Laugavegur

Laugavegur - De Landmannalaugar à Þórsmörk

4jours

de trek

55km

parcourus

1100m

D+

4

gués

Le Laugavegur est certainement le trek le plus connu et le plus couru d’Islande. Ce dernier point m’a longtemps dissuader de le parcourir mais le Laugavegur est également le trek de bien des superlatifs en terme de paysages. Vous savez ce qu’on dit sur ceux qui changent pas d’avis… Cela aurait donc été dommage de ne pas aller découvrir ce chemin mythique lors de notre dernier voyage en Islande. 55km dans un décors incroyable à découvrir avec nous.

Le Laugavegur


L'itinéraire

S’étendant sur 55km dans le sud Islandais entre Landmannalaugar et Þórsmörk , le Laugavegur, « La route des sources chaudes », permet de découvrir certains des plus beaux paysages islandais. Ces derniers seront aussi variés que grandioses. Bien que le record soit de 4h39 le trek se parcourt général en 3 ou 4 jours. Les étapes sont les suivantes (direction Nord->Sud) :

  • Landmannalaugar – Hrafntinnusker : 12km pour 470m de D+
  • Hrafntinnusker – Álftavatn : 12km pour 490 de D-
  • Álftavatn – Emstrur : 15km pour 40m de D-
  • Emstrur – Þórsmörk : 15km pour 300m de D-

L’itinéraire de base peut être allongé de 22km jusqu’à Skogar en passant par le « Col des cinq cairns », le Fimmvörðuháls.

Il n’y a pas de difficultés techniques majeures en terme de terrain hormis les traversées de rivières (cf ci-dessous). Le chemin est très bien balisé mais il faut rester prudent en cas de brouillard car les marques vont vite à disparaître.

Download file: laugavegur.gpx

Sens de parcours

Le Laugavegur peut se réaliser du nord au sud ou l’inverse. En général la direction nord-sud est privilégiée pour diverses raisons :

  • le vent est généralement orienté N->S dans cette région, mieux vaut donc l’avoir dans le dos que dans les yeux surtout lorsqu’il soulève des nuages de sable.
  • Le sentier descend globalement dans la direction N->S
  • Comme il y a plus de monde qui le parcours dans cette direction vous croiserez un peu moins de monde.

Gros points forts si vous parcourez le trek dans la direction sud->nord, vous finirez en beauté au Landmannalaugar qui est certainement le plus beau paysage du trek et vous aurez droit à un bain dans les sources chaudes naturelles, ultime plaisir après 55km de marche !

Dans les faits la répartition que nous avons constaté était de 60/40 pour N->S contre S->N.

Difficultés

Météo

Le Laugavegur ne présente pas de difficulté en soit si ce n’est les quelques passages à gué comme nous l’abordons ci-dessous. La seule vraie difficulté est liée à la météo. L’Islande, par sa localisation géographique (proche du cercle polaire et en plein milieu de l’Atlantique), connait une météo très changeante et pouvant être violente. Ne vous y méprenez pas, un grand soleil peut être remplacé par une tempête en quelques minutes.

Renseignez vous au maximum auprès des refuges ou si vous avez du réseau pour savoir qu’elle est la météo à venir ou tout du moins la tendance. L’Islande a un excellent site météorologique fiable et bien fait : https://en.vedur.is/

Les deux principales menaces seront la pluie et le vent. Ce dernier peut être très puissant et soulevé des nuages de sable notamment dans la portion Alftavatn-Emstrur. Pensez à vous protéger les yeux ! Un peu de liquide physiologique peut être le bienvenue en cas d’irritation de l’oeil.

Pour la pluie et surtout si elle est combiné au vent, un poncho long semble être l’un des meilleurs moyens de se protéger. Les gore-tex et autres membranes imper-respirantes finissent bien souvent par laisser passer l’eau en cas d’averses soutenues (débit et durée). Protéger bien votre sac et son contenus également grâce à un sursac (attention au vent !) et à des sacs étanches à l’intérieur.

Le brouillard est également un vrai danger car il fera disparaître le balisage si il est épais. Vous trouverez sur la route une plaque commémorative d’un randonneur décédé à quelques centaines de mètres d’un refuge car il s’est perdu du fait d’une tempête occultant le balisage ! Le danger est réel ! Si vous êtes perdus rester où vous êtes et attendez une accalmie, ne cherchez pas à aller plus en avant c’est ainsi que l’on se met en danger.

Même si vous êtes en groupe, prévenez quelqu’un d’extérieur de votre parcours et des dates prévues. Il/elle pourra donner l’alerte si vous n’êtes pas de retour au bout de quelques jours.

Traversées de rivières

Il y a quatre traversées de rivières que vous devrez obligatoirement réaliser à gué, c’est à dire en traversant à pied les cours d’eau. En plus d’être un moment fort peu agréable étant donné que l’eau descend directement des glaciers et ne dépasse pas les 5°C, c’est un moment à aborder avec prudence car une chute pourrait être problématique voire dangereuse.

Voici quelques conseils afin de minimiser le risques :

  • Traverser là où les personnes traversent : si les groupes traversent ici c’est parce que c’est surement le meilleur passage, de plus il y aura plus de monde ce qui est un gage de sécurité en cas de pépin
  • Organiser bien la traversée : ranger ce qui doit être à l’abri de l’eau, préparer une petite serviette si besoin, planifier la trajectoire de votre traversée, détacher la ceinture ventrale et pectorale de votre sac à dos car en cas de chute il faut pouvoir s’en débarrasser rapidement.
  • Prévoyez des chaussures adaptées : beaucoup de personnes prévoient des sandales ou des crocs pour la traversée, cela permet de se prémunir de rochers coupants et améliorer l’adhérence (et peut servir le soir au bivouac). Pour ma part je l’ai fait pieds nus, ça passe mais il faut faire attention aux rochers glissants.
  • Lors de la traversée et d’autant plus en cas de fort courant, restez face au flux et déplacer vous de côté. Ne chercher pas à lutter contre le courant mais au contraire à l’utiliser pour vous aider. Les batons de marche sont très pratiques pour améliorer l’équilibre.
  • Une traversée à gué devient dangereuse lorsque le niveau d’eau dépasse le genou : si c’est le cas soyez extrêmement prudent et traverser en groupe si possible en vous tenant les uns aux autres.
  • De manière générale : ne tentez pas le diable et mieux vaut rebrousser chemin saint et sauf que de prendre des risques inconsidérés.

Pratique

Rejoindre le Laugavegur

Les points d’accès du trek sont les suivants :

  • Landmannalaugar : accessible en bus ou en 4×4 par la route Landmannaleið et la F208 – Attention quelques gués à traverser.
  • Þórsmörk : accessible en bus et en 4×4 par la F249 – Attention : beaucoup de gués à traverser et certains vraiment profonds !
  • Skogar : accessible en bus et par la route 1

Si vous êtes à pied, vous pouvez constater que l’accès en bus est facile aux extrémités du trek. Nous sommes passés par la compagnie Reykjavik Excursions. Le pass « Iceland On Your Own » permet une certaine flexibilité et diminue un peu le prix – Comptez 100€/personne A/R.

Vous retrouverez les infos à l’adresse suivante : https://www.re.is/golden-circle-tours/

Une autre compagnie que l’on a croisé plusieurs fois sur place : https://trex.is/scheduled-bus/

Refuge ou bivouac ?

Le Laugavegur offre la possibilité de le parcourir soit intégralement en refuge ou en tente soit un mix.

Les refuges sont un choix confortable mais très cher ! Compter 130€ la nuit pour deux sans le repas qui n’est pas proposé. Il faudra donc emmener votre nourriture même avec ce choix. Les refuges comportent toutefois une cuisine qui permet de ne pas emporter le matériel de popote. On peut également se ravitailler avec les basiques dans certains refuges ce qui peut être utile.

Vous trouverez de nombreuses informations complémentaires sur le site de la FI :

ATTENTION : il faut réserver les refuges à l’avance. Nous avons eu une chance folle de trouver de la place le jour même sans réservation mais c’est rare. Certaines personnes à qui nous avons parlé sur place avaient réservé plusieurs mois à l’avance et ont longtemps été sur liste d’attente…

Les emplacements de bivouac près des refuges sont payants (20€ la nuit environ) et assez variables en qualité :

  • Landmannalaugar : très pierreux et bruyant car bondé parfois. La tente commune est agréable.
  • Hrafntinnusker : très venteux potentiellement. Des murets de pierre protègent un peu.
  • Álftavatn : également venteux, on peut se servir des bâtiments pour se protéger du vent
  • Emstrur : agréable même si les emplacements sont denses
  • Þórsmörk : préférer Laugidalur qui est très agréable et offre de belles vues sur les glaciers

Vous pouvez également bivouaquer entre les refuges (sauf dans le parc du Landmannalaugar) mais le terrain très sablonneux ou rocailleux n’est pas toujours pratique.

Pour ce qui est de notre expérience, nous avions prévu de bivouaquer près des refuges mais la météo atroce que nous avons eu nous a incité à faire deux nuits en refuge.

Premier jour - Du Landmannalaugar à Hrafntinnusker


18 Août 2019, après deux jours passés au sein du Landmannalaugar à découvrir ce merveilleux site, nous débutons nos quatre jours de trek en direction de Þórsmörk.

Découvrez également le Landmannalaugar grâce à une randonnée à la journée

Le début du sentier se situe derrière le refuge de l’association de randonnée islandaise, la « Ferðafélag Íslands ». Nous commençons par traverser une ancienne coulée de lave qui présentent de jolies structures balsatiques. Il fait beau pour l’instant et nous croisons personne.

Nous rejoignons rapidement le fumerolle sur les hauteurs de Landmannalaugar. S’en suit une courte mais intense montée qui permet d’atteindre le sommet de la colline. Les paysages qui nous attendent se dévoilent toujours aussi riches en couleurs !

Les formations volcaniques créent d’étranges formes parfois. Nous en croisons une évoquant un squelette de dinosaure ou de dragon – ce qui colle très bien avec le décors et l’ambiance d’ailleurs.

Le chemin se poursuit en suivant la crête des collines. Le vent s’est levé depuis que nous avons dépassé le petit col. La température a bien diminué, nous sommes également un peu humide étant donné qu’il y a également de la brume. Ici, impossible de se protéger du vent car il n’y a pas d’arbre ou de buissons ; juste de la rocaille à perte de vue.

Heureusement, le chemin est bien balisé sinon on aurait vite fait de se perdre. Les températures continuent de chuter et le temps de virer au mauvais.

Nous arrivons à nous abriter tant bien que mal dans une tranchée le temps de manger un petit bout et de mettre des gros gants et de protéger le sac de la bruine.

Un peu plus loin nous croiserons de petits fumerolles juste à côté du chemin. C’est une chance de pouvoir voir ce genre de phénomène d’aussi près.

Rapidement nous arrivons sur un plateau qui se perd à l’infini dans le brouillard. Il fait de plus en plus bouché. Il n’y a quasiment plus de couleurs, nous voyons la vie en noir et blanc. Même si on a pas les vues que l’on souhaiterai, l’ambiance est géniale. On se sent bien au cœur de l’Islande sauvage. Nous croisons peu de personnes et c’est tant mieux car j’avais un peu peur de la foule.

Les quelques randonneurs que l’on aperçoit, ont plus l’air d’ombres que de personnes réelles.

Encore quelques névés à traverser et nous voilà en vue du refuge de Hrafntinnusker. Les 12km auront été rapide car nous n’avons pas chômé vu la météo.

Celle-ci semble d’ailleurs aller de pire en pire, ce qui est confirmé par la personne à l’accueil du refuge. La pluie arrive et va forcir dans la soirée, le vent lui se maintiendra fort. La journée de demain s’annonce horrible niveau météo.

Nous avions prévu de bivouaquer mais nous changeons d’avis. Tout d’abord l’espace de bivouac ne donne pas très envie, tout en rocaille et en plein dans le vent, de plus la météo n’incite pas à rester dehors. Nous ne sommes pas là pour réaliser une performance mais pour prendre plaisir à marcher. Coup de chance il reste 2 places ! On les prend même si les 130€ de note font un peu mal…

Nous sommes les premiers arrivés avec un charmant couple de canadiens retraités. Nous nous installons sur une couchette double avant de nous faire à manger pour se réchauffer. Le refuge est agréable et propre. Il y a deux grands dortoirs ainsi qu’une cuisine avec tout le matériel nécessaire.

L’après-midi sera dédié à l’observation de l’extérieur (notamment de petits oiseaux luttant contre le vent), à papoter avec les randonneurs qui arrivent au compte goutte et à se reposer.

L’heure du repas sera mouvementée étant donné que tout le monde cuisine quasiment en même temps mais au moins ça réchauffe l’atmosphère.

Nous dormirons bien cette nuit car, coup de chance, il n’y a pas de ronfleurs avec nous. Nous avons intérêt à bien nous reposer d’ailleurs car la journée de demain va être terrible…

Jour 2 - De Hrafntinnusker à Álftavatn


Cette journée restera dans nos mémoires comme l’une des pires que l’on a vécu en randonnée d’un point de vue météo… Il n’y aura pas de photo sur cette journée de marche car nous ne voulions pas endommager les appareils. De toute façon nous aurions eu des monochromes de blanc en guise de photo…

Le réveil est quasiment collectif vers 7h. Tout le monde guette la météo dehors car elle est censée s’arranger dans la matinée mais pour l’instant c’est pluie, brouillard et vent très puissant. Personne ne se presse. Nous faisons un petit déjeuner riche afin de stocker des calories.

9h… La météo n’a pas changé… Les groupes commencent à se préparer. Motivés par cette émulation, nous nous mettons en branle également. Derniers réglages dehors. Nous avons directement sorti la grosse artillerie pour nous protéger de la pluie (poncho, pantalon de pluie pour Hélène, …).

On attaque ! Le vent nous arrive par l’arrière gauche (grand largue !) il est si fort qu’il nous gène pour marcher. Parfois les rafales (dans les 100kmh surement) nous déportent de quelques pas… Le tout est accompagné d’une pluie quasiment horizontale qui ne nous mouille que la gauche mais qui fouette le visage. Des paysages, nous n’entrevoyons que la forme générale. Le sentier suit une succession de petites collines.

Malgré ces conditions particulièrement dures, nous vivons un beau moment car nous faisons contre mauvaise fortune bon cœur et nous rions de tout cela ! Nous cherchons dans notre complicité l’énergie pour avancer et cela marche ! Heureusement pour nous, nous avons un équipement adapté ; nous croisons certains groupes en baskets de toile et sans vraie protection contre la pluie, hormis le confort on peut vite friser le danger…

Les kilomètres passent dans des conditions toujours équivalentes. Arrivés à la fin de ce long plateau, nous amorçons la descente qui nous mène à la vraie difficulté de la journée : le premier gué !

Nous le rejoignons rapidement. Il n’est pas très large, tout au plus 8m mais le débit est fort et le niveau de l’eau arrive aux genoux ! L’idée de traverser une rivière dont l’eau est à 4°C n’est jamais réjouissante mais avec ce vent et la pluie je vous avoue qu’il faut chercher loin pour trouver la motivation. Le plus simple et c’est ce que l’on fait, est d’éteindre le cerveau et y aller. Je passerai le premier. Lorsque l’on rentre dans l’eau on a une sensation de froid mais ça va, c’est après 10/15s que la douleur arrive, vive et violente ! Lorsque l’on sort de l’eau elle passe en 30s mais sur le coup ce n’est vraiment pas agréable. Hélène me suit, pour elle la douleur est encore pire je crois mais elle surmonte la difficulté et arrive de l’autre côté. S’en suit un petit moment d’apocalypse car nous devons nous rhabiller sous la pluie et dans le vent avec les ponchos dans le visage en essayant en vain de se sécher les pieds … Ce premier gué aura été épique pour nous vue les conditions et restera en mémoire.

Il ne nous reste quelques kilomètres jusqu’à Álftavatn où nous reprendrons la nuit en refuge car nous sommes quand même bien mouillés après une journée comme celle-ci et cela ne sert à rien de jouer « aux héros ». Le refuge se transformera d’ailleurs en étendoir géant car tout le monde arrive trempé (à différents niveaux). Nous passerons l’après midi à nous reposer, à nous réchauffer et surtout à discuter avec Adin et Amélie, un couple de français super sympa que nous reverrons ensuite à Paris.

La météo sera un peu plus clémente en fin de journée, le vent se maintiendra aussi fort mais il ne pleuvra plus. Cela permettra de mettre quelques affaires à sécher dehors au vent.

Quelle journée ! Dommage que nous n’ayons pu prendre de photos de la marche. A l’instar d’une autre journée comme celle-ci durant un précédent trek au Sarek, celle-ci restera dans notre mémoire comme le Mordor ! Nous dormirons bien ce soir en tous cas. La journée de demain s’annonce sous de meilleurs augures car le soleil doit faire son retour.

Le Laugavegur n’est pas difficile en soi mais la météo est vraiment le point dur. Soyez prévoyant et partez équipé !

Jour 3 - D'Álftavatn à Emstrur


Nous avons eu une bonne idée de choisir la nuit en refuge. Nous nous réveillons reposés et prêts pour une nouvelle journée. Cerise sur le gâteau il fait beau ce matin !

La préparation se fait donc dans une ambiance sereine et détendue. Nos affaires ont même eu le temps de sécher pour la plupart. Seules les chaussures sont encore humides.

On dit à bientôt à Amélie et Adin et on prend la route en direction d’Emstrur. Quel plaisir de pouvoir profiter de la beauté du Laugavegur et de ses paysages.

L’immense glacier de Mýrdalsjökull se dessine au loin. Cette masse de glace est déjà impressionnante mais ce n’est rien à coté du Vatnajökull …

Le sentier mène rapidement au premier gué de la journée. On approche l’obstacle avec beaucoup de légèreté qu’hier vu le soleil. La rivière a une physionomie bien différente : à l’inverse de celle de la veille, celle-ci est large et relativement moins profonde. La traversée est néanmoins douloureuse car l’eau est toujours aussi froide…

Nous continuons notre route dans un paysage qui s’ouvre de plus en plus. Le sol devient de plus en plus noir de cendre et de scories. Les paysages ont un autre profil, tout aussi beau.

Nous passons par le site de Hvanngil, un petit refuge qui offre des aires de bivouac plus agréable qu’Alftavatn. Le sentier attaque ensuite une immense plaine au paysage lunaire : juste du sable, du plat, quelques plantes luttant pour survivre et beaucoup d’espace. C’est un endroit magnifique.

Peu de temps avant Hvanngil, un deuxième gué nous attend. Celui-ci est particulièrement large mais ne nous pose pas de difficulté majeure. On commence à être habitué.

Bien que cette portion du Laugavegur soit belle, elle devient monotone sur la fin car c’est vraiment long… La sortie de la plaine se fait par une sorte de « porte » marquée par des collines rocheuses à l’ouest. Le sentier garde la même physionomie mais offre de très belles vues sur l’Eyjafjallajökull.

Le sentier n’est plus très long jusqu’à Emstrur mais les paysages toujours aussi beau. Il n’y a que des teintes de noirs et d’ocres, ponctuées de touches vertes parfois.

Emstrur se situe dans la colline et offre une belle vue sur le Mýrdalsjökull. Il y a quelques habitations en dures pour passer la nuit mais le site offre également des aires de bivouac plutôt agréable bien que dense. Comme la météo est plutôt optimiste nous passerons la nuit en tente.

C’est un site agréable et il fait beau et même bon si on se protège du vent.

Je profiterai de la fin d’après midi pour faire voler le drone afin de réaliser quelques photos aériennes.

Cette journée aura été superbe tant par les paysages que par la météo. Nous aurons tout de même quelques gouttes le soir mais rien de méchant. Nous attaquons déjà la dernière journée demain …

Jour 4 - D'Emstrur à Þórsmörk


Plus que 15km et nous aurons atteint notre objectif : Þórsmörk. Nous commencerons la journée par prendre connaissance des consignes de sécurité en cas d’éruption car nous entrons dans la l’aire du Katla.

Le Laugavegur, quant à lui, ressemble à ce que l’on a pu parcourir hier, c’est à dire un sol composé de sable et de scories sombre. Nous passerons d’abord par une sorte de vallée creusée par l’eau de fonte du glacier. Celle-ci nous emmène ensuite sur les hauteurs, ce qui nous permet d’apprécier la vue.

Le terrain ne présente aucune difficulté. Il suffit de se laisser porter en admirant les paysages. Le Laugavegur va ensuite descendre progressivement vers l’immense zone où se rejoignent nombre de rivières glaciaires. Le paysage s’ouvre vers l’ouest au fur et à mesure ce qui permet de deviner la mer au loin.

Sans être moche, ce n’est pas la portion la plus intéressante du Laugavegur. Notons toutefois la réapparition progressive des arbres.

Le sentier traverse ensuite une rivière grâce un pont au dessus d’une impressionnante gorge avant de grimper sur le haut de la colline. De là on redescend pour rejoindre le 4e et dernier gué du trek.

Celui-ci est particulièrement large et profond jusqu’aux genoux. Il se fait en 2 étapes ce qui permet de récupérer un peu au milieu. La prudence s’impose car il y a pas mal de débit.

Nous y sommes presque ! La fin du chemin présente vraiment peu d’intérêt car elle suit une sorte de grosse piste. Fait remarquable : on évolue dans une forêt ce qui est particulièrement rare en Islande !

Ce soir nous dormirons à Langidalur. Je vous déconseille Husadalur car la vue est moins sympa. Nous arriverons à notre destination en début d’après-midi. C’est un joli site bien entretenu et qui offre surtout une vue merveilleuse sur Þórsmörk et les glaciers environnants.

Voilà, nous avons fini le trek. L’après midi se passera sous un grand soleil qui nous fera un bien fou. Le tout sera agrémenté par une petite bouteille de vin achetée à prix d’or pour fêter cela !

Il y a de belles randonnées à faire à partir de Langidalur, notamment l’ascension de Tindjöll.

Nous prenons le bus demain en direction de Reykjavi pour ensuite continuer notre voyage en Islande.

Conclusions


Bien que ce soit un trek particulièrement connu et couru, le Laugavegur n’en mérite pas moins les superlatifs qu’on lui connait ; autant pour ses paysages qui sont merveilleux et changeant d’une journée à l’autre mais également pour sa météo qui saura mettre votre résistance à rude épreuve. Ce dernier point est à ne surtout pas négliger. Même si certaines personnes ont 4 jours de beau temps d’autres peuvent avoir 4 jour de moche ! Plus tard durant notre séjour, le Laugavegur a même été fermé à cause de la météo trop difficile , c’est dire ! 

Si vous hésitez pour votre prochain voyage : allez-y, le Laugavegur saura vous marquer et vous créer des souvenirs impérissables.


Bivouac au Snofjellstjonna - Dovrefjell

Parc National du Dovrefjell–Sunndalsfjella

9jours

de trek

100km

parcourus

3600m

D+

3.5

jours absolument seuls

La Norvège regorge de parcs nationaux sublimes et en choisir un n’est pas forcément facile car il mérite tous d’être découverts. Après quelques temps de réflexion, notre dévolu s’est porté sur le parc national du Dovrefjell-Sunndalsfjella en combinant avec Innerdalen, l’une des plus belles vallées de Norvège. On vous invite donc à nous suivre durant les 9 jours de ce trek de printemps, loin du monde et dans de magnifiques paysages.

Dovrefjell-Sunndalsfjella, Innerdalen et itinéraire


Le Parc National du Dovrefjell-Sunndalsfjella

Situé au sud de Trondheim et à l’est d’Ålesund, le Parc National de Dovrefjell-Sunndalsfjella couvre une superficie de 1693km². Le parc est surtout réputé pour la présence unique en Europe continentale de boeufs musqués, des mamifères reliques des temps préhistoriques. Le parc s’articule autour du Snøhetta, une belle montagne haute de 2286m.

Les boeufs musqués sont de gros mammifères de la famille des chèvres contrairement à ce que leur nom indique. Relique de l’age glaciaire, on les trouve aujourd’hui au Canada, au Groenland, un petit peu en Sibérie et pour quelques dizaines de têtes dans le parc du Dovrefjell. Ces derniers ont été réintroduis après extinction due à la chasse.

Avec un poids pouvant atteindre 300kg, les bœufs musqués sont de grands mammifères n’hésitant pas à charger si ils se sentent menacés. Courant le 100m en 6s vous aurez peu de chance de vous échapper. Une certaine prudence s’impose donc, surtout en présence de petits. Les guides locaux préconisent de garder une distance de 300m.

Le parc est principalement constitué de toundra : des herbes rases, de la mousse et du lichen. Les arbres disparaissent très vite avec l’altitude.

S’y rendre :

Le parc est aisément accessible en transports en commun. En effet la ligne de train Oslo-Trondheim contourne toute la partie sud et est du Dovrefjell.  Vous aurez donc diverses choix :

  • Dombås : petite ville au sud
  • Hjerkinn : station de montagne avec une auberge de jeunesse
  • Oppdal : la ville du coin avec tous les services qu’il faut. Une bonne base pour rayonner.

La partie nord est accessible en bus grâce à la ligne 901 au départ d’Oppdal et en direction de Kristiansund. Vous trouverez les infos ici : Horaires du bus 901

Innerdalen

Un petit peu au nord-ouest du Parc du Dovrefjell se trouve la magnifique vallée d’Innerdalen. Le site « Visit Norway », la nomme même « la plus belle vallée de Norvège ».

La vallée est aisément accessible et propose des logements en refuges et un camping  qui a été élu « Plus beau camping d’Europe » par le Guardian ! Que de superlatifs pour ce lieu.

S’y rendre :

Pour s’y rendre nous avons pris le bus 901 depuis Oppdal et nous sommes descendu à Ålvundeid rv. 70. Pour la longue portion de route avant de débuter le chemin, nous avons fait du stop. Il y a un peu de passage nous n’avons pas attendu très longtemps.

Itinéraire

Nous avons commencé par rejoindre Oppdal depuis l’aéroport d’Oslo en train (rapide et pas très cher) puis de là nous avons pris le bus 901 en direction de Kristiansund. Nous nous sommes arrêté à Ålvundeid rv. 70 en direction d’Innerdalen. Nous avons récupérer la route 70 depuis la vallée en coupant par les montagnes. De là nous avons rejoint en bus l’arrêt nommé Lønset après un détour d’une nuit à Oppdal. Nous avons ensuite traversé le Dovrefjell selon une direction globale nord-sud pour arriver à Hjerkinn d’où nous avons repris le train pour Oppdal.

Vous retrouverez l’ensemble de la partie marchée ci-dessous (téléchargeable) :

Download file: dovrefjell.gpx

Refuges

Le système de refuge norvégien est différent du nôtre. Alors qu’en France les refuges sont souvent gardés et reste en partie ouvert l’hiver, ici nombreux sont les refuges sans gardiens et qui nécessite une clé pour être ouvert été comme hiver.

Cette clé est disponible en adhérant à l’association norvégienne de trekking, le DNT. On peut alors emprunter ou recevoir une clé pour accéder aux refuges. ATTENTION : les refuges ne proposent pas d’abri d’hiver en général !

Vous trouverez les infos nécessaires ici : https://english.dnt.no/

Jour 1 - Innerdalen


10h, le 11 juin 2019, nous sommes dans le bus 901 en direction de l’embranchement qui va nous mener à Innerdalen. Je suis avec Arthur avec qui j’ai déjà fait le GR R2 à la Réunion. 3 ans que l’on ne s’est pas vu mais nous voilà au milieu de la Norvège partis pour 9 jours de trek. Nous sommes arrivés hier à Oppdal après un rapide voyage en avion vers Oslo puis en train.

Le bus s’arrête au niveau d’un arrêt perdu sur la route. Nous descendons. On met les sacs, on règle le tout et on est parti en direction de la vallée.

Cette première portion est une route goudronnée sur 10km qui fait mal aux pieds… On marche mais on essaie le stop quand une voiture nous dépasse. Cela fonctionne au bout de 20-30min. Un couple sympathique de norvégiens qui sont du coin et qui montent dans Innerdalen pour le week-end.

Arrivés au bout de la route, il ne nous reste que 3km à faire. Il fait chaud aujourd’hui, on enlève donc une couche et on se remet en route. Le début du chemin est agréable, cela ressemble à ce que l’on peut trouver en forêt en montagne. Les paysages environnants sont beaux mais on ne voit pas très bien avec les arbres. Mais voilà, encore une petite montée et un virage et Innerdalen se dévoile à nous, merveilleuse.

J’avais vu quelques photos avant de partir mais je dois avouer que voir la vallée comme ça dans toute sa beauté laisse bouche-bée…

Encore 15min de marche et nous voilà à Renndølsetra. C’est une ancienne ferme d’été dans le plus pur style norvégien. Aujourd’hui c’est un gîte, le site est vraiment beau. On papote un peu avec le gardien pour savoir où bivouaquer. Il nous dit que sur les hauteurs de la vallée, le terrain est détrempé à cause de la fonte des neiges. Il nous conseille donc de rester dans le coin. C’est ici qu’il y a le plus beau camping d’Europe d’après le Guardian. Comme le camp n’est pas encore officiellement ouvert il nous laisse nous installer gratos ! Super sympa ! On se prendra tout de même une bière pour participer un minimum.

Nous allons poser les sacs plus loin sous le sous-bois avant d’aller nous balader un peu dans la vallée. On passera devant la Innerdal Turishytte qui offre également un beau site pour passer la soirée.

Une fois notre petit tour finir, nous retournons à nos sacs. On pose le camp non loin de l’eau. On allume un petit feu et on s’installe pour profiter de la fin d’après-midi sous un grand soleil. Quel bonheur. Tout est parfait : le site, le paysage, le petit feu.

Cela n’aura pas été une grosse journée (au final environ 5km de marche) mais cela nous va bien, on peut profiter ainsi. Nous nous couchons sous le soleil. En effet pas de nuit à cette saison, il va falloir s’y habituer mais le ruisseau à côté nous berce suffisamment pour nous endormir rapidement.

Jour 2 - De Innerdalen vers le Dovrefjell


La nuit a été bonne et pas si froide. L’objectif de la journée est simple : rejoindre « l’entrée » du parc de Dovrefjell en traversant les montagnes vers le sud.

On se met donc en route après le petit déjeuner et l’empaquetage du camp. Il fait grisou aujourd’hui voir même un peu bruineux.

Le début de la randonnée mène vers un petit pont qui permet de traverser la rivière. On attaque ensuite une montée raide qui mène à la Flatvaddalen entre 700 et 900m d’altitude. Ce passage sous la grisaille est un peu tristoune mais offre tout de même de belles vues.

Cette portion assez plate, est bien humide du fait de la présence de nombreux lacs et zones marécageuse. De plus, nous sommes tôt dans la saison, il reste donc beaucoup de neige sur les hauteurs et celle-ci fond à tout va, ce qui ajoute à l’humidité ambiante de la petite vallée.

Son extrémité sud offre une belle vue sur la Sunndalen. De là le chemin bifurque à flan de falaise vers l’est. Nous ferons notre pause du midi à l’embranchement de la Tverrådalen qui pour le coup est tout en neige.

Cette portion est plaisante notamment grâce à la vue. C’est un peu plus loin que ça devient moins drôle. En effet on se lance ensuite dans 700m de dénivelé négatif dans un terrain qui fait mal aux genoux, nos sacs lourds de la nourriture pour les 8 prochains jours n’arrangent rien.

On atteindra Eiriksvollen en milieu d’après midi. Nous voulions y rester pour la nuit mais la cabane est fermée à clé…  Pas grave, en plus on repère un tique ici, on va donc essayer de faire du stop pour aller à Grøa car on y a repéré un camping. On sera prit après un peu d’attente par le bus scolaire qui fera même un détour pour nous déposer. Arrivés sur place, on tourne sur le terrain du camping pour trouver la réception mais rien… étrange. Une dame sort pour nous demander ce que l’on cherche, on lui explique et nous répond sans beaucoup d’amabilité qu’ici c’est un camping privé et qu’on ne peut pas rester… Il faudra m’expliquer le principe mais tout est-il qu’on se retrouve le bec dans l’eau. Bon… Après concertation on décide de retourner à Oppdal car on y trouvera de quoi dormir et puis il faut qu’on revoit un peu le début du chemin car niveau planning on est pas au top.

En retournant vers la route principale, nous croiserons un car qui va en direction d’Oppdal, nous sauterons sur l’occasion. De retour en ville on se trouve un hotel et on refait les plans pour demain. Nous voulions initialement passer par la Grødalen pour pénétrer dans le Dovrefjell mais finalement on opte pour la Dindalen. On gagne ainsi quasiment une journée de marche au global ce qui relaxe le planning et nous permettra de mieux prendre le temps sur place.

On aura tout de même bien marché aujourd’hui et on s’endort donc de bonne heure car demain on attaque enfin le gros du sujet !

Jour 3 - Dindalen


Et on se remet en route ! La douche a fait du bien hier soir mais c’est la dernière pour quelques jours.

Bus 901, quelques minutes et nous voilà « droppés » à Lønset. Nous attaquons par là car cela nous fait gagner un peu de marche et la montée est plus progressive.

Le début du chemin se fait sur une route/piste. Par particulièrement agréable, cette portion à l’avantage de permettre une progression rapide.  Il fait bon aujourd’hui sous ce beau soleil. Après quelques kilomètres on rentre dans Dindalen. C’est une jolie vallée, parsemée de charmants chalets qui semblent inhabités pour l’instant. Au sud on aperçoit, l’extrémité du plateau où nous nous rendons.

Avant cela, courte pause à Dindalshytta, un refuge encore fermé en ce début de saison.

Allé, encore une petite montée qui une belle vue sur la vallée et nous y voilà, nous entrons dans le parc national de Dovrefjell. En haut nous sommes sur une sorte de plateau, c’est « plat » et le vent souffle très fort de face ici.

Encore quelques kilomètres fatiguant avec ce vent de face. Nous arrivons en vu du lac de Snøfjellstjønna. Il y a pas mal de jolies cabanes ici, certaines assez grosses d’ailleurs mais personnes en vue. Je pense que les gens montent peu en cette saison.

Quelques traversées faciles de rivières (de rochers en rochers) et nous arrivons à un gros chalet au pied de la montée côté ouest du lac. Comme le vent souffle toujours aussi fort, on utilise le chalet pour s’en protéger. Il n’y a personne ça dérangera pas. Il y a même une table à l’extérieur parfaitement protégée. On se pose donc, fin de la journée de marche.

A l’abri du vent et au soleil il fait bon. Nous profitons de l’après-midi en admirant les lumières sur le lac qui varient de minutes en minutes.

Nous installerons la tente sur les hauteurs, protégée du vent par une colline, près du lac il y a trop d’humidité.

Soirée traditionnelle : saucisson, fromage, lyophi, sac de couchage, lecture, dodo.

Une première bonne journée, on a pas fait beaucoup de kilomètres mais au moins nous sommes enfin dans le Dovrefjell en lui-même. Demain nous progresserons plus au cœur du parc.

Jour 4 - Plus loin dans le Dovrefjell


La nuit a été bonne malgré le vent. La bonne nouvelle est qu’il est tombé ce matin ! On peut donc se préparer au calme.

Nous partirons le bonne heure. Le chemin commence par l’ascension de la colline à l’ouest du lac. Du haut la vue est appréciable :

Les paysages s’ouvrent et offrent une belle vue sur ce qui nous attend.

Le terrain est composé de lande rocailleuse à perte de vue. Beaucoup de rochers affleurant ce qui rend la marche assez ludique et pas ennuyante. Au loin le massif du Snøhetta surplombe le parc.

Il n’y a pas de sentier à proprement parler mais des cairns comportant souvent un point ou un « T » rouge sont régulièrement espacés afin de faciliter l’orientation ce qui est bien pratique dans ces paysages où tout se ressemble.

La progression est agréable. Nous ferons notre pause du midi à côté d’une toute petite cabane de chasseur (Pilbua peut être ?) avant de nous diriger vers une intersection aux environs du lac Urdvatnet. Il y a ici une large rivière à traverser mais heureusement des rochers ont été habilement disposé pour traverser à sec (avec un peu de gymnastique tout de même).

Nous passerons ensuite une colline vers 1500m d’altitude avant de redescendre vers le joli lac de Langvatnet.

La Nature offre parfois de jolie rencontre, c’est le cas durant la descente lorsque nous croiserons sur le chemin un petit nid contenant un œuf. Il n’y a pas d’arbre ici, les oiseaux se débrouillent donc comme cela. On ne s’attarde pas pour ne pas effrayer les parents qui doivent être dans la zone.

Nous ferons une courte pause à la cabane (de chasse ?) que l’on croise au nord du lac. L’heure étant déjà avancée, nous décidons de rester ici pour la nuit mais nous devons trouver un coin où poser la tente.

Nous nous trouverons une aire de bivouac absolument superbe sur une petite langue de terre au milieu du lac. La vue sur le Snøhetta est magnifique.

Nous commencerons par installer la tente avant de nous faire un thé bien chaud et de nous reposer au soleil !

Nous n’avons croisé personne aujourd’hui. Ni même d’animaux si ce n’est quelques oiseaux. Le sentiment d’isolement est donc complet. C’est toujours aussi agréable que perturbant parfois.

Nous nous sentons bien ce soir et les paysages n’ont de cesse de nous impressionner. On a l’impression d’être seuls au monde ici.

Cela a été une bien belle journée. On s’endort serein et nous avons hâte d’être demain pour découvrir la suite.

Jour 5 - Reinheim


Que peut-on espérer de plus que se réveiller bien au chaud dans son duvet au beau milieu de la Norvège sauvage… Bon, c’est vrai que sortir du duvet est moins plaisant mais il fait beau aujourd’hui et une bonne petite marche nous attend.

Rituel du matin classique et en route une fois tout bouclé.

La première étape de la journée nous mène à Åmotdalshytta, un gros refuge que l’on atteint rapidement depuis le lac. Personne en vue. Cela fait à présent 48h que l’on a croisé âme qui vive…

Aujourd’hui nous rejoignons Reinheim. D’ici 3 options s’offrent à nous : passer par le sommet du Snøhetta, emprunter un col à 1554m plus au NE ou bien une voie intermédiaire qui passe à 1698m. Nous choisirons cette dernière option (le sommet du Snøhetta nous semblait encore bien (trop) en neige en ce début de saison).

Les paysages sont bien plus minéraux à présent. Nous avons pris de l’altitude et même les herbes et les lichens semblent ne plus pouvoir tenir ici hormis quelques coriaces. Nous croiserons un lièvre au loin…seul être animé que nous croiserons aujourd’hui si on excepte quelques oiseaux.

Nous ferons notre pause au point coté à 1698m d’altitude, le plus haut de notre périple. Ici la vue sur le parc et le Snøhetta est saisissante. Il n’y a pas un bruit, pas un mouvement. Nous avons vraiment d’être les derniers ou les premiers humains sur terre…

La descente vers Reinheim sera rapide et assez facile si ce n’est quelques névés piègeux. Nous emprunterons le chemin que l’on croise vers Larsurda et indiqué par un panneau.

Arrivés à Reinheim, on découvre un autre ensemble de chalets qui ont l’air tout à fait cosys mais qui sont surtout fermés… Comme nous le disions en introduction, il faut avoir une clé pour profiter des refuges or nous ne l’avons pas. Nous serons un peu comme tantale à voir fauteuils, banquettes et poêle à bois au travers de la fenêtre…

Nous ne sommes pas si mal loti que cela car il fait beau malgré un vent assez fort. Si on s’en protège on est bien.

Nous sommes arrivés tôt aujourd’hui, nous pourrons donc profiter des beaux paysages environnants, du calme et de la solitude. Nous pourrons tout de même manger sur une table extérieure ce soir, on apprécie les petits confort.

Encore deux jours dans le Dovrefjell et toujours pas de bœufs musqués en vue ni de rennes… A vrai dire nous n’avons rien en vu depuis 2,5 jours hormis l’infini des paysages… C’est appréciable et nous nous sentons bien mais parfois ça donne un peu le vertige. Je ne sais pas ce que serait une telle aventure seul… Cela doit être étrange mais j’essaierai bien.

Jour 6 - Snøheim


Météo agréable au réveil ce matin. Encore une nuit loin du monde et au soleil. Nous remballons le camp pour une courte étape ce matin car nous allons à Snøheim à seulement 6km d’ici.

La route commence par une montée dans un grand névé ce qui nous permet d’admirer le paysage au loin. Une fois arrivés en haut on découvre un grand plateau très minéral et au loin du mauvais temps qui vient droit sur nous.

Pas le choix nous allons à la rencontre de la pluie que l’on voit se rapprocher rapidement. Nous serons en dessous au niveau du lac qui l’on longe par l’est. Il pleut dru ! Nous sommes rapidement mouillés, heureusement nous apercevons Snøheim au loin.

Je suis étonné de la taille du refuge car la carte annonce un « abri », on est ici en présence d’un très grand refuge. Toujours est-il que nous n’y sommes pas il faut encore marcher. On met donc la tête entre les épaules et on marche le plus vite possible dans la rocaille dérapante avec la perspective d’un abri voir même d’un bon feu dans quelques minutes.

Nous atteignons le refuge bien mouillés. La pluie a baissée en intensité mais il bruine encore avec beaucoup de vent. On se refroidit donc. Sur place, le calme nous intrigue…mais il est tôt peut être que les randonneurs ne sont pas encore arrivés… On chercher la réception : fermée !!

Le refuge est fermé ! Ça on ne s’y attendait pas … nous sommes le 16 juin pourtant ! Bon pas grave on va allé chercher le refuge d’hiver c’est déjà grand luxe.

Nous partons donc en quête de ce fameux refuge d’hiver… Version courte : il n’y en a pas. On fera le tour de l’immense refuge plusieurs fois et rien. Pas un abri d’ouvert pas une salle prévue pour les randonneurs. On tente de frapper au carreau si jamais il y a quelqu’un à l’intérieur, personne. On se résigne donc : le refuge est fermé, il n’y a personne et aucun endroit prévu pour des randonneurs hors saison, il pleut toujours et cela n’a pas l’air de vouloir s’arrêter… Il nous faut nous abriter.

Nous avons repéré une sorte de balcon couvert qui donne accès à des chambres. Heureusement pour nous il y a un petit banc et l’ensemble est assez isolé du vent. Je ne sais pas trop si nous avons le droit mais nous nous installons ici pour nous mettre à l’abri (au final on laissera le balcon dans l’état où nous l’avons trouvé je ne pense pas que l’on ait gêné…). Nous commençons par mettre des habits secs puis nous lançons le réchaud pour se faire un lyophilisé revigorant. On a un peu l’air de vieux chiens mouillés mais on est pas mal.

Nous nous installerons sous la couverture de survie après le repas pour faire une sieste au chaud et à l’abri du vent. Je suis toujours impressionné par l’efficacité des couvertures. On est bien là dessous, là sortie ne sera pas facile.

Après une heure ou deux passés sur le balcon nous avons envie de nous dégourdir les jambes surtout qu’il ne pleut quasiment plus. S’en suivra un long après-midi alternant balade pour se réchauffer et repos/lecture. Nous passerons également beaucoup de temps à admirer les courses poursuites totalement folles des canards sur le petit lac à côté (on sent le niveau de distraction…).

Le soir nous nous abriterons pour manger à côté de la réception car la zone est à l’abri du vent. On sera pas si mal que cela finalement, nous aurons même un beau moment à écouter de la musique seuls au monde encore une fois. Voilà maintenant 3.5jours que nous n’avons croisé personne hormis un lièvre, quelques oiseaux et nos canards fous.

Jour 7 - Rencontres


Il a encore un peu plu cette nuit mais ce matin nous avons seulement du temps gris et un peu de brouillard. On prend le petit déjeuner à l’abri sur « notre balcon ». A la fin du repas, on entend un bruit de moteur ! C’est le gardien du refuge qui monte faire du bricolage. Voilà quasiment quatre jours que nous n’avions croisé personne, cela fait toujours bizarre car on a l’impression qu’un étranger entre dans notre monde qui se résumait à nous deux.

Nous plions rapidement la tente et nos affaires et nous reprenons la route. Nous entamons la descente qui se fait en suivant la piste qui mène à Snøheim. Le sentier n’est pas très beau mais les paysages compensent.

Plus bas, une fois sortis des nuages, nous apercevons au loin un 4×4 qui monte vers le refuge mais qui est arrêté pour le moment comme pour observer quelque chose … On passe donc en mode « vigilance » arrivés au niveau d’où était le 4×4.

C’est alors que nous les voyons : deux beaux bœufs musqués paisiblement en train de brouter. Nous nous rapprochons doucement en gardant nos distances. Finalement nous nous arrêtons à une centaine de mètre pour les observer.

Les bœufs sont de belles bêtes, massives et impressionnantes. Les deux spécimens que l’on a devant semblent paisibles et ne montrent aucun signe de stress ou d’énervement et on est très bien comme ça. On a pas cherché à se cacher en arrivant tout en restant calme et « humble » afin de ne pas paraître des menaces. Nous resterons peut-être 30min à les observer brouter non loin puis nous reprenons notre route contents d’avoir eu cette rencontre.

Nous continuons notre route à l’affût de nouvelles rencontres mais rien pour l’instant à part peut être deux petits points noirs à l’horizon.

Nous pourrions rejoindre Hjerkinn dans la journée mais nous préférons rester encore un peu dans la nature. Nous sortons donc du chemin vers les 2/3 de la descente pour bifurquer en direction du sommet nommé Kolla. Nous trouverons un super coin un peu plus haut non loin d’une charmante rivière avec une vue magnifique sur toute la zone et parfait pour surveiller les bœufs alentour.

Nous installons donc notre dernier campement du voyage. Une fois la tente montée, nous faisons une petite vérification de routine des alentours afin de voir si nos amis musqués sont dans les parages. Au loin, nous apercevons ce qui nous parait être deux silhouettes de bœufs. On décide de partir à leur rencontre afin de vérifier.

Simplement munis de nos appareils photos nous marchons donc en direction d’un point de rencontre. Nous confirmons au fur et à mesure que c’est bien des bœufs musqués, quelle chance ! Plus proche nous nous rendons surtout compte que ce ne sont pas deux ni trois bœufs musqués qui viennent à notre rencontre mais six au total !! Incroyable ! Il y a même trois veaux, on est aux anges. Ils remontent tranquillement la route et nous nous dirigeons un peu plus haut pour les regarder passer.

On est super content, quelle joie après tous ces jours sans rien voir. On se rapproche de la route et c’est là que l’on se rend compte qu’ils n’étaient pas six mais sept ! Le grand mâle est là à tout juste 50m. On tombe un peu « nez à nez », nous sommes surpris. On s’arrête donc et on ne bouge plus. C’est alors qu’un grondement absolument terrifiant empli l’air : le mâle nous fait clairement comprendre qu’il n’apprécie pas notre proximité. On recule donc tranquillement sans mouvement brusque.

Une fois nos distances prises on se met un peu à couvert mais le petit groupe de bœufs est en alerte et compense à repartir en arrière. Nous ne voulions pas les effrayer mais la présence des veaux doit les stresser. Ils rebroussent donc chemin mais bifurquent rapidement sur la gauche du chemin vers notre camp. On décide donc de les suivre à distance en restant discret.

Nous trouverons un bon poste d’observation sur une proéminence issue du passé militaire du parc (le parc a longtemps été un champs de tir de l’armée). De là nous pouvons observer toute la famille à convenance en gardant nos distances. Le mâle nous a vu mais ne semble pas inquiété vu la distance.

C’est extraordinaire de voir ce genre de bête batifoler librement dans la toundra, observer les petits allaiter, courir après leur mère, le tout sans personne et dans le plus grand calme. C’est un très beau moment.

Le mâle est splendide. Il veille paisiblement et guide la troupe. Il émane la puissance et la force.

Nous passerons un long moment à les observer là, sans chercher à interagir ou à se rapprocher. Nous retournons ensuite à notre camp, bien heureux de ce moment !

Il est tôt et il fait beau. Nous passerons l’après-midi à bouquiner au soleil.

Un peu plus tard les bœufs se rapprocheront eux-même de nous tout en restant à distance. Ils se poseront même quelques temps pour une petite sieste, nous les imiterons.

La fin de journée sera calme avec les bœufs musqués non loin. Nous commençons la liste des derniers : dernier repas dans la nature et dernier coucher en bivouac. Les bœufs ont établi leur « camp » pour la nuit à 400m de nous. Il pleuvra un peu en ce début de soirée, quelques ondées mais rien de méchant.

Cette journée a été superbe et emplie d’image qui se transformeront rapidement en souvenir. Être là au contact de ces animaux presque préhistorique dans ce cadre magnifique et dénué de toute humanité c’est formidable. Nous avons de la chance.

Jour 8 - Retour à la civilisation


Dernier réveil au cœur du Dovrefjell. Les bœufs ont continué leur route ce matin. Nous plions la tente et de retour sur le chemin nous continuons en direction de Hjerkinn.

Le chemin est rapide et sans grand intérêt au fur et à mesure que l’on descend. Une fois sur place, plutôt que de retourner tout de suite à Oppdal, nous optons pour monter au Snøhetta viewpoint qui offre une vue saisissante sur le parc. Une dernière montée nous attend pour rejoindre le fameux bâtiment au sommet et le panorama se dévoile.

Ce point marque la fin du trek. Nous finissons par un pique nique face à cette vue superbe en appréciant les kilomètres parcourus.

Il ne nous reste qu’à retourner à Oppdal pour ensuite reprendre le train et l’avion de retour demain.

Conclusions


Cela doit faire la sixième fois que je pars en Scandinavie et je ne m’en lasse pas. Le Dovrefjell propose un visage encore différents d’autres parcs norvégiens ou suèdois. J’ai été étonné par l’isolement que nous avons vécu durant la première partie du trek. Je pense que cela est en parti dû à la saison mais tout de même … Même au Sarek on a croisé plus de monde… 

La rencontre avec les bœufs musqués a été un beau moment et justifie à elle seul que l’on passe par le parc. J’ai rarement eu l’occasion d’être « au contact » avec de gros mammifères dans un environnement sauvage, c’est une belle expérience à vivre.

N’oublions pas Innerdalen et son panorama incroyable. De la même façon, n’hésitez pas à y faire un tour si vous êtes de passage.

A seulement une demie-journée de voyage, le Dovrefjell et sa région offre donc de très belles possibilités de randonnées sauvages, loin du monde et au sein d’un parc somptueux.


Sur le Chemin de Stevenson - GR70

Chemin de Stevenson - GR70

3jours

de trek

65km

parcourus

2000m

D+

1

Craquotte !

“En vérité, je ne voyage pas, moi, pour atteindre un endroit précis, mais pour marcher : simple plaisir de voyager.” – Robert Louis Stevenson

Le mois de mai est parfois un mois compliqué pour trouver un trek notamment en montagne car la neige est encore bien présente. C’est pour cela que cette année nous avons opter pour de la moyenne montagne avec le GR70 également appelé le Chemin de Stevenson, chemin ô combien connu, pour quelques jours plutôt faciles sur le papier mais qui vont vite tourner à la cata. Charme de la randonnée et de ces petites surprises.

Le Chemin de Stevenson - GR70


Avant de présenter le topo du trek il faut présenter le GR70. En effet le Chemin de Stevenson est intimement lié à son arpenteur originel : Robert Louis Stevenson.

Alors âgé d’à peine 28 ans, le jeune Stevenson décide de parcourir à l’automne 1878, les Cévennes suite, entre autre, à une peine de cœur. Il va donc rejoindre Saint-Jean-du-Gard depuis Monastier-sur-Gazeille en 12 jours pour environ 195km. Il parcoura l’itinéraire avec Modestine, un âne acheté au Monastier.

Il rédigera le très connu « Voyages avec un âne dans les Cévennes » qui inspirera nombre de randonneurs à réaliser le même parcours en compagnie d’un âne.

Aujourd’hui le chemin est lié au GR70 qui a été légèrement rallongé vers le Puy en Velay et Alès par rapport au tracé initial. Un beau GR70 qui permet de découvrir la région encore sauvage et au riche passé historique des Cévennes.

Note : Le Stevenson partage son tracé avec un itinéraire de St Jacques de Compostelle et avec la Voie Régordane.

Pour aller plus loin :

Le Stevenson avec un âne - Le Mas Des Ânes


Afin de vivre l’expérience à fond et surtout de découvrir une nouvelle façon de randonnée, nous avons décider de faire une partie du chemin prévu avec un âne.

Nous avons donc « emprunter » un âne au Mas de Ânes non loin de Langogne. Comme nous le verrons dans le topo, nous sommes ressorti enchantés de cette expérience et des moments partagés avec Craquotte notre jolie et vaillante ânesse durant ces 3 jours.

Nous voulions également remercier Marie-Ange et Dorianne pour leur gentillesse car elles nous ont été d’un grand secours suite à nos différentes galères durant le trek.

Donc si vous souhaitez également découvrir la conduite d’âne pour une journée ou un long trek, nous vous conseillons vivement le Mas des ânes dont vous pouvez retrouver l’adresse ici : https://www.facebook.com/LeMasDesAnes/

Départ et Jour 1 - Paris - Langogne - Abbaye Notre-Dame-des-Neiges


Comme souvent nous débuterons notre périple de Paris et c’est en train que nous rejoignons le Puy-en-Velay pour finalement prendre un bus jusqu’à Langogne car la ligne SNCF est en maintenance.

Langogne est un joli village médiéval qui s’articule principalement autour de son église fortifiée et de ses anciennes halles. Nous y passerons la nuit avant de réellement démarrer demain. Le temps n’est pas clément ce soir et il fait froid, ce  confirme les prévisions météo pour les prochains jours.

Mai est t souvent une saison compliquée pour la randonnée car on se sait pas trop sur quel pied danser niveau météo. L’année précédente à la même époque il y avait 30cm de neige sur toute la région.

Réveil matinal le lendemain car nous avons rendez-vous avec Marie-Ange et Dorianne  du Mas de ânes pour récupérer notre ânesse à Luc. Nous rejoindrons la petite bourgade en bus encore une fois ce qui ne prend que 10min. Notre rendez-vous est à côté de la gare. Nos hôtes nous y attendent déjà avec Craquotte notre ânesse pour les prochains jours. Avant de partir nous passons par l’étape apprentissage des bases de la conduite d’âne, rien de très compliqué en soit mais la météo ce matin est dure : neige, vent et froid hivernal !! On écourte donc la séance et on se met en route, contents de démarrer et d’être avec Craquotte.

Nous attaquons donc par un petit bout de route qui bifurque rapidement sur la droite sur un bon chemin qui nous amène sur les hauteurs nous permettant ainsi d’admirer Luc.

Il fait froid, le vent n’arrange rien mais nous sommes concentrés sur Craquotte pour qu’elle avance bien (ce qui est le cas) et qu’il n’y ait pas de soucis (stress du débutant).

« Le lendemain matin (26 septembre) je pris la route avec un nouvel arrangement. Le sac ne fut plus plié en deux, mais suspendu de toute sa longueur à la selle.

(…)

Ma route remontait la vallée chauve de la rivière longeant les confins de Vivarais et Gévaudan. Les monts du Gévaudan sur la droite était encore plus nus, si l’on peut dire, que ceux du Vivarais sur la gauche. » – Voyage avec un âne dans les Cévennes, R.L. Stevenson

La route est belle sous cette fine pellicule de neige. L’année précédente 30cm étaient tombés à la même période. Je pense que nous avons sous-estimé le climat en étant trop optimiste sur un doux soleil de printemps…

Nous passons par quelques jolis lieux-dits et de petits villages. C’est très calme, peu ou prou de randonneurs.

L’orientation est très simple comme d’habitude sur un GR. Il suffit de suivre le symbole rouge et blanc et de se laisser porter par le chemin.

Marie-Ange nous avait prévenu : « le premier jour, vous verrez, elle va vous tester pour voir si vous êtes des gogos ». Pour l’instant notre chère Craquotte s’était contentée de quelques courts arrêts pour brouter ça et là mais c’est le moment du test :

Sur le chemin nous devons traverser une rivière ! Que dis-je !? Un fleuve, un détroit ! Au moins 30cm de largeur !! Même pour nous cela ne prend qu’un pas mais Craquotte, elle, décide que non et se plante là, fixe. Nous voilà donc tout démunis face à cette ânesse qui a décidé de voir si elle va pouvoir s’amuser avec nous. On teste donc toutes les techniques : on pousse, on tire, on parle gentiment, on essaie de feinter … rien elle ne bouge pas mais on ne démord pas, on continue de tester…

Après 15 bonnes minutes, on essaie une ultime méthode. On s’équipe d’une petite touffe de genêt et là Ô miracle une simple pichenette avec le gênet nous fait avancer Craquotte avec une superbe saut au dessus du gouffre en atterrissant presque sur Hélène … Après cette épisode elle ne nous « embêtera » plus du voyage. Le test était passé, on était copains.

Le chemin nous mène aujourd’hui vers l’Abbaye de Notre Dame des Neiges où Stevenson avait passé quelques jours. Une fois sur place l’accueil est froid et nous devons attendre 2 heures pour savoir si il reste de la place au dortoir car on ne peut pas bivouaquer ici…

« La route que nous suivions et que ce père athlétique avait construite de ses mains en l’espace d’un an arriva à un coude et nous découvrit quelques bâtiments blancs, un peu plus loin à l’arrière du bois. Au même instant, la cloche une fois de plus sonna au lointain » – Voyage avec un âne dans les Cévennes, R.L. Stevenson

Nous préférons donc pousser à la Bastide-Puylaurent un peu plus loin. Etant donné la température nous préférons un logement en dur et chauffé ce soir. De nombreux établissements sont prévus pour recevoir les ânes ici. C’est le cas de l’hôtel des Genets, tout de moins c’est ce qu’on trouve comme infos.

Nous y arriverons après un peu moins d’une heure de marche.

On dénote dans le village avec notre âne surtout lorsqu’on va à l’hôtel pour réserver une chambre. Nous sommes un peu déçu par l’aire pour Craquotte car c’est le jardin de la propriétaire (ce qui est gentil) mais il n’y a pas grand chose pour que notre âne broute.

La soirée se fera bien au chaud et avec un repas copieux (les desserts étaient excellents). Cette première journée a été éprouvante avec le vent, le froid et la mise en route, toutefois nous sommes très contents avec Craquotte. Sa présence apporte un véritable plus à la randonnée et permet d’oublier les petits tracas de la marche. Nous nous endormons avec hâte de la retrouver demain.

Jour 2 - Bastide Puylaurent - Serreméjan


Départ à 9h aujourd’hui, après une bonne nuit de sommeil, un bon petit déjeuner et l’équipement de Craquotte sans oublier un bon coup de brosse.

Le chemin part en direction de Chasseradès dans une montée assez longue mais qui offre de jolis points de vue.

Craquotte est au top. Elle marche super bien en montée.

L’arrivée sur les hauteurs est un peu décevant car toute la zone est en chantier pour installer d’immenses éoliennes. Le chemin est donc devenu une zone de piste pour les camions qui montent le matos…

Nous entamerons ensuite la descente vers Chasseradès, le temps est maussade et toujours froid mais semble vouloir passer au soleil…

« Puis Modestine et moi remontâmes le cours de l’Allier (ce qui nous ramena dans le Gévaudan) vers sa source dans la forêt de Mercoire. Ce n’était plus qu’un ruisseau sans importance bien avant de cesser de le suivre. De là, une colline franchie, notre route fît traverser un plateau dénudé jusqu’au moment d’atteindre Chasseradès, au soleil couchant » – Voyage avec un âne dans les Cévennes, R.L. Stevenson

Chasseradès est un joli petit village. Nous nous arrêterons à l’épicerie à l’entrée pour acheter du pain frais et le commerçant nous donnera gentiment du pain dur qui fera le régal de Craquotte. Nous nous installerons à côté de l’église pour faire la pause pique nique. Craquotte participera à sa façon en curieuse.

On reprend la route vers Mirandol, il fait très froid Hélène souffre de ses mains dans ces conditions. Mirandol a beaucoup de charme surtout avec le beau viaduc qui passe au dessus.

La suite de chemin se fait sous le soleil enfin ! On suit la ligne de chemin de fer. Les paysages sont jolis, assez ouvert.

Tout va bien jusqu’à ce que ma semelle gauche décide de se décrocher … J’ai pris pour cette rando de vieilles chaussures qui ont passé par mal de temps sans bouger et je pense qu’elles n’ont pas aimé … Je bricole donc un truc avec un bout de ficelle pour la caler en position… C’est de rafistolage mais étonnamment ça tient … C’est pas de bol cette histoire mais si ça évolue pas ça devrait le faire pour la suite.

Ce petit déboire passé, nous continuons en sous-bois dans une bonne montée qui sera suivi d’une descente vers le ruisseau de Serreméjean. Nous trouverons le long du chemin les ruines de quelques batiments où nous poserons le camp pour la soirée. C’est assez encaissé mais le soleil brillera encore quelques heures.

On installe donc la tente, on décharge Craquotte et on lui trouve un coin avec de la bonne herbe.

Nous passerons un bon moment au bivouac à profiter sur soleil tant qu’il était encore là. Dès qu’il passa derrière les températures chutèrent rapidement accélérant notre migration vers les duvets bien chauds…

Jour 3 - Serreméjan au Pont-de-Montvert


La nuit a été fraîche, nous retrouverons même un peu de givre sur la tente… Pas de soucis pour Craquotte qui a alterné repos et broutage cette nuit.

On prend un petit déjeuner bien chaud, on brosse notre âne, on plie le camp et on l’équipe. Nous voilà reparti.

Le GR70 rejoint rapidement le lot à sa source et sur ses premiers mètres. Cette portion est vraiment belle surtout dans la lumière du matin. Le Lot, tout juste sorti de terre, serpente dans de jolis pâturages verdoyants. Nous sommes tous les deux avec notre chère Craquotte qui avance du tonnerre, on est bien.

Nous reprenons un peu de hauteurs ensuite, le chemin nous mène aux Alpiers et à deux jolis panoramas. Il fait vraiment beau aujourd’hui, ça fait du bien. De plus mes chaussures semblent vouloir tenir malgré la semelle décollées tenue avec de la ficelle…tant mieux !

Nous arriverons ensuite au Bleymard. Encore une beau village typique avec ses toutes petites rue, sa charmante église et une belle ambiance du temps passé.

Nous ferons une bonne pause face à l’église justement. Nous avons besoin de faire le point car nous voulions avancer vers le Mont de Lozère ce soir mais la météo de demain semble exécrable ce qui serait dommage pour ce passage. De plus c’est demain que nous devons rendre Craquotte à Marie-Ange au Pont-de-Montvert. On évalue donc la possibilité de marcher jusqu’à Finiels voir le Pont aujourd’hui mais cela représente quasiment 30km. Bon… On se dit que dans tous les cas on passe le Mont aujourd’hui et on voit si on a encore la motivation pour pousser vers le Pont. Une bonne balade nous attend !

« Devant moi s’ouvrit une vallée peu profonde et, à l’arrière, la chaine des monts de la Lozère, partiellement boisés, aux flancs assez accidentés dans l’ensemble toutefois d’une configuration sèche et triste. A peine apparence de culture. Pourtant aux environs de Bleymard, la grand’route de Villefort à Mende traversait une série de prairies plantées de peupliers élancés et de partout toute sonores des clochettes des ouailles et des troupeaux. » – Voyage avec un âne dans les Cévennes, R.L. Stevenson

Après la pause le chemin commence une longue montée vers la petite station du chalet du Mont de Lozère, c’est alors que c’est la catastrophe. Les chaussures d’Hélène ont également décidé, et ensemble de plus, de se séparer de leur semelle … Les deux en même temps ! Le problème c’est dans ce cas c’est le talon qui se décolle, ce qui est beaucoup plus compliqué à réparer avec ce qu’on a sous la main ! C’est vraiment pas notre vaine. Nos deux paires de chaussures qui lâchent ! On avait pris des chaussures plus légères que nos chaussures classiques mais ces deux paires avaient longtemps étaient au grenier sans bouger, ce qui a dû fatiguer la colle (vive les semelles cousues !!!!). Le même problème nous était arrivé avec Matthieu lors du trip sur la Kungsleden. Pour l’instant les semelles tiennent encore un peu on va donc pousser au Chalet du Mont de Lozère et voir sur place si on peut trouver un coup de main pour réparer.

Au chalet du Mont de Lozère, nous tomberons sur le proprio du restaurant « Le Refuge » en train de bricoler et qui sera super sympa avec nous. Il nous proposa de recoller avec de la colle néoprène mais son pot était tout sec, il nous a donc filé un gros scotch électrique bien solide. Même Craquotte a eu son petit geste avec un bon sot d’eau bien fraîche. Merci encore à ce monsieur fort sympathique !

Nous reprenons donc la route sur le GR70 vers le Mont de Lozère avec nos chaussures toutes moisies et rafistolées au scotch et à la ficelle ! Heureusement Craquotte est en plein forme et n’a pas de bobo !

Cette portion du chemin est vraiment belle. On évolue dans une lande de bruyère et de petits sapins rabougris. On voit au loin les Alpes qui dessinent leurs sommets blancs à l’horizon.

Cette belle montée est jalonnée de pierres dressées. Ce ne sont pas des restes préhistoriques mais des Montjoies. Ces pierres servaient à délimiter les possessions de l’Ordre de Malte entre les XIIe et XVIIIe siècle. Elles sont bien pratiques aujourd’hui pour se repérer en cas de brouillard.

Je pense que ce moment sera celui que l’on préférera de la randonnée car ce sont les paysages que l’on aime surtout sous le beau soleil. Craquotte quant à elle gambade vaillamment à nos côtés. C’est agréable de marcher avec un âne, elle fait vraiment parti de notre petit groupe et participe à sa façon.

« Les monts de Lozère se développent quasiment à l’est et à l’ouest  coupant le Gévaudan en deux parties inégales. Son point le plus culminant, ce pic de Finiels sur lequel j’étais debout, dépasse de cinq mille six cents pieds le niveaux des eaux de la mer, et, par temps clair, commande une vue sur tout le bas Languedoc jusqu’à la Méditerranée. »- Voyage avec un âne dans les Cévennes, R.L. Stevenson

La montée nous prendra une petite heure, sans se presser. Nous ne pousserons pas au sommet car nous avons encore du chemin à faire vers Finiels voir le Pont-de-Montvert. On s’octroie tout de même une petite pause bien méritée.

Nous entamons ensuite la descente vers Finiels. Celle-ci en plus d’être assez long n’est qu’un imbroglio de racines et de caillasse. C’est fatiguant pour tout le monde et Hélène commence à ressentir des douleurs aux genoux ce qui n’arrange rien. On doit en être à 20-25km déjà je pense…

Arrivés en vue de Finiels, nous déciderons de pousser jusqu’au Pont-de-Montvert car on y trouvera des gîtes ce qui sera parfait pour ce soir.

Nous entrons ici en pays protestant. Toute la zone a connu de vives tensions et des révoltes au temps de la répression des catholiques contre les protestants. La plus connue est la révolte des Camisards entre 1685 et 1700. On peut aujourd’hui encore voir dans les jardins de certaines maisons des tombes. Cette curiosité est due à ces périodes troublées car à l’époque les protestants étaient interdits dans les cimetières catholiques. Les gens enterraient donc leurs anciens dans le jardin.

Le chemin entre Finiels et le Pont-de-Montvert est très beau et différent de l’autre côté de la montagne. Ici moins de forêt mais de grandes étendues vertes jonchées de blocs rocheux (du granite ?).

Même si elle sera également belle, la fin du chemin sera dure. Premièrement on atteint bientôt les 30km de marche dans la journée avec des chaussures en mauvais état, on commence à être bien fatigué. Craquotte également en a plein les sabots et rendra la descente vers le Pont très compliquée car elle ne voulait plus avancer. Ce sera donc un long moment entre patience et fermeté calme… On ne peut pas lui en vouloir vue la distance et franchement elle aura super bien marché toute la journée.

Après tous ces efforts nous arrivons enfin dans le village ! Ce dernier est vraiment beau et fait « médiéval ». Il y a du monde qui profite du soleil de l’après midi en terrasse. De notre côté on se dirige vers le gîte du Chastel où nous avons réservé pour ce soir finalement. Nous sommes éreintés. Je ferai un dernier effort pour aller mettre Craquotte au pré communal et faire quelques petites courses pour ce soir.

« Tout était agitation dominicale dans les rues et dans les cafés comme tout avait été paix dominicale dans la montagne. »- Voyage avec un âne dans les Cévennes, R.L. Stevenson

Suite et fin - On arrête ...


Malgré une bonne nuit, on se lève avec le moral totalement dans les chaussettes. Nous avons sous estimé le soleil hier à cause du petit voile nuageux qui ne nous a pas empêché de cramé (erreur de débutant…). Hélène en plus du coup de soleil fait une mauvaise réaction au niveau du nez qui est tout gonflé ce matin. La météo est totalement immonde ce matin avec plafond bas et gris et pluie… Tout cela à quoi il faut ajouter nos chaussures qui sont en train de perdre leurs semelles, on commence à se dire qu’il serait plus sage de s’arrêter … En effet, ajouter 50 bornes avec des semelles qui tombent ce n’est pas forcément une bonne idée et en plus l’eau va rentrer par le bas avec cette pluie et si il refait beau ce sera un problème pour Hélène et sa réaction au soleil. Non, malgré le crève-coeur que cela représente nous devons arrêter aujourd’hui. On comprendra donc que nous sommes mortifiés ce matin.

Avant de voir ce que nous allons faire, il faut rendre Craquotte à Marie-Ange et Doriane. On se rejoint donc au rendez-vous fixé. Après leur avoir raconté nos mésaventures, elles nous proposeront spontanément de nous déposer à la gare de Langogne demain et de nous loger ce soir ! Quelle surprise et quelle joie surtout ! Nous filons donc au gîte ranger nos affaires en vitesse et nous prenons la route avec nos sauveuses. Nous discuterons beaucoup pendant la route, de nos parcours, de nos vies. C’est agréable et rare aujourd’hui d’avoir de tels échanges avec des gens que l’on connait à peine et qui pourtant « donne » sans attendre en retour. Merci 1000 fois à elles pour ce qu’elles ont fait pour nous ce jour là.

Le lendemain nous reprenons les transports (bus et train) en direction de Paris que nous atteindrons en début de soirée ….

Au final


C’est un voyage particulier que nous venons de vivre. On a été de déboire en déboire, entre la météo des premiers jours, les chaussures, la brûlure au nez, … Renoncer à une fin de rando n’est pas très drôle à vivre mais il faut savoir s’arrêter à temps. On part pour prendre du plaisir, là ce n’était plus le cas.

Le Chemin de Stevenson en tant que tel est agréable mais nous avons été un peu déçu par les paysages les deux premiers jours. Je pense que la portion au sud du Mont de Lozère est plus joli… Il faudra y retourner pour vérifier. Ce chemin reste intéressant à faire, ne serait pour découvrir cette région peut être moins touristique que d’autres et pour mettre en parallèle le récit même de Stevenson et apprécier les changements en quelques décennies. 

LE gros point fort de la randonnée restera Craquotte. C’est la première fois que l’on marchait avec un âne et on a adoré. Sa présence est agréable, elle venait souvent entre nous pour marcher, elle demandait des câlins et des caresses, il y a un véritable échange. Jamais une once d’hostilité ou un mauvais mouvement,  Craquotte a été adorable tout du long. On a souvent une image erronée des ânes (têtus, bête,…) ; les personnes qui pensent cela ne sauraient avoir plus tord. Bien au contraire, les ânes sont très sensibles et malins et ne seront au final que le reflet de votre humeur.  Cette expérience nous laissera un très bon souvenir et je pense que ce n’est pas la dernière fois que l’on se balade avec un âne. 


Vue sur Rapadalen dans la montée vers le Skierffe - Sarek

SAREK

9jours

de trek

170km

parcourus

2500m

D+

1

jour sans pluie

Voilà quinze mois à présent que nous sommes revenu de notre aventure Lapone le long de la Kungsleden. Quinze mois que le Grand Nord nous appelle de nouveau. Alors, certes, le GR738 m’a permis de m’évader une bonne semaine en montagne mais j’ai besoin de ma migration annuelle en pays nordique, cette fois-ci nous prendrons la direction du Parc National du Sarek en Suède pour neufs jours de trek dans une Nature sauvage et brute.

Sarek et itinéraire


Vaste de presque 2000km², le Sarek est un parc national Suédois situé à quelques heures de route au sud de Kiruna et non loin de la frontière Norvégienne. Souvent considéré comme le dernier espace sauvage d’Europe, le Sarek est un concentré de nature sauvage. Ici pas de route, pas de chemin balisé (et même quasiment pas de « vrai » chemin), juste 2 ponts, pas de refuge en tant que tel, tout au plus quelques cabanes aussi spartiates que rares et des conditions climatiques pouvant être dures. Vos seuls voisins à des (dizaines) de kilomètres seront les rennes que les Sames laissent paître ici tout l’été.

Un vrai paradis pour le marcheur qui souhaite se retrouver au beau milieu de rien pour plusieurs jours.

Par contre le Sarek a un prix : pas de chemin, pas de route, etc implique qu’il faut naviguer soit même dans un environnement souvent dur. En guise de terrain vous aurez le choix entre les marais, les forêts denses de bouleaux ou bien les grandes étendues vides en altitude et pour la météo : la pluie (beaucoup), le vent, la neige et un peu de soleil tout de même.

Le Sarek est un environnement difficile. Le terrain et la météo peuvent être très durs et changeants. Même en plein été, très court au demeurant, vous pourrez avoir des conditions hivernales en altitude. Soyez donc préparés ! Le Sarek s’adressent à des marcheurs expérimentés qui connaissent un minimum le milieu de l’Arctique Scandinave et qui sont équipés en conséquences. Ici vous serez seuls et les secours ne pourront pas toujours intervenir rapidement, sans compter que vous n’aurez aucun réseau téléphonique, ni échappatoire rapide.

Attention : le topo qui va suivre s’inscrit dans un contexte spécifique de ce mois de septembre 2018. Ne présumez pas des conditions à l’avance (notamment en ce qui concerne les traversées de guets) et ne prenez pas les caractéristiques que nous avons rencontrés comme une vérité absolue. Préparez bien votre rando et gardez toujours une marge de sécurité.

Notre itinéraire nous a permis de parcourir un bon morceau du Sarek et de passer notamment par la Rapadalen et le Skierffe, LE point de vue à ne pas rater dans le parc. Long de 170km environ, il nous aura fallu 9 jours de marche pour le réaliser à raison de 20km/jours. Ce n’était pas une balade de santé mais c’est réalisable. Vous trouverez ci-dessous sont détail (le GPX est téléchargeable) :

Download file: SAREK_2018.gpx

Rejoindre le Sarek


Qui dit région isolée dit accessibilité pas facile. De plus, nous partons en septembre ce qui correspond à la fin de la saison ici, certains services sont donc déjà à l’arrêt.

Première étape : monter dans le Nord. Nous avons choisi une fois de plus Kiruna comme camp de base. On peut aussi démarrer de Gällivare qui est accessible en train (mais plus en avion). Kiruna a l’avantage d’avoir un aéroport et quelques bons hotels. C’est « la ville » du nord Suédois. Pour entrer au Sarek il y a plusieurs points « classiques » : Ritsem, Kvikkjokk et Saltoluokta. Etant donné que les traversées de lac et le bus à Ritsem paraissaient complexes car les services étaient finis pour la saison, nous avons choisi Kvikkjokk en point d’entrée et Saltoluokta pour la sortie.

Rejoindre Kvikkjokk en transport en commun depuis Kiruna, nécessite de prendre un train pour Gällivare puis plusieurs bus et un taxi, en d’autres termes, c’est long et nous n’avions pas beaucoup de jours devant nous. Nous avons donc opter pour une solution pas sexy et plutôt onéreuse : le taxi. Il faut compter tout de même 4h30 de route et aux alentours de 5000SEK, à trois ça passe mieux mais bon …

Nous sommes donc arrivés sur place un dimanche, nous avons acheté du gaz pour le réchaud le lundi matin et on a pris le taxi à 12h pour arriver vers 16h (conduite sportive du chauffeur…).

Pour le retour de Saltoluoka il « suffit » de prendre deux bus pour Kiruna ou un seul vers Gällivare.

Voici quelques liens utiles pour préparer les transferts :

Egalement les liens vers les principales « stations » du coin et les infos sur les traversées de lacs :

Attention : vous aurez très certainement à traverser des lacs en bateau, bien que certains le soit à la rame il existe des traversées en bateau à moteur. Vous n’aurez d’ailleurs parfois pas le choix. Par contre c’est très cher !! Voici une liste non exhaustive valable pour 2018 :

  • Traversée Kvikkjokk-Padjalenta : 250SEK/personne
  • Traversée Sitojaure : 400SEK/personne (deux fois par jour ou bien sur demande)
  • Traversée Saltoluokta vers l’arrêt de bus : 200SEK/personne
  • Traversée à Ritsem : ?? mais surement le même ordre de grandeur

Pas de carte bancaire pour les deux premiers mais les euros semblent acceptés. Au final prévoyez du cash !

Premier jour - Départ et Padjelanta


Nous sommes le 10 septembre 2018 à Kvikkjokk vers 16h30, il fait beau, le soleil commence à être bas dans le ciel et nous attendons au bord de l’eau l’arrivée du bateau-taxi qui doit nous mener au début de la Padjelanta. Nous sommes tous les trois, avec Quentin et Matthieu, impatients de nous immerger pour 9 jours et 170km au sein du Sarek. Nous n’avions qu’une hâte après l’année dernière et la Kungsleden : revenir et faire encore plus sauvage, nous y voilà !!

Notre « passeur » arrive avec quelques passagers qui reviennent de la Padjelanta. Nous voyons avec lui quelques détails et on embarque pour 10min de bateau. Bien que début septembre, l’automne a déjà établi son camp ici. Les bouleaux se sont parés de leurs teintes jaune-rouge, c’est beau. La lumière du soleil est apaisante. Nous glissons sur l’eau tranquillement, quelle agréable façon de commencer un trek.

Le débarcadère est sommaire mais on trouve une petite cabane juste à côté pour les randonneurs qui auraient raté le dernier bateau. Nous prenons le temps de discuter avec le pilote concernant l’itinéraire, les passages de lacs, … D’abord un peu bourru, il s’avérera tout à fait sympathique et nous donnera de bons conseils.

A présent nous voilà seuls, les sacs sont chargés sur nos dos qui accusent le poids des 10 jours de nourriture mais nous allons le coeur léger sur un très bon chemin, balisé et facile. C’est d’ailleurs un bonne chose car nous allons passer deux jours le long de celui-ci, le temps de nous mettre en jambe avant d’attaquer le vif du sujet.

Nous ferons 7km ce soir. Rien de bien difficile. Les paysages sont agréables mais pas particulièrement impressionnants car on évolue principalement dans de la forêt dense. On trouve quelques aires de bivouac confortables le long du chemin. Nous nous installons donc à la nuit tombante, non loin de la rivière.

Le temps de monter le camp et de manger et la pluie commence à tomber en fines gouttes ce qui précipite notre mouvement de repli dans le sac de couchage bien chaud et douillé.

Fin de la première journée qui aura surtout été une journée de transfert. On attaque vraiment la marche demain avec au moins 18km à parcourir. En attendant : bonne nuit!

Jour 2 - Plus loin dans Taradalen


Il a plu toute la nuit et l’environnement est particulièrement humide ce matin. Nous plierons le camp sous la bruine de quoi hâter notre départ.

Aujourd’hui nous continuons le long de la Padjelanta. Nous progressons donc facilement même si la pluie a rendu certains passages glissants (notamment les fameux chemins de planches traversant les marais). Après quelques temps nous commençons à sortir par moment de la forêt ce qui nous permet d’admirer l’extension de la vallée sur des kilomètres en aval et en amont. On a, pour l’instant croisé qu’une personne, à la cabane de Nunjes et ce sera tout pour la journée…

Nous sommes en forme et heureux d’être ici. Même si le temps n’est pas au grand beau, la météo n’est pas désagréable. Le soleil joue avec les nuages denses et créé de beaux contraste sur les bouleaux orangés.

Il n’y a pas grand chose à dire de particulier sur cette journée. Les paysages nous rappellent beaucoup ceux de la Kungsleden pour l’instant mais peut être à des dimensions plus impressionnantes.

Le soir (vers 16h – le soleil se couchant à 19h30, on a décalé la journée : lever 6h coucher 21h), nous poserons le camps un peu avant Såmmarlappstugan, à l’endroit où le chemin revient très proche de la rivière. C’est un joli coin pour le bivouac avec une belle vue sur les collines environnantes. Malheureusement on aura le droit à une succession de petites averses toute la soirée. Nous avons tout de même réussi à allumer un feu malgré le bois mouillé mais celui-ci ne chauffera pas très fort.

Nous ne faisons pas de vieux os ce soir. Le soleil se couchant tôt et la pluie n’aidant pas mais surtout nous sommes fatigués de ces premiers 20km. Il faut laisser le temps au corps de s’habituer, ça ira mieux dans un ou deux jours.

Pour l’instant on s’endort, bercés par le ploc ploc de la pluie sur la tente. C’est agréable de se sentir un peu plus loin de la civilisation ce soir mais j’ai hâte d’être vraiment isolé, encore quelques jours de patience.

Jour 3 - Fin de Tarradalen et du chemin


Une seconde nuit pluvieuse. Nous plions encore une fois un camp bien humide mais au moins il s’est arrêté de pleuvoir pour l’instant.

Nous arriverons rapidement à Såmmarlappstugan où nous croiserons le gardien en train de faire le grand ménage avant de fermer. Il comptait d’ailleurs partir cet après-midi. Le temps de papoter et d’admirer la brume matinale sur la rivière et nous reprenons la route sur la Padjelanta qui monte légèrement ici.

La végétation se fait d’ailleurs de plus en plus clairsemée au fur et à mesure de la journée, cela nous permet d’apprécier la vue sur toute la vallée.

Nous arriverons en vue des cabanes de Darreluoppal en début d’après midi. Nous croiserons trois personnes dans cette zone qui seront les dernières pour 48h.

Encore une heure de marche et nous sommes aux cabanes.

Nous arriverons aux cabanes en milieu d’après-midi. Se pose alors la grande question de savoir si on continue un peu le chemin ou bien si on s’arrête ici pour la nuit et que l’on profite du confort de la cabane d’hiver…

Après délibération, on choisit de pousser plus loin. Ce sera toujours ça de gagné… Nous retournons donc sur le chemin encore quelques centaines de mètre. En effet c’est ici que l’on en sort pour marcher dans la pampa en toute liberté. On choisit donc de traverser la rivière (on restera à l’ouest de celle-ci pour la suite), de monter un peu sur les hauteurs et enfin de sortir du chemin.

C’est étonnant à quel point ce petit pas de côté, celui qui vous mène hors sentier, est chargé d’une symbolique forte à mon sens. Par ce petit pas on retrouve une sorte de liberté totale, on peut marcher où on veut, comme on veut, en ayant pour seule contrainte le terrain. Par contre on quitte aussi une ligne rassurante qui mène d’un point A à un point B sans trop se poser de question. Il faut donc, intérieurement, accepter d’avoir toute cette liberté justement. Pour ma part il me faudra attendre quelques heures hors sentier pour justement trouver un sentiment agréable de marche en liberté.

En tous cas, ce qui me rassure c’est le terrain. J’avais peur que celui-ci soit compliqué sur cette section mais pour l’instant c’est de l’herbe avec quelques buissons et rocailles. Rien de bien méchant.

Nous ne tarderons pas à croiser nos premiers rennes dans ce terrain qui est idéal pour eux. Ils se déplacent en général par petit groupe d’une dizaine d’individus mais on peut croiser des troupeaux plus grands.

Après une vingtaine de kilomètres nous poserons le camp juste à côté de la rivière Vàssjàjåhkå au droit du lac Vàssjàjàvràtja. Un emplacement très agréable d’ailleurs offrant une belle vue et relativement bien abrité du vent.

Le bivouac rapidement installé, nous profitons du fait qu’il soit encore tôt pour vaquer à nos occupations : photo, repos ou chasse aux baies sauvages qui abondent dans la zone.

Nous ne tarderons pas à avoir la visite successive de petits groupes de rennes sur l’autre rive de la rivière. Ils gardent tout de même leur distance mais c’est un joli spectacle pendant que l’on mange nos lyophi bien à l’abri du vent. Le soir, les températures tombent vite et il est difficile de rester longtemps dehors après manger.

Ainsi s’achève la troisième journée de marche. Pour l’instant tout va bien si ce n’est quelques petits bobos et un peu de fatigue mais rien d’anormal.

C’est le premier soir où j’ai l’impression d’être loin de la civilisation et encore, au final, il y a les cabanes qui sont à une grosse heure de marche… En tous cas, le moral est bon, le physique suit et j’ai hâte de m’enfoncer encore un peu plus loin dans la Laponie.

Jour 4 - Hors Sentier et Traversée de lac


Nous y voilà, aujourd’hui nous pénétrons réellement dans le parc du Sarek dont la limite est représentée par la petite rivière à côté de laquelle nous campons.

La nuit a été fraîche mais bonne. Nous commençons à être bien rodés sur le rangement du camp et nous sommes rapidement de retour en piste pour nos 20km quotidien.

Nous continuons donc en direction du lac Alggajàvrre. La progression hors sentier est beaucoup plus aisée que ce à quoi je m’attendais et c’est tant mieux ! Même les quelques cours d’eau à traverser sont suffisamment bas pour ne pas nous gêner outre mesure. Nous avançons donc relativement vite dans cette magnifique vallée. Nous passons de petits cols en petits cols, dévoilant à chaque fois une nouvelle perspective. Ici, plus d’arbres évidemment mais de la steppe herbeuse à perte de vue. J’adore ce genre de paysage. On s’y sent tout petit et on respire.

Nous passerons rapidement la barrière à rennes qui sert aux Samis pour rassembler leurs bêtes. Nous la traverserons au niveau de la rivière mais il doit y avoir des « portes » pour la traverser ailleurs j’imagine. La pause repas sera faite un peu plus loin, en face de la Renvaktarstuga.

Les Renvaktarstuga sont des cabanes privées qui appartiennent aux Sames, vous ne pourrez donc pas les utiliser comme refuge pour la soirée. Sur les cartes vous trouverez de plus les indications « Låst » ou « Forfallen » à côté de certaines huttes ; cela signifie respectivement « Verrouillée » et « En ruine ».

Un petit peu après la pause repas, nous tomberons sur notre première traversée un peu complexe de rivière. En effet on trouve ici la confluence de deux bras qui forment un cours d’eau assez important au final. Il faut donc bien traverser un peu après la Renvaktarstuga et rester à l’ouest de l’ensemble des cours d’eau (rive gauche). Nous arriverons après quelques temps de recherche à traverser (presque) au sec en sautant de rochers en rochers. Encore une fois je pense que nous avons de la chance car le niveau des cours est bas en cette saison, il doit en aller tout autrement au printemps et la traversée doit être bien plus difficile !

Nous apercevrons rapidement Alggajàvrre qui marque notre point d’entrée dans le Sarek et un peu au dessus la Alkavare Kapell, une petite chapelle, vestige d’une période de prospection minière dans la zone.

Pour traverser le lac il y a deux possibilités : ramer ou passer par un pont. Vous trouverez donc vers l’extrémité Nord-Ouest et sous la Kapell, des barques pour traverser le cours d’eau.

Le système des trois bateaux : c’est un système que vous retrouverez en Suède et en Norvège. Pour traverser à la rame vous avez deux possibilités. Soit il y a deux bateaux de votre côté et vous en prenez un pour traverser, soit il n’y a qu’un bateau de votre côté et il vous faudra traverser, revenir déposer un second bateau qui est de l’autre côté et traverser une nouvelle fois. En résumé avec trois bateaux, on s’assure qu’il y en ait toujours au moins un de chaque côté et c’est de la responsabilité de l’utilisateur de l’assurer. Il faut donc jouer le jeu même si cela peut prendre du temps (on y reviendra à la traversée de Sitojaure) et faire en sorte qu’il y ait toujours un bateau au moins de chaque côté.

Pas de bol pour nous, il n’y a qu’un seul bateau de notre côté. Mais bon, la traversée doit faire 300m, on devrait s’en sortir.

On charge nos affaires, les bonhommes et le dernier (moi) pousse le bateau pour finir de le mettre à l’eau mais la problème : ça bloque ! Impossible de le faire décoller. Le niveau de l’eau est tellement bas que près de la berge il n’y en a pas assez pour que la barque flotte…

On aura beau décharger, pas moyens de faire flotter convenablement l’embarcation…. Bon… Etant donné qu’on sait qu’il y a un pont un peu plus haut on ne se prend pas la tête : on décharge la barque et on repart en direction du pont. Je pense qu’on aurait pu la mettre à l’eau en la vidant des sacs et tout, en enlevant les chaussures et en poussant dans l’eau mais hormis une certaine flemme à faire tout cela, on ne connaissait pas non plus la profondeur sur la suite du parcours, le pont paraissait donc une bonne alternative. Notons simplement que 2018 a été une année particulièrement chaude pour la Suède et ce même en Arctique, cela doit partiellement expliquer le niveau si bas du lac.

Nous revoilà donc en chemin vers le « Bro » qui se trouve environ 2km plus haut (pour repérer la zone de loin c’est dans l’ensemble de petites buttes qu’on aperçoit rapidement en repartant de la zone de la barque). On l’atteint donc vite et on se rend vite compte qu’il tire un peu la tronche ce pont …

Outre son petit côté rouillé et les quelques bouts qui pendent, on a le droit à une belle pancarte avec une main levée qui semble indiquer une interdiction de passer… N’ayant pas trop le choix on se lance tout de même, un par un. Ça craque et ça grince mais ça passe. Honnêtement, nous n’étions pas rassurés du tout à la traversée et je vous conseille de faire très attention si vous passez par là… (De retour en France et après traduction, on se rendra compte que le panneau signifie que le pont est en réparation et qu’il ne faut pas l’emprunter…).

Nous voilà de l’autre côté… Demi tour donc et c’est reparti en direction de la Kapell que l’on atteindra relativement rapidement si ce n’est la traversée de la rivière Gàjnàjjågåsj qui nous prendra un peu de temps car nous avons chercher un passage au sec.

Le détour par le pont nous a consommé du temps et nous avons moins avancé que prévu. Nous souhaitons donc continuer au moins jusqu’à l’extrémité Est du lac.

Nous progressons à présent dans une sorte de forêt miniature composées de buissons, à hauteur de taille ou d’épaules, particulièrement denses ce qui rend la navigation et la progression particulièrement difficiles. On avance donc tout doucement en nous frayant un passage. Il est sensé il y avoir un chemin dans le coin mais on le trouve pas et on a beau essayer en haut ou en bas, il y a rien à faire et franchement ça m’agace ! En plus Quentin commence à avoir une douleur suspecte au genou, il va falloir être vigilant.

Nous arriverons enfin à l’extrémité du lac et à un coin pas trop mal pour le bivouac après 23km de marche…une bonne journée.

La mise en place du bivouac est accompagnée d’une « agréable » petite pluie fine qui ne nous lâchera pas de la soirée … C’est donc pour moi un moment un peu morose dans la grisaille et le froid. C’est dommage, le coin doit être superbe sous le soleil.

Encore une fois nous ne tarderons pas à rejoindre notre duvet surtout que nous sommes bien fatigués ce soir mais bon soyons heureux, nous sommes concrètement dans le Sarek ce soir et nous allons commencer à l’explorer dès demain !

Jour 5 - Alggavàgge et la hutte magique


Nuit froide et pluvieuse ! Le réveil n’est donc pas très facile … mais le paysage compense : en effet une légère couche de neige a saupoudré la tête des montagnes environnantes c’est beau. L’ambiance matinale est très sereine mais les nuages referont vite leur apparition apportant au passage la pluie…

Nous nous remettons en route en cherchant le fameux chemin qui doit passer dans la zone. Alors honnêtement, hormis quelques traces de passages qui sont dues à l’humain mais aussi à des rennes, on ne trouvera pas de bon chemin pendant un moment. Non, on aura le droit à ces horribles buissons qui sont, de plus, trempés ce matin ! On est donc tout mouillé du pantalon et ça passe dans les chaussettes par capillarité. J’ai donc rapidement les pieds mouillés et pour tout vous dire, ils ne sécheront pas avant la fin du séjour … On progresse très lentement et on galère, c’est un sale début de journée ! Pour couronner le tout la douleur au genou de Quentin se fait vive et ressemble fort à une tendinite. C’est inquiétant pour la suite car on est à 40-50km minimum d’un point de sortie… Il va donc falloir que le genou tienne !

Après cette horrible zone, nous arrivons enfin dans un espace dégagé qui nous permet de marcher un peu plus vite même si on progresse parfois dans du marais qui finit de nous humidifier. Par contre la vue est superbe et les montagnes conservent leur bonnet de neige.

Nous prendrons la pause du midi (à 11h…) sur une petite proéminence et avec une vue magnifique sur la vallée en direction de l’ouest avec un grand troupeau de rennes en contre bas. Magnifique.

Nous entamons la descente côté ouest de la vallée. Au loin les sommets enneigés et les glaciers de Mihkàtjåhkkå et de Màhtujåhkkå.

La descente est facile et belle. Ne traversez pas la Ahkàvàgge, au contraire à ce niveau rester bien sur la gauche de la vallée (versant nord). Vous verrez au loin un Renvaktarstuga, que le semblant de chemin croise par la gauche. On croisera ici un beau troupeau de rennes assez curieux pour venir à une trentaine de mètres.

La confluence de deux vallées offre un magnifique paysage. C’est superbe, c’est ce qu’on est venu chercher.

On arrive après cette jolie rencontre à un passage potentiellement délicat : la traversée de la Guohperjåhkå. Faites cela « sous » le renvaktarstuga, on trouve des cairns qui indiquent le passage. Encore une fois, notre traversée a été facilitée par le niveau bas de la rivière mais au printemps ça doit être une autre paire de manches !

La suite de la progression sera relativement ennuyante surtout qu’il bruine ! Il n’y a pas vraiment de chemin bien marqué, tout au plus des traces de rennes … Essayez de rester sur les hauteurs ce sera plus facile pour avancer. En tous cas après quelques temps, on aperçoit enfin la petite cabane à côté du pont qui permet de traverser les gorges de Skàrjà. Je suis content on est tombé pas très loin, on s’améliore en navigation. J’ai hâte qu’on arrive car Quentin a bien mal à son genou, il faut qu’il le repose.

La descente vers la cabane sera rapide. Celle-ci est toute bête mais il y a l’essentiel : une table, deux banquettes et un espace de « stockage ». Par contre pas de quoi dormir convenablement, on monte donc les tentes dehors car nous arrêtons ici pour aujourd’hui. Le soleil refait même son apparition au bout d’un petit moment. Le coin est vraiment magnifique car il est à la confluence de plusieurs vallées. A 360°, des sommets, des vallées et la beauté brute du pays Samis.

Comme je le disais nous allons rester ici pour la nuit. L’endroit est beau, il fait beau et puis ça nous fera du bien d’être un peu à l’abri pour manger et faire la soirée.

Cette petite cabane, Mikkastuga, c’est un vrai moment de détente et de bonheur dans le trek, une bouffée d’air qui nous permet de trouver un semblant de confort. Nous passerons donc la fin d’après midi à nous réchauffer tranquillement au soleil ou à ranger un peu, nettoyer,… Nous aurons la visite d’un Finlandais qui se promène depuis 2 semaines dans le Sarek, pour faire des sommets, un personnage haut en couleur mais qui connaissait le « métier » !

Les heures passent, la lumière change en continue, j’ai envie de refaire la même photo toutes les 15min. Que ces grands espaces sont beaux !

Le soir nous feront un festin de roi : saucisson, fromage, pistaches, la fameuse fondue 4 fromages lyophilisée qui est devenue une tradition de rando, soupe, mousse au chocolat lyophi, amandes caramélisées, … De quoi refaire le stock de calorie pour le lendemain !

Nous sommes bien, il fait froid mais il n’y a pas de vent ce qui rend les choses supportables. Nous passons un petit moment à jouer aux cartes avant de rejoindre nos appartements dehors après quelques ultimes photos de nuit. Cette soirée est la meilleure que j’ai passé du trek et ce bivouac (grand luxe) est l’un des plus beaux de ces vacances. Cela nous aura fait un bien fou en ce milieu de parcours.

Je m’endors heureux, inconscient de l’horrible journée qui nous attend demain…

Jour 6 - L'horreur


Levé matinal et froid pour changer … Au moins il ne pleut pas… pour l’instant. On plie le camp et on repart.

Ici il y a un chemin pas trop mal tracé, on le perd de temps en temps mais on finit par le retrouver en général. Le genou de Quentin tire un peu mais on lui a pris du matos pour alléger son sac, ça a l’air de stabiliser la douleur au moins…

Vous verrez cette portion du chemin n’est pas compliquée. Il y a trois cours d’eau à traverser, pas de difficulté pour nous mais attention au printemps. Seule la Tjåggnårisjåhkå nous demande de passer un peu de temps à chercher un passage au sec. La trace bifurque après la rivière. Il faut que vous visiez la petite proéminence au loin baptisée Bielavàràsj (sur ma droite du plateau).

C’est à partir de ce point que la pluie fait son retour. D’abord légère, elle se renforce au fur et à mesure. Pour l’instant ça va même si l’ambiance est moins plaisante. En tous cas la vue est belle et la vallée impressionnante. Une dernière photo pluvieuse avant le début de l’horreur.

La suite du chemin nous amène à la partie technique de la journée. Le sentier passe sous la grande falaise du Bieltjåhkkå. On y croise un duo père/fille qui nous prévient que ça glisse fort et en effet déjà c’est de la rocaille bien lisse et la pluie n’arrange rien ! Pour couronner le tout, la végétation gorgée d’eau nous trempe le pantalon et la pluie tombe toujours plus fort. On se démerde donc dans ce passage en avançant doucement car ça dérape vraiment.

Au bout de 45min, on commence à être bien mouillé. On atteint enfin le plateau du lac Sàvvàjàvrre et là, on passe à un tout autre niveau. Déjà on est quasiment à 1000m, le mercure a donc bien baissé, mais on a surtout un fort vent de face (environ 50km/h) et on est dans les nuages. Prenez donc de la pluie, du vent et une température aux alentours de 0°C et vous avez le super combo. Rapidement on se retrouve mouillé jusqu’au caleçon (littéralement), la goretex abandonne la partie et on est aussitôt mouillé au niveau du torse. En gros on est entièrement trempé !

Commence alors un long moment de lutte, on perd notre température extrêmement vite, on se met donc à marcher comme des fous. Têtes baissées face au vent, on avance le plus vite possible pour se réchauffer de l’intérieur. On ne parle plus ou juste quelques blagues de temps en temps pour réchauffer l’ambiance qui règne.

On en parlera ensemble ensuite mais je peux vous dire qu’à ce moment on s’est tous senti extrêmement vulnérable au milieu. Déjà nous sommes à 60km de toute civilisation, le réseau téléphonique ne passe évidemment pas et même en cas de besoin les secours ne pourraient pas intervenir par cette météo. On est donc seuls, tous les trois, à marcher comme des fantômes pour fuir ce plateau qui est littéralement en train d’aspirer toute trace de chaleur dans nos corps.

Plus loin, avant d’attaquer la descente, nous ferons la rencontre fantomatique d’un groupe de rennes posés en train d’attendre la fin de la tempête. La descente sonne comme la porte de sortie de cet enfer de brume.

Les quelques dizaines de mètre de dénivelés refont monter légèrement le thermomètre mais nous sommes trempés et nous restons froid. Nous continuons donc d’avancer. On arrivera  vite dans une forêt de bouleaux détrempés qui continuera de nous mouiller.

Après de long kilomètres, on trouve enfin un spot où se poser. Le camp est monté à la hâte et on saute dans nos tentes respectives. Matthieu et moi nous mettons en caleçon car toutes nos fringues sont trempées. Directement sous la couverture de survie le temps de reprendre quelques degrés. Rapidement on s’habille avec des habits secs (heureusement les sacs à dos n’ont pas (ou peu) pris l’eau) et on se réfugie dans nos duvets.

Il nous faudra 3h pour revenir à une température convenable ! La pluie est tombée sans discontinu durant 7h. Le « soir » vers 17h elle s’arrête enfin et c’est heureux car il faut qu’on mange quelque chose de chaud pour récupérer. On sort donc « cuisiner » en caleçon car le pantalon est trempé. Les nuages se sont enfin levés et dévoilent un beau décor. On passe alors par un bon moment avec nos lyophi et la vue. C’est fou la vitesse à laquelle on passe d’une émotion à l’autre en rando : on alterne entre se dire « mais pourquoi bordel je suis ici ? pourquoi je fais ça? » à des moments de grâce offerts par une vue, un petit truc chaud à manger ou juste un bonne blague. C’est aussi ça finalement que l’on vient chercher ici, les choses simples qui ont un réel impact bienfaisant sur vous.

On se couchera tôt, la pluie reprenant en début de soirée. Heureusement nos duvets ne sont pas humides.

Cette journée aura été très riche en enseignement, tout d’abord et même si on le sait c’est la vitesse à laquelle une situation difficile peut arriver, c’est également le fait que l’eau arrivera toujours à traverser mais c’est surtout la rudesse du climat ici. Cet journée a changé notre perception de ce trek. On est passé de « balade » sauvage à rando engagée. Ce soir on a surtout envie de se barrer de là. Notre arrivée dans Rapadalen aura donc été bien sportive.

En terme de retour d’expérience, je pense qu’on s’est trop préparé en mode « Montagnes Françaises ». La Suède nécessite une approche particulière notamment pour ce qui est de la gestion de l’humidité. Après coup il va donc falloir qu’on revoit certains points. Mais bon rassurons nous aussi, on a surmonté cela et le duo père/fille suédois qu’on a croisé aujourd’hui nous dirons à Saltoluokta (où on les retrouvera) qu’ils ont eu pas mal de soucis aussi et que ça a été dur donc bon, si même les locaux expérimentés galèrent, ça va !

En attendant je m’endors, crevé, bien au chaud en écoutant la pluie dehors. J’espère qu’elle s’arrêtera d’ici demain matin.

Jour 7 - Rapadalen


Il a bien plu encore cette nuit mais au moins ce matin ça s’est arrêté… Par contre tout est évidemment encore mouillé de la veille. Je dois avouer que ce matin je n’ai aucune envie de me lever et enfiler des habits gorgés d’eau (pantalon, chaussettes,…).

Mais bon… il faut y aller. On plie donc le camp et on se met en route. On a pas trop mal récupérer de la veille mais Quentin a toujours aussi mal au genou gauche et celui de droite commence à faire des siennes aussi… c’est pas bon signe et il nous reste 60km à parcourir…

Le début du chemin se fait encore et toujours dans de la forêt dense et mouillée, on va pas sécher aujourd’hui… Par chemin j’entends une vague trace de piste qui semblerait avoir été récemment foulée par un humain étant donné les quelques traces de pas que l’on trouve ici et là. On est bien loin de la superbe Padjelanta et de son tracé 4 étoiles. Ici pas de chemin de planche dans les marais, il faut y aller directement et jusqu’à mi-mollets parfois. Et niveau marais on est servi aujourd’hui. De toute façon pour résumer on a le choix entre la forêt de bouleaux humides, les marais et une broussaille dense à hauteur d’homme qui vous fouette le visage… Un vrai bonheur.

Malgré tout on progresse et les quelques passages proches de l’eau révèlent à chaque fois un magnifique paysage avec, en toile de fond, le Gådoktjåhkkå tout saupoudré de neige fraîche.

Plus on avance et moins la trace est visible. Elle disparaît souvent au niveau des rivières et des marais.

Début d’après midi, Nammàsj (prononcé Nammatche) est en vue, c’est notre destination. Nous cherchons à poser le camp près du débarcadère qui mène normalement à Akste mais qui n’est plus en service à cette période.

Nous atteindrons notre destination vers 16h. Nous avons un joli espace de bivouac et surtout une vue incroyable sur Rapadalen.

Le camp installé, on s’atèle à nos tâches classiques : séchage des affaires (on a même la chance d’avoir du soleil !), photo, soin des pieds… D’ailleurs pour ce qui est des pieds, les miens commencent à en avoir un peu marre d’être trempés si bien que j’ai quelques plaies ouvertes au talons et un orteil qui commence gentiment à puruler… mais bon, quand vous marchez 8h par jour dans des marais il faut pas s’attendre à mieux – on a d’ailleurs croiser une Suédoise plus tard qui avait une philosophie intéressante : « Get wet and accept » (Sois trempé et accepte le)…

On allumera un petit feu ce soir. De quoi se réchauffer un peu même si le bois humide ne chauffe pas très fort.

La journée aura été bonne au final et on a bien progressé malgré le terrain difficile et le genou de Quentin. Le bivouac est vraiment beau et agréable. Encore une fois les lumières du soi donnent envie de faire des photos en continue.

Parce que ça caille et nous ne tarderons pas à rejoindre notre douillé duvet.

Jour 8 - Skierffe, Kungsleden et Sitojaure


Il a fait froid cette nuit ! Avec Matthieu ça a été car on est à deux dans la tente et on a de bons duvets mais Quentin s’est bien pelé. On a eu environ -5°C. Ce qui est marrant c’est qu’étant donné que tout est trempé, et bien tout a gelé, même les chaussures. On a donc le bonheur d’enfiler des bons gros blocs de glace dès le lever.

Par contre qui dit nuit fraîche dit jolie ambiance matinale ensoleillée :

La première étape de la journée consiste à réaliser l’ascension du Skierffe. Juste 600m de D+, ce n’est pas énorme mais il n’y a pas de chemin de ce côté-ci ce qui change pas mal la donne au final. On se met donc en route hors sentier à travers la forêt de bouleaux encore une fois relativement dense.

Afin de vous repérer je vous conseille de viser la cascade qui descend sur la gauche du Skierffe. En suivant ce cap vous ne rencontrerez pas de grosses difficultés. Il y a juste la Nammàsjjåhkå à traverser mais en cherchant un peu on peut trouver un passage à guet.

Nous arrivons rapidement au début de la montée qui se fait en grande partie dans la forêt. La pente est assez raide et l’absence de chemin n’aide pas mais en y allant tranquillement pas de soucis. De plus la vue est de plus en plus belle à mesure que l’on s’élève ce qui donne du baume au coeur :

Vous atteindrez un « faux » replat en haut de la montée là où les arbres se font plus rares. Prenez en direction de la droite (plein est) à ce moment. Une fois la cascade passée par le dessus, vous entamez la longue pente finale vers le sommet. Je vous conseille de ne pas trop marcher près de la falaise, déjà par sécurité mais surtout pour avoir la surprise de la vue au moment où vous arriverez au point culminant du Skierffe.

Et je dois vous dire que cette vue est absolument magnifique ! D’en haut vous embrassez en un regard Rapadalen et son delta, Nammàsj tout petit en bas, Tjahkelij, les lacs de Làjtavrre et de Tjaktjajàvrre,… C’est époustouflant ! Au nord vous pourrez également admirer les grandes landes vides qui s’étendent jusqu’au lac Sitojaure. Le Skierffe tient ses promesses en tous cas et nous sommes heureux et loin de la rudesse des derniers jours. C’est pour cela aussi qu’on marche : voir ces paysages uniques et merveilleux de ses propres yeux.

Nous profitons de ce lieu magique pour faire notre pause du midi. Toutefois à 1179m d’altitude il fait froid surtout dans le Grand Nord, on se refroidit rapidement étant statiques. Encore quelques photos et nous reprenons la route.

La suite du chemin doit nous mener vers le lac Sitojaure, pour cela nous devons rejoindre la Kungsleden mais le sentier redescend vers Akste pour remonter. On décide donc de couper tout droit en passant près du Doaresoajvve. On se retrouve donc encore une fois hors sentier dans un terrain très agréable marchant en toute liberté. Les paysages sont superbes : de la toundra à perte de vue avec en toile de fond de grand sommets tous blancs.

Nous rejoignons enfin la Kungsleden qui nous parait une autoroute après ces 7 jours dans la pampa : le chemin est large, parfaitement marqué et surtout balisé tous les 10m. En bref on avance vite sur la fin du plateau et ensuite dans une forêt/marais relativement triste.

Vers 16h30 nous arrivons en vue de la petite cabane près de l’embarcadère qui permet de traverser le lac. D’ici on peut prendre un bateau à moteur mais comme nous n’avons pas assez de couronnes suédoises sur nous (400Kr/pers), on se dit que l’on va ramer sur les 4,5km sauf que … il y a 0 bateau à rame ! Il devrait y en avoir au moins un sauf que là non… C’est un problème !

Heureusement pour nous il y a une américaine qui attend depuis 1h le bateau pour passer de l’autre côté. On va donc attendre que la pilote arrive et voir avec elle comment on peut s’arranger pour payer notre traversée (euros, virement,..).

Commence alors l’attente, on ne sait pas à quelle heure elle va passer, il y a juste un mot disant qu’elle le fera… Nous attendons donc en papotant avec la randonneuse américaine, en grignotant, en improvisant une pétanque à base de galets,…

Le temps passe et se fait long, au bout de 2 heures d’attente on commence à se demander ce qu’on va faire….

Heureusement, notre pilote arrivera vers 18h30. Heureusement également elle accepte les euros, on va donc pouvoir traverser ce soir et ne pas perdre de temps. On embarque donc tous les quatre et c’est parti pour 10 minutes de traversée.

La distance est vraiment longue jusqu’au petit village de l’autre côté. Je pense qu’en ramant c’est possible mais c’est une bonne étape  à ne pas entreprendre si il y a trop de vent ! Et je ne parle même pas du cas où il faut refaire un aller-retour supplémentaire pour ramener un bateau de l’autre côté. Je vous conseillerai donc de privilégier le passage avec le bateau à moteur même si c’est cher.

Nous arrivons donc de l’autre côté, nous débarquons et nous prenons le temps de papoter avec la pilote qui est également éleveuse de rennes. Initialement on s’était dit que nous resterions bien à la Sitojaurestugorna pour la nuit (un refuge) mais elle nous conseille de continuer la route 3km plus loin pour bivouaquer et dépenser les 50€ de la nuit (500kr) à Saltoluokta qui est plus sympa d’après elle.

Nous reprenons donc la route au crépuscule en marchant rapidement pour essayer de ne pas arriver de nuit. La Kungsleden est toujours aussi « roulante », on a donc besoin de juste 45 minutes pour couvrir les 3km jusqu’au point de bivouac près d’un point d’eau.

Il fait déjà sombre lorsque nous montons le camp. Nous aurons la visite d’un beau renard roux, pas craintif qui approchera à quelques mètres en vue de glaner un peu de nourriture je pense. Il s’en ira au bout d’un moment nous laissant à nos lyophi mangés à la lumière de la frontale.

Le ciel est clair, il va encore faire froid ce soir. On se couche pour la dernière fois dans nos tentes car demain c’est la dernière journée.

Jour 9 - Dernier jour vers Saltoluokta


Le mercure est encore descendu bien bas cette nuit comme en témoigne la tente gelée au réveil. Le soleil levant dévoile également le magnifique paysage qui nous entoure et dont on a pas pu profiter hier. J’adore ces ambiance de petit matin où tout est calme et apaisé.

Nous plions le camp une dernière fois et nous reprenons la route pour les 15km qui nous séparent de la fjallstation de Saltoluokta.

Les paysages sont réellement superbes sur toute cette portion de chemin, de plus nous avons la chance d’avoir un grand soleil aujourd’hui, le temps parfait pour finir le trek. C’est le premier jour sans aucune pluie.

Nous avançons donc le coeur léger contents de retrouver la civilisation après ces 8 jours pas toujours faciles.

Il ne nous faudra que 4h pour parcourir la distance qui nous sépare de la « station », 4h de spectacle offert par la nature :

Nous arriverons à Saltoluokta vers 13h. Il y a pas mal de monde ici, c’est même surprenant et un peu déstabilisant après une semaine en ayant croisé presque personne. Il me faut toujours un petit moment pour atterrir…

Le reste de la journée sera partagée entre une petite bière, un tour au sauna avec une vue magnifique sur le lac et la vallée, un bon repas le soir (~25€).

Le soir nous attendrons les aurores et nous serons récompensés par un beau spectacle ! Une formidable façon de finir ce trek.

Nous nous endormirons donc la tête pleine d’aurores boréales bien au chaud dans notre chambrée.

Le lendemain nous prendrons le bateau à 12h30 et ensuite le bus direction Kiruna où nous passerons une journée avant de revenir en France.

Dès le trajet en bus, nous ressentirons une nostalgie des grands espaces et du « Wild ». Nous disons malheureusement au revoir à la Laponie mais déjà nous souhaitons repartir vivre encore une fois une telle expérience.

Conclusions


Quelle aventure ! J’ai eu envie d’aller au Sarek dès que j’en ai entendu parler et mes espoirs n’ont pas été déçus. Le Sarek est sauvage, dur, beau, époustouflant. La dimension de la Nature, que ce soit les paysages ou la météo, vous font sentir tout petit. Il est rare de nos jours, en Europe tout du moins, de pouvoir marcher 3, 5 ou même 7 jours sans croiser une vraie structure humaine ni même des personnes ou bien juste 2min le temps de se croiser. 

Ce trek aura toutefois été l’un des plus durs que j’ai fait et il en est de même pour mes acolytes. Le terrain aura été la principale difficulté mais la météo n’aura rien arrangé. Mais bon, à côté de cela, la récompense qu’offre les paysages et tous ces petits moments indescriptibles compensent largement les difficultés. Quelques jours après notre retour Quentin parlait d’amnésie à la douleur, j’aime bien cette image. On oublie ce qui faisait mal et on ne garde que le bon et on a tout de suite envie de repartir encore un peu plus loin, un peu plus longtemps. Je ne sais pas encore où cela sera mais ce qui est sûr c’est que l’appel du Nord va encore être fort dans les prochains mois.


Bouquetins au col de la Vache - GR738

GR738 - Haute Traversée de Belledonne

8jours

de trek

130km

parcourus

10000m

D+

10

Bouquetins

Voilà longtemps que je souhaitais découvrir le massif de Belledonne la création de cette nouvelle grande traversée de massif, le GR738, était le moment parfait pour enfin y aller et explorer ce massif aussi magnifique que méconnu.

Suivez-moi pour 8 jours sur GR difficile mais également sauvage et peu couru, le tout à 4h de train de Paris !

Belledonne et le GR738


Belledonne est un massif s’étendant de Chambéry à Grenoble. Long de 60km sur 10 de large, la chaîne culmine à 2977m avec le Grand Pic de Belledonne. C’est l’un des rares massifs de la région à ne pas être classé en Parc Naturel Régional ou National mais des projets sont en cours en ce sens. Belledonne est moins connu que les illustres Ecrins, Vanoise ou Vercors mais recèle toutefois des possibilités de randonnées fortes intéressantes et de sublimes paysages, le tout étant peu fréquenté et sauvage. Le massif est aisément accessible en voiture mais également en train en passant par Chambéry ou Grenoble.

Le massif est un haut lieu de pastoralisme et vous croiserez de nombreux troupeaux de moutons souvent protégés par des chiens Patou (prudence!). La faune y est riche, on y croise les « classiques » bouquetins, chamois et mouflons et le Loup y est également présent surtout dans le nord, dans l’Allevard.

Les Patous : ces chiens sont élevés pour garder et protéger les troupeaux de moutons, au sein desquels ils évoluent dès le plus jeune age. Ceux sont donc des chiens de défense qui ne laisseront personne approcher du troupeau, même les randonneurs. Il faut donc être particulièrement prudent à l’approche d’un troupeau car chaque année des randonneurs se font mordre.

Comment se comporter en présence d’un troupeau et d’un patou :

  • Ne pas traverser un troupeau de moutons, toujours le contourner ou le laisser passer en gardant ses distances.
  • Le patou, lorsqu’il vous repérera, va venir vers vous en courant et en aboyant fortement afin de « marquer » son territoire. Il va ensuite vous sentir et évaluer la menace que vous représentez. Parlez lui gentiment, sans crier, arrêtez vous le temps qu’il vous « scanne » ou bien continuez à marcher tranquillement, ayez une attitude apaisée et calme afin de le mettre en confiance. Il vous accompagnera le temps que vous vous éloignez du troupeau.
  • Ne courrez pas, ne soyez menaçant d’aucune sorte que ce soit. Ne brandissez pas de bâton par exemple. Toute action pouvant être interprétée par le chien comme une agression pourrait déboucher sur un comportement agressif de sa part.
  • Si vous avez un chien avec vous, ne le prenez pas dans les bras.

Les sentiers qui composent le GR738 ne datent pas d’hier, ils étaient connus sous le nom du « sentier des bergers » auparavant, mais l’officialisation du statut de GR date de 2017 avec une ouverture officielle à l’été 2018. Lorsque j’ai parcouru le GR (juillet 2018), la section entre le col de la Vache et la brèche de la roche fendu n’était pas encore balisée GR (mais il y a bien un balisage composé d’un trait jaune et/ou de points bleus) mais cela devrait être finalisé courant 2018. Avec ces 130km de long et 10 000m de dénivelé positif, le GR738 se positionne en tant que grande traversée de massif difficile à l’instar du GR54 ou du fameux GR20. L’une des spécificités du GR qui m’a marqué est le peu de village que l’on traverse. Si vous souhaitez donc partir en autonomie, il faudra prévoir de la nourriture pour quasiment tout le long de la randonnée. Si vous ne souhaitez pas faire de portage lourd, il est également possible de faire la randonnée de refuge en refuge mais certains ne sont pas gardés.

Download file: GPX-GR738.gpx

Comme je l’ai dit précédemment, Belledonne est peu couru et sauvage, vous randonnerez donc en croisant peu de monde surtout dans les parties les plus reculées. Pour l’avoir parcouru, le GR738 est donc un beau parcours, assez demandant physiquement mais gratifiant en terme de paysages surtout sur la partie Sept Laux – La Pra.

Jour 1 - Départ de Paris et premiers kilomètres


Nous sommes le 06 juillet 2018 à Gare de Lyon et c’est parti pour 8jours de randonnée le long du GR738. Je serai en solo pour ce trek car je devais partir avec mon frère mais ses vacances ont été annulées malheureusement… C’est la première grande randonnée de l’année et on ne peut pas dire que j’ai fait beaucoup beaucoup de sport dernièrement (…), on verra ce que ça donne physiquement sachant que le sac est particulièrement lourd car j’emmène 8 jours de nourriture avec moi étant donné que je veux être totalement autonome.

Direction Aiguebelle pour rejoindre le début du GR738. Le voyage est rapide car le village est à 30min de TER de Chambéry que l’on rejoint en 3h de TGV depuis Paris.

Me voilà donc au début des 130 bornes qui me séparent de Vizille, la fin du GR. Pour trouver le début du chemin, rejoignez la rue principale du village en direction du NO. Les premières marques rouge et blanche qui vont vous accompagner pour quelques jours se situent à l’embranchement de la route qui monte vers le Planay (c’est dommage qu’il n’y ait pas de petit panneau marquant le début du sentier, quelque chose d’un peu solennel).

Alors disons-le tout de suite, je n’aime pas les premières journées de marche, en général c’est difficile (le temps de lancer la machine), c’est pas folichon en terme de paysage et je fais toujours une erreur de navigation. Et bah vous savez quoi … j’ai eu droit au trio gagnant cette fois-ci ! La montée au dessus d’Aiguebelle n’est pas très jolie et je serai de plus accompagné par les mouches et les taons. Le sac est lourd, je ne suis pas « chaud » et la fatigue du voyage font que c’est dur dur en cette première journée. Pour couronner le tout je me tromperai de direction vers Les Bugnons me rajoutant 2-3km inutiles !

L’objectif de la journée était de monter au Fort de Montgilbert et d’y bivouaquer. J’y arrive vers 19h, épuisé (…) et harcelé par des nuées de moustiques – un enfer ! Pas de surface adéquates pour poser la tente, je décide de pousser plus loin dans l’espoir de trouver un meilleur coin.

Au final je me poserai à côté d’une piste forestière (un coin bien moche) et je passerai la soirée dans la tente car les moustiques rendaient l’extérieur invivable… Voilà une première journée typique ! J’espère que ça ira mieux demain, normalement on attaque des zones plus sympathiques. Pour l’instant dodo, il faut récupérer pour la suite.

Jour 2 - Du Fort de Montgilbert au Refuge de la Perrière


Réveil matinal avec le soleil et empaquetage rapide. C’est une longue journée qui m’attend : 17km et 1700m de D+ ! Reprenant la route je croise quelques centaines de mètre après le bivouac une ancienne batterie avec un coin qui aurait été parfait pour poser la tente … Dommage !

Le sentier descend ensuite vers un petit patelin appelé Les Granges, je croise fugacement un chamois dans la descente en sous-bois. Au village, le GR738 passe de l’autre côté de la vallée, à l’ombre, pour monter en direction du col du Champet.

L’ascension pour le col est longue, en tous cas j’ai du mal et physiquement ça suit pas. Je paie le manque d’entrainement cette année. Heureusement on monte à l’ombre.

Arrivé au col je m’accorde une petite pause, le temps de grignoter. Les arbres commencent à se faire rare à cette altitude (~1800m) ; les montagnes alentours se dévoilent plus, le paysage a déjà bien changé et est plus beau.

Le GR738 mène ensuite vers le sommet du Grand Chat (1992m) et court le long de la crête vers le lac aux grenouilles. C’est un joli passage mais j’ai un peu de mal à en profiter car je n’ai plus d’eau depuis quelques temps et il fait très chaud. Malheureusement le coin est sec…

Heureusement, je croise le petit lac des grenouilles qui me permet de boire un peu même s’il n’est pas profond et l’eau un peu trouble (merci la paille filtrante…). Par contre sur ce coup là je fais preuve d’une certaine bêtise étant donné que quelques mètres plus bas (mais cacher à la vue depuis le lac) se trouve le refuge d’Arbarétan auquel il y a de l’eau…

Je reprends la route après cette courte pause pseudo rafraîchissante. Prochain passage clé, le col de la Perche (1988m) que je rejoins rapidement. Il faut ensuite descendre relativement bas avant d’attaquer la montée vers le Col de la Perrière (1979m). Sur le chemin on croise la source du Gargoton qui est pleine de charme et qui me permet surtout de boire à ma soif et de refaire le plein. Je m’y accorde une bonne pause avant d’attaquer les 300/400 m de montée.

L’ascension vers le col n’est pas complexe en soit mais je commence vraiment à être fatigué aujourd’hui. J’ai hâte d’arriver au refuge de la Perrière et de souffler un peu.

Ce dernier est situé non loin du col légèrement en contrebas. C’est une jolie cabane avec une quinzaine de couchage. Le bâtiment a entièrement été rénové par l’association « Tous à poêle » en 2018. Bien que non gardé le refuge de la Perrière offre un bon confort. Il est d’ailleurs prisé des habitants du coin car on peut y accéder depuis Val Pelouse en 50min de marche. Etant donné que nous sommes samedi, pas mal de famille sont montés avec leurs enfants et le refuge sera plein ce soir. Pour ma part je poserai ma tente dehors afin de dormir au calme.

Je suis content d’arriver car je suis exténué. Il n’est pas encore trop tard, j’ai donc le temps de profiter du lieu et de l’ambiance. S’en suivra une agréable soirée animée par les jeux d’enfants et l’ambiance conviviale. Le coucher de soleil sur le Pic du Frêne est beau.

D’ici j’aperçois mon objectif de demain, le Col de Claran (1956m) qui n’est qu’à 4km à vol d’oiseau mais qui va nécessiter une bonne balade encore une fois.

Mon sentiment est partagé ce soir car bien que l’endroit soit sympa et l’ambiance agréable, le GR738 ne m’a pas encore particulièrement impressionné par ses paysages. Par contre physiquement il m’a bien attaqué et j’espère que les prochaines journées seront plus cool. Pour l’instant passons une bonne nuit de sommeil.

Jour 3 - Du refuge de la Perrière au Refuge de la Pierre du Carre


La nuit a été bonne même si je me réveille avec les jambes toutes raides ainsi que le dos. Je suis le seul réveillé, c’est l’aube, il fait bon et l’atmosphère est apaisante. Le « camp » est vite plié et je me mets en route en direction du Refuge des Férices.

Cette étape du GR738 commence par une jolie montée vers le Col de la Frèche (2183m) de quoi se mettre en jambe dès le matin !

Le terrain a changé depuis hier. C’est plus sauvage, plus rocailleux, je préfère. Une fois au col, le sentier passe de combe en combe à flan de falaise en descendant gentiment vers les Férices. Cette portion est très belle, très sauvage mais attention le chemin peut être abrupte (particulièrement en descente). Soyez donc prudent surtout si vous randonnez avec des enfants.

J’atteins le petit Refuge rustique des Férices qui est une simple cabane de pierre avec juste ce qu’il faut d’installation à l’intérieur. Je trouve que ce refuge a beaucoup de charme et le lieu dans lequel il se trouve est vraiment magnifique.

Je m’accorde une longue pause avant de reprendre la route en direction du Chalet de Pré Nouveau quelques 400m plus bas.

Les genoux sont douloureux dans la descente et la fatigue des derniers jours se fait sentir. Cette portion contrairement à la précédente n’a que peu de charme… Je croiserai dans cette descente les seules autres personnes de mes 8 jours ayant parcourus le GR738 en intégral…

Pause repas au Chalet (qui est fermé) avant d’attaquer l’ascension vers le Claran.

Encore une fois cette portion n’est pas très jolie car elle évolue dans une végétation dense et fort humide. Ce n’est qu’à l’approche du refuge de Claran (1828m) que le paysage s’ouvre de nouveau. En tous cas la montée est longue et difficile pour moi…

La montée finale vers le col finie de me fatiguer même si la vue est belle. Derrière le refuge de la Pierre du Carre se dévoile plus bas avec lui l’idée d’une bonne bière fraîche. Par contre il paraît beaucoup plus proche qu’il n’est en réalité et la descente est une torture pour mes genoux.

J’atteins enfin le refuge, épuisé encore une fois… Il y a peu de monde et je me retrouverai rapidement seul avec les gardiens. Je profite d’être à un refuge gardé pour manger une bonne part de tarte aux myrtilles accompagnée d’une bière bien méritée. Encore une fois et comme souvent, la vue du refuge est belle.

Je passerai pas mal de temps à discuter avec le gardien et sa femme qui sont très accueillants. Si vous passez dans le coin, je vous conseille vraiment d’y passer pour une nuit ou juste le temps de manger un bout car il y règne une agréable ambiance de « refuge familial » qui parfois se perd avec les gros établissements.

Il y a quelques emplacements au dessus du refuge pour poser la tente. Ils offrent une jolie vue sur la vallée.

Je me couche tôt car j’ai besoin de récupérer. Je commence à être inquiet pour la suite et j’espère que je vais tenir physiquement. Le fait de marcher seul n’aide pas car j’ai personne pour me motiver quand je suis fatigué. Le groupe fournit une belle énergie en général.

Je m’endors ce soir, bercer par les « effaroucheurs à loup » (des tirs à blanc de canon à gaz) du berger qui est un peu plus haut sur la montagne.

Jour 4 - Du Refuge de la Pierre du Carre au Chalet du Léat


Quatrième jour… mes petits rituels sont bien rodés et je me lève encore une fois de bonne heure et je plie le camp rapidement. La journée commence par une longue descente… J’aime pas les descentes, surtout en début de journée.

Celle-ci est particulièrement moche et pas agréable car la rosée du matin a tout trempé et ça dérape. Elle me casse le moral et déjà que je commençais à me dire que je n’arriverai pas à finir le GR738, cette descente me sape encore un peu plus.

Conséquence : arrivé au niveau de la fourche en T lorsque le sentier rejoint une piste forestière, je me pose sérieusement la question de savoir si je continue ou non le GR738. C’est une scène qui serait très cinématographique avec le choix cornélien suivant : vers la gauche le GR, vers la droite le retour à la maison ponctué d’un échec. J’appelle ma copine à la rescousse qui trouve les mots pour me remotiver et me convainc de continuer.

Direction la gauche et la motivation de finir ce sacré GR738 !!

Le chemin suit la piste forestière sur une bonne distance. Ce n’est pas très joli mais au moins le terrain est bon et à l’ombre. Arrivé au Praillet vers 1700m, le sentier entame une douce descente à travers les alpages en direction de l’Aup Bernard que j’atteindrai rapidement.

Après l’Aup Bernard et une pause réhydratation, une autre descente en direction de la Bourgeat Noire m’attends. Il n’y a pas grand chose à dire sur cette portion encore une fois si ce n’est qu’on évolue dans les arbres ce qui est à la fois agréable car on est à l’ombre mais d’un point de vue paysage je préfère les grands espaces nus.

Arrivé au village le GR738 monte normalement vers de Refuge de l’Oule mais je vais devoir doubler mon étape demain pour tenir mon planning, je fais donc le choix de prendre un itinéraire direct en direction du chalet du Léat et ainsi gagner un peu de temps pour demain.

Le sentier en question évolue en forêt (heureusement car il fait très chaud) mais monte très très fort ! Au moins on prend vite du dénivelé… J’ai la chance de croiser une maman et sa fille qui font une randonnée à la journée entre le Léat et l’Oule et je fais la montée avec elles, c’est plus motivant à plusieurs et ça permet de papoter.

Je suis bien content d’arriver au chalet qui est niché juste à côté du joli lac du Léat dans un petite dépression. C’est un bel endroit et le chalet est très bien entretenu.

Nous partageons un petit thé à la menthe avec mes deux camarades de montée avant qu’elles ne reprennent leur route. Rapidement un duo de marcheurs arrivent pour passer la nuit au refuge également. On sera rejoint un peu plus tard par un groupe de quinqua’ très sympa. Au final c’est une soirée agréable que je passe. Les abords du chalet sont vraiment jolis surtout dans la lumière orangée du soir.

Je pose ma tente juste à côté du refuge. Demain, direction les Sept Laux, pour je pense une nouvelle approche du GR738 car si on en croit la carte je vais passer dans un milieu beaucoup plus « montagne » et rocailleux.

Jour 5 - Du Chalet du Léat aux Sept Laux


J’ai bien fait de dormir dans ma tente et pas dans le refuge car il y avait du ronfleur ! Je les ai même entendu de dehors !

Longue journée en perspective car aujourd’hui je double une étape (même si l’étape jusqu’à La Martinette n’est pas bien longue) et ce soir je serai aux Sept Laux.

Pour changer, la journée commence par une descente sans grand intérêt vers le fond de vallée, de là on part en direction de la Martinette.

Commence alors la longue montée de 1100m vers les Sept Laux. Il est tôt j’ai donc tout le temps pour manger ce dénivelé et j’y vais tranquillement, à mon rythme.

D’après ce qu’on m’a dit, préférez le sentier du GR738 plutôt que celui qui passe par le « Cul de la Vieille » car ce passage nécessite de mettre un peu les mains ce qui n’est pas idéal avec le sac. La montée est belle et sauvage, on passe entre les pierriers et sur de jolis sentiers en prenant petit à petit de la hauteur. Il n’y a personne encore une fois et il fait grand beau.

Une fois au lac noir, vous êtes quasiment arrivés. Encore 10min et enfin le Refuge des Sept Laux se dévoile sur un petit bout de rocher entre les lacs. Les Sept Laux sont un immense complexe hydroélectrique créés par EDF (j’imagine qu’il devait tout de même il y avoir des lacs initialement). Il y a donc pleins de lacs plus ou moins grands qui communiquent ensemble. En ce moment les lacs sont bas comme on peut le voir sur les photos mais c’est joli tout de même, surtout en direction du sud.

Je m’installe à la terrasse du refuge pour manger une bonne omelette. Je papote un peu avec les randonneurs présents et je savoure la satisfaction d’avoir grimper ces 1100m surtout que je me sens beaucoup mieux physiquement, je suis donc confiant pour finir le GR738.

C’est en faisant le point sur les prochains jours que je me rends compte de mon erreur : j’ai mal compté les étapes et les jours qu’il me reste. Actuellement je rate mon train d’une journée !! Il va donc falloir que je double une autre étape… En analysant un peu la carte et la suite des étapes, je décide de tenter de doubler l’étape de demain c’est à dire de marcher jusqu’à Jean Collet plutôt que de m’arrêter à l’Habert d’Aiguebelle. Cela va être une longue journée mais c’est faisable. Par contre pour gagner un chouya de temps demain, je reprends mon sac et je pousse jusqu’à la bergerie du Cos sous le col de la Vache pour poser mon bivouac du soir.

Le chemin entre le refuge et la bergerie est vraiment beau surtout avec les jeux de lumière dus aux nuages de la fin d’après midi.

Les abords du Lac du Cos sont magnifiques et offrent des emplacements de bivouacs de rêve ! Je me pose non loin de la bergerie qui n’est pas occupée pour l’instant. J’ai toute la vue sur le lac et la Pyramide (2912m) en fond. C’est un joli moment, serein et solitaire encore une fois.

Le soir j’aurai la visite de quelques bouquetins sur les hauteurs derrière la tente. Les couleurs sur les montagnes environnantes sont très belles et il ne fait pas froid. C’est vraiment un beau coin à bivouac, certainement le plus beau de mon GR !

Jour 6 - Du Lac du Cos au Refuge Jean Collet


Bon, c’est une longue journée qui m’attend ! Je dois doubler mon étape et rejoindre le refuge Jean Collet. Le premier soucis c’est que face à moi il y a le Col de la Vache et qu’il est encore en neige. En effet, les précipitations ont été exceptionnelles cet hiver et la neige est encore bien présente. Je sais que ça passe car j’ai croisé des groupes qui avaient réussi mais en fin d’après midi à chaque fois. L’attaquant de bon matin, j’espère que le regel nocturne a été limité…

Je commence donc la montée dans la rocaille pour l’instant. Derrière la vue est magnifique avec le soleil du matin et le lac en contrebas.

Je rejoins rapidement la neige. Je pense que dès 2300-2400m tout est tout blanc. Heureusement les abords du névé sont praticables. N’étant pas équipé de crampons, je préfère donc passer dans la rocaille et éviter une glissage… Pour la montée ça se fait bien et c’est même plus « ludique » car je dois mettre un peu les mains dans certains passages.

J’arrive rapidement au col au final. De l’autre côté pas de surprise : la neige sur 200m de D-…  sauf que cette neige est totalement gelée et donc c’est une longue pente de glace qui se présente à moi pour la descente ! Aie !! Je ne suis pas du tout équipé pour. J’ai donc 3 choix : soit je fais demi tour et je passe ailleurs (mais où ?), soit j’attends que le soleil tourne et réchauffe le col mais dans ce cas adieu le doublage d’étape aujourd’hui, soit je tente de descendre la pente en ramasse c’est à dire en me faisant glisser sur les fesses…

Je choisis la 3e option car je veux avancer. Je vais être honnête, avec le recul, cette idée n’était pas très maline car étant tout seul, le risque était assez élevé… Mais bon, me voilà en train de glisser doucement sur les fesses en me freinant avec les bâtons autant dire que l’équilibre est précaire et que j’ai froid aux fesses ! D’ailleurs ça ne rate pas, je pars en glissage incontrôlée et j’arrive à me freiner uniquement grâce à une dépression dans la glace un peu plus bas… Je m’en tire sans trop de dommage si ce n’est une jolie blessure à la main mais ça aurait pu être bien pire.

La descente prendra une bonne heure au final et un bon stress !

Heureusement et pour me faire oublier cette mésaventure, quelques bouquetins m’attendent en bas et ne dédaigne à peine se décaler pour me laisser passer. Je réalise quelques belles photos, j’aime ce genre de rencontre avec la faune locale (a priori leur présence ici le matin est commune).

Je reprends la route en direction du Pas de la Coche après avoir désinfecté ma main. On voit le chemin serpenter au loin. Le passage du Col de la Vache symbolise vraiment un changement dans les paysages je trouve, étant donné que la suite du GR738 se fera dans une ambiance beaucoup plus rocailleuse, plus sauvage.

Lorsque j’ai parcouru le GR738 en juillet 2018, le sentier n’était pas balisé « GR » du Col de la Vache jusqu’à la Brèche de Roche Fendue. Il y a d’autres balisages notamment des traits jaunes et/ou des points bleus. Le balise GR devrait être terminé pour l’automne 2018.

Les paysages sont très beaux sur cette portion.

J’atteins rapidement le Pas de la Coche qui symbolise normalement la fin de l’étape de la journée. Il est encore tôt j’ai donc tout le temps pour rejoindre Jean Collet.

Pour l’instant je me dirige en direction de la Brèche de Roche Fendue (2480m). Le chemin emprunté est très sauvage et n’apparaît même pas sur la carte IGN (ce qui est rare). Profitez de la petite source qui donne naissance au ruisseau de la Grande Montagne pour refaire le plein d’eau de source aussi bonne que fraîche.

L’ascension vers la Brèche se fait dans le pierrier tout du long. C’est une bonne ascension, assez longue au final surtout qu’il fait très chaud.

Le passage de la brèche est beau car c’est vraiment une petite ouverture dans les falaises environnantes.

Pour ce qui est du passage du Col de la Mine de fer et toute la descente vers Jean Collet, je n’ai pas beaucoup de photos à vous présenter car, derrière la Brèche de Roche Fendue, j’étais dans les nuages tout du long. Cela créé cependant une jolie ambiance mais c’est plus difficile pour apprécier les paysages environnants.

Le Col de la Mine de Fer et la descente jusqu’au Refuge Jean Collet ne présentent pas de difficulté particulière.

J’atteins donc le refuge dans l’après midi. J’ai bien crapahuté, je suis content. Je m’offre donc une petite bière artisanale du coin en récompense.

Fin de journée assez classique. Je passerai pas mal de temps à discuter avec les gardiens et un randonneur au refuge. J’installerai ensuite ma tente un peu au dessus car il y a quelques emplacements prévus pour le bivouac. Le coin offre une belle vue sur la vallée et Grenoble 1700m plus bas. Voir Grenoble c’est aussi le symbole de la fin prochaine du GR. Encore 2 étapes et j’aurai fini. En tous cas cette journée est la plus belle du GR738 en terme de paysages à mon sens.

Jour 7 - Du Refuge Jean Collet au Refuge de la Pra


C’est reparti pour un tour ! Cette étape représente la dernière vraie étape du GR étant donné que la dernière sera juste dédiée à la descente sur Chamrousse.

Pour l’instant la première partie de la journée commence par la descente vers l’Habert du Mousset, ce qui est rapidement réalisé.

On entre ensuite dans le vif du sujet avec l’ascension sur Col de la Sitre (~2160m). C’est une belle montée assez raide mais qui ne présente pas de difficulté technique majeure. Il faut juste prendre son temps.

J’avoue une certaine appréhension à passer ce col car je sais qu’il y a un troupeau gardé par un patou derrière et que certains randonneurs ont déjà eu de « sympathiques » contacts avec ce bon toutou…

Heureusement pour moi le troupeau est plus bas et descend vers le lac de la Grande Sitre, je vais donc éviter une mauvaise rencontre.

On a une belle vue depuis le col avec le petit lac en contrebas et toute la zone vers le col du Loup. C’est d’ailleurs la prochaine étape que j’atteins rapidement.

De là commence la longue descente vers le Lac du Crozet. Le lac est beau et cela doit être un bon coin pour le bivouac. Par contre il y a du monde étant donné que nous ne sommes pas près du Pré Raymond ou du Pré du Mollard.

Depuis le Crozet, on biffurque sur la gauche en direction du Col de la Pra. Toute cette portion a beaucoup de charme car il y a de nombreux petits cours d’eau qui sillonnent au travers du vallon.

Le passage du col est une formalité et on atteint le refuge 5min plus tard. C’est un « gros » refuge, avec deux bâtiments qui font face au superbe paysage qui s’étend entre Le Galeteau et les falaises des Pointes de la Jasse Bralard. J’aime beaucoup ces grands replats alpins parcouru par de jolis ruisseaux.

Je m’installe donc à la terrasse du refuge pour manger un bout avec une petite bière en admirant le paysage. Il est tôt je vais avoir tout le loisir de me reposer, de profiter du moment et de discuter avec du monde.

Attention : le bivouac est à présent interdit dans la zone direct du refuge, suite à un arrêté municipal. En effet l’affluence touristique a fortement dégradé la zone, sans compter les personnes qui arrachent des arbres pour les feux de camps. Lien vers le site du refuge et l’arrêté.

En discutant justement avec les gardiens, ceux-ci me disent que des randonneurs ont vu le Loup hier à quelques mètre de leur bivouac ! C’est inespéré mais j’aimerai tellement vivre la même chose ce soir !

Après cette longue pause de plusieurs heures je reprends la route en direction du lac Longet afin de sortir de la zone d’interdiction de bivouac. Je me dégote un petit coin fort sympathique à l’extrémité SO du lac, juste au bord de l’eau.

Pas de loup ce soir mais la jolie visite d’un groupe de Chamois tout près du camp. Un beau moment pour signer mon dernier bivouac du GR738.

Jour 8 - Retour à la maison


Voilà, dernier réveil, dernier rangement et dernier départ du bivouac. Il ne me reste que 3h jusque Chamrousse avant le retour au tumulte citadin. Mon appareil photo n’avait plus de batterie, je ne peux donc pas vous monter les jolis lacs Robert. Cela aurait bien été le seul paysage sympa de cette étape car le reste (surtout après les lacs) n’est pas très beau en comparaison aux derniers jours. La fin notamment se fait par les pistes de ski…

Je pensais que Chamrousse serait un authentique village de montagne mais il n’en est rien. C’est une station 100% dédiée au ski sans grand charme. J’attendrai donc le bus pour Grenoble à la terrasse d’un restaurant. Direction la gare SNCF et le retour sur Paris… Voilà ce qui conclue ces 8 jours.

Les plus attentifs auront remarqué que je n’ai pas réalisé la dernière étape qui consiste en une longue descente vers Vizille. Je n’ai pas vu d’intérêt à ce tronçon et cela m’avait été confirmé par un groupe de randonneurs.


Conclusions

Et bien avant tout, j’ai été surpris par ce GR738. Je m’attendais à quelque chose de plus facile et je dois avouer qu’il m’a fait douter de moi-même ! Bon, mon entrainement physique n’était pas au top, loin de là, mais quand même c’est technique. Un des points clés de cette difficulté tient dans le fait que si vous souhaitez le réaliser en autonomie complète il faut emmener toute la nourriture avec vous… Le sac pèse donc assez lourd au départ. Par contre vous pouvez le réaliser de refuge en refuge ce qui limite cette difficulté. Les premières journées sont de plus assez exigeantes en terme de dénivelé. Bon, il faut tout de même nuancer car j’ai réalisé en 8jours ce qui est prévu en 10 et je pense que j’aurai pu rejoindre directement Chamrousse la même journée que la Pra. Si j’y arrive c’est que vous pouvez le faire aussi. 

En terme de paysage il y a vraiment un contraste entre un début très « forestier », joli mais sans plus et la portion après les Sept Laux qui est très belle et très sauvage. Toute cette zone mérite vraiment d’être connue. De plus on croise vraiment peu de monde (en tous cas début juillet) et c’est appréciable pour profiter pleinement de la Montagne.

Le tracé du dernier né de la famille des GR (en 2018) permet de découvrir ce beau et méconnu massif de Belledonne et je suis content de l’avoir réalisé. Si vous cherchez donc un beau trek alpin loin des itinéraires classiques je vous conseille vraiment le GR738 qui ne manquera pas de faire des émules les prochaines années.

N’hésitez pas à partager votre expérience de cet itinéraire dans les commentaires !


Traversée du Vercors

Traversée du Vercors

3jours

de trek

42km

parcourus

1660m

D+

10

Bouquetins

Trouver une randonnée en montagne de quelques jours en novembre n’est pas toujours chose aisée mais le Vercors était le lieu parfait : isolement, paysages, faune, altitude, tout y est réuni pour marcher quelques jours loin du monde.

Le Vercors est un lieu particulier, massif calcaire des pré-Alpes situé à deux pas de Grenoble, il se démarque par son isolement et l’absence relative d’eau qui y règne. On y trouve également une faune riche et peu farouche. Le massif est facilement accessible en voiture ou en train, ce qui facilite la logistique transport. Et puis, je ne sais pas trop pourquoi, le Vercors et ses hauts plateaux ont toujours eu un raisonnement un peu mystique en moi et cela faisait longtemps que je voulais découvrir ce lieu.

Nous avons donc bouclé les sacs pour trois jours à la Toussaint. L’objectif était simple : rejoindre Corrençon-en-Vercors depuis Chichilianne en prenant le temps de savourer l’automne sur les Hauts Plateaux. Voici le récit de ce beau trek automnal le long du GR91.

Download file: traversee_vercors.gpx

Jour 1 - De Paris au Mont Aiguille


Pour cette aventure, je serai accompagné de mon pote Geoffroy, Jeff pour les intimes. C’est gare de Lyon que nous nous retrouvons pour un départ matinal en direction de Grenoble. Nous y serons 3h plus tard Ô magie du Train à Grande Vitesse !

Pour la suite nous prendrons un TER qui nous déposera à Clelles. La gare et le village sont perdus au milieu de nulle part, ça y est, on y est, on peut commencer notre randonnées !

Celle-ci commence par une petite déconvenue, étant donné que Jeff a oublié sa carte mémoire d’appareil photo ! Je serai donc le reporter pour les prochains jours, lourde tâche que voici !

La première étape de la rando consiste à rejoindre Chichilianne et plus précisément la Richardière, au pied du Mont Aiguille. Il est environ 13h on a encore quelques heures devant nous avant la nuit.

En toile de fond de cette première étape, le magnifique Mont Aiguille, proéminence rocheuse culminant, seul, à 2087m. C’est un lieu historique pour l’Alpinisme car c’est la première « véritable » ascension réalisée en 1492. C’est également notre objectif de la journée car nous avons l’intention de bivouaquer vers le Col de l’Aupet.

Le chemin n’est pas train difficile jusqu’à la Richardière et relativement plat. Nous tournons au fur et à mesure autour du mont qui nous présente différents profils.

Une fois à la Richardière (1000m), nous attaquons le vif du sujet avec la montée au travers de la forêt domaniale de Chichilianne. Nous prenons rapidement de l’altitude et pour ma part je lutte un peu et j’ai le souffle court. Jeff, lui caracole en tête. Il commence à se faire tard et le soleil baisse à vue d’oeil.

Nous arriverons à l’épaulement sous le Mont Aiguille vers 16h, pour ma part exténué… Nous ne pouvons pas boire à notre soif car il n’y a pas d’eau dans le coin. Nous espérons en trouver demain à la fontaine de Bachassons. Pour le moment on installe le camp qui offre une belle vue sur le Mont Aiguille et la vallée environnante. Comme il fait encore jour nous partons tenter de trouver de l’eau sur le versant nord mais rien…on rentre bredouille.

Les températures chutent vite et le vent n’arrange rien ! Nous nous réfugierons dans nos duvets très tôt après un repas pris à la hâte ! Nous avons suffisamment d’eau pour ce soir mais il faut que l’on en trouve demain.

Comme souvent avec les premières journées, la mise en jambe n’a pas été facile mais nous sommes tout de même content d’être ici bien emmitouflés dans nos duvets.

Jour 2 - Du Mont Aiguille à la Fontaine du Playe


La nuit n’a pas été trop froide, nous nous étions équipés en connaissance de cause. L’aube nous réserve un lever de soleil rougeoyant et la météo est au beau temps, tout ce qu’il faut pour attaquer la journée du bon pied !

Le petit déjeuner sera frugal et rapide car le manque d’eau ne nous permet pas de faire un thé ou un café. On reprend donc la route assez rapidement une fois le camp plié.

La première étape nous emmène au Pas de la Selle qui sera notre porte d’accès aux hauts plateaux. Nous laissons les arbres derrière nous dans la montée qui se fait donc de plus en plus minérale. La vue jusqu’au col est merveilleuse : en contre bas la vallée nimbée des brumes matinales et le Mont Aiguille planté là dans toute sa splendeur.

L’arrivée au pas de la Selle révèle enfin les Hauts Plateaux et cela vaut le coup ! On se croirait dans le Rohan du Seigneur des Anneaux : de grandes landes d’herbes rases à perte de vue avec quelques arbres ici et là. C’est très beau et il y a personne surtout !

Nous bifurquons ensuite vers le Nord en quête de la fontaine des Bachassons. Sur la route nous croisons une petite cabane perdue dans la pampa, on y fait un stop 2min.

Nous cherchons la fontaine que nous trouverons un peu plus loin. Elle coule doucement mais elle coule, c’est déjà ça ! On remplie nos bouteilles à fond (3L/personne).

On reprend la route en direction de la Cabane des Aiguillettes pour prendre un café. Il fait beau mais ça souffle très fort, au point de nous déporter. La vue est très belle avec le Grand Veymont (2341m) en toile de fond tout coiffé d’un joli chapeau nuageux.

Nous arrivons rapidement à la Cabane des Aiguillettes mais celle-ci est déjà occupée par d’autres randonneurs avec qui nous nous installons le temps d’un café.

Les nouvelles ne sont pas bonnes par contre : nos compagnons de pti déjeuner nous informent que de nombreuses fontaines sont complètements à sec. Cela n’augure rien de bon ! On prend donc des bouteilles en plus que l’on remplie avec un peu de neige fondue au réchaud… On espère tout de même trouver un peu d’eau sur la route…

Nous repartons après cette bonne pause un peu « inquiet » de ce problème d’eau… nous verrons bien. Initialement nous voulions grimper en haut du Grand Veymont mais comme il est tout encapuchonné nous décidons d’obliquer plein ouest et de récupérer le GR91 plus tôt que prévu.

Nous passons donc par le Pas des Chattons où nous attend une belle surprise ! C’est en effet ici que nous attendent une dizaine de bouquetins littéralement en train de paître sur le chemin… Nous nous approchons avec précaution pour ne pas les effrayer au point de se retrouver à moins de 10m d’eux. C’est même à nous de nous décaler du chemin pour passer car ces messieurs (il n’y a que des mâles) ne prennent pas la peine de bouger… On en profite pour quelques photos !

J’avais entendu dire que la faune ici était peu craintive mais à ce point ! Comme je le disais nous ne sommes en présence que de mâles ici, les femelles sont plus haut avec leurs petits.

Le paysage change rapidement après le Pas des Chattons. Nous perdons de l’altitude, les arbres refont donc leur apparition en nombre. Ceux ne sont que des conifères par contre, les conditions étant toujours rudes ici en hiver.

Nous tomberons, un peu par hasard, sur notre premier Scialet un peu plus loin. Les Scialets sont des sortes de trou sans fond (tout du moins en apparence) qui sont dû à la nature même du sous-sol de Vercors. En effet celui-ci est principalement constitué de calcaire et est donc particulièrement sujet à l’érosion par les eaux. C’est d’ailleurs ce sous-sol karstique qui fait du Vercors un zone si aride car l’eau disparaît directement dans les anfractuosités du terrain. Dans tous les cas faut pas tomber dedans !

Nous rejoignons le GR91 un peu plus loin, au Nord-Est de la « Grande Cabane ». Nous suivrons à présent de GR qui traverse le Vercors de part en part. Direction plein nord.

On s’arrête un peu plus loin un peu avant la fontaine des Serrons pour casser la croûte. La vue est belle sur le Grand Veymon.

Nous poursuivons vers la fontaine des Serrons. Même si on nous a dit qu’elle était à sec on fait un détour de 100m pour aller voir. Et bien certes ça coule pas bien fort mais ça coule tout de même ! On décide donc de remplir toutes les bouteilles avec de la bonne eau (la moitié était remplie avec de la neige fondue et pas bien propre).

Bon il faut 10min par bouteille et on a 6 bouteilles à faire … Une bonne pause en perspective, mais ça nous va on est pas pas mal là au soleil.

9L plus tard on reprend notre chemin avec le soleil dans le dos.

Les paysages oscillent entre de la forêt au sol assez rocailleux et des espaces ouverts où croiser des bisons ne serait pas étonnant. On avance vite, c’est plaisant. On a pas croisé grand monde depuis notre départ de la cabane des Aiguillettes.

Plus loin nous croisons la fontaine de la Chaux qui ne coule quasiment pas (juste un goutte à goutte). On récupère un peu d’eau qui stagne dans le tuyau pour boire à la pause.

Nous poursuivons notre route dans le maquis sur encore 2km en direction de la fontaine du Playe, on compte bivouaquer non loin en espérant y trouver suffisamment d’eau.

Et nous avons de la chance car la fontaine a encore un débit acceptable. Nous aurons donc suffisamment d’eau, ce soir, pour boire à notre soif et cuisiner. Nous installons le camp juste à côté. La vue est belle d’ici mais les températures chutent vite avec le crépuscule et il a toujours beaucoup de vent.

Nous ferons un bon repas bien riche en comparaison de la veille mais nous ne nous attarderons pas dehors car il caille fort ce soir. Direction le duvet à 18h30 pour s’endormir pas très longtemps après. Une jolie journée avec pas mal de diversité en terme paysage et surtout une vraie immersion dans le Vercors sauvage.

Jour 3 - De la Fontaine du Playe à la Cabane de Carrette


Nuit fraîche mais pas de soucis avec les gros duvets. Le petit déjeuner sera plus sympa que celui de la veille étant donné qu’on a de l’eau. Nous faisons d’ailleurs le plein des bouteilles au maximum avant de partir car nous ne croiserons pas d’autres fontaines a priori et ce soir nous serons à la cabane de Carrette, il nous faut donc des réserves.

Nous reprenons la route en passant à côté de la Cabane de la Jasse du Play qui exhale une bonne odeur de feu de bois au passage…

Le chemin se poursuit ensuite au travers de la forêt et par de petites dépressions. Il y a un côté labyrinthique agréable. Un peu plus loin, non loin de la tête de cognaux, on surplombe la forêt et le soleil levant offre une belle lumière. On en profite pour faire une pause et faire des photos aériennes car on peut enfin faire voler le drone étant donné que le vent est tombé.

Nous continuons notre route le long du GR91. Les paysages sont toujours aussi beaux. La progression est rapide car depuis la veille nous sommes sur un faux-plat descendant.

Le GR91 nous emmène ensuite au travers du Canyon des Erges. Alors ce n’est pas le Grand Canyon non plus mais c’est originale, le sentier est encaissé entre deux falaises de 20m de haut environ aux formes organiques parfois.

Petite pause repas non loin du Pot du Play après la traversée du canyon. On a perdu un peu d’altitude depuis ce matin et cela se ressent par la présence de feuillus de plus en plus nombreux.

Nous atteignons ensuite rapidement la plaine de Darbounouse. Je trouve cet endroit magnifique notamment au moment où nous y sommes car les nuages créés des jeux d’ombres au sol tout à fait beau. On se croirait dans les Grandes Plaines américaine et on se serait pas surpris de voir un troupeau de bison en train de paître.

Séance photo pour immortalisé le moment.

De retour dans la forêt il ne nous reste plus beaucoup de distance jusqu’à la Cabane de Carrette. La météo a rapidement tournée à la grisaille et les températures ont chuté au passage.

Nous arrivons relativement tôt à la cabane qui est nichée dans une petite dépression à l’Est du chemin. Nous aurions pu continuer jusqu’à Corrençon mais nous voulions profiter de cette dernière nuit dans la forêt.

La cabane est déjà occupée par une maman, sa fille et une amie, nous partageons un thé avant qu’elles reprennent le chemin du retour.

Etant donné qu’il y a un petit poêle, nous allons voir dans les bois alentours si nous pouvons trouver un peu de bois mort mais la récolte est pauvre. Cela permettra peut être de gagner quelques petits degrés…

La cabane est on ne peut plus simple : une emprise rectangulaire avec poêle dans un coin et une table au milieu de la pièce, au fond un escalier mène à l’étage, un simple plancher en bois, prévu pour dormir. Sans être nickel ce n’est pas trop sale non plus, ça ira bien pour ce soir.

Notre solitude est vite interrompue car deux voyageurs arrivent : une fille et son petit frère qui viennent également passer la nuit ici, cela n’en sera que plus sympa.

L’heure passe vite et nous en sommes déjà au repas où nous partageons nos victuailles. Le poêle chauffe très peu et on est pas mécontent d’être à 4 ça réchauffe un peu.

Malheureusement, nous ne resterons pas à 4 car l’un de nos acolytes ne s’est pas senti bien en fin de repas et ils ont fait le choix de rentrer à leur voiture car ils pressentaient le besoin de voir un médecin rapidement… Dommage et pas cool pour eux car ils venaient exprès de Toulon…

Nous voilà de retour seuls. On profite de la fin de soirée au calme et au froid à la lumière de la bougie ! Bucolique !

Dodo tôt pour changer, demain retour à la civilisation.

Jour 4 - Arrivée à Corrençon et à la maison


On a pas trop mal dormi même si il a dû faire froid dehors comme en témoigne le magnifique paysage givré que nous réserve le réveil.

Commençons la journée par une session photo :

Le petit déjeuner prit, nous continuons d’admirer ce spectacle matinal dehors et en vue aérienne :

Ce moment contemplatif  passé, nous faisons les sacs une ultime fois, nous rangeons la cabane et c’est reparti, direction Corrençon-en-Vercors. Mais avant cela nous faisons un petit crochet par une grotte non loin de la cabane qui abrite une source.

On la trouve après quelques hésitations. Le lieu est assez sympa et surtout pratique si on a besoin d’eau.

Nous prenons ensuite effectivement la direction du village. Le chemin passe par un double lieu d’intérêt : la borne du 45e parallèle qui symbolise cette latitude ainsi qu’un monument à la mémoire des maquisards du Vercors car les Hauts Plateaux ont été un haut lieu de la Résistance durant le Seconde Guerre Mondiale.

Le chemin qui suit nous ramène à la civilisation. Il devient quasiment carrossable et serpente entre le golf et les circuits de ski de fond… Nous arrivons à Correçon-en-Vercors peu de temps après.

Jeff poussera jusqu’à Villard-de-Lans à pied mais j’opterai pour le stop de mon côté car j’ai une vive douleur au genou qui est apparue depuis hier…

Villard, qui est tout à fait sympathique comme ville, marque bien la fin du voyage, un pti coup de bus jusqu’à Grenoble et de train vers Paris et nous voilà au bercail…


Conclusion

Le Vercors aura tenu ses promesses : quel lieu extraordinaire ! A seulement 1h de route de Grenoble et tellement isolé. Il y a vraiment un sentiment de bout du monde ici. J’ai particulièrement été surpris par la variété des paysages et de leur étagement, en seulement 100m de dénivelé on passe de la plaine herbeuse à la forêt. 

La rando en elle même est vraiment sympa et accessible. Le seul point d’attention c’est l’eau, il faut se renseigner un peu en avance mais il existe ce site pour savoir l’état des fontaines : Lien

Je vous conseille donc d’aller découvrir ce beau coin de France aussi bien en été, en automne ou même en hiver en ski de rando ou raquettes.


Cirque de Gavarnie depuis le refuge de Baysselance - Pyrénées

Traversée Cauteret - Gavarnie

4jours

de marche

40km

parcourus

2750m

D+

2jours

de pluie...

Voilà quelques temps que nous voulions découvrir les Pyrénées et notamment le Parc National (Lien vers le site du Parc). Nous avons donc profité de nos vacances estivales pour y randonner quatre jours depuis Cauteret vers Gavarnie . Un petit trek entre lacs, refuges et cols somptueux.

Download file: traversee-cauteret-gavarnie.gpx

Jour 1 - De Cauteret au Lac d'Estom


Nous sommes arrivés la veille à Cauteret. La ville est sympathique et bien active. Elle a également l’avantage d’être facilement accessible en train (avec un peu de bus à la fin). Dernier petit restaurant et surtout dernière nuit au chaud avant d’attaquer 4 jours en montagne.

Remarque sur la durée de la rando : nous avons choisi de prendre notre temps durant cette traversée et de savourer la montagne. Certaines journées, notamment la troisième, sont donc relativement courtes mais cela fait de bien de ne pas avoir à courir. La traversée doit être réalisable en 2 jours je pense en y allant à un bon rythme.

Nous sommes donc prêt pour monter au lac d’Estom en cette matinée. Le temps est à la grisaille et il ne fait pas très chaud. Nous rejoignons le début du chemin qui se trouve proche de l’intersection de l’Avenue du Mamelon Vert et de l’Avenue Charles Thierry (coordonnées GPS : 42°53’17.7″N 0°06’58.2″W). Le début du chemin grimpe au dessus de la ville dans le sous-bois. Nous sommes accompagnés de quelques randonneurs matinaux.

La section jusqu’à la La Raillière (1050m) ne présente pas un grand intérêt, on suit la route d’un peu plus haut sur un sentier « aseptisé ». L’arrivée à l’établissement thermale nous immerge dans une vraie foule. C’est la zone de départ pour le fameux Lac de Gaube. De notre côté nous bifurquons vers la montée du Lac d’Estom, il y a encore pas mal de monde avec nous.

La végétation change peu à peu, il y a à présent moins de feuillus et plus de conifères. Nous suivons la Gave de Lutour, le paysage est plus joli à présent mais le ciel se fait de plus en plus menaçant…

Après quelques temps nous passons vers la Fruitière qui marque la fin de la route. Nous rejoignons enfin des zones moins « civilisées ». Nous nous arrêterons un peu plus loin pour casser la croûte à côté de la rivière et avec un troupeau de vache pour l’animation. Il a toujours pas mal de monde sur le chemin.

La fin de la montée vers le lac se fera sous la pluie. Cette portion sera longue, c’est notre première journée de marche depuis longtemps, les sacs pèsent et la météo n’arrange rien. Sous le soleil la montagne doit être belle mais en l’occurrence on en profite pas trop.

Nous profiterons du petit Refuge pour se réchauffer un peu avec un thé. Ils sont complet ce soir, nous dormirons donc sous la tente. Nous l’installons un peu sous le refuge afin d’être à l’abri du vent cette nuit. On est pas trop mal même si ce n’est jamais drôle de bivouaquer sous la pluie mais ça fait partie du jeu…

Au final, une première bonne journée avec ce qu’il faut de dénivelé et des conditions météos peu sympathiques… Espérons que demain soit mieux, on verra.

Jour 2 - Du Lac d'Estom  aux Oulettes de Gaube par le Col d'Arraillé


Une bonne nuit froide et humide comme on les aime… Le réveil n’est pas des plus agréable ce matin et on préférerait rester au chaud dans le duvet mais bon il faut y aller…

Il ne pleut pas pour l’instant mais le ciel est totalement couvert et gris. Une fois en route on attaque la montée vers le Col d’Arraillé (2583m), le sentier offre une belle vue sur le lac aux eaux vertes.

La météo se gâte au fur et à mesure, les températures chutent, on se retrouve vite dans la brouillard et les quelques personnes que nous croisons nous disent qu’il y a de la neige fraîche au col… Rapidement, nous serons sous nos premiers flocons… L’ambiance est morose, nous n’avons pas très bien dormi, il fait à présent vraiment froid et il neige au moins d’août… le Charme de la Montagne !

Nous arrivons enfin au Col ! La montée a paru interminable avec ce temps … Il a bien un petit peu de neige en haut mais rien de méchant. Malheureusement, le brouillard nous bouche toute la vue qui doit pourtant être belle par beau temps.

Nous entamons la descente après une petite pause repas. On perd vite de l’altitude et ce versant est un peu plus abrité on se réchauffe donc un peu. Nous avons même droit à nos premiers rayons de soleil depuis notre départ de Cauteret… Le temps a l’air de vouloir changé mais c’est timide pour l’instant. Nous ne sommes pas les seuls à apprécier un peu de chaleur comme en témoigne notre rencontre avec une Marmotte peu farouche.

Nous arriverons rapidement au Refuge des Oulettes de Gaubes, c’est un endroit superbe ! Les Oulettes s’étendent au pied du Vignemale dans une sorte de mini vallée cernée de hautes murailles.

Nous ferons une pause au refuge avant d’aller monter la tente dans les espaces prévus à cet effet à l’ouest des Oulettes. Il n’y a pas grand monde pour l’instant mais il y aura pas mal de tentes ce soir.

Une fois la tente montée nous avons la visite d’un curieux qui a bien compris que les randonneurs sont généreux en pommes ou d’autres friandises !

La météo en fin de journée sera changeante avec quelques passages ensoleillés mais surtout de la grisaille et de la pluie. Les températures ont également beaucoup chuté ce soir. Nous nous emmitouflons donc dans la tente en espérant passer une nuit pas trop froide.

Dommage que la météo est été si moche aujourd’hui mais on a tout de même fait une bonne journée de marche et les Oulettes sont très belles. En fin de soirée, la face du Vignemale jouera à cache cache avec nous, nous offrant de belles images.

Jour 3 - Des Oulettes de Gaube au Refuge de Bayssellance


La nuit a été difficile ! Il a fait très froid comme en témoigne notre tente toute recouverte de glace ce matin. J’avais pris pour ma part un duvet plutôt typé été (confort 5-10°C) j’ai donc dû dormir avec la doudoune pour gagner en confort. Heureusement Hélène avait un bon duvet confort 0°C.

Il a fait froid mais ce matin, Ô bonheur, il fait grand beau !!! Nos premiers rayons de soleil après 2 jours de mauvais temps quel bonheur ! Les Oulettes de Gaube révèlent toute leur beauté sous les rayons matinaux. La face nord du Vignemale est superbe. Tout cela fait du bien au moral.

Nous sortons toutes nos affaires que nous mettons à sécher sur un grand rocher. Après 2 jours de pluie tout était humide. Nous enchaînons avec le petit déjeuner que nous partageons avec un autre couple de campeur. On sent bien que ce matin tout le monde prend son temps pour profiter de la météo.

Nous ne nous pressons pas pour plier le camp et ce n’est qu’à 11h que nous reprenons la route direction le refuge de Baysselance. C’est une petite journée en perspective mais comme je l’ai dit en introduction nous voulions profiter de la montagne et de ses paysages grandioses et nous ne serons pas déçus le soir venu.

Première étape, reprendre la route de la veille et rejoindre la bifurcation que nous avions pris sous le col d’Arraillé. Il y a un peu de monde sur le chemin mais c’est raisonnable. On s’arrête souvent prendre des photos car nous voyons enfin à plus de 200m ! On découvre en contrebas le Lac de Gaube et en face de nous les magnifiques roches rouges des montagnes fermant l’ouest des Oulettes.

Une fois la bifurcation dépassée, la montée se fait plus raide mais la vue sur le Vignemale et le petit glacier qui résiste tant bien que mal motive bien et nous fait avancer.

Nous arriverons finalement assez rapidement à l’Hourquette d’Oussoue (2734m) avant de redescendre vers le refuge de Baysselance (2651m). Nous découvrons une toute nouvelle vue qui s’étend à présent vers l’Est avec au loin Gavarnie. L’emplacement du refuge est superbe.

Nous croisons pas mal de personnes qui ont fait le chemin depuis le barrage d’Oussoue pour gravir le Petit Vignemale et ses 3032m.

Notre arrivée au refuge sera accompagnée d’une bonne omelette au fromage et d’une belle part de tarte ! Ça change des lyophilisés. L’équipe du refuge est très sympa.

Nous sommes en début d’après midi et nous profitons du soleil.

Nous irons finalement monter la tente un peu à l’écart, proche de la falaise, sur un promontoire qui nous offre une vue absolument merveilleuse sur la Montagne avec, au loin, le cirque de Gavarnie.

La soirée sera magique. Ce ne sera qu’une succession de lumières changeantes, de jeu d’ombres, de nuages aux formes fabuleuses. Un de mes plus beau bivouac en terme scénique et quel bonheur d’avoir enfin cette météo !

Nous nous endormirons donc au dessus d’une mer de nuage rougeoyante pour une nuit encore bien fraîche en perspective.

Jour 4 - Ascension du Petit Vignemale et descente à Gavarnie


La nuit a été froide mais rien de bien méchant. Le programme de la journée est chargé : ascension du Petit Vignemale (3034m) et ensuite longue route jusqu’à Gavarnie.

Pour l’ascension nous voyagerons léger : nous laissons les sacs au refuge pour simplement prendre de l’eau et nos appareils photos. Le temps est au grand beau, c’est parfait !

Première étape rejoindre l’Hourquette d’Oussoue à 100m au dessus du refuge, c’est chose rapidement faite. On oblique ensuite sur la gauche pour suivre un ensemble de sentiers plutôt clair en direction du sommet. Il est tôt nous ne sommes que deux groupes à faire la montée pour l’instant.

Le sentier est assez rocailleux, il faut faire attention à ne pas se prendre une pierre qui pourrait venir du dessus ou bien en décrocher sur les camarades en dessous.

Nous arriverons au sommet en à peine une heure. La vue d’ici est absolument magnifique ! Au nord les Oulettes de Gaube qui s’étendent sous un précipice vertigineux, à l’Est la chaîne des Pyrénées qui se poursuit à perte de vue. C’est somptueux ! Nous photographions, nous observons, nous profitons du moment surtout que nous sommes quasiment seuls à cette heure.

Retour au refuge après ce beau moment., il y avait déjà beaucoup plus de monde dans la montée. On s’arrête le temps d’un café et on attaque la longue (!) descente vers Gavarnie : au programme 1200m de D- et 10km à vol d’oiseau donc facilement 15km au total…

Le début du sentier fait rapidement perdre de l’altitude, on évolue dans les gorges creusées par la rivière. Les paysages sont beaux. Il y a quelques marmottes pour nous accompagner.

Nous arriverons rapidement aux Oulettes d’Oussoue et son barrage. Il fait très chaud à présent étant donné que l’on a perdu beaucoup d’altitude et que le soleil tape fort. Petite pause repas et on reprend la route. On suit le GR10 à environ 1800m. Les paysages ont bien changé. Nous avons quitté la haute montagne pour les alpages et il y a de nombreuses vaches. On nous expliquera d’ailleurs que ces vaches sont toutes espagnoles car un ancien traité Napoléonien laisse l’accès estival à nos amis ibériques…

La fin de la rando, même si les paysages sont beaux, sera très longue ! Entre les 1600m de D- cumulés sur la journée, la distance horizontale et les températures, nous serons content d’arriver à Gavarnie dans la perspective d’une bonne douche chaude, d’un bon lit et d’un restau !

Joie nuancée par la foule impressionnante que le cirque attire. On se croirait presque sur le périph parisien tant il y a de voiture et sur les champs Elysées tant il y a de monde. Par contre tous disparaissent après 18-19h et la ville devient morte jusqu’au lendemain 8h pour une nouvelle marée humaine. Toutefois le cirque vaut le coup d’être visité car c’est impressionnant. Nous n’avons pas eu le temps de la faire mais la rando jusqu’à la brèche de Roland à d’ailleurs l’air super.


Conclusion

Pour une première dans les Pyrénées nous n’avons pas été déçu ! Malgré les premiers jours de mauvais temps nous avons tout de même pu profiter de la beauté des paysages sur la deuxième moitié du trek. Cette traversée offre un bon patchwork des possibilités que réservent les Pyrénées. 

Ce qui est sûr c’est que nous reviendrons car nous n’avons pas eu beaucoup de temps et la liste de randonnées qui font envie est longue : la Brèche de Roland, la Vire aux Fleurs, le Néouviel, … pour ne citer qu’eux.

Nous vous conseillons donc d’aller découvrir ou redécouvrir cette belle chaîne de montagne qui s’étend tout de même sur 400km, il y a de quoi faire … 


Vallée de la Kungsleden - Laponie

Kungsleden - De Nikkaluokta à Abisko

9jours

into the wild

96km

parcourus

1500m

D+

140km

au nord du Cercle Polaire

« L’Appel Sauvage » a encore été fort cette année ! Nous y avons évidement répondu : direction la Laponie Suédoise cette fois-ci avec Matthieu, Quentin dans la région du Kebnekaise pour une dizaine de jours fin juin entre Nikkaluokta et Abisko.

Initialement nous voulions suivre la Kungsleden sur cette portion mais nous avons fait évoluer la route durant la préparation et surtout sur place comme je l’expliquerai ci-dessous.

Notre motivation pour ce trek était surtout de se retrouver dans de grands espaces sauvages avec le moins de contact humain possible, en toute liberté. La Suède et la Laponie sont parfaits pour cela et nous avons vraiment pu profiter de la Nature et du grand air…

Suivez nous donc durant ces 9jours au milieu des forêts de bouleaux, dans les marécages ou la neige, loin de la civilisation, seuls et heureux de l’être !

L'itinéraire


Download file: GPX_LAPONIE_SUEDOISE.gpx

A l’origine nous voulions avant tout partir dans une région reculée avec peu de contact humain et au sein de laquelle nous pouvions vivre « la Grande Vie ». La Laponie Suèdoise était le terrain de jeu parfait grâce à l’isolement qu’offre la Lapland (la Laponie Suédoise) et à la loi de l’allemansrätt.

En Norvège et en Suède, existe une loi qui stipule que la Nature appartient à tous et que chacun peut en profiter librement, dans son respect évidemment – Plus d’infos. Cette loi et cet état d’esprit permettent donc de jouir de la Nature Scandinave tout à fait librement et quasiment sans contrainte « humaines » contrairement aux espaces sauvages français qui sont très réglementés (ce qui est aussi bénéfique pour leur sauvegarde).

Nous avions donc décider de parcourir la Kungsleden entre Singi et Abisko en démarrant à Nikkaluokta mais après quelques recherches sur internet et des retours du terrain, nous décidâmes dans un premier temps de partir dans la Vallée de Vistas pour ensuite couper par les montagnes au niveau de la cabane de Raïtastugan et rejoindre le tracé classique.

La Kungsleden, le chemin Royal, dans son ensemble, est un parcours de plus de 400km entre Hemavan et Abisko. Il traverse les espaces sauvages du Nord Suédois entre le Sarek, le Vindelfjallen ou les montagnes de Saltoluokta. La portion Singi-Abisko est surement la plus courue car des refuges sont présents à peu près tous les 20km permettant ainsi de pouvoir parcourir cette portion de 90km avec un sac léger si on dort en refuge.

Le problème est que ce trajet était bien sur le papier mais l’hiver a été très tardif cette année et les conditions de neige ainsi que les retours qu’on a eu des locaux nous ont dissuadés de le suivre comme je vous le présenterai en détails dans le carnet. Nous avons finalement parcouru la vallée de Vistas dans son intégralité avant de rejoindre la Kungsleden à Alesjaure. Nous avons ensuite changé de vallée deux autres fois afin d’éviter de croiser du monde, nous avons donc marché dans la vallée de Gama puis celle de Kårsavagge. Ce parcours est intéressant car il est plus isolé de la Kungsleden et du nombre relativement important de personnes qui le parcourt (environ 50-100pers./jours en haute saison) ; il offre une bonne diversité de paysages entre forêts de bouleaux et toundra de montagne.

Départ et premier jour : début du voyage et premières galères


Rendez-vous à 8h à Charles de Gaulle pour le départ. J’y retrouve Matthieu et Quentin avec nos (énormes) sacs à dos remplis de 10 jours de nourriture, on ressent l’excitation du départ et l’envie d’en « découdre » avec nos 100km dans la « pampa ».

Le vol de 2h30 est rapide ; nous voilà donc à Stockholm (plus précisément Arlanda). Nous avons décidé de faire la suite du voyage en train. Ce moyen de transport permet de prendre le temps, de vivre la transition vers le nord en douceur,…, surtout avec 21h de voyage…

Avant de prendre le train, nous devons l’attendre, on attaque donc 5h passionnantes à l’aéroport. On en profite pour refaire les sacs et revoir un peu le trajet.

Le train part à 18h, nous avons pris un compartiment de nuit à trois, ils sont pas mal mais un peu petit avec les sacs (à noter qu’il y a des douches ce qui est appréciable). On passera une bonne partie de la soirée à jouer aux cartes et à regarder le paysage défiler, celui-ci est principalement une succession de lacs et de forêts avec de temps en temps une petite ville…

La nuit, le soleil ne se couche qu’à peine, le cercle polaire se rapproche…

On ne dort pas si mal que ça dans ces petits compartiments. Il doit être dans les 7-8h lorsqu’on se lève. Re-jeux de cartes en prenant le petit déjeuner. On change de train vers 10h à Boden. Celui-ci a plutôt un format TER. La ligne part de Luleå et file vers Narvik à l’entrée des Iles Lofoten, il y a donc beaucoup de randonneurs. Ces 4 heures de trains paraissent longues, on les passe à regarder les paysages nordiques, on verra quelques élevages de rennes et deux élans non loin des voies.

Nous arrivons finalement (et enfin!) à Kiruna. L’arrivée est impressionnante car on passe devant l’immense mine de fer (27500 tonnes de minerais extraits chaque jours). La gare est située un peu en dehors de la ville, on rejoint le centre par une navette gratuite. De là, direction l’office du tourisme car on veut avoir quelques infos sur les moyens de transport pour Nikkaluokta.

En effet, les bus quotidiens ne commencent que le lendemain (26/06), nous souhaitions donc prendre un taxi. La dame au comptoir nous dit que c’est possible de se rendre sur place en taxi, par contre, d’après elle et un mail qu’elle vient de recevoir, la Kungsleden est quasiment impraticable car recouverte à 80/90% de neige ou bien est totalement marécageuse dans les zones sans neige… Coup dur ! A l’écouter, notre entreprise est vouée à l’échec du fait des conditions…

On essaie donc de réfléchir aux options : y aller quand même, attendre le lendemain pour avoir plus d’infos, changer totalement de lieu, … Changer de lieu : non, ça sera pareil et on a rien préparé ; reporté, à quoi bon ça repousse juste le problème sans changer grand chose à la situation; il nous reste donc la première option.

On décide donc d’aller voir sur place et si c’est pas bon, demi-tour et on avisera…

Nous voilà donc en taxi (après avoir mangé un horrible kebab dans Kiruna) direction Nikkaluokta. Je suis content de retrouver ces paysages du nord et leur ambiance sauvage…

1h30 et un petit dodo plus tard, nous arrivons enfin à Nikkaluokta, véritable départ de notre trek après 35h de voyage!

Il n’y a pas grand chose sur place si ce n’est une grande battisse qui fait office de restaurant, hôtel, boutique et surtout un sentiment de bout de monde et de début d’aventure.

Avant de partir on passe voir la gérante pour essayer de glaner quelques informations sur les conditions de terrain. Elle ne possède pas beaucoup plus d’infos que la dame de l’office du tourisme et nous confirme bien qu’il y a beaucoup beaucoup de neige (ce que l’on voit déjà facilement car toutes les montagnes alentours ont la tête blanche). Des pilotes d’hélicos du coin passent lorsque nous sommes en train de discuter avec la dame, ils nous confirment encore une fois que la neige est présente en masse et nous disent qu’ils ont même évacué des personnes la veille… Ce n’est pas très engageant … Avec toutes ces infos on reste sur l’idée de partir dans la vallée de Vistas car elle monte moins haut que la Kungsleden et donc sera plus déneigée sur le début. Les pilotes ne savent pas les conditions en fond de vallée,… on verra donc, au pire ça sera un demi tour.

Nous voilà enfin prêt ! On a les infos, les sacs sont pleins, il fait beau… Une dernière photo et C’EST PARTI !

Le début du chemin se fait sur la route pour 2km. On bifurque ensuite sur la gauche pour entrer dans la forêt et surtout dans le vif du sujet. On se fait directement accueillir par les moustiques !

En été, le grand Nord peut être un véritable enfer à cause des moustiques qui pullulent en très grand nombre étant donné qu’il y a beaucoup de marais. Nous espérions en avoir peu en juin ce qui aura finalement été le cas (surtout « grâce » à l’hiver tardif). Ils se font également plus rares à partir de fin août.

Le problème c’est qu’on a fait une erreur ! Sur la route, on a tourné trop tôt. Conséquence : on suit un chemin sur quelques centaines de mètres mais celui-ci disparaît rapidement. On se retrouve alors à marcher soit dans de la forêt broussailleuse ou bien, Ô bonheur, dans des marécages gorgés d’eau ! Comme on le voit sur la carte ci-dessous, on était pas loin du vrai chemin, mais la résolution de notre carte papier (1/75000e) ne nous à pas permis de retomber sur nos pattes surtout que nous ne savions pas dans quel état était le « vrai » chemin.

Nous luttons donc pour avancer sur ce terrain horrible, les pieds et le pantalon trempés tout en étant attaqués par les moustiques, je finis même à un moment dans une sorte de trou d’eau caché par de la mousse avec le niveau au dessus des genoux, ce qui mouille l’appareil photo et « améliore » mon humeur…

Au final on aura fait 2km en 2h… A cet instant je me dis que ça va être un véritable enfer si tout le chemin est comme ça…

Il commence à se faire tard et nous sommes fatigués du transport, nous nous mettons donc à la recherche d’un coin pour la nuit. Après quelques hésitations nous trouvons celui-ci directement à côté de la rivière sur un terrain acceptable.

On monte donc le camp en se battant un peu avec les moustiques et en esquivant les fourmilières en grand nombre ici. L’ambiance va vite mieux après que l’on ait lancé un petit feu …

Repas rapide et vite au lit pour une nuit sans nuit, on est tous un peu fatigués. En tous cas, la vue est belle avec le soleil bas sur l’horizon et on peut voir ce qui nous attend demain dans la vallée. Je m’endors toutefois inquiet pour la suite, entre marécages infranchissables, neige et moustiques, … On verra demain, on est quand même pas mal…

Deuxième jour : Plus loin dans la Vallée de Vistas


Nous avons bien dormi malgré le soleil de minuit, je n’avais pas retrouvé cela depuis mon expédition au Svalbard. On vit les heures de la journée différemment.

On ne s’éternise pas trop car les moustiques se font pressant… Une fois le camp plié, on décide de partir perpendiculairement à la direction du chemin car on s’est dit, après lecture attentive de la carte, que le bon chemin devrait être par là… et voilà que nous croisons 200/300m plus loin un superbe chemin en planche de bois comme on trouve en Scandinavie (dans les Lofoten par exemple) ! Nous nous étions donc bien trompés hier… Pas grave.

Nous avançons évidemment bien plus vite sur ce bon chemin. Il fait grisou aujourd’hui mais les paysages sont agréables. Pour l’instant nous n’avons croisé personne depuis que l’on a quitté Nikkaluokta…

Arrivés à une grosse rivière, le chemin se fait plus discret dans les hautes herbes, on se trompe donc en partant sur la droite mais ceci est une chance car nous tombons sur un élan en train de paître gentiment à 50m de là… L’absence de bois me fais penser que c’est une femelle, elle n’est pas très grosse mais la bête est toutefois impressionnante. Elle nous laisse l’observer 1 minute puis s’éloigne sans trop se presser révélant, au passage, un second élan caché plus loin dans le sous bois…

Nous retrouvons le bon chemin après cette jolie rencontre. La traversée de la rivière se fait sur un pont de fortune en troncs de bouleaux. Nous croiserons ensuite un groupe de quatre Russes qui sont passés par les montagnes il y a quelques jours, bonne nouvelle ! On peut donc passer malgré la neige, les conditions se sont pas si horribles que ça.

Nous continuons la route à un bon rythme en prenant le temps d’admirer les paysages. Derrière nous, Nikkaluokta parait déjà loin, le réseau téléphonique a disparu depuis ce matin (on ne le retrouvera que l’avant-dernier jour du trek), nous sommes à présent vraiment au sein de la Laponie sauvage !

Il y a de nombreuses rivières à traverser sur le chemin, beaucoup sont relativement étroites, d’autres plus larges ou plus débitantes demandent un peu de jugeote. Mais celle devant laquelle nous sommes va être compliquée à traverser sans enlever les chaussures et le pantalon… C’est donc parti. On traverse chacun son tour, l’eau est gelée ! Elle arrive directement de la fonte des neiges et n’a pas eu le temps de se réchauffer …

Le chemin continue ensuite gentiment. Lors de la pause midi nous croisons deux Allemands qui arrivent d’où on veut aller ! Bonne nouvelle surtout que nous avons également croisé des Hollandais qui, eux, ont fait demi tour en direction de Nallo… Le chemin qu’on veut faire est donc réalisable même si on va un peu lutter d’après les dires des Allemands…

La journée est longue, surtout que nous ne sommes pas encore « chauds » et que les sacs sont lourds en ce début de trek. Quentin commence à ressentir des douleurs sur la crête iliaque et souffre un peu en marchant, pour ma part je commence à en avoir un peu marre, ça fait bientôt 16km qu’on marche. Deux gars qu’on a croisé un peu plus tôt (avec 10 personnes cette journée aura été la plus peuplée du voyage) nous ont dit qu’il y a des spots de bivouac très sympa plus loin à côté d’un pont. On décide donc de pousser encore 2km.

Et en effet, on trouve un emplacement parfait pour le bivouac : terrain plat en herbe rase, rivière en contrebas à 20m, coin pour le feu de camp… Parfait !

Cerise sur le gateau : je repère un troupeau de renne dans la forêt un peu plus loin ! Ils ne nous ont pas vu, on s’approche donc discrètement pour les observer. Ils nous repèrent évidemment avant longtemps et s’échappent en nous gardant à l’œil.

Le camp sera vite installé et le feu rapidement lancé. Il fait relativement frais ce soir. Chacun se lave un peu à la rivière (l’eau est toujours aussi froide) et on profite d’un « bon » repas à base de lyophilisés et saucisson/fromage au coin du feu. On est bien ce soir là, on se sent libre. Nous sommes en train de vivre ce pour quoi on est venu, on a de la chance.

Fin de journée plus optimiste que la veille. A priori ça passe bien jusqu’à Alesjaure mais ça sera compliqué ensuite jusqu’à Abiskojaure…

Troisième jour : jusqu'à Vistasstugan


Encore une bonne nuit même si le bruit de la rivière était assez présent. On plie, on range, on démarre. Le programme de la journée est léger : direction la cabane/refuge de Vistas à 10km de là.

Mais avant de reprendre la route : atelier bricolage ! En effet, les chaussures de Matthieu montrent des signes de fatigue inquiétant au niveau des semelles. Celle du pied droit est déjà bien décollée et celle du pied gauche ne va pas tarder… C’est pas cool pour la suite du trek. Heureusement j’ai pris mon gros scotch d’escalade qui est solide, on va donc essayer de maintenir la semelle en place ainsi et changer le scotch le soir, au pire Quentin en a aussi un peu et on a un peu de ficelle… On va bricoler mais faudra que ça tienne.

Nous revoilà en route, toujours plus loin dans la Laponie sauvage. Le début du chemin nous emmène vers un petit pont qui permet de traverser une rivière infranchissable autrement, plus loin, rebelote, petit pont qui traverse une belle rivière et qui offre une vue superbe sur la vallée en aval.

La carte montre la présence d’une hutte proche du deuxième pont. Nous ne sommes pas rentrés à l’intérieur mais celle-ci à l’air plus que sommaire.

Le chemin nous mène ensuite vers Vistasstugan. Nous y arrivons 4h après le départ du camp ce matin (sans se presser). La journée de marche aura été courte.

Vistasstugan est normalement gardé mais le gardien n’arrivera que 2-3 jours plus tard d’après ce qu’on nous a dit à Alesjaure le lendemain. Les installations couvrent une surface assez grande car il y a plusieurs bâtiments d’habitation ou technique et même un sauna !

En ce qui nous concerne on se dirige vers la cabane d’hiver (celle proche du pont) qui reste ouverte annuellement et qui contient en particulier un téléphone de secours en cas d’urgence. La cabane est vraiment sympa, c’est même étonnant à quel point c’est bien aménagé, entretenu et propre ! L’ambiance à l’intérieur est très cosy, il y a quatre lits (relativement confortables), une table, un superbe poêle qui chauffe très bien, du gaz et une petite gazinière (grand luxe) et pas mal de matériel de cuisine. On se croirai à la maison !

Nous prenons possession des lieux pour la journée et la nuit, voilà trois jours déjà que nous sommes partis et cela serait bête de pas profiter de ce petit confort histoire de bien charger les batteries, surtout que d’après ce qu’on sait, les prochains jours vont être durs !

A peine installés, nous sommes accueillis par des rennes qui passent en plein milieu des cabanes.

L’après-midi commencera par un copieux repas suivi d’une alternance de sieste, « douche » à la rivière, jeux de cartes (beaucoup) et tout simplement profiter du moment.

On lancera également un feu dans le poêle histoire de se réchauffer et de faire sécher les affaires, ce dernier donne très bien, il fait donc vite très(trop) chaud dans la cabane mais c’est pas mal.

Vistasstugan est un beau site, il offre une jolie vue sur les montagnes alentours, sur la vallée. On y trouve également le début du chemin pour Nallostugan.

Nous serons rejoint, en début de soirée, par deux américaines qui arrivent d’Abisko, ce qui est une bonne nouvelle car cela fait deux groupes qui arrivent de cette direction, c’est donc bien réalisable. Comme on a pris trois lits sur les quatre de la cabane elles décident de planter la tente un peu plus loin, on partagera tout de même le repas et la chaleur du poêle.

On ne se couche pas trop tard car demain on a une longue route jusqu’à Alesjaure.

Bien que le refuge soit non gardé il y a une petite « taxe » dont on doit s’acquitter (250SEK / nuit / personne). Vous pouvez régler le montant par versement bancaire ou bien au bureau STF à Abisko (et peut être à Nikkaluokta mais j’ai un doute).

Quatrième jour : de Vistasstugan à Alesjaure


Direction Alesjaure après rangement et nettoyage de la cabane. Les batteries sont bien rechargées, le scotch sur les chaussures de Matthieu mis, les sacs blouclés… C’est parti pour 19km !

Nous quittons aujourd’hui la vallée de Vistas après trois jours à la traverser. Nous commencerons à prendre un peu d’altitude pour arriver au final  à un petit col qui nous permettra de « descendre » sur Alesjaure.

La végétation change rapidement, les arbres se font de plus en plus rares et rabougris, la toundra prend la place. Le fond de la vallée est beau et sauvage en tous cas.

Nous aurons la chance de passer non loin d’un couple de rennes peu de temps après le départ. Ils ne manqueront pas de manifester une certaine curiosité durant leur fuite. Les rennes sont, ici, habitués à l’homme étant donné qu’ils appartiennent aux Samis et sont parqués plusieurs fois par an pour être comptés ou marqués.

Le chemin est bon et relativement sec sur cette portion. On avance bien.

Nous ferons la pause du midi en face de la cabane de Renvaktarstuga, on aurait aimé qu’elle ne soit pas de notre côté de la rivière (qui semble compliquée à traverser) car il bruine un peu.

Plus loin nous traverserons la Moarhmmàjhoka sur un autre petit pont, tous sur le même modèle, simple mais efficace. Juste derrière, nous entamons la montée sur le col. Derniers regards sur la vallée de Vistas qui aura tenu ses promesses en terme de paysages et d’isolement.

Nous croiserons ensuite trois groupes distincts, des Suisses, des Estoniens et des Allemands qui arrivent tous d’Abisko. Ils nous donnent tous la même version du chemin, c’est à dire réalisable mais on finit trempé et on a souvent la neige au dessus des genoux voir de la taille pour la portion Alesjaure/Abiskojaure… Malgré la bagarre qui semble-t-il nous attendre, nous passerons ce qui est toujours mieux que de faire demi-tour (les américaines de la veille nous ont quand même dit qu’un groupe de 9 personnes avaient appelé l’hélico à Alesjaure pour faire demi-tour…).

Le chemin passe ici sur une sorte de plateau. On commence à avoir nos premières plaques de neige. Celle-ci est plutôt bonne et ne nous pose pas de problème. On ressent bien que nous sommes en altitude car les arbres sont quasiment absents et les lacs encore partiellement gelés !

La cabane de Tjatjajaurekåtan est une ruine, elle peut toutefois offrir un relatif abri au vent pour une pause où si on bivouaque non loin, ce qui doit être sympa d’ailleurs.

Nous entamons rapidement la « descente » sur Alesjaure. Durant celle-ci nous passons non loin d’Alisjàrvi un campement Sami encore inoccupé car nous sommes un peu tôt dans la saison. La vue sur le lac permet de constater, qu’en effet, il y a beaucoup de neige sur cette partie de la Kungsleden.

Comme il commence à se faire tard dans l’après-midi la neige a ramolli, on passe donc un peu au travers mais rien de terrible pour l’instant. Quelques traversées de rivières et on arrive enfin à Alesjaure.

Alesjaure est une grosse installation, il y a pas mal de cabanes. Je ne sais pas combien de personnes peuvent être accueillies ici mais on se dit qu’il doit y avoir pas mal de monde sur la Kungsleden à la haute saison.

Nous ferons un stop au refuge, le temps de discuter un peu avec les sympathiques gardiens des conditions et de leur faire notre retour sur l’état du chemin côté Vistas.

Nous ne resterons toutefois pas dormir ici, nous préférons poser le bivouac un peu plus loin. On continue donc 300 mètres plus loin et on trouve un bel emplacement qui offre une vue imprenable sur la vallée. La végétation a bien changé, ici on ne trouve que des arbrisseaux et de l’herbe rase.

Le camp est vite installé, on se relaxe car nous avons bien marché. Matthieu part à la recherche de baies et nous ramène quelques camarines noires (c’est dommage d’ailleurs car il y a encore peu de baies étant donné que l’hiver a été tardif).

La fin de soirée sera fraîche car le vent souffle fort et il descend directement des montagnes. On a toutefois quelques passages ensoleillés qui permettent de profiter.

Demain nous attend une journée difficile, on mange donc pas mal et on se couche tôt.

Cinquième jour : la journée difficile (ou pas) !


Une journée de plus en pleine Laponie Suédoise et pas des moindres car aujourd’hui nous attaquons la partie tant redoutée depuis le départ.

Notre stratégie pour la journée est établie : la majorité des groupes rencontrés ont suivi le « vrai » chemin de la Kungsleden en longeant le lac or la forme de la vallée fait que l’eau ruisselle et stagne dans cette zone ce qui rend la neige mauvaise et que l’on finisse trempé à patauger dans un mélange neige/marais. Nous avons donc choisi de passer plus en hauteur vers 800-850m afin d’être dans une zone où l’eau ne stagne pas et de profiter de l’altitude pour avoir une neige un peu plus froide.

D’après les retours qu’on en a eu la principale difficulté est concentrée sur la traversée d’une importante rivière 2km après Alesjaure et dont les ponts de neige en partie basse sont cassés, nous espérons donc en trouver de bons sur notre chemin, plus haut.

Nous prenons donc la route après avoir plié le camp, au bout de cinq jours chacun a à présent ses réflexes, ses rituels, on est à présent à 100% dans le trek. Il faut avouer que l’absence de réseau est positive pour cela car on est réellement déconnecté du monde extérieur.

Le début du chemin est bon et on profite de la fraîcheur matinale pour progresser rapidement sur la neige dure. On s’enfonce un peu quelques fois mais rien de dramatique. La fameuse rivière se rapproche mais pour l’instant aucun problème et pour couronner le tout il fait beau !

Nous arrivons donc en 45min à la rivière, on comprend rapidement pourquoi elle peut poser problème : elle est relativement large et le débit est impressionnant. Coup de chance nous tombons directement sur un pont de neige qui semble solide. Pour plus de sécurité on traverse chacun son tour ; ça passe tout seul ! C’est un moment de joie car nos appréhensions des jours précédents s’envolent, il fait beau et le paysage à cet endroit est magnifique ! On prend le temps de le savourer.

Nous restons ensuite sur les hauteurs car on voit bien que le fond de vallée est gorgé d’eau. On progresse relativement vite, il n’y a personne, c’est agréable et le soleil ne gâche rien à tout cela. La vue sur la vallée, en amont comme en aval, est magnifique.

Nous rejoignons la Kungsleden au niveau d’un « rengärde », un grand enclos circulaire pour parquer les rennes lors des comptages annuels. Le chemin se fait beaucoup plus boueux mais heureusement les sections aménagées permettent de ne pas être trop mouillés (même si au final l’eau trouve son chemin jusque dans les chaussettes).

L’utilisation de guêtres et de chaussures réellement imperméables est à recommander pour l’ensemble du trek pour limiter la pénétration de l’eau.

Nous avons avancé beaucoup plus vite que prévu mais cela ne nous sert à rien de courir car nous avons encore pas mal de jours devant nous et donc « le temps de prendre le temps ». On décide donc de passer l’après midi dans la petite cabane de Radunjarga, c’est un abri tout simple un peu en contre bas de la Kungsleden. Il est composé d’un sas (avec pelles et balais) et d’une grande pièce avec banquettes en bois, table et poêle. L’utilisation du bois de chauffage disponible est réservé aux situations d’urgences et il n’y a pas d’arbres dans les parages, on se passera donc de feu aujourd’hui.

Nous commencerons notre après-midi avec un bon repas, nous aurons même droit à un chocolat chaud maison préparé avec amour par Matthieu.

Nous passerons notre temps ensuite entre repos, corvée d’eau et jeux de cartes endiablés. Ce moment dans la cabane aura été une petite parenthèse dans le trek, le confort y était spartiate mais juste comme il fallait.

Nous avons choisi de ne pas dormir dans la cabane afin d’être au calme si jamais des personnes y arrivent tardivement. On installera donc le campement un peu plus loin sur les hauteurs pour profiter d’un emplacement sec. Le paysage et la lumière sont superbes.

Je me sens soulagé et serein en cette fin de soirée car je sais que nous allons pouvoir rejoindre Abikso ; même les chaussures de Matthieu et leur semelles qui se décollent ont l’air de vouloir tenir.

Nous nous couchons sous un beau soleil de minuit dans le calme de la lande de Laponie…

Sixième et Septième jours : changement de plan et repos


Il n’a pas fait chaud cette nuit mais nous avons tout de même bien dormi. On reprend la route en suivant la Kungsleden. Il y a pas mal de neige mais nous progressons tout de même assez rapidement.

Nous en sommes au sixième jour et il nous reste encore trois jours avant de retourner à Kiruna or nous ne sommes qu’à deux jours d’Abisko. Nous avons donc décider de changer légèrement les plans : nous allons dans un premier temps changer de vallée pour celle de la rivière Kamajakka car nous commençons à rencontrer de plus en plus de monde ici et nous souhaitons être plus isolés. Nous avons également décidé de rester deux jours au même endroit pour profiter de la nature, du calme.

Nous bifurquerons donc de la Kungsleden au niveau du camp Same (quelques centaines de mètres après la barrière à rennes). Le chemin est ensuite un peu boueux mais c’est joli. Vers 800m d’altitude, nous grimpons sur une petite proéminence pour admirer la vallée en contrebas. Le paysage est magnifique. La vision se perd à des kilomètres sur une succession de pics enneigés et de lacs plus bas dans la vallée. On aperçoit en face de nous le camp Same de Rovvidievva. Nous nous installons pour grignoter en admirant la Laponie.

Nous entamons la descente. Le chemin est bon, il ne doit pas y avoir grand monde qui est passé ici cette année car on ne voit aucune trace. Nous arrivons rapidement au petit pont qui enjambe la rivière Kamajakka dont le débit et la puissance sont impressionnants. Par contre, Quentin se rend compte qu’il a perdu sa caméra un peu plus tôt, il file donc en arrière la chercher et, heureusement, la retrouvera rapidement.

Le camp Same n’est pas habité actuellement, on passe donc rapidement et nous continuons en direction du nord. Le terrain est particulièrement détrempé, j’espère que nous trouverons un coin agréable pour poser le camp.

Nous arrivons vers la rivière Hoiganjohka après 2km. Nous n’avons vu qu’un seul coin intéressant pour l’instant. Nous posons les sacs près du petit pont et nous partons en reconnaissance dans le coin pour trouver un bon spot.

Après quelques hésitations nous trouvons le spot parfait ! Terrain plat, vue superbe, rivière à 20m… Nous sommes même accueilli par un grand soleil juste après avoir monté le camp.

Nous nous installons donc pour deux jours dans notre petit camp. La suite de la journée commence par manger un bon bout au coin du feu que l’on vient de lancer. Nous partagerons ensuite notre temps entre farniente et atelier taillage de bois surtout pour Quentin et Matthieu.

La lumière en cette fin de soirée est magnifique, on profite pleinement du moment, de la nature Lapone. Nous n’avons croisé personne depuis que l’on a bifurqué de la Kungsleden, on se sent au bout du monde, isolés, on est bien… On ressent réellement de la plénitude dans ce genre de moment, nous sommes venu pour cela, nous voilà comblés.

On ne se couchera pas trop tard ce soir là car le froid nous rattrape même si le soleil ne se couche pas.

Le lendemain nous profiterons de la journée pour bien manger et se reposer, Quentin partira également faire une longue balade sur les hauteurs. Matthieu et moi resterons près du feu toute la journée à tailler du bois, à papoter… On sentira d’ailleurs le feu de bois dans les vêtements et les cheveux jusqu’au retour en France.

Nous ne verrons absolument personne ce jour là, c’est génial… On a de la chance d’être ici, en Laponie et de pouvoir vivre pleinement notre aventure.

Huitième jour : encore plus loin et plus seuls


Fraîche nuit comme en témoigne le chapeau de givre sur les montagnes alentours.

Nous quittons le camp et faisons en sorte de ne laisser aucune trace de notre passage hormis deux petits bancs de pierre. Nous reprenons la route direction Abiskojaure et certainement vers plus de contact humain…

Le chemin est bon et bien marqué vers la cabane, avec la perte d’altitude, nous retrouvons des forêts composées de grands arbres qui contrastent avec les chétifs bouleaux des jours précédents.

Nous arriverons rapidement à Absikojaure qui est une grosse installation de cabane. Les gardiens nous diront qu’ils peuvent accueillir jusqu’à 60 personnes par nuit. Nous les croisons d’ailleurs en train de prendre le petit déjeuner et ils nous inviteront à nous installer avec eux afin que l’on échange sur les conditions de terrain. Je suis d’ailleurs étonné car je n’ai pas l’impression que les cabanes discutent beaucoup entre elles pour faire le point sur les conditions de terrain, les gardiens sont donc très intéressés par le retour que l’on peut leur en faire.

Un des gérants nous parle d’une vallée un peu plus au nord dans laquelle peu de personnes vont. Nous avions initialement prévu de suivre la Kungsleden jusqu’à Abisko mais la perspective de se retrouver encore plus isolés est séduisante. Nous changeons donc nos plans pour rejoindre la vallée de Karsåvagge.

Le début du chemin se trouve derrière l’emplacement de camping d’Abiskojaure. On longe d’abord le lac puis une petite rivière. On prend vite de l’altitude et la vue se dégage derrière nous révélant le lac, les montagnes alentours et à l’horizon. C’est beau.

La neige refait rapidement son apparition dissimulant un peu le chemin que l’on suit tout de même facilement grâce aux cairns régulièrement espacés.

Le chemin et l’ambiance générale du paysage sont de mieux en mieux au fil de l’ascension, il y a un air de jardin d’Eden, de nature intacte, pure. Sur notre droite deux troupeaux de rennes paissent, à gauche un petit ruisseau court entre les herbes. Il y a un grand soleil, nous sommes seuls, c’est un moment très agréable durant lequel nous étions particulièrement heureux d’être là et de partir à l’aventure dans une vallée où peu de personnes sont passées cette année.

Le chemin nous emmène de plus en plus haut, nous suivons les traces laissées par le gardien d’Abiskojaure hier, il n’y a que les siennes…

Nous arrivons au sommet (qui est tout plat et tout en longueur) vers 1150m d’altitude. La vue alentour est superbe : au sud ouest les vallées d’où nous venons et au loin le Kebnekaise. Au nord est, Abisko et le lac de Torneträsk.

Nous entamons la descente vers Kårsavagge. Il n’y a plus aucune trace le terrain est vierge à partir de maintenant. La vallée est particulièrement recouverte de neige, on voit d’ici les lacs qui sont encore gelés.

Il y a quelques cairns pour indiquer le chemin. C’est très beau. On a l’impression, encore une fois, d’être seuls au monde.

Il y a un chemin de l’autre côté de la vallée mais pour le rejoindre il faut traverser à guet vers la cabane de Kårsavagge. Nous ne prendrons pas cette option, nous choisissons au contraire de reste de ce côté de la vallée et de progresser hors sentier. Nous bifurquons donc vers la droite au niveau de la grosse rivière 500m après le sommet. La descente est rapide, nous utilisons les plaques de neige pour aller plus vite en se laissant un peu glisser.

Nous continuerons un peu plus loin le temps de trouver un bel emplacement de bivouac pour la nuit. Ce sera chose faite non loin de la rivière à un endroit où son lit se ressert.

Nous posons le camp pour la dernière fois car demain nous serons à Abisko. On est bien installé même si il y a un peu de vent. On se trouve un petit coin à l’abri pour prendre le quatre heure et jouer aux cartes.

Fin de soirée classique avec repas, moment de plénitude et lumière magnifique lorsque le soleil passe derrière les montagnes. Kårsavagge est magnifique en tous cas. Nous ne sommes pas loin de la Kungsleden mais on ressent bien qu’ici peu de personnes viennent. La vallée est calme, vierge…

Neuvième et Dernier Jour : Arrivée à Abisko...


Dernier rangement, dernier petit déjeuner, dernier empaquetage… Nous prenons la route direction Abisko. Aucun de nous n’est pressé de retrouver la ville et son agitation…

Nous progressons dans la vallée de Kårsavagge hors sentier en direction du pont qui permet de traverser la rivière. On l’atteint rapidement mais son aspect nous interpelle un peu de loin… C’est en se rapprochant qu’on comprend mieux : une des lattes qui soutient le tablier est cassée ce qui fait que celui-ci pend au dessus de l’eau… Un écriteau, de l’autre côté, indique que le pont est fermé. Le problème est que si l’on ne prend pas le pont on se retrouve avec le choix de rebrousser chemin et traverser à guet plus haut (malgré le très fort courant) ou bien faire un sacré détour en aval… Vu l’état du pont on estime qu’on peut tenter. On se lance donc les uns après les autres et malgré quelques craquements nous passons sans encombre…

Il n’y a pas grand chose à dire sur la fin du chemin vers Abisko. Celui-ci offre une belle vue sur le Torneträsk et les sommets alentours.

Nous rejoignons au final d’autres chemins parcourus par des touristes de passage à Abisko. On commence à retrouver la civilisation… La fin du chemin débouche sur la route non loin de la fameuse porte qui marque le début ou la fin de la Kungsleden. Nous nous y arrêtons le temps d’une photo.

Nous voilà arrivés à Abisko! Les chaussures de Mattieu auront tenu finalement !

Il est 13h et le bus pour Kiruna passe à 18h, on s’installe donc à la Turist Station sur les tables dehors profiter du soleil. C’est la fête du Mid-Summer qui marque le solstice d’été. Il y a donc toute une animation de danse et de musique et même du gâteau ! Cela nous permet de passer le temps …

Nous embarquons à 18h en direction de Kiruna où nous passerons la nuit et le lendemain (nous dormirons à l’hotel Scandic Ferrum qui est plutôt pas mal). Nous profiterons d’ailleurs de notre jour de battement pour visiter la mine ce qui vaut le coup. Le soir nous passerons la soirée au Bishop Arm, le pub de Kiruna…

Retour en France le surlendemain. Retour difficile à la réalité entre la température qui a dû prendre 20°C, la pollution et la foule… La Laponie nous paraît déjà loin…

Conclusions

Encore un trek qui m’aura marqué. Ces dix jours en Laponie ont été absolument géniaux grâce aux paysages, à l’ambiance mais surtout grâce au sentiment de liberté et de nature vierge que l’on y ressent. J’avais quelques appréhensions avant le départ sur la nature du terrain et les difficultés que l’on allait rencontrer, appréhension confirmées à notre arrivée par les retour que l’on en a eu mais à présent avec le recul, ce n’était pas si dur que cela, au contraire. La difficulté physique modérée nous a permis d’encore plus en profiter. Je suis également content car c’était la première fois que je partais avec 10 jours d’autonomie dans le sac et j’avais même du rab au retour. On peut donc envisager des treks de cette durée voir même un peu plus long avec un sac de 65L bien rempli.

Ce trek était ma première expérience Suédoise et en Laponie. J’y retournerai avec plaisir ! A peine rentré j’ai commencé à regarder du côté du Sarek National Park pour une prochaine balade… Qui sait, on verra ?…

Je ne saurai que vous conseiller d’aller vous perdre quelques jours dans ces contrées sauvages que la main de l’homme à laisser intactes pour l’instant.


5416m, Népal

Tour des Annapurnas

Le Népal est un pays qui incarne à lui seul l’essence même de la randonnée, de l’aventure. Niché entre l’Inde et la Chine, le Népal s’étend le long de la chaîne de l’Himalaya. Huit des quatorze sommets de plus de 8000m s’y situe notamment le plus connu, l’Everest (8848m) mais également l’Annapurna (8091m). L’Annupurna est niché au cœur de son massif éponyme ; on y compte six sommets principaux, tous à plus de 7000m. C’est autour de ce massif que se réalise le trek du Tour des Annapurnas.

D’une durée de 10/12 jours (pour le tour complet), le trek évolue entre 900m et 5416m avec le passage du fameux col de Thorong. C’est un incontournable pour toute personne aimant la randonnée et les grands espaces. On passe des rizières aux hauts sommets himalayens en prenant le temps de découvrir le pays.

Ce trek est le premier que j’ai réalisé, en 2012. Malheureusement à l’époque je ne tenais pas les carnets qui me servent aujourd’hui à garder une trace des impressions, des souvenirs accumulés sur le chemin, ce retour sera donc un récit allégé principalement basé sur les photos prises durant le voyage. De plus à l’époque je souhaitais découvrir « sereinement » cette pratique et ne pas avoir à me compliqué la vie à tout organiser (ce qui est dommage avec le recul), j’étais donc passé par un organisme pour ce trek mais cela ne dénature en rien les paysages et l’expérience.

Katmandou

Katmandou est le passage obligatoire pour le début du voyage. La ville est régulièrement desservie par avion en provenance de l’Inde ou des Emirats. Nous sommes passé par Abu Dhabi de notre côté pour un voyage relativement long (6h d’escale) mais c’était l’occasion de découvrir les autres membres du groupe.

Katmandou est une ville ancrée dans l’imaginaire notamment avec le mouvement hippie dans les années 60. C’est aujourd’hui agglomération forte de plus de 800000 habitants. L’expérience en ville est complète en terme de sensation : la vue, l’ouïe, l’odorat, tout est stimulé. Katmandou est une véritable fourmilière.

La ville est riche en monuments, religieux notamment, et en histoire. On notera en particulier Durbar Square et Swayambunath qui ont malheureusement été partiellement détruit durant le tremblement de terre de 2015.

Première Partie du Trek : les Basses Altitudes

Le début du trek du Tour des Annapurnas se situe vers Besisahar. Six heures de bus sur des routes de montagne avec le style de conduite népalais… une expérience en soit.

Toute la première partie du trek se fait dans les rizières. Nous sommes à 1000m d’altitude il fait bon et beau. Le chemin, bien balisé, évolue de village en village dans un superbe décor, il y a beaucoup de monuments religieux le long de la route notamment les fameux chorten qui faut toujours passer par la gauche.

Ngadi (950 m), Jagat (1310 m), Dharapani (2000 m), Chame (2700 m), Pisang (3200m), le chemin monte tranquillement. Les étapes sont bien proportionnées et laissent le temps de s’acclimater.

Les références en terme d’altitude sont à revoir en comparaison aux Alpes. Ici pas de neige ou de paysage minéral à 3000m, on trouve encore pas mal d’arbre (des conifères surtout).

Deuxième Partie du Trek : la Haute Altitude

L’altitude commence à se faire ressentir doucement dès 2500-3000m mais c’est à 4000m que j’ai commencé à vraiment en ressentir les effets. Ça a commencé par un léger mal de tête mais celui-ci s’est amplifié au fur et à mesure. Le cœur bat vite constamment, même en dormant, ce qui fatigue. J’ai commencé à ressentir une légère perte d’appétit mais ça allait encore. Renseignez vous bien sur le Mal des Montagnes avant de partir car il faut savoir quoi faire si on est touché.

Le paysage quand à lui devenait de plus en plus sec et la végétation rare et clairsemée. Nous avons effectué un jour de pause à Manang pour s’acclimater. La ville est sympa, il y a des randonnées à la journée à faire ou une boulangerie/pâtisserie pour refaire le plein d’énergie ; vous pourrez même aller voir un film dans le mini cinéma local. En tous cas cette pause a fait du bien.

Au dessus de 4000m on se retrouve dans un environnement vraiment montagnard accompagné de températures de plus en plus fraîches et de neige parfois. Les Dzos, des hybrides yak, vache, font leur apparition également. Les villages à ces altitudes sont principalement constitués de maison en pierre sèches « typique » de ce que l’on peut également voir au Tibet, nous visiterons également quelques temples bouddhistes sur la route mettant en avant la forte spiritualité des populations locales.

Les deux jours avant le col seront durs du fait de l’altitude. On commence également tous à en avoir du Dal bhat c’est à dire du riz/lentille qu’on mange tous les jours. Le soir il fait vraiment froid dans les refuges mais la perspective du passage du col nous motive.

La dernière montée se fait dans la neige mais ça passe pas trop mal le jour de l’attaque. Il reste quelques centaines de mètres de dénivelé que l’on avale tout doucement. Le coeur bat très fort dans la poitrine, chaque pas demande beaucoup d’effort (même si l’on est pas si haut que ça en définitive).

5000m… encore 416m. La pente est douce cela facilite la montée. Des népalais surchargés nous dépassent sans difficultés nous renvoyant à notre petite condition. Les paysages sont beaux, on ressent la force de l’Himalaya ; nous sommes entourés par des pics à plus de 6000, 7000 ou 8000m.

Après ces efforts nous arrivons enfin au col. Toute la fatigue se dissipe pour laisser place à la joie d’y être. On en parlait depuis l’aéroport il y a maintenant plus d’une semaine. Nous faisons la pause photo classique devant la balise à 5416m ! Un joli moment partagé avec le groupe.

Dernière Partie du Trek : Redescente et Retour

Une fois le col atteint nous attaquons la descente. Le paysage change immédiatement, c’est beaucoup plus aride. En effet les nuages sont arrêtés de l’autre côté de la montagne, ici pas de pluie…

Le chemin nous mène vers Muktinath, haut lieu de pèlerinage Hindous et Bouddhiste. Nous prenons le temps de visiter le temple avant de nous installer pour la nuit dans une guest house. Nous fêterons notre passage du col à base de « Mustang Brandy » avec nos guides locaux. Une super soirée …

Nous continuerons notre route jusqu’à Jomoson au travers de ces contrées arides et poussiéreuse. Beaucoup de vent et sable dans les yeux.

Le « véritable » Tour des Annapurnas continu encore pour quelques jours mais nous nous arrêterons là. Retour à Katmandou mais avant cela nous rejoignons Pokhara par avion pour une petite journée de visite, notamment d’un temple au milieu du lac. La ville est très sympa j’aurai aimé y passer plus de temps.

Nous passerons le dernier jour à Katmandou à visiter la ville et notamment Durbar Square. Cette ville vaut vraiment le coup d’être visitée et d’y passer un peu de temps.


Conclusions

C’est déjà la fin du voyage et le retour en France. Le Népal aura tenu ses promesses en nous offrant des paysages magnifiques et le contact avec une culture riche. Le Tour des Annapurnas est parfait pour abordé les longs treks. La difficulté physique est modérée et constante, seule l’altitude peut s’avérer un peu compliquée à gérer. J’étais passé par une agence comme c’était ma première grande randonnée mais ce trek est totalement réalisable seul, il faut juste bien gérer les quelques formalités administratives. 

Petit point négatif : une route est en train d’être construite vers le col, c’est donc maintenant qu’il faut y aller avant que la route soit finie (si ce n’est pas déjà le cas) et que des flots de touristes débarquent en 4×4… 

Le Népal recèle une infinité de possibilités de treks et de randonnées, notons en particulier le trek du camp de base de l’Everest (un grand classique) ou le tour du Manaslu (plus sauvage). Je ne sais pas encore quand mais je suis sûr d’y retourner…


Montagnes environnantes de Cilaos, La Réunion

Traversée de la Réunion

10jours

de trek

140km

parcourus

9000m

D+

3070m

Altitude du Piton des Neiges

Située au cœur de l’Océan Indien, l’Île de la Réunion est un véritable trésor en terme de paysages, de culture ou de randonnées. Afin de découvrir au mieux l’île et notamment le Cirque de Mafate, nous avons décidé avec Arthur, de suivre le GR-R2 qui traverse l’île de part en part.

D’une longueur de 140km et affichant environ 8000m de dénivelé positif, l’itinéraire part de Saint Denis, au Nord Ouest et rejoint Saint Philippe, au Sud-est en passant par les Cirques de Mafate et Cilaos mais également le Piton des Neiges et celui de la Fournaise. Les paysages qu’il traverse son magnifiques et l’immersion dans l’ambiance de l’île est totale.


Quelques mots sur la Réunion

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Avec ses 2500km² et ses 150km de diamètre, l’île de la Réunion est un petit bout de terre perdu dans l’Océan Indien situé à quelques centaines de kilomètre à l’est de Madagascar.

Sa situation, non loin du Tropique du Capricorne, la fait jouir d’un climat tropical ni trop chaud ni trop froid. Il fait toujours bon à la Réunion (ou un peu trop chaud parfois). Un des points particulier de l’île est la diversité des paysages : tropical humide, sec/aride, voir tempéré… et le passage d’un climat à l’autre est parfois très rapide. Cela est dû au fait que la Réunion est baignée par les Alizés, qui apportent la pluie à l’Est sur la « côte au vent »et qui sont arrêtés par le relief central de l’île et qui donc assèche la « côte sous le vent » à l’Ouest.

La Réunion est une île volcanique toute récente suivant les temps géologiques, en effet elle est née il y a tout juste 3 millions d’année. Elle culmine aujourd’hui à 3070m avec le Piton des Neiges, le volcan originel de l’île. Le volcanisme est aujourd’hui concentré au Piton de la Fournaise (2632m). C’est d’ailleurs un des volcans les plus actifs sur Terre, il se caractérise par une activité de point chaud effusive.

L’âge de l’île et son isolement ont favorisé un endémisme fort des espèces animales et végétales.

Son histoire « moderne » et humaine a commencé au XVIe avec les premières explorations par les Portugais. L’île est alors totalement inhabité, elle n’a pas connu e « peuple premier ». Les Français y débarque en 1642 et l’investissent au nom du Roi en la baptisant Île Bourbon en l’honneur de la famille Royale. Ce n’est qu’à la Révolution Française (1793) qu’elle sera renommée Île de la Réunion, d’une part pour effacer son passé « royal » et d’autre part en hommage à la Réunion des Gardes Nationaux Parisien et des Fédérés de Marseille  lors de « l’attaque » du Palais des Tuileries en 1792.

La Réunion est aujourd’hui une terre métissée où vivent, ensemble, des populations d’origine Malgache, Africaine, Asiatique ou encore Européenne. On peut croiser dans la même rue une Eglise, un temple Taoïste ou encore une Mosquée. Ce métissage a donné sa belle culture à l’île, métissage que l’on retrouve également dans la gastronomie locale qui mêle toutes ces influences.


Premier Jour : Arrivée et Premiers kilomètres

Le rendez-vous était donné le 23 Mai à Orly, j’y ai rejoint Arthur avec qui on va donc parcourir la Réunion pendant ces presque trois semaines. Le vol pour Saint Denis dure 10h, de nuit c’est parfait pour arriver pas trop fatigué le matin.

Nous étions attendu à l’aéroport par la famille de mon pote Julien. Après un saut chez eux pour déposer quelques affaires que nous reprendrons au retour, ils nous emmènent dans un restaurant local histoire de commencer à nous imprégner de la culture/gastronomie locale. On y découvre en particulier le Goyavier, un petit fruit rouge dont nous nous délecterons souvent durant le trek. Après ce bon repas, le dernier bon repas pour quelques jours, la famille de Julien nous dépose au début du chemin à la Providence. Leur accueil aura été super sympa et je les remercie encore.

Nous voilà à deux, au début du chemin avec 140km devant nous et quelques mètres de dénivelé, le tout ponctué régulièrement de la fameuse marque rouge et blanche des GR.

Le chemin débute par une montée régulière dans la forêt. Même si l’on est pas très loin de la « civilisation » on se retrouve vite immergé surtout que la végétation est dense. Le chemin est facile mais la fatigue du voyage, la mise en jambe et également le repas avec son verre de rhum arrangé à la fin nous ralentissent un peu mais on est pas pressé.

Nous continuons donc de monter tranquillement. Après 1h on est rejoint par un chien plus ou moins errant qui va nous accompagner une bonne partie du chemin restant.

Le GR arrive ensuite au Brûlé un petit village sympathique mais nous ne nous arrêtons pas. Il est déjà assez tard et on veut avancer encore un peu.

Nous poserons donc le bivouac un petit peu plus loin. Ne trouvant pas de coin sympa, on s’installera donc le long d’un sentier de forêt dans un coin sans charme. La tente, toute détendue après son stockage n’a pas fière allure. Pour le repas on essaie de se faire de la polenta mais on a pas de sel (petit oubli) et on l’a fait pas assez cuire. Résultat un repas vraiment pas bon. Avec le bivouac bas de gamme on peut pas dire que cette fin de journée soit comme on l’attendait mais pas grave demain sera mieux, on rentrera dans le vif sur sujet !


Deuxième Jour : Montée à la Roche Écrite

La première « mauvaise » fin de journée a été bien confirmée par une nuit bien pourrie, humide et froide… On reprend donc vite la route en direction de la Roche Écrite (2276m) pour le point de vue sur Mafate et le Piton des Neiges. On ne prévoit pas une journée très longue.

Nous continuons de progresser dans la forêt jusqu’au Gîte de la Plaine des Chicots. Comme hier, nous ne croisons pas grand monde.

Une fois au gîte, on quitte le GR pour bifurquer vers la Roche Écrite. La végétation est un peu plus clairsemée, du fait de l’altitude je pense (environ 1850m). On trouve un coin sympa un peu plus loin pour le bivouac de ce soir avec un bel espace herbeux et une table de pique-nique qui sera bien pratique pour la soirée.

Comme il nous reste un peu de montée à faire et que nous allons revenir ici, on trouve un petit coin pour cacher les sacs et on continue avec juste une bouteille d’eau. On évolue dans un environnement un peu moins humide avec des arbustes et non plus des arbres. C’est joli en plus il fait grand beau et il n’y a toujours pas grand monde qu’on croise.

Le problème c’est que quelques temps après notre départ, je commence à avoir un gros gros coup de fatigue, Arthur un peu aussi mais moins. On continue la montée mais je suis de plus en plus mal. Je pense que la fatigue du voyage et surtout le fait qu’on ait très peu mangé hier (polenta pas bonne), ni ce matin (erreur stupide) sont à l’origine de tout ça. On va y aller tranquillou ça devrait passer.

La fin de la montée est une horreur, je suis mort de chez mort… Le chemin et la montée sont faciles mais je n’ai vraiment plus d’énergie.

On arrive tout de même en haut finalement. L’arrivée à la Roche Ecrite dévoile subitement une superbe vue sur Mafate et au loin le Piton des Neiges. Malheureusement, comme nous sommes arrivés un peu tard dans la journée (après-midi) le cirque est entièrement recouvert de nuages. Cela arrive souvent a priori, privilégiez donc d’y aller en matinée.

La vue est quand très belle avec cette mer de nuage et le Piton qui dépasse légèrement. On se pose admirer. Il y a quelques personnes.

Toujours bien crevé et n’ayant pas de nourriture avec nous (erreur stupide de débutant), je demanderai à un aimable de randonneur un gâteau afin de remettre un peu de sucre dans le sang.

En tous cas le détour à la Roche Ecrite vaut vraiment le coup même si il y a des nuages.

La descente se fait plus facilement et on retrouve vite nos sacs et notre petit coin pour la nuit. On s’installe gentiment et on profite de la fin d’après midi en lisant, en se reposant. Comme nous sommes en altitude (environ 1900m), la température tombe vite et en plus on a le droit à quelques passages de nuage sur nous, il fait donc aussi humide.

On finit la journée par un gros repas, on ne fera pas l’erreur de la veille deux fois.


Troisième Jour : de la Roche Écrite à Deux Bras

Alors on est peut être sous le Tropique de Capricorne mais qu’est ce que j’ai eu froid cette nuit ! Je n’avais pas très bien anticipé la fraîcheur en altitude pensant que le climat local réchaufferai l’air mais vers 2000m il fait pas chaud surtout lorsque c’est humide comme hier.

En tous cas le soleil est de retour et le petit déjeuner (copieux) est agréable.

On reprend ensuite la route vers Dos d’Âne.

On rejoint rapidement le GR. Le sentier va alors longer l’immense falaise qui surplombe Dos d’Âne qui offre une vue absolument superbe, l’une des plus belles du voyage à mon avis.

Le sentier est légèrement descendant et donc très agréable surtout qu’il est assez ombragé et donc frais.

On attaque ensuite la descente sur Dos d’Âne le long d’une jolie crête. On commence tout juste à croiser quelques randonneurs qui doivent monter vers la Roche Ecrite.

Une fois à Dos d’Âne, nous nous mettons en quête d’une pharmacie car Arthur a une pénurie de produit lentille. On la trouvera rapidement mais pas de produit en stock…ça va être galère pour lui surtout surtout que la prochaine ville est dans quatre jours. On cherche ensuite un pti bar pour prendre un truc frais mais tout est fermé, même l’épicerie… Par contre il nous faut de l’eau pour la longue descente qui va nous emmener à Deux Bras. On en trouvera chez un sympathique habitant qui nous remettra sur la bonne route également car on a raté un embranchement.

La descente de 900m jusqu’à Deux Bras est impressionnante car le chemin suit vraiment la falaise et offre une belle vue mais il n’y a aucune difficulté si ce n’est les genoux qui commenceront à râler vers les 3/4 de dénivelé.

En bas de la descente on croise notre premier Îlet, l’Îlet Albert.

Un Îlet est un plateau locale isolé par des ravines et qui sert à former beaucoup de noms de petits villages à la Réunion comme Îlet à Malheur par exemple.

On continuera jusqu’à la Rivière des Galets pour y trouver un beau coin pour le bivouac. Après avoir monté le camp et comme il est tôt, on profite de la rivière pour prendre un bain et un peu laver les affaires, un vrai régal !

Nous finirons la journée en partageant le temps entre lecture, repos et un bon repas le soir. Cette journée a été vraiment sympa, j’ai hâte de vraiment arriver dans Mafate.


Quatrième Jour : de Deux Bras à Aurère

On se remet en marche en marche après une nuit pas terrible couronnée par un sympathique saignement de nez…

Le chemin suit le lit de la rivière pendant quelques temps. Il y a quelques guets à passer mais le guide et les indications du GR nous induisent en erreur nous faisant traverser la rivière à deux reprises alors que c’est inutile. Essayez donc de reste sur la rive de droite (dans le sens du courant).

On attaque ensuite la bonne montée de 700m qui va nous mener à Aurère. En haut de cette côte le véritable début de Mafate.

On déroule gentiment et ça passe bien surtout qu’on trouve au sommet pas mal de Goyavier bien rouge et super bons ! Ça fera des vitamines…

Nous rejoignons ensuite rapidement Aurère et le gîte auquel nous passerons la soirée après ces quatre jours sauvages. On commencera par une bonne douche bien méritée !!

Tous beaux, tous frais nous descendons ensuite au village. On ne croise pas grand monde mais c’est sympathique. Ici pas de goudron, pas d’asphalte, les « rues » sont en gazon, tout est très bien entretenu et fleuri. Il règne une ambiance sereine et décontractée.

Après ce petit tour du patelin, on retourne à la buvette et à l’épicerie pour ravitailler  un peu et surtout se prendre une bonne bière fraîche ! C’est alors que l’on découvre la « Dodo Citron » une bière sans alcool aromatisée au citron qui est un vrai bonheur après une journée de marche et qui nous accompagnera donc durant le reste du GR.

On retourne ensuite au gîte pour passer un après midi repos : sieste et lecture sont au programme.

Le soir, découverte du fameux Rougaille Saucisse auquel nous ferons honneur en nous resservant multe fois étant donné que c’est notre premier « vrai » repas depuis pas mal de jour et surtout que c’est excellent ! Evidemment le repas se finit par un délicieux rhum arrangé et en discutant avec les propriétaires de la vie dans la Mafate.

Pour parfaire cette journée repos : une nuit dans un vrai lit ! Parfait !


Cinquième Jour : De Aurère aux Orangers

Enfin une bonne nuit ! On décolle vers 8h30 direction Grand Place dans un premier temps.

La route est sympa et passe par des petits Îlet comme l’Îlet à Malheur. Les Îlets sont tous supers mignons avec toujours beaucoup de fleur.

On enchaîne ensuite une série de montée/descente dont des parties en plein soleil et ça tape déjà fort. Les paysages sont superbes, le sentier agréables. On se sent bien isolé du monde.

On arrivera à Grand Place 3h après notre départ au lieu des 4h annoncées, on a donc bien carburé. On ne croise vraiment pas grand monde hormis quelques locaux.

Il y a pas mal d’hélicoptères qui font des rotations pour ravitailler les villages. Mafate n’étant pas accessible par la route il ne reste que l’hélicoptère ou la marche pour ravitailler ou la culture locale.

On fait notre pause repas vers Cayenne, un peu plus bas. Comme on a bien avancé ce matin et qu’il est à peine 12h on se dit qu’il faudrait continuer. Après vérification des cartes et des temps de parcours on décide de faire trois étapes en deux jours. On continuera donc vers l’Îlet des Orangers.

On reprend le GR avec une bonne descente suivie d’une bonne grosse montée en plein soleil. Il fait très très chaud et c’est dur ! On sue comme jamais. Par contre la vue est superbe on en profite donc durant les pauses pour boire un coup.

On aura bien souffert de la chaleur dans cette montée surtout qu’il n’y a pas de point d’eau (même si une conduite d’eau passe juste à côté… supplice de Tantale). On arrive en haut dans une gorge assez renfermée mais fraîche.

La route pour Les Orangers ne sera plus très longue derrière.

Arrivés sur place on vise directement l’épicier pour prendre une Dodo Citron. Il propose également un bout de terrain plat pour la nuit pour quelques euros, on prend ça ainsi on aura un point d’eau et des toilettes…

On se pose là pour la soirée, à faire sécher les affaires, à manger, à profiter. Une bonne journée en tout cas. Le GR-R2 permet vraiment de « vivre » Mafate plutôt que de juste y faire un tour rapide à la journée.


Sixième Jour : Des Orangers à Marla

A la Réunion, les coqs n’ont pas compris leur rôle : il passe la nuit entière à chanter ! Et comme les duos c’est mieux tous les chiens de la vallée et de celles d’à côté passent également la nuit à hurler !! Résultat : pas beaucoup de dodo …

Mais bon il fait beau, on est à la Réunion,… tout va bien ! On se lève à 6h et on attaque rapidement ensuite.

On se dirige dans un premier temps vers Roche Plate. De là on continue sur le GR-R2, on a hésité un moment à poursuivre sur le R3 et de récupérer le chemin initial à Marla.

Après une descente relativement ennuyante sous le Bronchard, on attaque une bonne montée de 571m. Rien de bien méchant en soit mais la chaleur et le soleil rendent exercice plus difficile que prévu.

On en sort au sommet avec une belle vue sur Mafate et ses remparts.

Petite difficulté non prévue avant d’arriver à la Nouvelle : un taurillon nous coupe la route et ne veut a priori pas bouger… Heureusement il est attaché mais ça longe lui permet tout de même de bien barrer le passage. On arrivera à le décaler en lui piquant les fesses avec nos bâtons et en filant vite fait sans demande notre reste…

La Nouvelle est la « capitale » de Mafate, on y trouve quelques touristes, enfin un peu plus que dans Mafate même.

On fera notre pause midi dans un bouiboui local qui sert de gros sandwichs, Arthur, lui, prend des Bouchons, un autre spécialité locale, sorte de ravioli à la viande (très bon). Une mamie qui y est également installée pour manger nous suggère d’essayer le rhum arrangé qui est très bon selon elle. N’arrivant pas à refuser (il reste de la route) on se prendra chacun un verre (plus que généreusement servis) dont un rhum au géranium pour ma part qui est excellent.

On reprend la route direction Marla après cette bonne pause. Le temps s’est couvert et s’est alourdi… Entre la moiteur globale, le sandwich qui pèse (trop) lourd et le rhum qui tape j’ai du mal cet après midi. J’en ai un peu marre de cette portion et j’ai hâte d’arriver à destination.

On y arrive après quelques souffrances pour ma part. On se pose non loin de l’école car la zone propose un bon coin de bivouac avec point d’eau. On reprendra un rhum pour se féliciter de la route de la journée. Le soir nous partagerons le camp avec des jeunes locaux ne parlant que créole. La communication n’est pas facile mais on se débrouille.

Demain nous quittons déjà Mafate… Trois jours géniaux au coeur de ce superbe cirque.


Septième et Huitième Jours : Cilaos

Après ces six jours passés dans la pampa, on a décidé de s’accorder un peu de repos. Direction donc Cilaos mais avant cela nous avons le col du Taibit (2142m) à passer.

Nous partons tôt, à la fraîche et les 500m de montée se font bien. Ils offrent, de plus, une belle vue sur Marla et le cirque de Mafate. Dernier regard et déjà envie de revenir un jour dans ce cirque.

Le reste de la descente est un peu long et zigzague jusqu’à la route 1000m plus bas (les genoux ont bien chauffé).

Une fois arrivés à la route l’appel de la ville nous fait choisir de finir la route jusqu’à Cilaos en transport. Il y a un arrêt de bus pas très loin mais on a raté son passage de peu. On s’essaie donc au Stop et ça marche du premier coup en 30s ! Soit on a des bonnes têtes soit on devait faire pitié avec nos gros sacs …

Toujours est-il que nous arrivons rapidement à Cilaos et nos sympathiques auto-stoppeurs nous déposent à côté de la Poste. Nous rejoignons notre gîte, la Ti Case Lontant) pour les deux prochaines nuits.

Nous profiterons du reste de la journée tranquillement à nous reposer. Il y pas mal de Bibe, l’araignée « emblématique » que l’on croise partout à la Réunion. Bien qu’assez impressionnante elle est inoffensive et surtout permet de limiter le nombre de moustiques!

La fin de soirée nous offre un beau spectacle avec de beaux effets de lumières sur les montagnes environnantes. Une bonne nuit de sommeil dans un vrai lit nous attend, en plus on a de la chance on est que deux dans un grand dortoir.

Le jour suivant ne sera pas très productif. Principalement consacrée à manger pour refaire les réserves, nous profiterons également de cette journée pour visiter la ville mais rien de bien excitant surtout qu’il fait grisou et qu’il pleuviote.

Le soir nous testerons un bon restaurant dans le coin (Chez Noé je crois) pour bien finir la journée.

Demain nous attaquons la montée pour le Piton des Neiges en deux temps (on aura pris notre temps durant ce trek…)


Neuvième Jour : de Cilaos au Refuge du Piton des Neiges (2460m)

Départ matinal, le but de la journée n’est pas très ambitieux car nous visons juste la montée au Refuge du Piton des Neiges (2470m). Ça nous fait quand même une petite montée de 1200m…

Le début du chemin n’est pas très sympa. On passe par la forêt du Grand Maturum, on aurait pu prendre le bus mais on préférait faire le tout à pied. Finalement cette portion ajoute du dénivelé inutile car ce n’est pas très beau.

La véritable montée commence au parking du bloc. Contrairement aux jours précédents il y a quelques randonneurs qui attaquent la montée également mais le tout reste très acceptable en terme de fréquentation.

Nous avalons donc doucement mais surement le dénivelé vers le Refuge en admirant la vue superbe sur le cirque de Cilaos qui nous est offerte. Finalement nous arrivons au Pas à 2500m, la montée n’aura pas été si terrible malgré la chaleur, je pense que notre semaine de marche nous a bien échauffé. On en profite pour faire quelques photos.

Le refuge n’est pas très loin derrière. Ici, en altitude, la végétation est assez sèche, plus éparse, un peu comme celle que nous avions à la Roche Écrite.

L’emplacement de refuge est superbe. Il offre une vue sur tout l’Est de l’Île jusqu’au Piton de la Fournaise. Comme nous sommes en altitude, on domine les nuages de la plaine de Cafres, il fait grand beau chez nous, on profite donc de cette belle journée pour dorer au soleil avec une bonne Dodo Citron !

Comme nous sommes arrivés tôt, nous aurions pu attaquer la montée du sommet et admirer le coucher du soleil mais nous avons choisi de faire le lever. De même nous aurions pu dormir au sommet, il y a quelques emplacement pour planter la tente mais comme mon duvet est très léger, je préfère donc qu’on reste plus bas.

Nous prenons donc un bon repas bien copieux au refuge en compagnie d’autres randonneurs qui font « l’ascension » demain matin. La soirée se finira sur une partie de carte endiablée mais nous ne nous couchons pas tard car demain on se lèvera de nuit.


Dixième Jour : du Piton des Neiges à Bourg Murat

Comme nous souhaitons faire le levé du soleil au sommet, on part tôt : environ 5h. Par contre un groupe n’a pas trop compris le principe et s’est lui levé à 3h30 en faisant un bruit fou donc nuit courte…

Le début de la montée se fait à la frontale, tout le monde attaque la montée donc c’est pas super marrant, c’est un peu l’autoroute… On dépassera rapidement le gros des troupes car étant donné qu’on est sans nos gros sacs à dos, on est plutôt rapide avec Arthur ce matin ! Le chemin est facile à suivre car il est balisé de points blancs peints sur les rochers (à ne pas confondre dans le noir avec du lychen comme c’est arrivé à un groupe).

Le début du chemin se fait dans de bonnes conditions climatiques : ni trop froid ni trop humide. Par contre le ciel est couvert, cela n’annonce rien de bon pour la suite…

On arrive rapidement sur la « dernière ligne droite » pour le sommet. Le vent s’est levé très fort et c’est de plus en plus couvert.

Le sommet est atteint 1h15 après le départ du refuge, pas mal. Ça y est on est au sommet de la Réunion et de l’Océan Indien à 3070m!

Par contre le temps a tourné : il y a beaucoup beaucoup de vent et il peut à l’horizontal. Arrivés au sommet on a le temps de voir 2min le lever du soleil avant qu’il ne soit recouvert de nuages… L’ambiance est sympa. On s’hasarde à quelques photos mais comme vous le verrez le résultat laisse à désirer…

Nous ne faisons pas de vieux os au sommet car déjà le temps ne donne pas envie et puis nous avons une longue journée qui nous attend derrière. On redescend donc en vitesse au refuge, croisant au passage pas mal de monde qui est toujours dans la phase montée.

Au refuge, on prend le temps de prendre un petit déjeuner. On referme les sacs et hop on attaque  à 8h40 direction la Plaine des Cafres et Bourg Murat.

La vue au départ du refuge est absolument magnifique.

Le chemin bien que beau est un vrai calvaire : ce n’est que rocher glissant et chemin boueux durant des heures ! On dérape, on glisse, on trébuche ! Un vrai bonheur. En plus à cause de la nature du terrain et peut être des jours passés Arthur commence à avoir mal à un genoux. J’espère que ce n’est que passager…

La végétation change doucement. A cause de la perte d’altitude déjà mais aussi du fait que nous sommes à présent sur la Côte au Vent, c’est à dire la moitié de la Réunion qui reçoit la pluie.

On constate vraiment ce changement une fois dans la plaine des Cafres. En effet, le GR passe dans des prairies à vaches qui donnent un drôle d’air de Normandie à l’île, si ce n’est les quelques fleurs exotiques… En tous cas la plaine des Cafres tient ses promesses et nous sommes accueillis par la pluie. Pas une grosse pluie mais une pluie qui mouille bien !

Nous avions prévu un bivouac dans le coin mais nous sommes fatigués par cette longue route et l’ascension du Piton et trempé de pluie. Comme nous avons le choix on décide donc de prendre un petit gîte à Bourg Murat.

Nous sommes accueillis par un gentil Papi qui loue des chambres. Il n’est pas très tard, on fera donc une très grosse sieste l’après midi. Le soir le Papi nous emmène à un restaurant qu’il connait bien et on y teste le Boucanier, encore une délicieuse spécialité de la Réunion. Nous ne nous coucherons pas tard, épuisés que nous sommes d’avoir passer la journée à essayer de ne pas déraper dans la boue (mission échouée d’ailleurs…). Demain Piton de la Fournaise.


Onzième Jour : de Bourg Murat au Piton de la Fournaise

Nous voilà remis d’aplomb après cette bonne nuit ! Arthur a encore un peu mal au genou mais ça va mieux déjà…

Nous croisons un jeune couple, lors du petit déjeuner au gîte, qui va également monté au Piton mais en voiture. Etant donné la fatigue des 10 derniers jours, le genoux d’Arthur et la perspective de gagner un peu de temps sur le reste du voyage derrière, on décide de monter avec eux en voiture. On gagne ainsi quelques heures de marche. Avec le recul ça aurait été sympa de faire le trajet à pied car les paysages traversés sont merveilleux…

On décolle donc pas trop tard, direction le volcan.

La Route du Volcan est magnifique, elle commence par une bonne montée qui mène en haut des remparts, on descend ensuite dans l’immense Plaine des Sable, toute faite de basalte, totalement désolée. Le tout est très scénique. C’est la première fois que je me retrouve dans ce genre d’environnement volcanique c’est beau et impressionnant.

Nous arrivons ensuite au parking qui donne accès au Piton en tant que tel. Avant d’attaquer « l’ascension » su cratère, nous allons déposer nos affaires au Gîte du Volcan où nous passerons la nuit. Le gîte offre une vue incroyable sur les pentes du volcan jusqu’à l’Océan Indien, 2200m plus bas.

Tout léger, sans nos gros sacs, on se met en route pour le cratère Dolomieu.

Le chemin jusqu’au cratère est bien balisé mais attention de ne pas trop s’en écarté car les roches peuvent être instable ailleurs. Des accidents arrivent chaque années, sans compter les randonneurs qui se perdent dans l’Enclos Fouqué. De même n’oubliez pas de prendre de l’eau avec vous (en quantité suffisante) car le volcan est totalement aride.

Le début de la randonnée commence par la descente des Remparts de Bellecombe, impressionnant mur de 100-150m de haut. Une fois en bas, on arrive rapidement au Formica Leo, un petit cône volcanique secondaire à la belle couleur rougeoyante.

Nous évoluons ensuite dans l’Enclos Fouqué au travers des anciennes coulées de lave pétrifiée. La diversité des formes et des structures rocheuses est impressionnante. Il y a de la lave cordée, en coussin ou plate. Il y a également des cheminées, du souffre et toute la variété que le volcanisme offre.

Après cette vaste zone plate, nous commençons réellement la montée. Au fur et à mesure la partie nord du cirque se dévoile. Les nuages arrivant de l’Océan Indien buttent sur les remparts nord, tout autour de nous la couleur à disparu, tout est gris noir, c’est beau. Il n’y a pas grand monde.

Nous arrivons enfin au sommet à 2632m. Le chemin mène au bord du cratère. Ce dernière large de 1km et profond de 350m, fume gentiment au fond, unique témoin de son activité.

Il y a un peu de monde en haut, tous profitent de la vue, de l’ambiance.

Nous attaquons la descente après cette petite pause au sommet. On reprend le même chemin en sens inverse. Il fait très chaud, heureusement qu’on a pris de l’eau.

De retour au Rempart de Bellecombe on se lance dans une remontée au pas de course et les 150m seront avalés en même pas 15min.

On s’installe ensuite dans nos jolies chambres du Gîte du Volcan. La fin de journée sera consacré à prendre une bonne douche, à se reposer et à bouquiner dans la salle du restaurant du gîte qui offre une vue superbe sur l’Océan.


Suite et fin du voyage

C’est ici que le trek s’arrêtera pour nous. En effet, la perspective de la descente depuis le Piton de la Fournaise jusqu’au niveau de la mer, c’est à dire un peu plus de 2000m de D- ne nous a guère enchanté, nos genoux non plus d’ailleurs. Nous voulions également rejoindre « rapidement » l’ouest de la Réunion pour se poser quelques jours à la plage. On décidera donc de rejoindre Saint Paul pour continuer les vacances en mode tranquille mais finalement on repartira en voiture cette fois-ci faire un road-trip de quatre jours autour de l’île…

Il nous reste donc à trouver quelqu’un qui veut bien nous prendre en stop et quitter le GR…


Conclusions

Quel trek fantastique ! Chaque portion, chaque kilomètre offre un paysage, une ambiance, un climat différent. Le Piton des Neiges et le Refuge offre un point de vue à couper le souffle, la Piton de la Fournaise est impressionnant à plus d’un titre mais la plus belle découverte de cette « balade » restera Mafate, ses paysages et sa population. Ce petit cirque isolé du monde est un paradis qu’il faut protéger et garder intact.

Comme tous les GR, le GR-R2 est parfaitement bien balisé ce qui offre un confort appréciable. On se concentre sur la vue et pas que sur le tracé. De plus il nous fait passer par les lieux clés, c’est donc la façon idéale de découvrir l’île de la Réunion.

Pour conclure : allez à la Réunion, parcourez y les GR, mangez du rougaille saucisses, buvez de la Dodo citron et profitez du spectacle que les paysages vous offrent !

Concernant la Réunion, ce petit bout de France perdu dans l’Océan Indien est absolument à découvrir. Sa richesse est exceptionnelle que ce soit en terme de paysage, de culture ou de gastronomie. Concernant les habitants, ça fait très cliché à dire, mais les Réunionnais sont vraiment accueillants et sympathique. Tout y est donc réuni pour passer des vacances inoubliables !