Commençons par une évidence : l’eau est vitale en randonnée. On en consomme en général beaucoup, surtout en été, c’est d’ailleurs votre principal carburant. Toutefois l’eau a deux gros défauts : elle prend de la place et pèse lourd ! On peut donc envisager d’emporter le volume nécessaire à une journée dans son sac mais si vous partez pour un trek sans point d’eau « civilisé » il vous faudra vous ré-approvisionner.

Cet article traite donc de ce point : comment bien gérer son eau durant un trek ou une randonnée ?

Consommation en eau

Avant de commencer, je souhaitais faire un rapide préambule sur l’hydratation lors d’une randonnée. Bien que variable en fonction de la température, du terrain ou de vous, votre consommation sera bien supérieure qu’en temps normal. Par exemple lorsque j’ai parcouru le GR54, les températures étaient telles que, certaines journées, je buvais jusqu’à 7L. Impossible donc de tout prendre dans mon sac.

Ce qui est important d’avoir en tête, est qu’il ne faut surtout pas se limiter (hormis cas de force majeure) car en cas de déshydratation votre organisme ne fonctionnera plus correctement et vous allez très rapidement vous fatiguer voir potentiellement perdre conscience en cas de déshydratation avancée. Exit également tout ce qui va être soda ou boisson de ce type, ce n’est pas adapté à la pratique de la randonnée. Il existe des substituants qui permettent un apport rapide en glucide et minéraux comme l’ISOSTAR par exemple mais, personnellement, je ne suis pas fan de ces solutions…

N’attendez pas d’avoir soif pour boire. Hydratez vous au fur et à mesure par petites « portions » régulières. Si vous randonnez en famille, soyez vigilant aux enfants qui se déshydrateront plus vite.

On peut tenir 3 semaines sans manger mais seulement 3 jours sans boire ! En cas de gros problème l’eau doit être une priorité : économisez là ou cherchez un point de ravitaillement. Même en cas de très gros problème  NE BUVEZ JAMAIS d’eau de mer cela vous bloquerez les reins. De même éviter les eaux stagnantes non traitées si vous ne voulez pas attraper de dysenterie. La consommation de neige non fondue est à prohiber également, cela pourrait provoquer des « brûlures » dans la bouche et des diarrhées – si vous n’avez pas le choix faites fondre la neige dans une bouteille sous vos vêtements mais pas en contact direct avec votre peau.

Stock d'eau

Plusieurs cas se présentent à vous pour ce qui est du ravitaillement et de la quantité à emporter :

  • Sources d’eau potable abondantes : dans le cas d’une randonnée durant laquelle vous passerez par de nombreux points de ravitaillement (villages, refuges, fontaines,…) vous pouvez limiter la quantité d’eau à emporter dans le sac. Une bouteille d’1.5L peut suffir.
  • Sources d’eau non potable abondantes : dans le cas d’un trek longue durée, vous ne passerez peut être pas beaucoup de village mais il y a de fortes chances de croiser des rivières, des lacs ou même des sources. Toutefois cette eau est à considérer comme douteuse. Il faut alors avoir un stock d’eau « propre » (1.5L par exemple) et un autre stock en cours de nettoyage. Ainsi avec 2 bouteilles vous pouvez faire un roulement entre eau propre et eau en cours de nettoyage.
  • Peu de sources : certaines zones, même en France sont pauvres en sources d’eau. Prenons comme exemple le Vercors au sein duquel on ne trouve que quelques sources n’ayant pas toujours un gros débit. Il faut alors bien planifier sa gestion de l’eau et en emporter plus que d’habitude. Lors de ma Traversée du Vercors, nous avions chacun 4L d’eau en permanence avec nous et ce dans le but de pouvoir subvenir à nos besoins en eau le soir au bivouac. C’est lourd mais nous n’avions pas le choix. Encore une fois une bonne préparation vous permettra d’éviter de vous retrouver à court d’eau trop rapidement.

Pour ce qui est du contenant il y a aujourd’hui une multitude de solutions. J’aborderai ici les principales. L’avis que j’en donne est tout à fait personnel et je pense qu’il n’y a pas de solution miracle, à vous de définir ce qui vous convient le mieux :

  • La gourde métallique : la bonne vieille gourde métallique. Relativement solide elle a toutefois le défaut d’être assez lourde. Certaines donnent un goût à l’eau mais c’est moins vrai pour les gourdes récentes. Attention en environnement très froid le métal étant un bon conducteur de chaleur, l’eau y gèlera plus vite et vous risquez de vous coller les doigts dessus.
  • La gourde en plastique : les gourdes « Nalgène » ont la côte en ce moment. Leur large goulot est pratique, le plastique n’est pas sensé donner de goût à l’eau. Je trouve toutefois ces gourdes un peu lourdes et encombrante lorsqu’elles sont vides.
  • La poche à eau : ces poches en plastique alimentaire sont pratiques : peu lourdes et facilement pliables une fois vide, elles se glissent dans le sac la journée et vous permettent de boire grâce à un tube que l’on a toujours à portée de main. C’est très efficace pour s’hydrater en continue. Je vois deux défauts à cette solution : on suit mal ce qui nous reste en stock et ces poches ont une tendance à donner un goût à l’eau. Privilégiez les « bonnes marques » afin d’éviter ce dernier point. De plus préférez une poche avec une grande ouverture pour le remplissage cela vous facilitera la vie.
  • La bouteille d’eau en plastique : c’est ma solution préférée. La bonne vieille bouteille d’eau est solide, légère, elle ne donne pas de gout à l’eau et est facilement repliable et très économique. Que des qualités ! Je les prends en général d’1L ainsi je sais exactement ce qui me reste et le traitement de l’eau est plus facile (voir ci-dessous). Si vous ne voulez pas dépenser d’argent dans une des solutions ci-dessus, la bouteille sera parfaite.
  • Bonus : lors d’un bivouac on peut avoir besoin de « grandes » quantités d’eau. Il existe des sortes de sots pliables ou de grosses poches à eau pour se créer un bon stock. Cela peut être pratique. Toutefois le plus confortable reste de bivouaquer non loin d’une source d’eau.

Ré-approvisionnement et assainissement

Les bouteilles sont vides, il est temps de faire le plein. Mais il s’agit d’être prudent, en effet nos organismes sont habitués à une eau parfaitement propre, nous sommes donc particulièrement fragile à ce niveau. Il s’agit donc de bien choisir son eau et de la traiter si besoin.

Dans tous les cas et si cela est possible, privilégiez les sources d’eau potable. En montagne on croise des refuges, des villages ou de petites fontaines. A l’étranger l’eau du robinet n’est pas toujours potable pour nous, en cas de doute partez du principe qu’il faudra traiter l’eau ou acheter de l’eau en bouteille.

En plein milieu de la nature sauvage, les sources d’eau sont nombreuses : rivières, torrents, lacs, sources,… Voici quelques conseils pour bien choisir votre eau :

  • Prenez toujours de l’eau claire : les suspensions sont porteuses de pathogènes ou de polluants
  • Puisez de l’eau non stagnante : plus il y a de débit mieux cela est. Cela évite aux bactéries de se développer et l’eau est bien brassée.
  • Ne pas puisez de l’eau en aval d’un village ou d’une installation humaine ou d’une concentration de bétail : ces eaux sont en générales souillées car on y reverse quantité de déchets organiques ou non.
  • Vérifiez rapidement qu’il n’y a pas d’animal mort en amont : un animal mort dans la rivière va la souillée et peut être dangereux.

Avec ces quelques règles vous devriez puiser une eau de bonne qualité de base. Mais on ne peut pas prendre le risque d’avoir des problèmes gastriques ou d’attraper un parasite en randonnée, nous allons traiter l’eau. Pour cela il existe plusieurs techniques :

  • Faire bouillir : c’est la plus simple et la plus ancienne technique pour assainir l’eau. Faites bouillir pendant au moins 5min. Cette technique a toutefois plusieurs défauts : cela prend un peu de temps, il faut du matériel (popote, réchaud,…) et cela consomme du combustible. Pour ma part j’utilise cette technique au bivouac pour l’eau de cuisson.
  • Traitement chimique : Il existe aujourd’hui de nombreuses solutions de traitement chimique de l’eau en randonnée. La plus connue reste les pastilles Micropur. Il en existe différents types mais globalement ce sont des pastilles à base de chlore (ou de dérivés) ou d’argent qui vont tuer bactéries et amibes et permettre de garder l’eau propre dans le temps. L’action sur les virus est plus longue et moins efficace. C’est une solution sûre et efficace si l’eau de base est claire et que le produit ait bien le temps d’agir (1 à 2h). C’est ma solution privilégiée lors de long trek. J’ai toujours une bouteille d’eau en cours de traitement et une déjà propre. Hormis la durée de traitement nécessaire, l’autre défaut est que cela peut donner un petit goût chloré à l’eau mais cela n’a jamais été gênant pour ma part (surtout avec de l’eau froide).
  • Les filtres : on trouve sur le marché de nombreux filtres ou paille filtrante de traitement de l’eau. Ces solutions sont efficaces contre les bactéries et amibes mais moins contre les virus qui sont trop petits pour être filtrés. Les filtres se basent en général sur des cartouches de charbon actif (à la durée de vie limité) ou bien sur des maillages en fibre de verre par exemple. Ces objets sont très pratiques pour boire immédiatement un eau propre. On peut même les adapter aux poches à eau ou aux goulots de certaines bouteilles. C’est en général plus cher que des pastilles mais on peut traiter plus d’eau dans le temps.

En suède lors de notre trek le long de la Kungsleden, un gardien nous a indiqué que l’eau y était globalement potable partout dès lors qu’il y avait un fort débit ou bien qu’il y avait plus d’1m de fond. Les Samis n’emportent d’ailleurs pas de bouteilles avec eux et boivent directement à la rivière grâce à une petite tasse. Je pense que cela peut être appliqué à toutes les régions vraiment reculées, là où l’homme impose moins son empreinte.

Les expéditions en milieu polaire hivernal posent d’autres problématiques. Dans cet environnement l’eau est présente absolument partout mais sous forme de neige. Il faut donc la faire fondre avant toute consommation. Cela nécessite beaucoup de combustible, il faut donc prévoir cette consommation supplémentaire dans notre approvisionnement (comptez 15-20g de fuel pour faire chauffer 1L d’eau). Une fois cette eau fondue, continuez de la faire chauffer et stockez la dans des thermos autrement elle gèlera et vous n’aurez pas d’eau en journée.

Conclusions

Ces quelques conseils vous permettrons de mieux gérer votre eau et surtout de bien la traiter. Une fois ces techniques acquises, on peut facilement les appliquer ce qui nous donne une grande autonomie en trek car on peut trouver son eau n’importe où et ainsi partir toujours plus loin, toujours plus longtemps.