Introduction


Ça faisait longtemps qu’on en causait, que ça nous travaillait Qing et moi (Quentin) (entre autres choses…) : expédition chiens de traîneau en Laponie. Bon la Laponie c’était complet. Du coup plan B : direction Québec ! (pour le même prix). En plus on y a déjà fait un road trip en été et c’était juste génial. Ça sera surement le cas en hiver…

La vidéo de notre périple au fin fond du Québec :

Video de l'itinéraire en Chiens de Traineau

Le camp des loups


Après une petite journée/nuit à la ville de Québec où nous pûmes expérimenter les conditions climatiques qui allaient être globalement celles du séjour (froid + soleil) ainsi que la graille locale nous arrivâmes dimanche soir à Girardville près du lac Saint Jean. Le paysage qui défile pendant nos 5 heures de route est déjà une expérience : lacs gelés et forêts enneigées à perte de vue nous plongent directement dans une ambiance de roman de Jack London.

Arrivés à la nuit tombée au « camp des loups » nous fûmes émerveillés d’apprendre que nous allions dormir les 2 premières nuits dans des cabanes parmi des loups, de vrais loups. En effet si ça peut paraître logique vu le nom du camp, moi j’imaginais bêtement que c’était juste un nom. Imaginez donc une forêt, une nuit étoilée sans pollution lumineuse, une soixantaine de loups répartis en 3 meutes et 3 très grands enclos, nos 2 cabanes au milieu, puis soudainement ces fameuses bibittes (« bêtes en Québécois) qui se mettent à chanter à l’unisson : le pied total pour nous autres amoureux de la nature!

Nous vécûmes cette nuit là notre première expérience de l’hiver Canadien telle qu’on en rêvait. Même se déplacer la nuit jusqu’à la cabane toilette par -20 degrés fut un réel plaisir!

Le lendemain matin, on assista au repas des loups et à une séance câlin entre les bestioles et Gilles le boss du camp. Vous pouvez payer ici pour une expérience presque unique au monde, l’activité « contact avec les loups » où vous rentrez dans l’enclos d’une des meutes pour s’adonner à une séance de papouilles. Aucun risque, ces loups sont en fait « imprégnés » c’est à dire qu’ils ont été élevés et nourris par l’homme depuis qu’ils sont petits ce qui les rend dociles et affectueux comme de bons chienchiens à leurs mémères (à noter que seul un des enclos a ce type de loup).

On quitta le camp des loups pour rejoindre la base de préparation des expéditions, jointe à la maison de Gilles et au chenil. Les chiens sentaient probablement l’odeur du départ qui s’approche car ils braillaient un max et semblaient gonflés à bloc. Bon… on n’était pas encore sur le traîneau, ni même dans le chenil, mais la pression commençait à monter, tranquillement…

Après la distribution de bottes et moufles grand froid, notre guide d’expédition, dénommé Julien, commença à briefer notre petit groupe (Qing, moi et Dominique (une Belge)) sur un tas de détails techniques et nous annonça la couleur : « Je vais être obligé de vous parler maintenant de tout ce qu’il y a à savoir car dès que vous serez sur le traîneau il n’y aura pas de temps d’apprentissage, vous serez en autonomie et devrez gérer vous mêmes votre attelage. En kayak par exemple, on peut y aller molo et apprendre petit à petit sur le tas. En traîneau ce n’est pas possible ». Nous l’avons compris bien assez tôt : les chiens n’attendent pas, pas d’hésitation possible, pas de réglage de dernière minute autorisé… Imaginez que vous ne savez pas skier et qu’on vous balance direct sur une piste rouge avec uniquement quelques paroles et conseils théoriques en guise de bagage… et bien c’est exactement ce qu’on peut ressentir la première fois qu’on se retrouve aux commandes d’un traîneau.

Un état de fait nous apparu soudain comme une révélation : « hey! c’est compliqué en fait ». Aucune personne dans notre entourage n’ayant vécu l’expérience nous n’étions pas prévenus… à dire vrai il y avait bien le retour d’une collègue qui m’avait dit que son fils avait trouvé ça flippant mais je n’y avais pas prêté attention. Nous étions donc jusqu’avant ce briefing sans aucun à priori et dans une confortable naïveté (que peut-il y avoir de difficile à se faire traîner par de gentils chienchiens??).

Julien nous distribua également le nom des 4 limiers qui composèrent notre attelage. Il était alors très important de retenir leur nom car ordres, réprimandes et encouragements doivent souvent être ciblés à un chien en particulier. L’attelage de Q était ainsi composé de Corail et Karma en chien de tête ainsi que de Cosmos & Sikar à l’arrière. J’avais en tête Sky & Akouf et à l’arrière Jacks & Pépère. Bon, Pépère n’est en fait pas un vrai nom car je dois avouer que je l’ai tout simplement oublié… Pour ma défense, l’avenir nous dira que je ne devais garder qu’une seule de ces braves bêtes tout du long de l’expédition : Akouf (dit « le courageux »). Je reviendrai sur les causes du turnover de chien plus tard. Après ce petit briefing, la pression passa un cran au dessus : on avait plein d’info en tête et avions légitimement peur d’en zapper une importante…

La préparation des traîneaux consista à l’installation de la toile pour les bagages (opération qui me parut aussi pénible que mettre une couette dans sa housse) ainsi qu’à l’attache de l’ancre (sorte de grappin à planter dans le sol, dans le but de fixer l’engin).

Quelques minutes plus tard, nous voila à tirer nos traîneaux dans le chenil où 70 chiens de traîneau survoltés,de toutes les races nordiques (Husky, Malamutes, Groenlandais, Samoyèdes etc.), aboyaient à gorge déployée : + 1 cran niveau pression…

Une fois les traîneaux correctement disposés, il convient à chacun d’aller récupérer ses animaux en commençant par les chiens de tête. C’est là que le sport commença. Il faut aller chercher chaque cerbère, le détacher de sa niche et le ramener au traîneau. Problèmes généralement rencontrés :

  1. La dite bestiole a envie de se mettre sur la gueule avec une autre bestiole du chenil
  2. Les autres bestioles du chenil ont envie d’en découdre avec la dite bestiole (par jalousie peut être?)
  3. La dite bestiole n’a pas envie d’aller au traîneau et préfère aller courtiser de la chienne en chaleur / agacer du mâle

A ces situations s’ajoute un élément à considérer : chaque molosse est une vraie boule de nerfs et de muscles capable de tracter 2 fois son poids (sachant qu’un Malamute mâle peut atteindre jusqu’à 50kg…)

Je rencontrais plutôt les situations 1 et 2 mais fus heureusement aidé de Julien qui vint faire la police. Qing était plutôt sur la situation 3. et se fit traîner dans la neige (littéralement) par une de ses chiennes désireuse d’aller chanter la pomme (« flirter » en Québécois). Tout ça avec en parallèle Julien qui nous pressa de nous magner le fion (plus on met de temps, plus les chiens s’impatientent, plus ça peut partir en cacahuète). Inutile de préciser qu’à partir de ce moment là, toutes les consignes claires et cohérentes qu’on nous avait précédemment énumérées ne sont plus que poussières dans la tempête émotionnelle que nous subissons.

A peine le dernier molosse attaché que Julien nous fit signe de détacher les animaux attachés à l’arrière de nos traîneaux respectifs (les chiens de tête de chaque traîneau sont en effet attachés au traîneau de devant). C’est une étape hyper importante car si on part sans les détacher ces pauvres toutous peuvent tout simplement se retrouver étranglés et y laisser leur vie…

A peine les bestiaux de derrière détachés que mon traîneau démarra à 50000km/s sans attendre mon « OK » censé autoriser le départ. Déjà bien éloignés du chenil j’entendis un guide venu nous assister dans notre préparation me crier « l’ANCRE! N’OUBLIE PAS L’ANCRE! ». En effet j’avais été tellement pris de court que j’avais zappé que j’avais initialement une ancre enterrée dans le sol censée bloquer mes chiens à l’arrêt… Ces derniers avaient réussi à faire décoller l’engin sans difficulté alors que le grappin était solidement planté dans la glace… Et voici donc ce fameux grappin qui se baladait à l’arrière de mon bolide au risque de se coincer dans une souche et provoquer l’accident. Ni une ni 2  j’arrivai à choper le problème pour venir le fixer là où il était censé se trouver (du moins je croyais). Après 30 secondes je réalisai que le traîneau de Qing me suivait de prêt, mais sans Qing dessus… Une fois arrêté, elle nous rejoignit en courant puis nous expliqua qu’elle avait dû utiliser ses 2 mains pour déterrer l’ancre et que bien entendu les chiens n’avaient pas attendu qu’elle soit confortablement installée avant de démarrer. Elle avait bien réussi à se faire traîner sur quelques mètres, tel le skieur qui tombant du tire-fesse s’obstine à ne pas lâcher prise…

Nous revoilà vite repartis dans l’action car les chiens sont encore chargés à bloc et ne supportent pas d’être à l’arrêt. Il s’en suivi de multiples déboires et gamelles dont je vous passerai l’énumération. Les passages les plus difficiles à négocier consistent aux virages dans les descentes qui, si vous n’êtes pas bien positionnés et avez de surcroît une mauvaise vitesse, vous envoient systématiquement dans le décor.

Arriva un moment où je fis une gaffe beaucoup plus sérieuse que les autres : une fois n’est pas coutume Q s’était sympathiquement vautrée lors d’une descente et ses chiens avaient décidé de continuer la route sans elle (rien d’inhabituel en cela). N’écoutant que mon courage je descendis de mon traîneau pour arrêter sa meute. Seulement voila, mon propre quadruplet de canailles décida également de se faire la malle pendant que j’étais occupé à sauver ma belle. Ils n’allèrent pas bien loin : juste assez pour se mettre sur la gueule avec les chiens de Dominique qui était placée devant moi. S’en suivi une bagarre entre les 2 attelages d’une rare violence où Julien dû intervenir en distribuant les taloches… A noter qu’il est d’autant plus difficile dans ces situations de séparer les querelleurs du fait que les attelages s’emmêlent. Bilan du combat, beaucoup des pauvres toutous avaient pris de sales coups par ma faute… Jacks notamment avais pris une sacré morsure à la patte (je voyais du sang sur la neige). Julien ne manqua pas de m’engueuler à juste titre, en précisant que j’étais le seul responsable de la catastrophe… Inutile de préciser qu’à ce moment là je me sentais mal… très mal.

Julien décida ensuite de s’arrêter un peu plus tôt pour la pause déjeuner car tout le monde avait l’air d’avoir besoin de souffler. Une fois les chiens installés et tranquillisés, nous procédâmes moi et Q à une séance câlin / réconfort avec nos bêtes qui avaient tant souffert de notre incompétence. On essayait de les rassurer et de se montrer positif, mais notre cœur battait toujours la chamade. On dit que les animaux sentent la peur. J’espérais qu’à ce moment là ce n’était pas le cas!

Julien lança sans transition des sujets de conversation sans lien avec notre aventure actuelle. Ceci, je supposais, dans le but de détourner notre attention de nos problèmes et de baisser un peu la pression de nos cocottes minutes respectives. Seulement voilà, après moultes gamelles et gaffes plus ou moins sérieuses notre esprit ne voulait pas zapper de chaîne et notre participation à la conversation n’étaient donc réalisées que grâce au mode automatique de notre cerveau. La partie consciente de notre matière grise elle, passait en revue le concentré d’action qu’on avait subi dans la matinée…

En quelques minutes Julien avait abattu un petit arbre mort (bien sec!), l’avait débité en bûches et avait coupé ces dernières en 2. Il agença 4 demi-bûches en lignes parallèles puis superposa les autres en couches successives, systématiquement perpendiculaires à la couche du dessous. Avec quelques brindilles et de l’écorce de bouleau, le feu prit en 2 secondes avec juste l’aide d’un petit briquet!! Il est impressionnant de voir à quel point l’air est sec (du fait des températures négatives je suppose). Pour se désaltérer, rien de plus simple, il suffisait de remplir de neige la bouilloire puis de la mettre sur le feu. Barbaque et pains à toaster furent ensuite déposés sur le grill pour nous offrir le plus sauvage des barbecues. Le cadre, en pleine forêt boréale canadienne, était idyllique. Seulement, nos têtes pleines d’inquiétude n’étaient pas du tout réceptives car on était déjà mentalement en train de préparer le départ.

Le rangement des ustensiles de cuisine et de la bouffe doit être fait le plus discrètement possible car les canidés, loin d’être idiots, sentent très vite le départ arriver. A peine la dernière fourchette réintégrée dans la boite que tous les molosses étaient debout à aboyer qu’on traînait un peu trop. Quelques secondes plus tard on était chacun sur nos traîneaux respectifs et Julien nous fit signe de détacher les chiens de derrière.

A y est c’était reparti à 500000km/s comme ce matin. Même mon attelage qui comportait maintenant un blessé restait vaillant. Bon on maîtrisait tout de même un peu plus. Notre équilibre notamment se faisait de plus en plus naturellement. Ceci n’empêchait pas les multiples gamelles. Voulant revenir au camp par la rivière gelée (plate et tranquille comme on aime!), Julien décida d’emprunter des chemins ouverts par des motoneiges. Le petit problème est qu’il fallait, pour arriver à la rivière, se taper quelques descentes à pas piquer des hannetons. J’arrivais à les négocier tant bien que mal mais Qing par contre n’avait pas encore compris comment utiliser les freins. Lors d’une descente un peu plus raide que les autres, son traîneau allant plus vite que les chiens percuta ceux de derrière puis alla se renverser dans la poudreuse. Qing enterrée dans la neige jusqu’au nombril commença alors à montrer des signes de fatigue nerveuse. Pour couronner le tout, un de ses toutous avait décidé de la réconforter par une séance de léchouille alors que ses efforts étaient concentrés sur comment se dépêtrer de la neige. 2 de ses chiens, emmêlés l’un sur l’autre, commençaient par ailleurs à se reprocher violemment cet état de fait. Heureusement Julien intervint vite pour arrêter la bagarre et aider Qing à se remettre sur pieds. Le reste de la balade sur la rivière fut beaucoup plus tranquille mais notre esprit lui, était très occupé. Allions nous abandonner ce soir? Fallait-il continuer alors qu’on avait tant souffert aujourd’hui? On pensait alors que le boulot trankilou devant son ordi, c’était pas si mal finalement. Dans mon attelage, Jacks l’estropié montra vite des signes de fatigue (matérialisés par sa corde qui n’est pas systématiquement tendue) et il laissait des traces de sang dans la neige, ce qui me rappelait constamment mon erreur et me nouait l’estomac. Quant aux chiens de Qing ils regardaient désormais souvent derrière eux pour vérifier qu’elle avait toujours le contrôle et qu’ils n’allaient pas se faire botter l’arrière-train par un traîneau fou.

De retour au camp des loups, on passa la soirée à débriefer de notre calvaire et à lister toutes les techniques qui nous restaient à maîtriser. Gilles vint nous apporter le repas ainsi que quelques mots de réconfort : « la première journée est toujours la plus dure et ça ne peut aller qu’en s’améliorant ». Cet état de fait ne nous rassura pas des masses non plus vu le niveau duquel on partait… qui plus est le lendemain c’était le début de l’expédition de 4 jours et un abandon en cours de route ne serait alors plus envisageable…

Départ du camp


Le lendemain matin le stress était à son comble, avec la même suite d’actions et d’adrénaline jusqu’au départ à quelques différences prêts : il faut charger les traîneaux du nécessaire pour 4 jours d’expédition avec notamment les sacs de couchage grand froid et surtout la bouffe pour hommes et bêtes. Par ailleurs, mon pauvre Jacks, blessé à la patoune par ma faute, dû rester à la niche se reposer. Son poto Pépère fut lui aussi remplacé pour maintenir l’harmonie au sein de l’attelage (il est primordial de respecter les liens sociaux si l’on veut que tout se passe bien). A leur place je récupérai Keorn et Keffir, 2 frères malamutes mâles qui se ressemblent tellement que je ne sus jamais les distinguer.

A y’est, c’est parti pour quatre jours d’expéditions! Le départ fut violent mais nous avions tout de même retenu quelques leçons qui nous permirent d’éviter grand nombre de gamelles. J’utilisais notamment désormais régulièrement mon grappin en plus de mes freins pour calmer la hardiesse de mes limiers qui se montraient souvent un peu trop rapides et impatients.

Le temps était toujours au beau fixe et l’air de rien, le stress diminuait petit à petit. On commença à se permettre de ne pas être à 100% concentrés sur notre conduite et de contempler un peu le paysage magnifique qui nous entourait. Je sortis même pour la première fois ma caméra lors d’un long passage assez plat dans une tourbière.

Notre tranquillité fut à un moment interrompue par le passage délicat d’une petite crevasse creusée par un ruisseau, où nous devions emprunter un pont de glace. Julien passa le premier sans grabuge. Vint ensuite le tour de Qing qui s’élança à pleine vitesse comme commandée. A l’inverse de Julien cependant, le pont céda et son traîneau vint se planter violemment dans la neige ce qui ne manqua pas de la faire tomber. Celle-ci eu cependant le réflexe de s’accrocher de toute ses forces à la partie émergée des skis de son traîneau. Le temps que Julien arrive pour l’aider, elle avait tout de même mis un pied dans l’eau glacée, ce qui ne s’avéra pas très confortable pour le reste de la journée!

Nous arrivâmes en fin d’après-midi à notre premier camp, situé sur une île en plein milieu d’un lac gelé où nous fûmes heureux de découvrir un peu plus la vie de trappeur canadien telle qu’on l’imaginait. Après s’être occupé de l’installation des chiens nous allâmes chercher de l’eau au lac. Rien de plus simple sachant que celui-ci était recouvert d’une couche de 2m de glace! Heureusement Julien était équipé en conséquence. Après avoir dégagé la neige à coups de hache, celui-ci entreprit de percer la glace via une sorte d’énorme visse surmontée d’une manivelle. Après quelques minutes d’effort, l’eau jaillit du trou telle une fontaine, du fait de la pression exercée par la banquise.

S’en suivi une petite balade en raquette en duo avec Julien (les femmes avaient décidé de rester au chaud dans la cabane) où nous discutâmes politique, finance et permaculture. Je fus impressionné par la singularité de cet homme qui, nourrit d’une énergie débordante et d’une grande curiosité, ne limitait pas ses intérêts à son univers de coureur des bois. Bien au contraire, j’avais souvent l’impression que ces sujets l’ennuyaient car il passait rapidement à d’autres thèmes de conversation. Après réflexion, je me dis que je serais également las de répéter chaque semaine les mêmes choses à des citadins qui ne connaissent rien à la vie sauvage! Nous apprîmes plus tard qu’il était, en plus d’être guide, écrivain…

De retour au camp, on décida, moi et Q de tester le sauna avec pour objectif de clôturer l’expérience par un bain de neige… Une chose que je n’avais pas prévue en plongeant dans la poudreuse c’est que ce n’était pas de la poudreuse, mais plutôt de la glace, ce qui ne manqua pas de me meurtrir les genoux. J’étais cependant content de moi car j’avais résisté quelques secondes de plus que Q dans ce froid de canard 🙂

Après un dîner copieux nous nous endormîmes on ne peut plus rapidement…

Deuxième jour de raid


Le lendemain un élément que l’on n’avait pas vraiment rencontré jusqu’à présent s’invita dans notre expédition : le froid. Les autres en avaient déjà fait l’expérience pendant la nuit (-30 degrés paraît-il) sur le court chemin qui allait au petit coin mais j’avais réussi à ne pas avoir besoin d’y aller. Le soleil déjà haut dans le ciel, le thermomètre indiquait toujours -22 degrés. Les rafales de vent qui faisaient bouger la cabane nous indiquaient par ailleurs que ce n’était pas le bon moment pour une promenade de santé. On attendit un petit peu mais décidâmes finalement d’y aller malgré les conditions un peu rudes. Les moufles, jusqu’à présent plutôt optionnelles (on portait jusqu’à présent des  gants légers), étaient devenues une nécessité et ce fut une réelle difficulté supplémentaire que d’essayer de détacher/attacher les chiens avec.

Une fois parti, en trombe comme d’habitude (mais avec une appréhension moindre), je m’aperçu que Qing ne nous avait pas suivi. Celle-ci avait une fois de plus eu tout le mal du monde à retirer l’ancre solidement plantée dans le sol… Il convient d’ajouter que, du fait des difficultés des 2 jours précédents, Qing était courbaturée à un niveau tel qu’elle n’arrivait pas à lever le bras (NB : on comprendra donc mieux sa démarche de canard dans certains passages de la vidéo…).

L’épreuve en ce début de journée consista à résister au froid, dont l’effet était décuplé par le vent que l’on prenait en pleine face (étant donné qu’on évoluait essentiellement sur des lacs). Ainsi par exemple, avec une température de l’air à -20°C, et un vent de 35km/h (moyenne observée au canada au mois de mars selon windfinder.com) la température équivalente ressentie est de -43°C… Tout ça pour dire qu’on se situait très probablement à ces moments là dans la fourchette de températures correspondant à la définition de « Froid intense. Danger grand : gelures probables lors d’exposition prolongée. » (Lien vers source). Heureusement on avait pris le soin de se couvrir de la tête aux pieds par de multiples couches et notre chaudière interne était constamment alimentée par les efforts fournis sur le traîneau. Heureusement aussi, on arriva vite dans la forêt est ce fut comme si la température avait récupéré 20 °C d’un coup.

Le reste de la journée se passa sans grabuge notable, mise à part pour Dominique qui avait toujours quelques difficultés à asseoir son autorité envers sa meute. Une des probables raisons exprimées par Julien était qu’elle n’arrivait pas à changer de ton entre ses quelques encouragements et ses nombreux reproches, ce qui perturbait grandement ses chiens. Moka, un de ses deux chiens de tête, lui donnait spécialement du fil à retordre. Fatigué d’entendre trop souvent Dominique crier après l’animal, Julien décida de le changer d’attelage. Plus précisément, il me refila la bestiole en échange de Sky. Julien m’expliqua plus tard : « des fois, le feeling passe pas entre chien et homme, tout comme entre hommes. Dans ces cas là faut pas chercher à comprendre ». Moka était en effet un peu plus dissipé que le reste de ma bande (il ne perdait pas une occasion pour se rouler dans la neige) mais Akouf le remettait généralement dans le droit chemin (parfois en montrant les crocs) et finalement l’efficacité de ma meute n’était pas amoindrie.

Etant placée devant moi je voyais régulièrement  Dominique paniquer à l’approche d’une pente un peu raide. Elle répétait alors ce même mot, que ses toutous n’avaient très probablement jamais appris, avec une intensité croissante « doucement!, DoUcEment! DOUCEMENNNNNNNNNNT » puis ce dernier cri s’atténuait d’un coup comme celui de quelqu’un qui saute dans le vide.  Je savais alors qu’il fallait que je laisse passer un peu de temps avant d’attaquer à mon tour la descente car si Dominique s’était plantée sur le chemin ou même en bas de la pente, il fallait que je puisse m’arrêter avant de lui rentrer dedans. J’eus une fois affaire à cette situation et je dus mettre toute mes forces à la fois sur le frein et sur le grappin pour éviter la collision.

Arrivés à notre second camp, qui se révéla être la cabane la plus spacieuse du séjour, nous procédâmes à notre routine de travaux du soir (à noter que Julien effectuait quatre vingt pour cent des tâches): décharger les traîneaux, nettoyer les emplacements des chiens, leur donner à boire et à manger, aller chercher de l’eau au lac, ramener du bois dans la cabane, sortir les sacs de couchage etc.

Nous eûmes cependant le temps moi et Qing d’aller faire une petite promenade en raquette. Évoluer dans cette forêt où régnait un calme absolu avait quelque chose de magique. Seul le bruit de nos raquettes venait perturber le silence et le temps semblait être arrêté. Nous ne suivions pas de chemin et la nuit tombait, nous étions donc prudent. Julien nous avait notamment prévenu qu’il ne fallait pas marcher sur certains endroits de la rivière, où la glace pouvait se révéler être fragile. Après une petite demi-heure, il nous rejoignit, avec la démarche assurée du trappeur qui avait marché en raquette toute sa vie. Tout l’opposé de Qing qui avait, du fait de ses courbatures, une démarche de canard boiteux.

On arriva jusqu’à une clairière qui était en fait des lacs gelés entretenus par des castors (on n’aurait pas pu deviner si on ne nous l’avait pas précisé!).

La soirée Julien nous demanda si on souhaitait continuer notre expédition jusqu’au 3ème camp ou retourner au premier. Le chemin qui allait au troisième s’avérait plus technique que ce qu’on avait vu jusqu’à présent et vu qu’on n’était pas encore des as du traîneau, il nous posait légitimement la question. Ce  dernier campement était aussi selon lui le plus rustique. Si ma nature de perpétuel optimiste et curieux me faisait pencher pour le troisième camp, Qing était partagée et Dominique était clairement plus pour retourner au premier, ce qui du coup, n’aida pas du tout Julien… Malgré l’indécision générale, il finit par trancher: nous irions jusqu’au troisième!

Troisième jour de raid


Le lendemain matin, après le copieux petit déjeuner à base de pancakes et sirop d’érable, on s’apprêta au départ comme d’habitude. Il faisait toujours très froid et le port des moufles était de rigueur. Une fois les traîneaux disposés, Julien nous donna le top départ pour aller chercher nos chiens. S’enclencha alors le chrono habituel, où telle une course il fallait aller le plus vite possible car les molosses étaient déjà survoltés. Pour une raison que je ne m’explique pas, je fus assez lent et Julien me pressa comme d’accoutumé car j’allais « être en retard ». A peine les bestiaux attelés que Julien nous fit signe de détacher les chiens de derrière. Seulement voilà, j’éprouvai toutes les difficultés du monde à détacher l’attache avec mes moufles alors que les secondes étaient comptées… Je me débarrassai en vitesse de ma moufle droite puis détachai rapidement les bestiaux. Du moins je croyais, car je réalisai vite mon erreur, d’une extrême gravité : au lieu de détacher les chiens de mon traîneau j’avais simplement détaché la corde qui reliait les chiens de tête entre eux. A ce moment là un vent de panique s’empara de moi car je savais que si mon attelage partait, la pauvre bête qui était restée attachée à mon traîneau allait se faire étranglée (imaginer 4 molosses qui tirent une corde reliée à votre coup et que votre corps lui, ne peut pas bouger…) Je criai de toutes mes forces pour dire à Julien et Qing (situés devant moi) de ne pas partir pour de pas inciter mes chiens à faire de même mais ils ne m’entendirent pas sous le vacarme des aboiements. Il était déjà trop tard… ils étaient déjà lancés. Heureusement un miracle se produisit alors. Mon ancre, qui le premier jour n’avait pas résisté une seconde, restait sereinement plantée dans le sol. Après une manipulation de quelques secondes qui me parurent une éternité, j’étais lancé sur les traces de Q et Julien, tremblant et heureux d’avoir esquivé l’horreur.

Arrivé à hauteur de Qing et Julien, j’expliquais ce qui venait de se passer et vit le visage du guide pâlir (il avait faillit perdre un chien cette saison à cause du même type d’accident). Je n’eu pas le temps de lui dire que tout s’était finalement bien passé qu’il était déjà en train de courir à la rencontre de Dominique qui était resté bloquée au départ. Heureusement elle n’arrivait juste pas à déterrer la fameuse ancre!! Ainsi au final il y eu plus de peur que de mal!

Le reste de la journée ne fut pas aussi difficile qu’annoncé par ce faux départ. Le chemin était en effet assez technique mais il n’y avait pas trop de descentes de la mort comme le craignait Dominique. La difficulté résidait essentiellement au franchissement/contournement des nombreux obstacles de la forêt, ainsi qu’à quelques côtes un peu abruptes à grimper. Généralement, tout est question de vitesse, équilibre et maîtrise de la force centrifuge. D’autres passages délicats consistaient à faire comprendre à son quadruplet de coquins qu’il valait mieux, dans un virage serré, bien suivre le chemin plutôt que de couper à travers les bois. Ainsi parfois il était important dans un virage d’attendre que les chiens de derrières identifient bien là où ils devaient passer car ces derniers avaient souvent le mauvais réflexe de couper au plus court sans se soucier de savoir si le traîneau qu’ils tiraient pouvait également suivre…

On arriva en fin d’après-midi au dernier camp qui n’était pas une cabane mais une tente, située sur une petite île au milieu d’un lac.

Ici pas de toilette, il convenait d’aller dans la forêt pour faire ses besoins. Après notre routine habituelle de soirée je demandais à Julien si je ne pouvais pas aller couper un arbre pour faire du bois (je l’avais vu faire plein de fois lors de nos piques niques du midi) et celui-ci se proposa de m’accompagner. On ramena ainsi 3 arbres que l’on débita en buches. La nuit tombée, nous observions le ciel avec attention car l’application de Qing disait que c’était la soirée de la semaine avec le plus de chance de voir des aurores boréales. Malheureusement, les nuages, de plus en plus épais, éliminèrent vite toutes nos chances de voir le phénomène.

Dernier jour ...


La nuit ne fut pas très confortable pour une seule et bonne raison : le poêle chauffait énormément et la petite tente n’arrivait pas à évacuer la chaleur. Ne tenant plus, je sortis une paire de fois pour me refroidir et on garda longtemps la porte ouverte, alors qu’il faisait -20 dehors…

Au petit matin, nous fûmes réveillés par le chant de la meute, qui ressemblait étrangement à celui des loups. C’est la première fois que je les entendais se coordonner de la sorte et en fus touché. Nous amorcions notre dernière journée d’expédition et déjà je commençais à m’attrister de finir l’aventure. Je m’ébrouais : il fallait profiter à fond de cette dernière journée et ne pas penser au lendemain!

Je sortis pour aller au petit coin et fus surpris par le temps : il neigeait à gros flocons ce qui tout de suite me plongea directement dans une ambiance encore jamais vue, presque féérique. Après le copieux petit déj habituel, je m’imposais la corvée de ramassage de crottes. Julien avait plus nourri les molosses que d’habitude (car il les trouvait un peu maigrichons) ce qui augmentait proportionnellement la quantité d’excréments produite. Je dus ramasser ainsi en moyenne 3 gros cacas par chien (x 17 toutous = 3 seaux remplis à ras bord). Heureusement par ces températures, les étrons, gelés comme des esquimaux au chocolat, ne sentent quasiment rien.

Le départ se passa cette fois-ci sans accroche.  L’objectif de la journée était de retrouver le camp de base en passant par « la route des crêtes ». Celle-ci s’avéra beaucoup plus tranquille que le jour précédent mais c’était sympa de changer de paysage. En effet, on prenait de la hauteur et beaucoup d’endroits présentaient une vue dégagée.

Le départ se passa cette fois-ci sans accroche.  L’objectif de la journée était de retrouver le camp de base en passant par « la route des crêtes ». Celle-ci s’avéra beaucoup plus tranquille que le jour précédent mais c’était sympa de changer de paysage. En effet, on prenait de la hauteur et beaucoup d’endroits présentaient une vue dégagée.

A un moment je vis Julien crier « ORIGNAL DROIT DEVANT! » puis foncer à toute allure. En effet il avait aperçu deux orignaux, chose apparemment rarissime et nous encourageait donc à partir à leur poursuite pour avoir une chance de les voir. Malheureusement, les chiens de Dominique, qui étaient placés juste devant moi et Q, n’avaient pas envie de faire de même et nous restâmes donc à un rythme relativement lent. Nous avions donc presque vu des Orignaux sauvages, est-ce que cela compte pour quelque chose?

Il était toujours tôt dans l’après-midi mais déjà je reconnaissais la rivière du 1er jour : on s’approchait du camp de base et du chenil. Ça tombait pas mal car Qing avait percuté un arbre assez violemment ce qui avait abîmé son pare-choc et la déséquilibrait constamment (la pauvre devait perpétuellement mettre son poids sur la droite). Avant même de voir le chenil, on l’entendit : tous les chiens qui étaient restés au camp nous accueillaient par de chaleureux aboiements!

Dès que nous fûmes arrivés, nous dûmes raccompagner chacun de nos braves toutous à leur niche respective. Un vrai crève cœur! Qing versa une petite larme et moi je me retenais de ne pas en faire autant. L’aventure avait été courte (5 jours seulement) mais elle avait été d’une richesse intense et splendide.

Conclusions


Au moment où je vous écris (plus ou moins 1 mois après), il n’y a pas eu un seul jour sans que je ne repense à cette expérience formidable. Je repense à nos chiens bien sûr, mais aussi aux petits détails qui nous ont plongé dans un autre univers : les forêts de pins et d’épinettes, les barrages de castor, le pain croustillant cuit à la chaleur du feu du poêle, la sensation de la neige que l’on frotte entre ses mains pour se les laver, le crépitement du feu du pique-nique dans les bois, la fatigue du soir quand on se glisse dans le sac de couchage, le bruit de nos pas dans la neige, le chant des loups…

Aussi en seulement cinq petits jours, nous fûmes surpris de la rapidité avec laquelle nous avons développé des sentiments envers nos chiens. Chacun sa personnalité, ses qualités, ses défauts, son charisme auprès des autres. Sur mon attelage :

  • Akouf dit « le courageux » : le seul toutou que j’eus dans mon équipe du début jusqu’à la fin. Il n’en démord jamais et il est toujours le premier à vouloir repartir. Un vrai chien de tête! Il a aussi un sacré coup d’épaule qui lui a permis de rompre son attache (je dus alors en bricoler une  de fortune le temps de rejoindre Julien).
  • Sky dit « le larmoyant pelé » : ce brave chienchien avait en effet un pelage des plus singuliers : tout blanc sans poil long de telle sorte qu’on avait l’impression qu’il avait été tondu comme un mouton. Julien confessa qu’il n’avait jamais vu de chien « aussi moche », point sur lequel je n’étais pas d’accord (je trouvais qu’il avait une beauté singulière). Sky avait pour habitude de s’adonner à de longues séances de plaintes et jérémiades la nuit ou le matin (il était le seul à faire ça). A la différence de beaucoup d’autres, il avait un passé probablement difficile car ce dernier avait été recueilli par Gilles il y a peu de temps et avait avant appartenu à des familles. Il était en manque constant de câlin. On avait aussi l’impression qu’il se retenait de faire ses besoins, probablement par peur de réprimandes (il est difficile de désapprendre quelque chose à un chien).

Keorn et Keffir « les forts »: Les 2 frères malamutes mâles étaient les locomotives de mon attelage. Infatigables, on avait l’impression que rien ne pouvait les arrêter. C’était surtout grâce à eux je pense, que même dans les côtes les plus raides, je n’avais qu’un effort minime à fournir là où les autres mushers devaient pousser leur traîneau! Ça avait aussi son inconvénient quand il fallait les arrêter… Ils étaient par ailleurs peu bruyants et affichaient souvent leur indépendance, un caractère typique de leur race (« Même s’il présente des caractéristiques similaires avec le husky sibérien, le malamute est plus trapu, plus puissant, plus têtu et plus dominant. Le husky sibérien est plus fin, plus rapide tandis que le Malamute est plus endurant et saura tirer de plus lourdes charges sur des distances plus longues. » source: wamiz.com)

Moka « le fou » : Moka était un peu le foufou de la bande (on sentait qu’il était plus jeune que les autres) et devait être rappelé à l’ordre à la moindre distraction (pipi des copains/copines, animaux sauvages etc.).

Et n’oublions pas:

  • Jacks ‘l’estropié » : nul besoin de le redire, ce brave Jacks (qui veut dire copain en Québécois) fut durement touché dans la bagarre du premier jour et je m’en veux encore aujourd’hui.
  • Pépère » le brave » : compagnon de traîneau de Jack, je n’eu pas le temps de développer beaucoup de liens avec lui mais je suis sûr que c’est un brave et fidèle toutou!

Ajout par « Q » sur son attelage « 5 étoiles »: une équipe de choc, avec laquelle Julien n’a jamais eu de souci:

  • Les soeurs Karma et Corail: mes chiennes de tête. Karma est la vive et Corail la câline. A chaque fois que je venais les chercher au chenil, Karma se tenait toujours toute droite et remuait de la queue, comme si elle me disait « je suis toute prête, ramène moi maintenant! » je l’attachais en effet le plus souvent en premier afin de ne pas casser ce dynamisme. Corail en revanche était totalement différente. Au départ du chenil, elle était toujours couchée et dès que j’approchais, elle roulait sur le dos, non  pas parce qu’elle ne voulait pas partir, mais parce qu’elle adorait des câlins au point où j’avais même du mal à lui mettre son harnet! Mes deux leaders étaient supra intelligentes. Mais comme l’expédition tombait pendant leur période de « chaleur », elles pouvaient s’arrêter à tout moment en chemin pour une simple odeur de mâle. Heureusement que j’avais aussi Cosmos et Sikar.
  • Cosmos est « le moteur », un malamute jeune et bien dynamique, toujours celui qui relance le troupeau. Si cet entrain ne m’arrangea pas vraiment au début, surtout à la fin des pauses,  il s’avéra être un avantage énorme tout au long de l’expédition. Plusieurs fois, il boostait mêmes les 2 chiens de tête en donnant des petits coups de tête pour qu’elles avancent. J’appréciais beaucoup le geste.
  • Sikar est le « brave », et le plus costaud. Du coup il était aussi le plus lourd, et celui qui s’enfonçait le plus dans les passages de neige souple et profonde. A ces moments là, il ne tournait jamais la tête et avançait toujours avec une détermination touchante! Il était, plus qu’un chien, un vrai partenaire.