PAS L’ANCRE! ». En effet j’avais été tellement pris de court que j’avais zappé que j’avais initialement une ancre enterrée dans le sol censée bloquer mes chiens à l’arrêt… Ces derniers avaient réussi à faire décoller l’engin sans difficulté alors que le grappin était solidement planté dans la glace… Et voici donc ce fameux grappin qui se baladait à l’arrière de mon bolide au risque de se coincer dans une souche et provoquer l’accident. Ni une ni 2  j’arrivai à choper le problème pour venir le fixer là où il était censé se trouver (du moins je croyais). Après 30 secondes je réalisai que le traîneau de Qing me suivait de prêt, mais sans Qing dessus… Une fois arrêté, elle nous rejoignit en courant puis nous expliqua qu’elle avait dû utiliser ses 2 mains pour déterrer l’ancre et que bien entendu les chiens n’avaient pas attendu qu’elle soit confortablement installée avant de démarrer. Elle avait bien réussi à se faire traîner sur quelques mètres, tel le skieur qui tombant du tire-fesse s’obstine à ne pas lâcher prise…

Nous revoilà vite repartis dans l’action car les chiens sont encore chargés à bloc et ne supportent pas d’être à l’arrêt. Il s’en suivi de multiples déboires et gamelles dont je vous passerai l’énumération. Les passages les plus difficiles à négocier consistent aux virages dans les descentes qui, si vous n’êtes pas bien positionnés et avez de surcroît une mauvaise vitesse, vous envoient systématiquement dans le décor.

Arriva un moment où je fis une gaffe beaucoup plus sérieuse que les autres : une fois n’est pas coutume Q s’était sympathiquement vautrée lors d’une descente et ses chiens avaient décidé de continuer la route sans elle (rien d’inhabituel en cela). N’écoutant que mon courage je descendis de mon traîneau pour arrêter sa meute. Seulement voila, mon propre quadruplet de canailles décida également de se faire la malle pendant que j’étais occupé à sauver ma belle. Ils n’allèrent pas bien loin : juste assez pour se mettre sur la gueule avec les chiens de Dominique qui était placée devant moi. S’en suivi une bagarre entre les 2 attelages d’une rare violence où Julien dû intervenir en distribuant les taloches… A noter qu’il est d’autant plus difficile dans ces situations de séparer les querelleurs du fait que les attelages s’emmêlent. Bilan du combat, beaucoup des pauvres toutous avaient pris de sales coups par ma faute… Jacks notamment avais pris une sacré morsure à la patte (je voyais du sang sur la neige). Julien ne manqua pas de m’engueuler à juste titre, en précisant que j’étais le seul responsable de la catastrophe… Inutile de préciser qu’à ce moment là je me sentais mal… très mal.

Julien décida ensuite de s’arrêter un peu plus tôt pour la pause déjeuner car tout le monde avait l’air d’avoir besoin de souffler. Une fois les chiens installés et tranquillisés, nous procédâmes moi et Q à une séance câlin / réconfort avec nos bêtes qui avaient tant souffert de notre incompétence. On essayait de les rassurer et de se montrer positif, mais notre cœur battait toujours la chamade. On dit que les animaux sentent la peur. J’espérais qu’à ce moment là ce n’était pas le cas!

Julien lança sans transition des sujets de conversation sans lien avec notre aventure actuelle. Ceci, je supposais, dans le but de détourner notre attention de nos problèmes et de baisser un peu la pression de nos cocottes minutes respectives. Seulement voilà, après moultes gamelles et gaffes plus ou moins sérieuses notre esprit ne voulait pas zapper de chaîne et notre participation à la conversation n’étaient donc réalisées que grâce au mode automatique de notre cerveau. La partie consciente de notre matière grise elle, passait en revue le concentré d’action qu’on avait subi dans la matinée…

En quelques minutes Julien avait abattu un petit arbre mort (bien sec!), l’avait débité en bûches et avait coupé ces dernières en 2. Il agença 4 demi-bûches en lignes parallèles puis superposa les autres en couches successives, systématiquement perpendiculaires à la couche du dessous. Avec quelques brindilles et de l’écorce de bouleau, le feu prit en 2 secondes avec juste l’aide d’un petit briquet!! Il est impressionnant de voir à quel point l’air est sec (du fait des températures négatives je suppose). Pour se désaltérer, rien de plus simple, il suffisait de remplir de neige la bouilloire puis de la mettre sur le feu. Barbaque et pains à toaster furent ensuite déposés sur le grill pour nous offrir le plus sauvage des barbecues. Le cadre, en pleine forêt boréale canadienne, était idyllique. Seulement, nos têtes pleines d’inquiétude n’étaient pas du tout réceptives car on était déjà mentalement en train de préparer le départ.

Le rangement des ustensiles de cuisine et de la bouffe doit être fait le plus discrètement possible car les canidés, loin d’être idiots, sentent très vite le départ arriver. A peine la dernière fourchette réintégrée dans la boite que tous les molosses étaient debout à aboyer qu’on traînait un peu trop. Quelques secondes plus tard on était chacun sur nos traîneaux respectifs et Julien nous fit signe de détacher les chiens de derrière.

A y est c’était reparti à 500000km/s comme ce matin. Même mon attelage qui comportait maintenant un blessé restait vaillant. Bon on maîtrisait tout de même un peu plus. Notre équilibre notamment se faisait de plus en plus naturellement. Ceci n’empêchait pas les multiples gamelles. Voulant revenir au camp par la rivière gelée (plate et tranquille comme on aime!), Julien décida d’emprunter des chemins ouverts par des motoneiges. Le petit problème est qu’il fallait, pour arriver à la rivière, se taper quelques descentes à pas piquer des hannetons. J’arrivais à les négocier tant bien que mal mais Qing par contre n’avait pas encore compris comment utiliser les freins. Lors d’une descente un peu plus raide que les autres, son traîneau allant plus vite que les chiens percuta ceux de derrière puis alla se renverser dans la poudreuse. Qing enterrée dans la neige jusqu’au nombril commença alors à montrer des signes de fatigue nerveuse. Pour couronner le tout, un de ses toutous avait décidé de la réconforter par une séance de léchouille alors que ses efforts étaient concentrés sur comment se dépêtrer de la neige. 2 de ses chiens, emmêlés l’un sur l’autre, commençaient par ailleurs à se reprocher violemment cet état de fait. Heureusement Julien intervint vite pour arrêter la bagarre et aider Qing à se remettre sur pieds. Le reste de la balade sur la rivière fut beaucoup plus tranquille mais notre esprit lui, était très occupé. Allions nous abandonner ce soir? Fallait-il continuer alors qu’on avait tant souffert aujourd’hui? On pensait alors que le boulot trankilou devant son ordi, c’était pas si mal finalement. Dans mon attelage, Jacks l’estropié montra vite des signes de fatigue (matérialisés par sa corde qui n’est pas systématiquement tendue) et il laissait des traces de sang dans la neige, ce qui me rappelait constamment mon erreur et me nouait l’estomac. Quant aux chiens de Qing ils regardaient désormais souvent derrière eux pour vérifier qu’elle avait toujours le contrôle et qu’ils n’allaient pas se faire botter l’arrière-train par un traîneau fou.

De retour au camp des loups, on passa la soirée à débriefer de notre calvaire et à lister toutes les techniques qui nous restaient à maîtriser. Gilles vint nous apporter le repas ainsi que quelques mots de réconfort : « la première journée est toujours la plus dure et ça ne peut aller qu’en s’améliorant ». Cet état de fait ne nous rassura pas des masses non plus vu le niveau duquel on partait… qui plus est le lendemain c’était le début de l’expédition de 4 jours et un abandon en cours de route ne serait alors plus envisageable…

Départ du camp


Le lendemain matin le stress était à son comble, avec la même suite d’actions et d’adrénaline jusqu’au départ à quelques différences prêts : il faut charger les traîneaux du nécessaire pour 4 jours d’expédition avec notamment les sacs de couchage grand froid et surtout la bouffe pour hommes et bêtes. Par ailleurs, mon pauvre Jacks, blessé à la patoune par ma faute, dû rester à la niche se reposer. Son poto Pépère fut lui aussi remplacé pour maintenir l’harmonie au sein de l’attelage (il est primordial de respecter les liens sociaux si l’on veut que tout se passe bien). A leur place je récupérai Keorn et Keffir, 2 frères malamutes mâles qui se ressemblent tellement que je ne sus jamais les distinguer.

A y’est, c’est parti pour quatre jours d’expéditions! Le départ fut violent mais nous avions tout de même retenu quelques leçons qui nous permirent d’éviter grand nombre de gamelles. J’utilisais notamment désormais régulièrement mon grappin en plus de mes freins pour calmer la hardiesse de mes limiers qui se montraient souvent un peu trop rapides et impatients.

Le temps était toujours au beau fixe et l’air de rien, le stress diminuait petit à petit. On commença à se permettre de ne pas être à 100% concentrés sur notre conduite et de contempler un peu le paysage magnifique qui nous entourait. Je sortis même pour la première fois ma caméra lors d’un long passage assez plat dans une tourbière.

Notre tranquillité fut à un moment interrompue par le passage délicat d’une petite crevasse creusée par un ruisseau, où nous devions emprunter un pont de glace. Julien passa le premier sans grabuge. Vint ensuite le tour de Qing qui s’élança à pleine vitesse comme commandée. A l’inverse de Julien cependant, le pont céda et son traîneau vint se planter violemment dans la neige ce qui ne manqua pas de la faire tomber. Celle-ci eu cependant le réflexe de s’accrocher de toute ses forces à la partie émergée des skis de son traîneau. Le temps que Julien arrive pour l’aider, elle avait tout de même mis un pied dans l’eau glacée, ce qui ne s’avéra pas très confortable pour le reste de la journée!

Nous arrivâmes en fin d’après-midi à notre premier camp, situé sur une île en plein milieu d’un lac gelé où nous fûmes heureux de découvrir un peu plus la vie de trappeur canadien telle qu’on l’imaginait. Après s’être occupé de l’installation des chiens nous allâmes chercher de l’eau au lac. Rien de plus simple sachant que celui-ci était recouvert d’une couche de 2m de glace! Heureusement Julien était équipé en conséquence. Après avoir dégagé la neige à coups de hache, celui-ci entreprit de percer la glace via une sorte d’énorme visse surmontée d’une manivelle. Après quelques minutes d’effort, l’eau jaillit du trou telle une fontaine, du fait de la pression exercée par la banquise.

S’en suivi une petite balade en raquette en duo avec Julien (les femmes avaient décidé de rester au chaud dans la cabane) où nous discutâmes politique, finance et permaculture. Je fus impressionné par la singularité de cet homme qui, nourrit d’une énergie débordante et d’une grande curiosité, ne limitait pas ses intérêts à son univers de coureur des bois. Bien au contraire, j’avais souvent l’impression que ces sujets l’ennuyaient car il passait rapidement à d’autres thèmes de conversation. Après réflexion, je me dis que je serais également las de répéter chaque semaine les mêmes choses à des citadins qui ne connaissent rien à la vie sauvage! Nous apprîmes plus tard qu’il était, en plus d’être guide, écrivain…

De retour au camp, on décida, moi et Q de tester le sauna avec pour objectif de clôturer l’expérience par un bain de neige… Une chose que je n’avais pas prévue en plongeant dans la poudreuse c’est que ce n’était pas de la poudreuse, mais plutôt de la glace, ce qui ne manqua pas de me meurtrir les genoux. J’étais cependant content de moi car j’avais résisté quelques secondes de plus que Q dans ce froid de canard 🙂

Après un dîner copieux nous nous endormîmes on ne peut plus rapidement…

Deuxième jour de raid


Le lendemain un élément que l’on n’avait pas vraiment rencontré jusqu’à présent s’invita dans notre expédition : le froid. Les autres en avaient déjà fait l’expérience pendant la nuit (-30 degrés paraît-il) sur le court chemin qui allait au petit coin mais j’avais réussi à ne pas avoir besoin d’y aller. Le soleil déjà haut dans le ciel, le thermomètre indiquait toujours -22 degrés. Les rafales de vent qui faisaient bouger la cabane nous indiquaient par ailleurs que ce n’était pas le bon moment pour une promenade de santé. On attendit un petit peu mais décidâmes finalement d’y aller malgré les conditions un peu rudes. Les moufles, jusqu’à présent plutôt optionnelles (on portait jusqu’à présent des  gants légers), étaient devenues une nécessité et ce fut une réelle difficulté supplémentaire que d’essayer de détacher/attacher les chiens avec.

Une fois parti, en trombe comme d’habitude (mais avec une appréhension moindre), je m’aperçu que Qing ne nous avait pas suivi. Celle-ci avait une fois de plus eu tout le mal du monde à retirer l’ancre solidement plantée dans le sol… Il convient d’ajouter que, du fait des difficultés des 2 jours précédents, Qing était courbaturée à un niveau tel qu’elle n’arrivait pas à lever le bras (NB : on comprendra donc mieux sa démarche de canard dans certains passages de la vidéo…).

L’épreuve en ce début de journée consista à résister au froid, dont l’effet était décuplé par le vent que l’on prenait en pleine face (étant donné qu’on évoluait essentiellement sur des lacs). Ainsi par exemple, avec une température de l’air à -20°C, et un vent de 35km/h (moyenne observée au canada au mois de mars selon windfinder.com) la température équivalente ressentie est de -43°C… Tout ça pour dire qu’on se situait très probablement à ces moments là dans la fourchette de températures correspondant à la définition de « Froid intense. Danger grand : gelures probables lors d’exposition prolongée. » (Lien vers source). Heureusement on avait pris le soin de se couvrir de la tête aux pieds par de multiples couches et notre chaudière interne était constamment alimentée par les efforts fournis sur le traîneau. Heureusement aussi, on arriva vite dans la forêt est ce fut comme si la température avait récupéré 20 °C d’un coup.

Le reste de la journée se passa sans grabuge notable, mise à part pour Dominique qui avait toujours quelques difficultés à asseoir son autorité envers sa meute. Une des probables raisons exprimées par Julien était qu’elle n’arrivait pas à changer de ton entre ses quelques encouragements et ses nombreux reproches, ce qui perturbait grandement ses chiens. Moka, un de ses deux chiens de tête, lui donnait spécialement du fil à retordre. Fatigué d’entendre trop souvent Dominique crier après l’animal, Julien décida de le changer d’attelage. Plus précisément, il me refila la bestiole en échange de Sky. Julien m’expliqua plus tard : « des fois, le feeling passe pas entre chien et homme, tout comme entre hommes. Dans ces cas là faut pas chercher à comprendre ». Moka était en effet un peu plus dissipé que le reste de ma bande (il ne perdait pas une occasion pour se rouler dans la neige) mais Akouf le remettait généralement dans le droit chemin (parfois en montrant les crocs) et finalement l’efficacité de ma meute n’était pas amoindrie.

Etant placée devant moi je voyais régulièrement  Dominique paniquer à l’approche d’une pente un peu raide. Elle répétait alors ce même mot, que ses toutous n’avaient très probablement jamais appris, avec une intensité croissante « doucement!, DoUcEment! DOUCEMENNNNNNNNNNT » puis ce dernier cri s’atténuait d’un coup comme celui de quelqu’un qui saute dans le vide.  Je savais alors qu’il fallait que je laisse passer un peu de temps avant d’attaquer à mon tour la descente car si Dominique s’était plantée sur le chemin ou même en bas de la pente, il fallait que je puisse m’arrêter avant de lui rentrer dedans. J’eus une fois affaire à cette situation et je dus mettre toute mes forces à la fois sur le frein et sur le grappin pour éviter la collision.

Arrivés à notre second camp, qui se révéla être la cabane la plus spacieuse du séjour, nous procédâmes à notre routine de travaux du soir (à noter que Julien effectuait quatre vingt pour cent des tâches): décharger les traîneaux, nettoyer les emplacements des chiens, leur donner à boire et à manger, aller chercher de l’eau au lac, ramener du bois dans la cabane, sortir les sacs de couchage etc.

Nous eûmes cependant le temps moi et Qing d’aller faire une petite promenade en raquette. Évoluer dans cette forêt où régnait un calme absolu avait quelque chose de magique. Seul le bruit de nos raquettes venait perturber le silence et le temps semblait être arrêté. Nous ne suivions pas de chemin et la nuit tombait, nous étions donc prudent. Julien nous avait notamment prévenu qu’il ne fallait pas marcher sur certains endroits de la rivière, où la glace pouvait se révéler être fragile. Après une petite demi-heure, il nous rejoignit, avec la démarche assurée du trappeur qui avait marché en raquette toute sa vie. Tout l’opposé de Qing qui avait, du fait de ses courbatures, une démarche de canard boiteux.

On arriva jusqu’à une clairière qui était en fait des lacs gelés entretenus par des castors (on n’aurait pas pu deviner si on ne nous l’avait pas précisé!).

La soirée Julien nous demanda si on souhaitait continuer notre expédition jusqu’au 3ème camp ou retourner au premier. Le chemin qui allait au troisième s’avérait plus technique que ce qu’on avait vu jusqu’à présent et vu qu’on n’était pas encore des as du traîneau, il nous posait légitimement la question. Ce  dernier campement était aussi selon lui le plus rustique. Si ma nature de perpétuel optimiste et curieux me faisait pencher pour le troisième camp, Qing était partagée et Dominique était clairement plus pour retourner au premier, ce qui du coup, n’aida pas du tout Julien… Malgré l’indécision générale, il finit par trancher: nous irions jusqu’au troisième!

Troisième jour de raid


Le lendemain matin, après le copieux petit déjeuner à base de pancakes et sirop d’érable, on s’apprêta au départ comme d’habitude. Il faisait toujours très froid et le port des moufles était de rigueur. Une fois les traîneaux disposés, Julien nous donna le top départ pour aller chercher nos chiens. S’enclencha alors le chrono habituel, où telle une course il fallait aller le plus vite possible car les molosses étaient déjà survoltés. Pour une raison que je ne m’explique pas, je fus assez lent et Julien me pressa comme d’accoutumé car j’allais « être en retard ». A peine les bestiaux attelés que Julien nous fit signe de détacher les chiens de derrière. Seulement voilà, j’éprouvai toutes les difficultés du monde à détacher l’attache avec mes moufles alors que les secondes étaient comptées… Je me débarrassai en vitesse de ma moufle droite puis détachai rapidement les bestiaux. Du moins je croyais, car je réalisai vite mon erreur, d’une extrême gravité : au lieu de détacher les chiens de mon traîneau j’avais simplement détaché la corde qui reliait les chiens de tête entre eux. A ce moment là un vent de panique s’empara de moi car je savais que si mon attelage partait, la pauvre bête qui était restée attachée à mon traîneau allait se faire étranglée (imaginer 4 molosses qui tirent une corde reliée à votre coup et que votre corps lui, ne peut pas bouger…) Je criai de toutes mes forces pour dire à Julien et Qing (situés devant moi) de ne pas partir pour de pas inciter mes chiens à faire de même mais ils ne m’entendirent pas sous le vacarme des aboiements. Il était déjà trop tard… ils étaient déjà lancés. Heureusement un miracle se produisit alors. Mon ancre, qui le premier jour n’avait pas résisté une seconde, restait sereinement plantée dans le sol. Après une manipulation de quelques secondes qui me parurent une éternité, j’étais lancé sur les traces de Q et Julien, tremblant et heureux d’avoir esquivé l’horreur.

Arrivé à hauteur de Qing et Julien, j’expliquais ce qui venait de se passer et vit le visage du guide pâlir (il avait faillit perdre un chien cette saison à cause du même type d’accident). Je n’eu pas le temps de lui dire que tout s’était finalement bien passé qu’il était déjà en train de courir à la rencontre de Dominique qui était resté bloquée au départ. Heureusement elle n’arrivait juste pas à déterrer la fameuse ancre!! Ainsi au final il y eu plus de peur que de mal!

Le reste de la journée ne fut pas aussi difficile qu’annoncé par ce faux départ. Le chemin était en effet assez technique mais il n’y avait pas trop de descentes de la mort comme le craignait Dominique. La difficulté résidait essentiellement au franchissement/contournement des nombreux obstacles de la forêt, ainsi qu’à quelques côtes un peu abruptes à grimper. Généralement, tout est question de vitesse, équilibre et maîtrise de la force centrifuge. D’autres passages délicats consistaient à faire comprendre à son quadruplet de coquins qu’il valait mieux, dans un virage serré, bien suivre le chemin plutôt que de couper à travers les bois. Ainsi parfois il était important dans un virage d’attendre que les chiens de derrières identifient bien là où ils devaient passer car ces derniers avaient souvent le mauvais réflexe de couper au plus court sans se soucier de savoir si le traîneau qu’ils tiraient pouvait également suivre…

On arriva en fin d’après-midi au dernier camp qui n’était pas une cabane mais une tente, située sur une petite île au milieu d’un lac.

Ici pas de toilette, il convenait d’aller dans la forêt pour faire ses besoins. Après notre routine habituelle de soirée je demandais à Julien si je ne pouvais pas aller couper un arbre pour faire du bois (je l’avais vu faire plein de fois lors de nos piques niques du midi) et celui-ci se proposa de m’accompagner. On ramena ainsi 3 arbres que l’on débita en buches. La nuit tombée, nous observions le ciel avec attention car l’application de Qing disait que c’était la soirée de la semaine avec le plus de chance de voir des aurores boréales. Malheureusement, les nuages, de plus en plus épais, éliminèrent vite toutes nos chances de voir le phénomène.

Dernier jour ...


La nuit ne fut pas très confortable pour une seule et bonne raison : le poêle chauffait énormément et la petite tente n’arrivait pas à évacuer la chaleur. Ne tenant plus, je sortis une paire de fois pour me refroidir et on garda longtemps la porte ouverte, alors qu’il faisait -20 dehors…

Au petit matin, nous fûmes réveillés par le chant de la meute, qui ressemblait étrangement à celui des loups. C’est la première fois que je les entendais se coordonner de la sorte et en fus touché. Nous amorcions notre dernière journée d’expédition et déjà je commençais à m’attrister de finir l’aventure. Je m’ébrouais : il fallait profiter à fond de cette dernière journée et ne pas penser au lendemain!

Je sortis pour aller au petit coin et fus surpris par le temps : il neigeait à gros flocons ce qui tout de suite me plongea directement dans une ambiance encore jamais vue, presque féérique. Après le copieux petit déj habituel, je m’imposais la corvée de ramassage de crottes. Julien avait plus nourri les molosses que d’habitude (car il les trouvait un peu maigrichons) ce qui augmentait proportionnellement la quantité d’excréments produite. Je dus ramasser ainsi en moyenne 3 gros cacas par chien (x 17 toutous = 3 seaux remplis à ras bord). Heureusement par ces températures, les étrons, gelés comme des esquimaux au chocolat, ne sentent quasiment rien.

Le départ se passa cette fois-ci sans accroche.  L’objectif de la journée était de retrouver le camp de base en passant par « la route des crêtes ». Celle-ci s’avéra beaucoup plus tranquille que le jour précédent mais c’était sympa de changer de paysage. En effet, on prenait de la hauteur et beaucoup d’endroits présentaient une vue dégagée.

Le départ se passa cette fois-ci sans accroche.  L’objectif de la journée était de retrouver le camp de base en passant par « la route des crêtes ». Celle-ci s’avéra beaucoup plus tranquille que le jour précédent mais c’était sympa de changer de paysage. En effet, on prenait de la hauteur et beaucoup d’endroits présentaient une vue dégagée.

A un moment je vis Julien crier « ORIGNAL DROIT DEVANT! » puis foncer à toute allure. En effet il avait aperçu deux orignaux, chose apparemment rarissime et nous encourageait donc à partir à leur poursuite pour avoir une chance de les voir. Malheureusement, les chiens de Dominique, qui étaient placés juste devant moi et Q, n’avaient pas envie de faire de même et nous restâmes donc à un rythme relativement lent. Nous avions donc presque vu des Orignaux sauvages, est-ce que cela compte pour quelque chose?

Il était toujours tôt dans l’après-midi mais déjà je reconnaissais la rivière du 1er jour : on s’approchait du camp de base et du chenil. Ça tombait pas mal car Qing avait percuté un arbre assez violemment ce qui avait abîmé son pare-choc et la déséquilibrait constamment (la pauvre devait perpétuellement mettre son poids sur la droite). Avant même de voir le chenil, on l’entendit : tous les chiens qui étaient restés au camp nous accueillaient par de chaleureux aboiements!

Dès que nous fûmes arrivés, nous dûmes raccompagner chacun de nos braves toutous à leur niche respective. Un vrai crève cœur! Qing versa une petite larme et moi je me retenais de ne pas en faire autant. L’aventure avait été courte (5 jours seulement) mais elle avait été d’une richesse intense et splendide.

Conclusions


Au moment où je vous écris (plus ou moins 1 mois après), il n’y a pas eu un seul jour sans que je ne repense à cette expérience formidable. Je repense à nos chiens bien sûr, mais aussi aux petits détails qui nous ont plongé dans un autre univers : les forêts de pins et d’épinettes, les barrages de castor, le pain croustillant cuit à la chaleur du feu du poêle, la sensation de la neige que l’on frotte entre ses mains pour se les laver, le crépitement du feu du pique-nique dans les bois, la fatigue du soir quand on se glisse dans le sac de couchage, le bruit de nos pas dans la neige, le chant des loups…

Aussi en seulement cinq petits jours, nous fûmes surpris de la rapidité avec laquelle nous avons développé des sentiments envers nos chiens. Chacun sa personnalité, ses qualités, ses défauts, son charisme auprès des autres. Sur mon attelage :

  • Akouf dit « le courageux » : le seul toutou que j’eus dans mon équipe du début jusqu’à la fin. Il n’en démord jamais et il est toujours le premier à vouloir repartir. Un vrai chien de tête! Il a aussi un sacré coup d’épaule qui lui a permis de rompre son attache (je dus alors en bricoler une  de fortune le temps de rejoindre Julien).

  • Sky dit « le larmoyant pelé » : ce brave chienchien avait en effet un pelage des plus singuliers : tout blanc sans poil long de telle sorte qu’on avait l’impression qu’il avait été tondu comme un mouton. Julien confessa qu’il n’avait jamais vu de chien « aussi moche », point sur lequel je n’étais pas d’accord (je trouvais qu’il avait une beauté singulière). Sky avait pour habitude de s’adonner à de longues séances de plaintes et jérémiades la nuit ou le matin (il était le seul à faire ça). A la différence de beaucoup d’autres, il avait un passé probablement difficile car ce dernier avait été recueilli par Gilles il y a peu de temps et avait avant appartenu à des familles. Il était en manque constant de câlin. On avait aussi l’impression qu’il se retenait de faire ses besoins, probablement par peur de réprimandes (il est difficile de désapprendre quelque chose à un chien).

Keorn et Keffir « les forts »: Les 2 frères malamutes mâles étaient les locomotives de mon attelage. Infatigables, on avait l’impression que rien ne pouvait les arrêter. C’était surtout grâce à eux je pense, que même dans les côtes les plus raides, je n’avais qu’un effort minime à fournir là où les autres mushers devaient pousser leur traîneau! Ça avait aussi son inconvénient quand il fallait les arrêter… Ils étaient par ailleurs peu bruyants et affichaient souvent leur indépendance, un caractère typique de leur race (« Même s’il présente des caractéristiques similaires avec le husky sibérien, le malamute est plus trapu, plus puissant, plus têtu et plus dominant. Le husky sibérien est plus fin, plus rapide tandis que le Malamute est plus endurant et saura tirer de plus lourdes charges sur des distances plus longues. » source: wamiz.com)

Moka « le fou » : Moka était un peu le foufou de la bande (on sentait qu’il était plus jeune que les autres) et devait être rappelé à l’ordre à la moindre distraction (pipi des copains/copines, animaux sauvages etc.).

Et n’oublions pas:

  • Jacks ‘l’estropié » : nul besoin de le redire, ce brave Jacks (qui veut dire copain en Québécois) fut durement touché dans la bagarre du premier jour et je m’en veux encore aujourd’hui.
  • Pépère » le brave » : compagnon de traîneau de Jack, je n’eu pas le temps de développer beaucoup de liens avec lui mais je suis sûr que c’est un brave et fidèle toutou!

Ajout par « Q » sur son attelage « 5 étoiles »: une équipe de choc, avec laquelle Julien n’a jamais eu de souci:

  • Les soeurs Karma et Corail: mes chiennes de tête. Karma est la vive et Corail la câline. A chaque fois que je venais les chercher au chenil, Karma se tenait toujours toute droite et remuait de la queue, comme si elle me disait « je suis toute prête, ramène moi maintenant! » je l’attachais en effet le plus souvent en premier afin de ne pas casser ce dynamisme. Corail en revanche était totalement différente. Au départ du chenil, elle était toujours couchée et dès que j’approchais, elle roulait sur le dos, non  pas parce qu’elle ne voulait pas partir, mais parce qu’elle adorait des câlins au point où j’avais même du mal à lui mettre son harnet! Mes deux leaders étaient supra intelligentes. Mais comme l’expédition tombait pendant leur période de « chaleur », elles pouvaient s’arrêter à tout moment en chemin pour une simple odeur de mâle. Heureusement que j’avais aussi Cosmos et Sikar.

  • Cosmos est « le moteur », un malamute jeune et bien dynamique, toujours celui qui relance le troupeau. Si cet entrain ne m’arrangea pas vraiment au début, surtout à la fin des pauses,  il s’avéra être un avantage énorme tout au long de l’expédition. Plusieurs fois, il boostait mêmes les 2 chiens de tête en donnant des petits coups de tête pour qu’elles avancent. J’appréciais beaucoup le geste.
  • Sikar est le « brave », et le plus costaud. Du coup il était aussi le plus lourd, et celui qui s’enfonçait le plus dans les passages de neige souple et profonde. A ces moments là, il ne tournait jamais la tête et avançait toujours avec une détermination touchante! Il était, plus qu’un chien, un vrai partenaire.