Sommet - Kristinartindar

Kristinartindar - Randonnée dans le Skaftafell

Découvrez la parc du Skaftafell à l’occasion de l’ascension du Kristinartindar (1126m) qui vous permettra d’embrasser une des plus belles vues d’Islande.

Le Parc National de Skaftafell


Initialement fondé en 1967, le Parc National de Skaftafell, d’une superficie de 4800km² est aujourd’hui rattaché au Parc National du Vatnajökull donc il borde l’extrémité sud-ouest.

Facilement accessible depuis la route 1 (4h depuis Reykjavik), le parc propose de belles possibilités d’activités outdoor :

  • Multiple possibilité de randonnées à la journée. La plus connue mène à la cascade de Svartifoss mais il faut aimé la foule… Nous vous proposons, ci-dessous, une randonnée plus engagée mais absolument superbe !
  • Excursions sur glacier : pas mal d’entreprises de guides proposent des sorties de quelques heures sur les glaciers environnants. C’est physiquement accessible au plus grand nombre et cela vous permettra de découvrir de belles formations glaciaires tout en apprenant pleins de choses intéressantes sur les glaciers. C’est également l’occasion de, malheureusement, voir l’impact concret du réchauffement climatique.

Le centre névralgique du parc se situe au niveau du « Visitor Center » (64.016343, -16.966968). Vous y trouverez des infos utiles sur les randonnées mais également des cartes de la zone. On trouvera également un camping agréable, bien que parfois un peu trop peuplé, au pied du départ des sentiers. Autre solution pour la nuit, le petit et beau camping de Svínafell un peu plus à l’Est sur la route 1.

Ascension du Kristinartindar


Si vous cherchez quelle randonnée réaliser lors de votre passage au Skaftafell, l’ascension du Kristinartindar vous offrira assurément l’une des plus belles options. Loin de l’effervescence de Svartifoss (par laquelle on passe tout de même), le sentier vous enchantera tout du long et vous offrira un panorama exceptionnel depuis le sommet.

Pour une distance de 17km et 1100 de D+, la randonnée est physique notamment la partie finale qui se déroule dans un terrain parfois mauvais (glissant et caillouteux), prudence donc ! C’est une randonnée à éviter avec de trop jeunes enfants. Il y a de plus quelques passages un peu « gazeux » à déconseiller aux personnes sujettes au vertige. Hormis cela, le sentier reste accessible.

Une variante évitant le sommet et la portion difficile mais offrant tout de même de magnifiques points de vue, est possible – voir ci-dessous.

SOYEZ BIEN EQUIPÉ POUR CETTE RANDONNÉE. Portez de vraies chaussures de randonnées et pas de simples baskets et soyez vigilants à la météo. Même si il fait beau, prenez de quoi vous couvrir. De même ne négligez pas la quantité d’eau à emmener car la montée en fait perdre beaucoup et on ne croise pas de ruisseau.

Download file: kristinartindar.gpx

Le début du sentiers se situe dans le camping (même lieu que celui menant à Svartifoss). Suivez le chemin en montée jusqu’à la première intersection. De là bifurquez sur la droite. Attention il n’y a pas d’indication claire quant au fait qu’il mène au Kristinartindar et le sentiers peut paraître étonnant mais c’est bien par là.

Le sentiers suit ensuite la crête dans une forêt de petits arbres denses. On aperçoit le glacier en contrebas entre les branches. Lorsque nous empruntons le chemin il est 9h30 et il n’y a quasiment personne.

Au fur et à mesure de la montée, la vue se dégage car la végétation se fait de plus en plus rase avec l’altitude. On découvre enfin la vue notamment côté sandur.

La suite de la montée se fait le long du glacier, de plus en plus beau. En le surplombant ainsi, on se rend compte de sa taille gigantesque alors que ce n’est qu’une langue du Vatnajökull.

Le sentier monte bien mais la pente n’est pas excessive ce qui fait qu’on a bien chaud sans être particulièrement essoufflés. Nous avons une chance folle aujourd’hui car la météo est au grand beau. On aura donc une vue de là haut !

Après cette longue portion tout droit qui longe le glacier, le sentier balisé bifurque d’un coup sur la gauche pour contourner (par la gauche) le gros massif face à vous. Si vous voulez atteindre le sommet, repérez un sentier qui part tout droit dans la pente et qui poursuit ensuite sur la droite, il est bien visible normalement et on trouve quelques marques. Si vous ne voulez pas faire le sommet, suivez le sentier balisé sur la gauche.

Le sentier devient dès à présent plus difficile. N’hésitez pas à faire un break maintenant pour respirer et boire un coup. Vous allez enchaîner quelques montées bien rudes dans une roche qui se délite un peu. Soyez prudent.

Vous arriverez après une forte montée à un épaulement marqué par un gros cairn. Un second sentier rejoint le votre (sentier de descente). Pour le sommet, partez dans la sente rocailleuse qui monte fort en zigzag. Il ne vous reste plus beaucoup de dénivelé ! Courage !

Encore quelques mètres et vous y êtes ! Le sommet est merveilleux avec une vue à 360° et notamment sur l’arête qui s’étend en direction du Nord-Est.

Soyez prudent car ici une chute ne pardonnerait pas ! Nous avons profité de ce paysage à couper le souffle pour faire la pause pic-nique d’autant plus qu’il y avait du soleil et peu de vent. Nous étions peu au sommet d’abord 6 et plus tard juste 4. Il est malheureusement temps de descendre car il vous reste du chemin ! Pour cela, empruntez le même chemin qu’à la montée jusqu’au gros cairn plus bas.

La descente peut être impressionnante, prenez votre temps.

De là bifurquez vers le second sentier qui part tout droit le long de la pente.

Cette portion peut être fatiguante pour les chevilles, attention. En bas de cette longue descente, vous rejoignez le sentier balisé que vous suivrez en continuant sur votre droite. Plus loin vous pourrez admirer l’autre versant du parc.

Il ne vous reste alors qu’à suivre la longue descente qui vous ramène vers le Visitor Center, en prenant tout de même le temps d’admirer les paysages.

Sur la descente, après une table d’observation, suivez le sentier balisé sur la gauche. Il vous conduira à Svartifoss. En général le lieu est noir de monde mais la cascade vaut le détour.

Encore un peu de marche et vous voilà revenu à votre point de départ ! Félicitations ! Nous espérons que cette randonnée vous inspirera car elle propose des paysages vraiment superbes, parmi les plus beaux que nous ayons vu durant notre séjour. Même si vous ne faites pas le sommet, les vues à la montée et à la descente valent le coup ! Et pour fêter cette belle marche, le Visitor Center propose une cafétéria avec tout ce qu’il faut en boisson et en cinnamon rolls !


Laugavegur

Laugavegur - De Landmannalaugar à Þórsmörk

4jours

de trek

55km

parcourus

1100m

D+

4

gués

Le Laugavegur est certainement le trek le plus connu et le plus couru d’Islande. Ce dernier point m’a longtemps dissuader de le parcourir mais le Laugavegur est également le trek de bien des superlatifs en terme de paysages. Vous savez ce qu’on dit sur ceux qui changent pas d’avis… Cela aurait donc été dommage de ne pas aller découvrir ce chemin mythique lors de notre dernier voyage en Islande. 55km dans un décors incroyable à découvrir avec nous.

Le Laugavegur


L'itinéraire

S’étendant sur 55km dans le sud Islandais entre Landmannalaugar et Þórsmörk , le Laugavegur, « La route des sources chaudes », permet de découvrir certains des plus beaux paysages islandais. Ces derniers seront aussi variés que grandioses. Bien que le record soit de 4h39 le trek se parcourt général en 3 ou 4 jours. Les étapes sont les suivantes (direction Nord->Sud) :

  • Landmannalaugar – Hrafntinnusker : 12km pour 470m de D+
  • Hrafntinnusker – Álftavatn : 12km pour 490 de D-
  • Álftavatn – Emstrur : 15km pour 40m de D-
  • Emstrur – Þórsmörk : 15km pour 300m de D-

L’itinéraire de base peut être allongé de 22km jusqu’à Skogar en passant par le « Col des cinq cairns », le Fimmvörðuháls.

Il n’y a pas de difficultés techniques majeures en terme de terrain hormis les traversées de rivières (cf ci-dessous). Le chemin est très bien balisé mais il faut rester prudent en cas de brouillard car les marques vont vite à disparaître.

Download file: laugavegur.gpx

Sens de parcours

Le Laugavegur peut se réaliser du nord au sud ou l’inverse. En général la direction nord-sud est privilégiée pour diverses raisons :

  • le vent est généralement orienté N->S dans cette région, mieux vaut donc l’avoir dans le dos que dans les yeux surtout lorsqu’il soulève des nuages de sable.
  • Le sentier descend globalement dans la direction N->S
  • Comme il y a plus de monde qui le parcours dans cette direction vous croiserez un peu moins de monde.

Gros points forts si vous parcourez le trek dans la direction sud->nord, vous finirez en beauté au Landmannalaugar qui est certainement le plus beau paysage du trek et vous aurez droit à un bain dans les sources chaudes naturelles, ultime plaisir après 55km de marche !

Dans les faits la répartition que nous avons constaté était de 60/40 pour N->S contre S->N.

Difficultés

Météo

Le Laugavegur ne présente pas de difficulté en soit si ce n’est les quelques passages à gué comme nous l’abordons ci-dessous. La seule vraie difficulté est liée à la météo. L’Islande, par sa localisation géographique (proche du cercle polaire et en plein milieu de l’Atlantique), connait une météo très changeante et pouvant être violente. Ne vous y méprenez pas, un grand soleil peut être remplacé par une tempête en quelques minutes.

Renseignez vous au maximum auprès des refuges ou si vous avez du réseau pour savoir qu’elle est la météo à venir ou tout du moins la tendance. L’Islande a un excellent site météorologique fiable et bien fait : https://en.vedur.is/

Les deux principales menaces seront la pluie et le vent. Ce dernier peut être très puissant et soulevé des nuages de sable notamment dans la portion Alftavatn-Emstrur. Pensez à vous protéger les yeux ! Un peu de liquide physiologique peut être le bienvenue en cas d’irritation de l’oeil.

Pour la pluie et surtout si elle est combiné au vent, un poncho long semble être l’un des meilleurs moyens de se protéger. Les gore-tex et autres membranes imper-respirantes finissent bien souvent par laisser passer l’eau en cas d’averses soutenues (débit et durée). Protéger bien votre sac et son contenus également grâce à un sursac (attention au vent !) et à des sacs étanches à l’intérieur.

Le brouillard est également un vrai danger car il fera disparaître le balisage si il est épais. Vous trouverez sur la route une plaque commémorative d’un randonneur décédé à quelques centaines de mètres d’un refuge car il s’est perdu du fait d’une tempête occultant le balisage ! Le danger est réel ! Si vous êtes perdus rester où vous êtes et attendez une accalmie, ne cherchez pas à aller plus en avant c’est ainsi que l’on se met en danger.

Même si vous êtes en groupe, prévenez quelqu’un d’extérieur de votre parcours et des dates prévues. Il/elle pourra donner l’alerte si vous n’êtes pas de retour au bout de quelques jours.

Traversées de rivières

Il y a quatre traversées de rivières que vous devrez obligatoirement réaliser à gué, c’est à dire en traversant à pied les cours d’eau. En plus d’être un moment fort peu agréable étant donné que l’eau descend directement des glaciers et ne dépasse pas les 5°C, c’est un moment à aborder avec prudence car une chute pourrait être problématique voire dangereuse.

Voici quelques conseils afin de minimiser le risques :

  • Traverser là où les personnes traversent : si les groupes traversent ici c’est parce que c’est surement le meilleur passage, de plus il y aura plus de monde ce qui est un gage de sécurité en cas de pépin
  • Organiser bien la traversée : ranger ce qui doit être à l’abri de l’eau, préparer une petite serviette si besoin, planifier la trajectoire de votre traversée, détacher la ceinture ventrale et pectorale de votre sac à dos car en cas de chute il faut pouvoir s’en débarrasser rapidement.
  • Prévoyez des chaussures adaptées : beaucoup de personnes prévoient des sandales ou des crocs pour la traversée, cela permet de se prémunir de rochers coupants et améliorer l’adhérence (et peut servir le soir au bivouac). Pour ma part je l’ai fait pieds nus, ça passe mais il faut faire attention aux rochers glissants.
  • Lors de la traversée et d’autant plus en cas de fort courant, restez face au flux et déplacer vous de côté. Ne chercher pas à lutter contre le courant mais au contraire à l’utiliser pour vous aider. Les batons de marche sont très pratiques pour améliorer l’équilibre.
  • Une traversée à gué devient dangereuse lorsque le niveau d’eau dépasse le genou : si c’est le cas soyez extrêmement prudent et traverser en groupe si possible en vous tenant les uns aux autres.
  • De manière générale : ne tentez pas le diable et mieux vaut rebrousser chemin saint et sauf que de prendre des risques inconsidérés.

Pratique

Rejoindre le Laugavegur

Les points d’accès du trek sont les suivants :

  • Landmannalaugar : accessible en bus ou en 4×4 par la route Landmannaleið et la F208 – Attention quelques gués à traverser.
  • Þórsmörk : accessible en bus et en 4×4 par la F249 – Attention : beaucoup de gués à traverser et certains vraiment profonds !
  • Skogar : accessible en bus et par la route 1

Si vous êtes à pied, vous pouvez constater que l’accès en bus est facile aux extrémités du trek. Nous sommes passés par la compagnie Reykjavik Excursions. Le pass « Iceland On Your Own » permet une certaine flexibilité et diminue un peu le prix – Comptez 100€/personne A/R.

Vous retrouverez les infos à l’adresse suivante : https://www.re.is/golden-circle-tours/

Une autre compagnie que l’on a croisé plusieurs fois sur place : https://trex.is/scheduled-bus/

Refuge ou bivouac ?

Le Laugavegur offre la possibilité de le parcourir soit intégralement en refuge ou en tente soit un mix.

Les refuges sont un choix confortable mais très cher ! Compter 130€ la nuit pour deux sans le repas qui n’est pas proposé. Il faudra donc emmener votre nourriture même avec ce choix. Les refuges comportent toutefois une cuisine qui permet de ne pas emporter le matériel de popote. On peut également se ravitailler avec les basiques dans certains refuges ce qui peut être utile.

Vous trouverez de nombreuses informations complémentaires sur le site de la FI :

ATTENTION : il faut réserver les refuges à l’avance. Nous avons eu une chance folle de trouver de la place le jour même sans réservation mais c’est rare. Certaines personnes à qui nous avons parlé sur place avaient réservé plusieurs mois à l’avance et ont longtemps été sur liste d’attente…

Les emplacements de bivouac près des refuges sont payants (20€ la nuit environ) et assez variables en qualité :

  • Landmannalaugar : très pierreux et bruyant car bondé parfois. La tente commune est agréable.
  • Hrafntinnusker : très venteux potentiellement. Des murets de pierre protègent un peu.
  • Álftavatn : également venteux, on peut se servir des bâtiments pour se protéger du vent
  • Emstrur : agréable même si les emplacements sont denses
  • Þórsmörk : préférer Laugidalur qui est très agréable et offre de belles vues sur les glaciers

Vous pouvez également bivouaquer entre les refuges (sauf dans le parc du Landmannalaugar) mais le terrain très sablonneux ou rocailleux n’est pas toujours pratique.

Pour ce qui est de notre expérience, nous avions prévu de bivouaquer près des refuges mais la météo atroce que nous avons eu nous a incité à faire deux nuits en refuge.

Premier jour - Du Landmannalaugar à Hrafntinnusker


18 Août 2019, après deux jours passés au sein du Landmannalaugar à découvrir ce merveilleux site, nous débutons nos quatre jours de trek en direction de Þórsmörk.

Découvrez également le Landmannalaugar grâce à une randonnée à la journée

Le début du sentier se situe derrière le refuge de l’association de randonnée islandaise, la « Ferðafélag Íslands ». Nous commençons par traverser une ancienne coulée de lave qui présentent de jolies structures balsatiques. Il fait beau pour l’instant et nous croisons personne.

Nous rejoignons rapidement le fumerolle sur les hauteurs de Landmannalaugar. S’en suit une courte mais intense montée qui permet d’atteindre le sommet de la colline. Les paysages qui nous attendent se dévoilent toujours aussi riches en couleurs !

Les formations volcaniques créent d’étranges formes parfois. Nous en croisons une évoquant un squelette de dinosaure ou de dragon – ce qui colle très bien avec le décors et l’ambiance d’ailleurs.

Le chemin se poursuit en suivant la crête des collines. Le vent s’est levé depuis que nous avons dépassé le petit col. La température a bien diminué, nous sommes également un peu humide étant donné qu’il y a également de la brume. Ici, impossible de se protéger du vent car il n’y a pas d’arbre ou de buissons ; juste de la rocaille à perte de vue.

Heureusement, le chemin est bien balisé sinon on aurait vite fait de se perdre. Les températures continuent de chuter et le temps de virer au mauvais.

Nous arrivons à nous abriter tant bien que mal dans une tranchée le temps de manger un petit bout et de mettre des gros gants et de protéger le sac de la bruine.

Un peu plus loin nous croiserons de petits fumerolles juste à côté du chemin. C’est une chance de pouvoir voir ce genre de phénomène d’aussi près.

Rapidement nous arrivons sur un plateau qui se perd à l’infini dans le brouillard. Il fait de plus en plus bouché. Il n’y a quasiment plus de couleurs, nous voyons la vie en noir et blanc. Même si on a pas les vues que l’on souhaiterai, l’ambiance est géniale. On se sent bien au cœur de l’Islande sauvage. Nous croisons peu de personnes et c’est tant mieux car j’avais un peu peur de la foule.

Les quelques randonneurs que l’on aperçoit, ont plus l’air d’ombres que de personnes réelles.

Encore quelques névés à traverser et nous voilà en vue du refuge de Hrafntinnusker. Les 12km auront été rapide car nous n’avons pas chômé vu la météo.

Celle-ci semble d’ailleurs aller de pire en pire, ce qui est confirmé par la personne à l’accueil du refuge. La pluie arrive et va forcir dans la soirée, le vent lui se maintiendra fort. La journée de demain s’annonce horrible niveau météo.

Nous avions prévu de bivouaquer mais nous changeons d’avis. Tout d’abord l’espace de bivouac ne donne pas très envie, tout en rocaille et en plein dans le vent, de plus la météo n’incite pas à rester dehors. Nous ne sommes pas là pour réaliser une performance mais pour prendre plaisir à marcher. Coup de chance il reste 2 places ! On les prend même si les 130€ de note font un peu mal…

Nous sommes les premiers arrivés avec un charmant couple de canadiens retraités. Nous nous installons sur une couchette double avant de nous faire à manger pour se réchauffer. Le refuge est agréable et propre. Il y a deux grands dortoirs ainsi qu’une cuisine avec tout le matériel nécessaire.

L’après-midi sera dédié à l’observation de l’extérieur (notamment de petits oiseaux luttant contre le vent), à papoter avec les randonneurs qui arrivent au compte goutte et à se reposer.

L’heure du repas sera mouvementée étant donné que tout le monde cuisine quasiment en même temps mais au moins ça réchauffe l’atmosphère.

Nous dormirons bien cette nuit car, coup de chance, il n’y a pas de ronfleurs avec nous. Nous avons intérêt à bien nous reposer d’ailleurs car la journée de demain va être terrible…

Jour 2 - De Hrafntinnusker à Álftavatn


Cette journée restera dans nos mémoires comme l’une des pires que l’on a vécu en randonnée d’un point de vue météo… Il n’y aura pas de photo sur cette journée de marche car nous ne voulions pas endommager les appareils. De toute façon nous aurions eu des monochromes de blanc en guise de photo…

Le réveil est quasiment collectif vers 7h. Tout le monde guette la météo dehors car elle est censée s’arranger dans la matinée mais pour l’instant c’est pluie, brouillard et vent très puissant. Personne ne se presse. Nous faisons un petit déjeuner riche afin de stocker des calories.

9h… La météo n’a pas changé… Les groupes commencent à se préparer. Motivés par cette émulation, nous nous mettons en branle également. Derniers réglages dehors. Nous avons directement sorti la grosse artillerie pour nous protéger de la pluie (poncho, pantalon de pluie pour Hélène, …).

On attaque ! Le vent nous arrive par l’arrière gauche (grand largue !) il est si fort qu’il nous gène pour marcher. Parfois les rafales (dans les 100kmh surement) nous déportent de quelques pas… Le tout est accompagné d’une pluie quasiment horizontale qui ne nous mouille que la gauche mais qui fouette le visage. Des paysages, nous n’entrevoyons que la forme générale. Le sentier suit une succession de petites collines.

Malgré ces conditions particulièrement dures, nous vivons un beau moment car nous faisons contre mauvaise fortune bon cœur et nous rions de tout cela ! Nous cherchons dans notre complicité l’énergie pour avancer et cela marche ! Heureusement pour nous, nous avons un équipement adapté ; nous croisons certains groupes en baskets de toile et sans vraie protection contre la pluie, hormis le confort on peut vite friser le danger…

Les kilomètres passent dans des conditions toujours équivalentes. Arrivés à la fin de ce long plateau, nous amorçons la descente qui nous mène à la vraie difficulté de la journée : le premier gué !

Nous le rejoignons rapidement. Il n’est pas très large, tout au plus 8m mais le débit est fort et le niveau de l’eau arrive aux genoux ! L’idée de traverser une rivière dont l’eau est à 4°C n’est jamais réjouissante mais avec ce vent et la pluie je vous avoue qu’il faut chercher loin pour trouver la motivation. Le plus simple et c’est ce que l’on fait, est d’éteindre le cerveau et y aller. Je passerai le premier. Lorsque l’on rentre dans l’eau on a une sensation de froid mais ça va, c’est après 10/15s que la douleur arrive, vive et violente ! Lorsque l’on sort de l’eau elle passe en 30s mais sur le coup ce n’est vraiment pas agréable. Hélène me suit, pour elle la douleur est encore pire je crois mais elle surmonte la difficulté et arrive de l’autre côté. S’en suit un petit moment d’apocalypse car nous devons nous rhabiller sous la pluie et dans le vent avec les ponchos dans le visage en essayant en vain de se sécher les pieds … Ce premier gué aura été épique pour nous vue les conditions et restera en mémoire.

Il ne nous reste quelques kilomètres jusqu’à Álftavatn où nous reprendrons la nuit en refuge car nous sommes quand même bien mouillés après une journée comme celle-ci et cela ne sert à rien de jouer « aux héros ». Le refuge se transformera d’ailleurs en étendoir géant car tout le monde arrive trempé (à différents niveaux). Nous passerons l’après midi à nous reposer, à nous réchauffer et surtout à discuter avec Adin et Amélie, un couple de français super sympa que nous reverrons ensuite à Paris.

La météo sera un peu plus clémente en fin de journée, le vent se maintiendra aussi fort mais il ne pleuvra plus. Cela permettra de mettre quelques affaires à sécher dehors au vent.

Quelle journée ! Dommage que nous n’ayons pu prendre de photos de la marche. A l’instar d’une autre journée comme celle-ci durant un précédent trek au Sarek, celle-ci restera dans notre mémoire comme le Mordor ! Nous dormirons bien ce soir en tous cas. La journée de demain s’annonce sous de meilleurs augures car le soleil doit faire son retour.

Le Laugavegur n’est pas difficile en soi mais la météo est vraiment le point dur. Soyez prévoyant et partez équipé !

Jour 3 - D'Álftavatn à Emstrur


Nous avons eu une bonne idée de choisir la nuit en refuge. Nous nous réveillons reposés et prêts pour une nouvelle journée. Cerise sur le gâteau il fait beau ce matin !

La préparation se fait donc dans une ambiance sereine et détendue. Nos affaires ont même eu le temps de sécher pour la plupart. Seules les chaussures sont encore humides.

On dit à bientôt à Amélie et Adin et on prend la route en direction d’Emstrur. Quel plaisir de pouvoir profiter de la beauté du Laugavegur et de ses paysages.

L’immense glacier de Mýrdalsjökull se dessine au loin. Cette masse de glace est déjà impressionnante mais ce n’est rien à coté du Vatnajökull …

Le sentier mène rapidement au premier gué de la journée. On approche l’obstacle avec beaucoup de légèreté qu’hier vu le soleil. La rivière a une physionomie bien différente : à l’inverse de celle de la veille, celle-ci est large et relativement moins profonde. La traversée est néanmoins douloureuse car l’eau est toujours aussi froide…

Nous continuons notre route dans un paysage qui s’ouvre de plus en plus. Le sol devient de plus en plus noir de cendre et de scories. Les paysages ont un autre profil, tout aussi beau.

Nous passons par le site de Hvanngil, un petit refuge qui offre des aires de bivouac plus agréable qu’Alftavatn. Le sentier attaque ensuite une immense plaine au paysage lunaire : juste du sable, du plat, quelques plantes luttant pour survivre et beaucoup d’espace. C’est un endroit magnifique.

Peu de temps avant Hvanngil, un deuxième gué nous attend. Celui-ci est particulièrement large mais ne nous pose pas de difficulté majeure. On commence à être habitué.

Bien que cette portion du Laugavegur soit belle, elle devient monotone sur la fin car c’est vraiment long… La sortie de la plaine se fait par une sorte de « porte » marquée par des collines rocheuses à l’ouest. Le sentier garde la même physionomie mais offre de très belles vues sur l’Eyjafjallajökull.

Le sentier n’est plus très long jusqu’à Emstrur mais les paysages toujours aussi beau. Il n’y a que des teintes de noirs et d’ocres, ponctuées de touches vertes parfois.

Emstrur se situe dans la colline et offre une belle vue sur le Mýrdalsjökull. Il y a quelques habitations en dures pour passer la nuit mais le site offre également des aires de bivouac plutôt agréable bien que dense. Comme la météo est plutôt optimiste nous passerons la nuit en tente.

C’est un site agréable et il fait beau et même bon si on se protège du vent.

Je profiterai de la fin d’après midi pour faire voler le drone afin de réaliser quelques photos aériennes.

Cette journée aura été superbe tant par les paysages que par la météo. Nous aurons tout de même quelques gouttes le soir mais rien de méchant. Nous attaquons déjà la dernière journée demain …

Jour 4 - D'Emstrur à Þórsmörk


Plus que 15km et nous aurons atteint notre objectif : Þórsmörk. Nous commencerons la journée par prendre connaissance des consignes de sécurité en cas d’éruption car nous entrons dans la l’aire du Katla.

Le Laugavegur, quant à lui, ressemble à ce que l’on a pu parcourir hier, c’est à dire un sol composé de sable et de scories sombre. Nous passerons d’abord par une sorte de vallée creusée par l’eau de fonte du glacier. Celle-ci nous emmène ensuite sur les hauteurs, ce qui nous permet d’apprécier la vue.

Le terrain ne présente aucune difficulté. Il suffit de se laisser porter en admirant les paysages. Le Laugavegur va ensuite descendre progressivement vers l’immense zone où se rejoignent nombre de rivières glaciaires. Le paysage s’ouvre vers l’ouest au fur et à mesure ce qui permet de deviner la mer au loin.

Sans être moche, ce n’est pas la portion la plus intéressante du Laugavegur. Notons toutefois la réapparition progressive des arbres.

Le sentier traverse ensuite une rivière grâce un pont au dessus d’une impressionnante gorge avant de grimper sur le haut de la colline. De là on redescend pour rejoindre le 4e et dernier gué du trek.

Celui-ci est particulièrement large et profond jusqu’aux genoux. Il se fait en 2 étapes ce qui permet de récupérer un peu au milieu. La prudence s’impose car il y a pas mal de débit.

Nous y sommes presque ! La fin du chemin présente vraiment peu d’intérêt car elle suit une sorte de grosse piste. Fait remarquable : on évolue dans une forêt ce qui est particulièrement rare en Islande !

Ce soir nous dormirons à Langidalur. Je vous déconseille Husadalur car la vue est moins sympa. Nous arriverons à notre destination en début d’après-midi. C’est un joli site bien entretenu et qui offre surtout une vue merveilleuse sur Þórsmörk et les glaciers environnants.

Voilà, nous avons fini le trek. L’après midi se passera sous un grand soleil qui nous fera un bien fou. Le tout sera agrémenté par une petite bouteille de vin achetée à prix d’or pour fêter cela !

Il y a de belles randonnées à faire à partir de Langidalur, notamment l’ascension de Tindjöll.

Nous prenons le bus demain en direction de Reykjavi pour ensuite continuer notre voyage en Islande.

Conclusions


Bien que ce soit un trek particulièrement connu et couru, le Laugavegur n’en mérite pas moins les superlatifs qu’on lui connait ; autant pour ses paysages qui sont merveilleux et changeant d’une journée à l’autre mais également pour sa météo qui saura mettre votre résistance à rude épreuve. Ce dernier point est à ne surtout pas négliger. Même si certaines personnes ont 4 jours de beau temps d’autres peuvent avoir 4 jour de moche ! Plus tard durant notre séjour, le Laugavegur a même été fermé à cause de la météo trop difficile , c’est dire ! 

Si vous hésitez pour votre prochain voyage : allez-y, le Laugavegur saura vous marquer et vous créer des souvenirs impérissables.


Landmannalaugar

Landmannalaugar - Hautes terres Islandaises

Le Landmannalaugar est un massif situé dans les hautes terres Islandaises. Le site est particulièrement connu et réputé pour ses couleurs qui sont dues au volcanisme très présent dans la région mais également pour ses sources chaudes naturelles. Départ ou arrivée du fameux Laugavegur, le Landmannalaugar mérite de s’y arrêter pour l’explorer et le découvrir.

Le Landmannalaugar


Géologie

Les extraordinaires couleurs du Landmannalaugar sont dues au fer contenu dans la rhyolite, la principale roche du site. En effet, la lave s’est formé sous une calotte glaciaire ce qui a permis une interaction entre la roche et l’eau de fonte. On parle ici de tuf rhyolithique.

Vous croiserez également beaucoup d’obsidienne, du verre volcanique. Cette roche est magnifique lorsqu’elle est mouillée.

Rejoindre le Landmannalaugar

Le landmannalaugar est accessible par une bonne poste sur laquelle vous devrez tout de même traverser au moins deux gués. L’accès est donc réservé au 4×4. Pour accès au site suivez les F225 puis 224 à partir de la route 26.

Le site est également accessible grâce à plusieurs services de bus. Nous avons opté pour Reykjavík Excursion car les bus partent du centre de la capitale et proposaient des horaires qui nous convenaient. Si vous souhaitez plus d’informations : https://www.re.is/golden-circle-tours/

Ce trajet est le premier que nous avons fait sur une F-road et est vraiment beau. Essayez de prendre une place à l’avant en bus si vous voulez profitez de la vue.

Que faire au Landmannalaugar ?

Le Landmannalaugar est une des extrémités du fameux Laugavegur que nous avons eu la chance de parcourir. Mais vous pouvez également rayonner à la journée depuis le camp pour de belles randonnées à la journée comme nous vous le présentons ci-dessous.

Le Landmannalaugar est également connu pour ses sources chaudes. C’est un arrêt obligatoire si vous venez ici. La source un peu en retrait du tumulte du parking est superbe. La température doit être autour des 40°C mais est modulable car des courants froid et chaud se rejoignent dans le bassin principal, vous permettant ainsi de trouver l’emplacement qui vous conviendra le mieux. Le fond est en gravier fin ce qui fait que l’eau est très claire. Une structure permet d’entreposer ses affaires pendant la baignade. Seul point noir et pas des moindres : le monde ! L’après midi lorsque les bus sont arrivés c’est la folie ! Nous vous conseillons donc d’y aller le soir ou encore mieux le matin ! Nous avons eu la chance d’être que trois dans le bassin en y allant vers 9h. Un vrai bonheur surtout après une nuit fraîche.

Infos pratiques

Où dormir ? Plusieurs solutions :

  • Le refuge de « FI », l’association de randonnée Islandaise. La nuit est à 9000ISK. Je vous conseille de réserver longtemps à l’avance vue l’affluence … Plus d’infos : https://www.fi.is/en/mountain-huts/all-mountain-huts/view/landmannalaugar
  • En tente : il y a une grande aire de bivouac. N’imaginez pas le beau bivouac sauvage et confortable : le sol est en rocaille et le terrain est situé trop près du parking. Nous avons également trouvé le site bruyant même en pleine nuit … Il vous en coûtera 1000ISK par nuit par personne …

Ravitaillement

Sur place vous pourrez achetez quelques produits de base comme des lyophi ou du gaz. Le tout à prix d’or évidemment mais cela reste pratique au cas où.

Découvrir le Landmannalaugar - Ascension du Bláhnúkur (945m)


Le Landmannalaugar offre de nombreuses possibilités de randonnées. Nous vous proposons ici, un itinéraire accessible au plus grand nombre qui permet de découvrir la richesse du site sur une petit demie-journée, de quoi vous laisser le temps de profiter des sources chaudes ensuite. Celui-ci vous mène au sommet du Bláhnúkur à 945m se qui vous permet d’admirer le paysage alentour. Vous découvrirez ensuite la richesse des couleurs et des structures du Landmannalaugar avant de vous rendre vers une zone de fumerolles. Le retour se fait à travers un champ de lave pétrifié. Vous aurez ainsi un aperçu complet de ce que peut vous offrir le Landmannalaugar.

Carte d’identité : 

  • Distance : 6.5km
  • Durée : environ 3h15min
  • Dénivelé positif : 350m

L’itinéraire est accessible ci-dessous :

 

Download file: landmannalaugar - blahnukur.gpx

Le début de la randonnée se situe au bout du parking vers le sud. Face à vous, après une petite portion dans un ancien lit de rivière, se dresse une montagne en roche verdâtre (la rhyolite) sur laquelle on voit clairement un sentier monter en zigzag. Continuer légèrement sur la gauche (100m) pour trouver le début du sentier qui rejoint l’arête à main droite.

On le voit bien sur la photo ci-dessous :

Il « suffit » de suivre le sentier jusqu’au sommet. Soyez simplement prudent avec le terrain qui n’est pas toujours bien stable (sable et scories) et qui doit être glissant si il pleut. La montée est assez raide mais prenez votre temps elle se fait rapidement. La montée offre des vues de plus en plus belles, de quoi garder la motivation !

Vous voilà au sommet ! La vue est époustouflante ! Lorsque nous l’avons fait il faisait gris mais cela ne gâche en rien les couleurs qui restent fantastiques.

Vous pouvez ensuite commencer la descente qui suit l’arête direction SO.

Vous arriverez à une partie plus plate, ici prenez à droite (en direction du nord) dans une sorte de gorge. Le sentier est magnifique ici ainsi que les couleurs environnantes !

Suivez le chemin (attention certaines portions peuvent être glissantes). Rejoignez ensuite le chemin balisé en direction des fumerolles légèrement sur les hauteurs. De là plusieurs solutions : vous pouvez redescendre par le Laugavegur, vous pouvez également enchaîner sur l’ascension du Brennisteinsalda (881m) ou bien, comme nous, faire demi tour et poursuivre dans le champs de lave.

Le sentier poursuit en longeant la petite rivière brennisteinsöldukvisl avant de revenir au niveau du départ.

Il ne vous reste alors qu’à retourner au camp avant d’aller vous détendre dans les sources chaudes ! Nous avons mis 3h20min pour réaliser ce trajet sans se presser et en prenant pas mal de photo.

Il existe un autre itinéraire, le « Skalli », qui fait 15km et qui réalise une longue boucle par le sud. Ce chemin offre également des vues extraordinaires sur des roches aux teintes superbes. Attention les topo indique que c’est un chemin pénible en cas de mauvais temps. Pour le réaliser partez vers le sud et suivez les potelés coiffés de bleu.


Bivouac au Snofjellstjonna - Dovrefjell

Parc National du Dovrefjell–Sunndalsfjella

9jours

de trek

100km

parcourus

3600m

D+

3.5

jours absolument seuls

La Norvège regorge de parcs nationaux sublimes et en choisir un n’est pas forcément facile car il mérite tous d’être découverts. Après quelques temps de réflexion, notre dévolu s’est porté sur le parc national du Dovrefjell-Sunndalsfjella en combinant avec Innerdalen, l’une des plus belles vallées de Norvège. On vous invite donc à nous suivre durant les 9 jours de ce trek de printemps, loin du monde et dans de magnifiques paysages.

Dovrefjell-Sunndalsfjella, Innerdalen et itinéraire


Le Parc National du Dovrefjell-Sunndalsfjella

Situé au sud de Trondheim et à l’est d’Ålesund, le Parc National de Dovrefjell-Sunndalsfjella couvre une superficie de 1693km². Le parc est surtout réputé pour la présence unique en Europe continentale de boeufs musqués, des mamifères reliques des temps préhistoriques. Le parc s’articule autour du Snøhetta, une belle montagne haute de 2286m.

Les boeufs musqués sont de gros mammifères de la famille des chèvres contrairement à ce que leur nom indique. Relique de l’age glaciaire, on les trouve aujourd’hui au Canada, au Groenland, un petit peu en Sibérie et pour quelques dizaines de têtes dans le parc du Dovrefjell. Ces derniers ont été réintroduis après extinction due à la chasse.

Avec un poids pouvant atteindre 300kg, les bœufs musqués sont de grands mammifères n’hésitant pas à charger si ils se sentent menacés. Courant le 100m en 6s vous aurez peu de chance de vous échapper. Une certaine prudence s’impose donc, surtout en présence de petits. Les guides locaux préconisent de garder une distance de 300m.

Le parc est principalement constitué de toundra : des herbes rases, de la mousse et du lichen. Les arbres disparaissent très vite avec l’altitude.

S’y rendre :

Le parc est aisément accessible en transports en commun. En effet la ligne de train Oslo-Trondheim contourne toute la partie sud et est du Dovrefjell.  Vous aurez donc diverses choix :

  • Dombås : petite ville au sud
  • Hjerkinn : station de montagne avec une auberge de jeunesse
  • Oppdal : la ville du coin avec tous les services qu’il faut. Une bonne base pour rayonner.

La partie nord est accessible en bus grâce à la ligne 901 au départ d’Oppdal et en direction de Kristiansund. Vous trouverez les infos ici : Horaires du bus 901

Innerdalen

Un petit peu au nord-ouest du Parc du Dovrefjell se trouve la magnifique vallée d’Innerdalen. Le site « Visit Norway », la nomme même « la plus belle vallée de Norvège ».

La vallée est aisément accessible et propose des logements en refuges et un camping  qui a été élu « Plus beau camping d’Europe » par le Guardian ! Que de superlatifs pour ce lieu.

S’y rendre :

Pour s’y rendre nous avons pris le bus 901 depuis Oppdal et nous sommes descendu à Ålvundeid rv. 70. Pour la longue portion de route avant de débuter le chemin, nous avons fait du stop. Il y a un peu de passage nous n’avons pas attendu très longtemps.

Itinéraire

Nous avons commencé par rejoindre Oppdal depuis l’aéroport d’Oslo en train (rapide et pas très cher) puis de là nous avons pris le bus 901 en direction de Kristiansund. Nous nous sommes arrêté à Ålvundeid rv. 70 en direction d’Innerdalen. Nous avons récupérer la route 70 depuis la vallée en coupant par les montagnes. De là nous avons rejoint en bus l’arrêt nommé Lønset après un détour d’une nuit à Oppdal. Nous avons ensuite traversé le Dovrefjell selon une direction globale nord-sud pour arriver à Hjerkinn d’où nous avons repris le train pour Oppdal.

Vous retrouverez l’ensemble de la partie marchée ci-dessous (téléchargeable) :

Download file: dovrefjell.gpx

Refuges

Le système de refuge norvégien est différent du nôtre. Alors qu’en France les refuges sont souvent gardés et reste en partie ouvert l’hiver, ici nombreux sont les refuges sans gardiens et qui nécessite une clé pour être ouvert été comme hiver.

Cette clé est disponible en adhérant à l’association norvégienne de trekking, le DNT. On peut alors emprunter ou recevoir une clé pour accéder aux refuges. ATTENTION : les refuges ne proposent pas d’abri d’hiver en général !

Vous trouverez les infos nécessaires ici : https://english.dnt.no/

Jour 1 - Innerdalen


10h, le 11 juin 2019, nous sommes dans le bus 901 en direction de l’embranchement qui va nous mener à Innerdalen. Je suis avec Arthur avec qui j’ai déjà fait le GR R2 à la Réunion. 3 ans que l’on ne s’est pas vu mais nous voilà au milieu de la Norvège partis pour 9 jours de trek. Nous sommes arrivés hier à Oppdal après un rapide voyage en avion vers Oslo puis en train.

Le bus s’arrête au niveau d’un arrêt perdu sur la route. Nous descendons. On met les sacs, on règle le tout et on est parti en direction de la vallée.

Cette première portion est une route goudronnée sur 10km qui fait mal aux pieds… On marche mais on essaie le stop quand une voiture nous dépasse. Cela fonctionne au bout de 20-30min. Un couple sympathique de norvégiens qui sont du coin et qui montent dans Innerdalen pour le week-end.

Arrivés au bout de la route, il ne nous reste que 3km à faire. Il fait chaud aujourd’hui, on enlève donc une couche et on se remet en route. Le début du chemin est agréable, cela ressemble à ce que l’on peut trouver en forêt en montagne. Les paysages environnants sont beaux mais on ne voit pas très bien avec les arbres. Mais voilà, encore une petite montée et un virage et Innerdalen se dévoile à nous, merveilleuse.

J’avais vu quelques photos avant de partir mais je dois avouer que voir la vallée comme ça dans toute sa beauté laisse bouche-bée…

Encore 15min de marche et nous voilà à Renndølsetra. C’est une ancienne ferme d’été dans le plus pur style norvégien. Aujourd’hui c’est un gîte, le site est vraiment beau. On papote un peu avec le gardien pour savoir où bivouaquer. Il nous dit que sur les hauteurs de la vallée, le terrain est détrempé à cause de la fonte des neiges. Il nous conseille donc de rester dans le coin. C’est ici qu’il y a le plus beau camping d’Europe d’après le Guardian. Comme le camp n’est pas encore officiellement ouvert il nous laisse nous installer gratos ! Super sympa ! On se prendra tout de même une bière pour participer un minimum.

Nous allons poser les sacs plus loin sous le sous-bois avant d’aller nous balader un peu dans la vallée. On passera devant la Innerdal Turishytte qui offre également un beau site pour passer la soirée.

Une fois notre petit tour finir, nous retournons à nos sacs. On pose le camp non loin de l’eau. On allume un petit feu et on s’installe pour profiter de la fin d’après-midi sous un grand soleil. Quel bonheur. Tout est parfait : le site, le paysage, le petit feu.

Cela n’aura pas été une grosse journée (au final environ 5km de marche) mais cela nous va bien, on peut profiter ainsi. Nous nous couchons sous le soleil. En effet pas de nuit à cette saison, il va falloir s’y habituer mais le ruisseau à côté nous berce suffisamment pour nous endormir rapidement.

Jour 2 - De Innerdalen vers le Dovrefjell


La nuit a été bonne et pas si froide. L’objectif de la journée est simple : rejoindre « l’entrée » du parc de Dovrefjell en traversant les montagnes vers le sud.

On se met donc en route après le petit déjeuner et l’empaquetage du camp. Il fait grisou aujourd’hui voir même un peu bruineux.

Le début de la randonnée mène vers un petit pont qui permet de traverser la rivière. On attaque ensuite une montée raide qui mène à la Flatvaddalen entre 700 et 900m d’altitude. Ce passage sous la grisaille est un peu tristoune mais offre tout de même de belles vues.

Cette portion assez plate, est bien humide du fait de la présence de nombreux lacs et zones marécageuse. De plus, nous sommes tôt dans la saison, il reste donc beaucoup de neige sur les hauteurs et celle-ci fond à tout va, ce qui ajoute à l’humidité ambiante de la petite vallée.

Son extrémité sud offre une belle vue sur la Sunndalen. De là le chemin bifurque à flan de falaise vers l’est. Nous ferons notre pause du midi à l’embranchement de la Tverrådalen qui pour le coup est tout en neige.

Cette portion est plaisante notamment grâce à la vue. C’est un peu plus loin que ça devient moins drôle. En effet on se lance ensuite dans 700m de dénivelé négatif dans un terrain qui fait mal aux genoux, nos sacs lourds de la nourriture pour les 8 prochains jours n’arrangent rien.

On atteindra Eiriksvollen en milieu d’après midi. Nous voulions y rester pour la nuit mais la cabane est fermée à clé…  Pas grave, en plus on repère un tique ici, on va donc essayer de faire du stop pour aller à Grøa car on y a repéré un camping. On sera prit après un peu d’attente par le bus scolaire qui fera même un détour pour nous déposer. Arrivés sur place, on tourne sur le terrain du camping pour trouver la réception mais rien… étrange. Une dame sort pour nous demander ce que l’on cherche, on lui explique et nous répond sans beaucoup d’amabilité qu’ici c’est un camping privé et qu’on ne peut pas rester… Il faudra m’expliquer le principe mais tout est-il qu’on se retrouve le bec dans l’eau. Bon… Après concertation on décide de retourner à Oppdal car on y trouvera de quoi dormir et puis il faut qu’on revoit un peu le début du chemin car niveau planning on est pas au top.

En retournant vers la route principale, nous croiserons un car qui va en direction d’Oppdal, nous sauterons sur l’occasion. De retour en ville on se trouve un hotel et on refait les plans pour demain. Nous voulions initialement passer par la Grødalen pour pénétrer dans le Dovrefjell mais finalement on opte pour la Dindalen. On gagne ainsi quasiment une journée de marche au global ce qui relaxe le planning et nous permettra de mieux prendre le temps sur place.

On aura tout de même bien marché aujourd’hui et on s’endort donc de bonne heure car demain on attaque enfin le gros du sujet !

Jour 3 - Dindalen


Et on se remet en route ! La douche a fait du bien hier soir mais c’est la dernière pour quelques jours.

Bus 901, quelques minutes et nous voilà « droppés » à Lønset. Nous attaquons par là car cela nous fait gagner un peu de marche et la montée est plus progressive.

Le début du chemin se fait sur une route/piste. Par particulièrement agréable, cette portion à l’avantage de permettre une progression rapide.  Il fait bon aujourd’hui sous ce beau soleil. Après quelques kilomètres on rentre dans Dindalen. C’est une jolie vallée, parsemée de charmants chalets qui semblent inhabités pour l’instant. Au sud on aperçoit, l’extrémité du plateau où nous nous rendons.

Avant cela, courte pause à Dindalshytta, un refuge encore fermé en ce début de saison.

Allé, encore une petite montée qui une belle vue sur la vallée et nous y voilà, nous entrons dans le parc national de Dovrefjell. En haut nous sommes sur une sorte de plateau, c’est « plat » et le vent souffle très fort de face ici.

Encore quelques kilomètres fatiguant avec ce vent de face. Nous arrivons en vu du lac de Snøfjellstjønna. Il y a pas mal de jolies cabanes ici, certaines assez grosses d’ailleurs mais personnes en vue. Je pense que les gens montent peu en cette saison.

Quelques traversées faciles de rivières (de rochers en rochers) et nous arrivons à un gros chalet au pied de la montée côté ouest du lac. Comme le vent souffle toujours aussi fort, on utilise le chalet pour s’en protéger. Il n’y a personne ça dérangera pas. Il y a même une table à l’extérieur parfaitement protégée. On se pose donc, fin de la journée de marche.

A l’abri du vent et au soleil il fait bon. Nous profitons de l’après-midi en admirant les lumières sur le lac qui varient de minutes en minutes.

Nous installerons la tente sur les hauteurs, protégée du vent par une colline, près du lac il y a trop d’humidité.

Soirée traditionnelle : saucisson, fromage, lyophi, sac de couchage, lecture, dodo.

Une première bonne journée, on a pas fait beaucoup de kilomètres mais au moins nous sommes enfin dans le Dovrefjell en lui-même. Demain nous progresserons plus au cœur du parc.

Jour 4 - Plus loin dans le Dovrefjell


La nuit a été bonne malgré le vent. La bonne nouvelle est qu’il est tombé ce matin ! On peut donc se préparer au calme.

Nous partirons le bonne heure. Le chemin commence par l’ascension de la colline à l’ouest du lac. Du haut la vue est appréciable :

Les paysages s’ouvrent et offrent une belle vue sur ce qui nous attend.

Le terrain est composé de lande rocailleuse à perte de vue. Beaucoup de rochers affleurant ce qui rend la marche assez ludique et pas ennuyante. Au loin le massif du Snøhetta surplombe le parc.

Il n’y a pas de sentier à proprement parler mais des cairns comportant souvent un point ou un « T » rouge sont régulièrement espacés afin de faciliter l’orientation ce qui est bien pratique dans ces paysages où tout se ressemble.

La progression est agréable. Nous ferons notre pause du midi à côté d’une toute petite cabane de chasseur (Pilbua peut être ?) avant de nous diriger vers une intersection aux environs du lac Urdvatnet. Il y a ici une large rivière à traverser mais heureusement des rochers ont été habilement disposé pour traverser à sec (avec un peu de gymnastique tout de même).

Nous passerons ensuite une colline vers 1500m d’altitude avant de redescendre vers le joli lac de Langvatnet.

La Nature offre parfois de jolie rencontre, c’est le cas durant la descente lorsque nous croiserons sur le chemin un petit nid contenant un œuf. Il n’y a pas d’arbre ici, les oiseaux se débrouillent donc comme cela. On ne s’attarde pas pour ne pas effrayer les parents qui doivent être dans la zone.

Nous ferons une courte pause à la cabane (de chasse ?) que l’on croise au nord du lac. L’heure étant déjà avancée, nous décidons de rester ici pour la nuit mais nous devons trouver un coin où poser la tente.

Nous nous trouverons une aire de bivouac absolument superbe sur une petite langue de terre au milieu du lac. La vue sur le Snøhetta est magnifique.

Nous commencerons par installer la tente avant de nous faire un thé bien chaud et de nous reposer au soleil !

Nous n’avons croisé personne aujourd’hui. Ni même d’animaux si ce n’est quelques oiseaux. Le sentiment d’isolement est donc complet. C’est toujours aussi agréable que perturbant parfois.

Nous nous sentons bien ce soir et les paysages n’ont de cesse de nous impressionner. On a l’impression d’être seuls au monde ici.

Cela a été une bien belle journée. On s’endort serein et nous avons hâte d’être demain pour découvrir la suite.

Jour 5 - Reinheim


Que peut-on espérer de plus que se réveiller bien au chaud dans son duvet au beau milieu de la Norvège sauvage… Bon, c’est vrai que sortir du duvet est moins plaisant mais il fait beau aujourd’hui et une bonne petite marche nous attend.

Rituel du matin classique et en route une fois tout bouclé.

La première étape de la journée nous mène à Åmotdalshytta, un gros refuge que l’on atteint rapidement depuis le lac. Personne en vue. Cela fait à présent 48h que l’on a croisé âme qui vive…

Aujourd’hui nous rejoignons Reinheim. D’ici 3 options s’offrent à nous : passer par le sommet du Snøhetta, emprunter un col à 1554m plus au NE ou bien une voie intermédiaire qui passe à 1698m. Nous choisirons cette dernière option (le sommet du Snøhetta nous semblait encore bien (trop) en neige en ce début de saison).

Les paysages sont bien plus minéraux à présent. Nous avons pris de l’altitude et même les herbes et les lichens semblent ne plus pouvoir tenir ici hormis quelques coriaces. Nous croiserons un lièvre au loin…seul être animé que nous croiserons aujourd’hui si on excepte quelques oiseaux.

Nous ferons notre pause au point coté à 1698m d’altitude, le plus haut de notre périple. Ici la vue sur le parc et le Snøhetta est saisissante. Il n’y a pas un bruit, pas un mouvement. Nous avons vraiment d’être les derniers ou les premiers humains sur terre…

La descente vers Reinheim sera rapide et assez facile si ce n’est quelques névés piègeux. Nous emprunterons le chemin que l’on croise vers Larsurda et indiqué par un panneau.

Arrivés à Reinheim, on découvre un autre ensemble de chalets qui ont l’air tout à fait cosys mais qui sont surtout fermés… Comme nous le disions en introduction, il faut avoir une clé pour profiter des refuges or nous ne l’avons pas. Nous serons un peu comme tantale à voir fauteuils, banquettes et poêle à bois au travers de la fenêtre…

Nous ne sommes pas si mal loti que cela car il fait beau malgré un vent assez fort. Si on s’en protège on est bien.

Nous sommes arrivés tôt aujourd’hui, nous pourrons donc profiter des beaux paysages environnants, du calme et de la solitude. Nous pourrons tout de même manger sur une table extérieure ce soir, on apprécie les petits confort.

Encore deux jours dans le Dovrefjell et toujours pas de bœufs musqués en vue ni de rennes… A vrai dire nous n’avons rien en vu depuis 2,5 jours hormis l’infini des paysages… C’est appréciable et nous nous sentons bien mais parfois ça donne un peu le vertige. Je ne sais pas ce que serait une telle aventure seul… Cela doit être étrange mais j’essaierai bien.

Jour 6 - Snøheim


Météo agréable au réveil ce matin. Encore une nuit loin du monde et au soleil. Nous remballons le camp pour une courte étape ce matin car nous allons à Snøheim à seulement 6km d’ici.

La route commence par une montée dans un grand névé ce qui nous permet d’admirer le paysage au loin. Une fois arrivés en haut on découvre un grand plateau très minéral et au loin du mauvais temps qui vient droit sur nous.

Pas le choix nous allons à la rencontre de la pluie que l’on voit se rapprocher rapidement. Nous serons en dessous au niveau du lac qui l’on longe par l’est. Il pleut dru ! Nous sommes rapidement mouillés, heureusement nous apercevons Snøheim au loin.

Je suis étonné de la taille du refuge car la carte annonce un « abri », on est ici en présence d’un très grand refuge. Toujours est-il que nous n’y sommes pas il faut encore marcher. On met donc la tête entre les épaules et on marche le plus vite possible dans la rocaille dérapante avec la perspective d’un abri voir même d’un bon feu dans quelques minutes.

Nous atteignons le refuge bien mouillés. La pluie a baissée en intensité mais il bruine encore avec beaucoup de vent. On se refroidit donc. Sur place, le calme nous intrigue…mais il est tôt peut être que les randonneurs ne sont pas encore arrivés… On chercher la réception : fermée !!

Le refuge est fermé ! Ça on ne s’y attendait pas … nous sommes le 16 juin pourtant ! Bon pas grave on va allé chercher le refuge d’hiver c’est déjà grand luxe.

Nous partons donc en quête de ce fameux refuge d’hiver… Version courte : il n’y en a pas. On fera le tour de l’immense refuge plusieurs fois et rien. Pas un abri d’ouvert pas une salle prévue pour les randonneurs. On tente de frapper au carreau si jamais il y a quelqu’un à l’intérieur, personne. On se résigne donc : le refuge est fermé, il n’y a personne et aucun endroit prévu pour des randonneurs hors saison, il pleut toujours et cela n’a pas l’air de vouloir s’arrêter… Il nous faut nous abriter.

Nous avons repéré une sorte de balcon couvert qui donne accès à des chambres. Heureusement pour nous il y a un petit banc et l’ensemble est assez isolé du vent. Je ne sais pas trop si nous avons le droit mais nous nous installons ici pour nous mettre à l’abri (au final on laissera le balcon dans l’état où nous l’avons trouvé je ne pense pas que l’on ait gêné…). Nous commençons par mettre des habits secs puis nous lançons le réchaud pour se faire un lyophilisé revigorant. On a un peu l’air de vieux chiens mouillés mais on est pas mal.

Nous nous installerons sous la couverture de survie après le repas pour faire une sieste au chaud et à l’abri du vent. Je suis toujours impressionné par l’efficacité des couvertures. On est bien là dessous, là sortie ne sera pas facile.

Après une heure ou deux passés sur le balcon nous avons envie de nous dégourdir les jambes surtout qu’il ne pleut quasiment plus. S’en suivra un long après-midi alternant balade pour se réchauffer et repos/lecture. Nous passerons également beaucoup de temps à admirer les courses poursuites totalement folles des canards sur le petit lac à côté (on sent le niveau de distraction…).

Le soir nous nous abriterons pour manger à côté de la réception car la zone est à l’abri du vent. On sera pas si mal que cela finalement, nous aurons même un beau moment à écouter de la musique seuls au monde encore une fois. Voilà maintenant 3.5jours que nous n’avons croisé personne hormis un lièvre, quelques oiseaux et nos canards fous.

Jour 7 - Rencontres


Il a encore un peu plu cette nuit mais ce matin nous avons seulement du temps gris et un peu de brouillard. On prend le petit déjeuner à l’abri sur « notre balcon ». A la fin du repas, on entend un bruit de moteur ! C’est le gardien du refuge qui monte faire du bricolage. Voilà quasiment quatre jours que nous n’avions croisé personne, cela fait toujours bizarre car on a l’impression qu’un étranger entre dans notre monde qui se résumait à nous deux.

Nous plions rapidement la tente et nos affaires et nous reprenons la route. Nous entamons la descente qui se fait en suivant la piste qui mène à Snøheim. Le sentier n’est pas très beau mais les paysages compensent.

Plus bas, une fois sortis des nuages, nous apercevons au loin un 4×4 qui monte vers le refuge mais qui est arrêté pour le moment comme pour observer quelque chose … On passe donc en mode « vigilance » arrivés au niveau d’où était le 4×4.

C’est alors que nous les voyons : deux beaux bœufs musqués paisiblement en train de brouter. Nous nous rapprochons doucement en gardant nos distances. Finalement nous nous arrêtons à une centaine de mètre pour les observer.

Les bœufs sont de belles bêtes, massives et impressionnantes. Les deux spécimens que l’on a devant semblent paisibles et ne montrent aucun signe de stress ou d’énervement et on est très bien comme ça. On a pas cherché à se cacher en arrivant tout en restant calme et « humble » afin de ne pas paraître des menaces. Nous resterons peut-être 30min à les observer brouter non loin puis nous reprenons notre route contents d’avoir eu cette rencontre.

Nous continuons notre route à l’affût de nouvelles rencontres mais rien pour l’instant à part peut être deux petits points noirs à l’horizon.

Nous pourrions rejoindre Hjerkinn dans la journée mais nous préférons rester encore un peu dans la nature. Nous sortons donc du chemin vers les 2/3 de la descente pour bifurquer en direction du sommet nommé Kolla. Nous trouverons un super coin un peu plus haut non loin d’une charmante rivière avec une vue magnifique sur toute la zone et parfait pour surveiller les bœufs alentour.

Nous installons donc notre dernier campement du voyage. Une fois la tente montée, nous faisons une petite vérification de routine des alentours afin de voir si nos amis musqués sont dans les parages. Au loin, nous apercevons ce qui nous parait être deux silhouettes de bœufs. On décide de partir à leur rencontre afin de vérifier.

Simplement munis de nos appareils photos nous marchons donc en direction d’un point de rencontre. Nous confirmons au fur et à mesure que c’est bien des bœufs musqués, quelle chance ! Plus proche nous nous rendons surtout compte que ce ne sont pas deux ni trois bœufs musqués qui viennent à notre rencontre mais six au total !! Incroyable ! Il y a même trois veaux, on est aux anges. Ils remontent tranquillement la route et nous nous dirigeons un peu plus haut pour les regarder passer.

On est super content, quelle joie après tous ces jours sans rien voir. On se rapproche de la route et c’est là que l’on se rend compte qu’ils n’étaient pas six mais sept ! Le grand mâle est là à tout juste 50m. On tombe un peu « nez à nez », nous sommes surpris. On s’arrête donc et on ne bouge plus. C’est alors qu’un grondement absolument terrifiant empli l’air : le mâle nous fait clairement comprendre qu’il n’apprécie pas notre proximité. On recule donc tranquillement sans mouvement brusque.

Une fois nos distances prises on se met un peu à couvert mais le petit groupe de bœufs est en alerte et compense à repartir en arrière. Nous ne voulions pas les effrayer mais la présence des veaux doit les stresser. Ils rebroussent donc chemin mais bifurquent rapidement sur la gauche du chemin vers notre camp. On décide donc de les suivre à distance en restant discret.

Nous trouverons un bon poste d’observation sur une proéminence issue du passé militaire du parc (le parc a longtemps été un champs de tir de l’armée). De là nous pouvons observer toute la famille à convenance en gardant nos distances. Le mâle nous a vu mais ne semble pas inquiété vu la distance.

C’est extraordinaire de voir ce genre de bête batifoler librement dans la toundra, observer les petits allaiter, courir après leur mère, le tout sans personne et dans le plus grand calme. C’est un très beau moment.

Le mâle est splendide. Il veille paisiblement et guide la troupe. Il émane la puissance et la force.

Nous passerons un long moment à les observer là, sans chercher à interagir ou à se rapprocher. Nous retournons ensuite à notre camp, bien heureux de ce moment !

Il est tôt et il fait beau. Nous passerons l’après-midi à bouquiner au soleil.

Un peu plus tard les bœufs se rapprocheront eux-même de nous tout en restant à distance. Ils se poseront même quelques temps pour une petite sieste, nous les imiterons.

La fin de journée sera calme avec les bœufs musqués non loin. Nous commençons la liste des derniers : dernier repas dans la nature et dernier coucher en bivouac. Les bœufs ont établi leur « camp » pour la nuit à 400m de nous. Il pleuvra un peu en ce début de soirée, quelques ondées mais rien de méchant.

Cette journée a été superbe et emplie d’image qui se transformeront rapidement en souvenir. Être là au contact de ces animaux presque préhistorique dans ce cadre magnifique et dénué de toute humanité c’est formidable. Nous avons de la chance.

Jour 8 - Retour à la civilisation


Dernier réveil au cœur du Dovrefjell. Les bœufs ont continué leur route ce matin. Nous plions la tente et de retour sur le chemin nous continuons en direction de Hjerkinn.

Le chemin est rapide et sans grand intérêt au fur et à mesure que l’on descend. Une fois sur place, plutôt que de retourner tout de suite à Oppdal, nous optons pour monter au Snøhetta viewpoint qui offre une vue saisissante sur le parc. Une dernière montée nous attend pour rejoindre le fameux bâtiment au sommet et le panorama se dévoile.

Ce point marque la fin du trek. Nous finissons par un pique nique face à cette vue superbe en appréciant les kilomètres parcourus.

Il ne nous reste qu’à retourner à Oppdal pour ensuite reprendre le train et l’avion de retour demain.

Conclusions


Cela doit faire la sixième fois que je pars en Scandinavie et je ne m’en lasse pas. Le Dovrefjell propose un visage encore différents d’autres parcs norvégiens ou suèdois. J’ai été étonné par l’isolement que nous avons vécu durant la première partie du trek. Je pense que cela est en parti dû à la saison mais tout de même … Même au Sarek on a croisé plus de monde… 

La rencontre avec les bœufs musqués a été un beau moment et justifie à elle seul que l’on passe par le parc. J’ai rarement eu l’occasion d’être « au contact » avec de gros mammifères dans un environnement sauvage, c’est une belle expérience à vivre.

N’oublions pas Innerdalen et son panorama incroyable. De la même façon, n’hésitez pas à y faire un tour si vous êtes de passage.

A seulement une demie-journée de voyage, le Dovrefjell et sa région offre donc de très belles possibilités de randonnées sauvages, loin du monde et au sein d’un parc somptueux.


Vue sur Rapadalen dans la montée vers le Skierffe - Sarek

SAREK

9jours

de trek

170km

parcourus

2500m

D+

1

jour sans pluie

Voilà quinze mois à présent que nous sommes revenu de notre aventure Lapone le long de la Kungsleden. Quinze mois que le Grand Nord nous appelle de nouveau. Alors, certes, le GR738 m’a permis de m’évader une bonne semaine en montagne mais j’ai besoin de ma migration annuelle en pays nordique, cette fois-ci nous prendrons la direction du Parc National du Sarek en Suède pour neufs jours de trek dans une Nature sauvage et brute.

Sarek et itinéraire


Vaste de presque 2000km², le Sarek est un parc national Suédois situé à quelques heures de route au sud de Kiruna et non loin de la frontière Norvégienne. Souvent considéré comme le dernier espace sauvage d’Europe, le Sarek est un concentré de nature sauvage. Ici pas de route, pas de chemin balisé (et même quasiment pas de « vrai » chemin), juste 2 ponts, pas de refuge en tant que tel, tout au plus quelques cabanes aussi spartiates que rares et des conditions climatiques pouvant être dures. Vos seuls voisins à des (dizaines) de kilomètres seront les rennes que les Sames laissent paître ici tout l’été.

Un vrai paradis pour le marcheur qui souhaite se retrouver au beau milieu de rien pour plusieurs jours.

Par contre le Sarek a un prix : pas de chemin, pas de route, etc implique qu’il faut naviguer soit même dans un environnement souvent dur. En guise de terrain vous aurez le choix entre les marais, les forêts denses de bouleaux ou bien les grandes étendues vides en altitude et pour la météo : la pluie (beaucoup), le vent, la neige et un peu de soleil tout de même.

Le Sarek est un environnement difficile. Le terrain et la météo peuvent être très durs et changeants. Même en plein été, très court au demeurant, vous pourrez avoir des conditions hivernales en altitude. Soyez donc préparés ! Le Sarek s’adressent à des marcheurs expérimentés qui connaissent un minimum le milieu de l’Arctique Scandinave et qui sont équipés en conséquences. Ici vous serez seuls et les secours ne pourront pas toujours intervenir rapidement, sans compter que vous n’aurez aucun réseau téléphonique, ni échappatoire rapide.

Attention : le topo qui va suivre s’inscrit dans un contexte spécifique de ce mois de septembre 2018. Ne présumez pas des conditions à l’avance (notamment en ce qui concerne les traversées de guets) et ne prenez pas les caractéristiques que nous avons rencontrés comme une vérité absolue. Préparez bien votre rando et gardez toujours une marge de sécurité.

Notre itinéraire nous a permis de parcourir un bon morceau du Sarek et de passer notamment par la Rapadalen et le Skierffe, LE point de vue à ne pas rater dans le parc. Long de 170km environ, il nous aura fallu 9 jours de marche pour le réaliser à raison de 20km/jours. Ce n’était pas une balade de santé mais c’est réalisable. Vous trouverez ci-dessous sont détail (le GPX est téléchargeable) :

Download file: SAREK_2018.gpx

Rejoindre le Sarek


Qui dit région isolée dit accessibilité pas facile. De plus, nous partons en septembre ce qui correspond à la fin de la saison ici, certains services sont donc déjà à l’arrêt.

Première étape : monter dans le Nord. Nous avons choisi une fois de plus Kiruna comme camp de base. On peut aussi démarrer de Gällivare qui est accessible en train (mais plus en avion). Kiruna a l’avantage d’avoir un aéroport et quelques bons hotels. C’est « la ville » du nord Suédois. Pour entrer au Sarek il y a plusieurs points « classiques » : Ritsem, Kvikkjokk et Saltoluokta. Etant donné que les traversées de lac et le bus à Ritsem paraissaient complexes car les services étaient finis pour la saison, nous avons choisi Kvikkjokk en point d’entrée et Saltoluokta pour la sortie.

Rejoindre Kvikkjokk en transport en commun depuis Kiruna, nécessite de prendre un train pour Gällivare puis plusieurs bus et un taxi, en d’autres termes, c’est long et nous n’avions pas beaucoup de jours devant nous. Nous avons donc opter pour une solution pas sexy et plutôt onéreuse : le taxi. Il faut compter tout de même 4h30 de route et aux alentours de 5000SEK, à trois ça passe mieux mais bon …

Nous sommes donc arrivés sur place un dimanche, nous avons acheté du gaz pour le réchaud le lundi matin et on a pris le taxi à 12h pour arriver vers 16h (conduite sportive du chauffeur…).

Pour le retour de Saltoluoka il « suffit » de prendre deux bus pour Kiruna ou un seul vers Gällivare.

Voici quelques liens utiles pour préparer les transferts :

Egalement les liens vers les principales « stations » du coin et les infos sur les traversées de lacs :

Attention : vous aurez très certainement à traverser des lacs en bateau, bien que certains le soit à la rame il existe des traversées en bateau à moteur. Vous n’aurez d’ailleurs parfois pas le choix. Par contre c’est très cher !! Voici une liste non exhaustive valable pour 2018 :

  • Traversée Kvikkjokk-Padjalenta : 250SEK/personne
  • Traversée Sitojaure : 400SEK/personne (deux fois par jour ou bien sur demande)
  • Traversée Saltoluokta vers l’arrêt de bus : 200SEK/personne
  • Traversée à Ritsem : ?? mais surement le même ordre de grandeur

Pas de carte bancaire pour les deux premiers mais les euros semblent acceptés. Au final prévoyez du cash !

Premier jour - Départ et Padjelanta


Nous sommes le 10 septembre 2018 à Kvikkjokk vers 16h30, il fait beau, le soleil commence à être bas dans le ciel et nous attendons au bord de l’eau l’arrivée du bateau-taxi qui doit nous mener au début de la Padjelanta. Nous sommes tous les trois, avec Quentin et Matthieu, impatients de nous immerger pour 9 jours et 170km au sein du Sarek. Nous n’avions qu’une hâte après l’année dernière et la Kungsleden : revenir et faire encore plus sauvage, nous y voilà !!

Notre « passeur » arrive avec quelques passagers qui reviennent de la Padjelanta. Nous voyons avec lui quelques détails et on embarque pour 10min de bateau. Bien que début septembre, l’automne a déjà établi son camp ici. Les bouleaux se sont parés de leurs teintes jaune-rouge, c’est beau. La lumière du soleil est apaisante. Nous glissons sur l’eau tranquillement, quelle agréable façon de commencer un trek.

Le débarcadère est sommaire mais on trouve une petite cabane juste à côté pour les randonneurs qui auraient raté le dernier bateau. Nous prenons le temps de discuter avec le pilote concernant l’itinéraire, les passages de lacs, … D’abord un peu bourru, il s’avérera tout à fait sympathique et nous donnera de bons conseils.

A présent nous voilà seuls, les sacs sont chargés sur nos dos qui accusent le poids des 10 jours de nourriture mais nous allons le coeur léger sur un très bon chemin, balisé et facile. C’est d’ailleurs un bonne chose car nous allons passer deux jours le long de celui-ci, le temps de nous mettre en jambe avant d’attaquer le vif du sujet.

Nous ferons 7km ce soir. Rien de bien difficile. Les paysages sont agréables mais pas particulièrement impressionnants car on évolue principalement dans de la forêt dense. On trouve quelques aires de bivouac confortables le long du chemin. Nous nous installons donc à la nuit tombante, non loin de la rivière.

Le temps de monter le camp et de manger et la pluie commence à tomber en fines gouttes ce qui précipite notre mouvement de repli dans le sac de couchage bien chaud et douillé.

Fin de la première journée qui aura surtout été une journée de transfert. On attaque vraiment la marche demain avec au moins 18km à parcourir. En attendant : bonne nuit!

Jour 2 - Plus loin dans Taradalen


Il a plu toute la nuit et l’environnement est particulièrement humide ce matin. Nous plierons le camp sous la bruine de quoi hâter notre départ.

Aujourd’hui nous continuons le long de la Padjelanta. Nous progressons donc facilement même si la pluie a rendu certains passages glissants (notamment les fameux chemins de planches traversant les marais). Après quelques temps nous commençons à sortir par moment de la forêt ce qui nous permet d’admirer l’extension de la vallée sur des kilomètres en aval et en amont. On a, pour l’instant croisé qu’une personne, à la cabane de Nunjes et ce sera tout pour la journée…

Nous sommes en forme et heureux d’être ici. Même si le temps n’est pas au grand beau, la météo n’est pas désagréable. Le soleil joue avec les nuages denses et créé de beaux contraste sur les bouleaux orangés.

Il n’y a pas grand chose à dire de particulier sur cette journée. Les paysages nous rappellent beaucoup ceux de la Kungsleden pour l’instant mais peut être à des dimensions plus impressionnantes.

Le soir (vers 16h – le soleil se couchant à 19h30, on a décalé la journée : lever 6h coucher 21h), nous poserons le camps un peu avant Såmmarlappstugan, à l’endroit où le chemin revient très proche de la rivière. C’est un joli coin pour le bivouac avec une belle vue sur les collines environnantes. Malheureusement on aura le droit à une succession de petites averses toute la soirée. Nous avons tout de même réussi à allumer un feu malgré le bois mouillé mais celui-ci ne chauffera pas très fort.

Nous ne faisons pas de vieux os ce soir. Le soleil se couchant tôt et la pluie n’aidant pas mais surtout nous sommes fatigués de ces premiers 20km. Il faut laisser le temps au corps de s’habituer, ça ira mieux dans un ou deux jours.

Pour l’instant on s’endort, bercés par le ploc ploc de la pluie sur la tente. C’est agréable de se sentir un peu plus loin de la civilisation ce soir mais j’ai hâte d’être vraiment isolé, encore quelques jours de patience.

Jour 3 - Fin de Tarradalen et du chemin


Une seconde nuit pluvieuse. Nous plions encore une fois un camp bien humide mais au moins il s’est arrêté de pleuvoir pour l’instant.

Nous arriverons rapidement à Såmmarlappstugan où nous croiserons le gardien en train de faire le grand ménage avant de fermer. Il comptait d’ailleurs partir cet après-midi. Le temps de papoter et d’admirer la brume matinale sur la rivière et nous reprenons la route sur la Padjelanta qui monte légèrement ici.

La végétation se fait d’ailleurs de plus en plus clairsemée au fur et à mesure de la journée, cela nous permet d’apprécier la vue sur toute la vallée.

Nous arriverons en vue des cabanes de Darreluoppal en début d’après midi. Nous croiserons trois personnes dans cette zone qui seront les dernières pour 48h.

Encore une heure de marche et nous sommes aux cabanes.

Nous arriverons aux cabanes en milieu d’après-midi. Se pose alors la grande question de savoir si on continue un peu le chemin ou bien si on s’arrête ici pour la nuit et que l’on profite du confort de la cabane d’hiver…

Après délibération, on choisit de pousser plus loin. Ce sera toujours ça de gagné… Nous retournons donc sur le chemin encore quelques centaines de mètre. En effet c’est ici que l’on en sort pour marcher dans la pampa en toute liberté. On choisit donc de traverser la rivière (on restera à l’ouest de celle-ci pour la suite), de monter un peu sur les hauteurs et enfin de sortir du chemin.

C’est étonnant à quel point ce petit pas de côté, celui qui vous mène hors sentier, est chargé d’une symbolique forte à mon sens. Par ce petit pas on retrouve une sorte de liberté totale, on peut marcher où on veut, comme on veut, en ayant pour seule contrainte le terrain. Par contre on quitte aussi une ligne rassurante qui mène d’un point A à un point B sans trop se poser de question. Il faut donc, intérieurement, accepter d’avoir toute cette liberté justement. Pour ma part il me faudra attendre quelques heures hors sentier pour justement trouver un sentiment agréable de marche en liberté.

En tous cas, ce qui me rassure c’est le terrain. J’avais peur que celui-ci soit compliqué sur cette section mais pour l’instant c’est de l’herbe avec quelques buissons et rocailles. Rien de bien méchant.

Nous ne tarderons pas à croiser nos premiers rennes dans ce terrain qui est idéal pour eux. Ils se déplacent en général par petit groupe d’une dizaine d’individus mais on peut croiser des troupeaux plus grands.

Après une vingtaine de kilomètres nous poserons le camp juste à côté de la rivière Vàssjàjåhkå au droit du lac Vàssjàjàvràtja. Un emplacement très agréable d’ailleurs offrant une belle vue et relativement bien abrité du vent.

Le bivouac rapidement installé, nous profitons du fait qu’il soit encore tôt pour vaquer à nos occupations : photo, repos ou chasse aux baies sauvages qui abondent dans la zone.

Nous ne tarderons pas à avoir la visite successive de petits groupes de rennes sur l’autre rive de la rivière. Ils gardent tout de même leur distance mais c’est un joli spectacle pendant que l’on mange nos lyophi bien à l’abri du vent. Le soir, les températures tombent vite et il est difficile de rester longtemps dehors après manger.

Ainsi s’achève la troisième journée de marche. Pour l’instant tout va bien si ce n’est quelques petits bobos et un peu de fatigue mais rien d’anormal.

C’est le premier soir où j’ai l’impression d’être loin de la civilisation et encore, au final, il y a les cabanes qui sont à une grosse heure de marche… En tous cas, le moral est bon, le physique suit et j’ai hâte de m’enfoncer encore un peu plus loin dans la Laponie.

Jour 4 - Hors Sentier et Traversée de lac


Nous y voilà, aujourd’hui nous pénétrons réellement dans le parc du Sarek dont la limite est représentée par la petite rivière à côté de laquelle nous campons.

La nuit a été fraîche mais bonne. Nous commençons à être bien rodés sur le rangement du camp et nous sommes rapidement de retour en piste pour nos 20km quotidien.

Nous continuons donc en direction du lac Alggajàvrre. La progression hors sentier est beaucoup plus aisée que ce à quoi je m’attendais et c’est tant mieux ! Même les quelques cours d’eau à traverser sont suffisamment bas pour ne pas nous gêner outre mesure. Nous avançons donc relativement vite dans cette magnifique vallée. Nous passons de petits cols en petits cols, dévoilant à chaque fois une nouvelle perspective. Ici, plus d’arbres évidemment mais de la steppe herbeuse à perte de vue. J’adore ce genre de paysage. On s’y sent tout petit et on respire.

Nous passerons rapidement la barrière à rennes qui sert aux Samis pour rassembler leurs bêtes. Nous la traverserons au niveau de la rivière mais il doit y avoir des « portes » pour la traverser ailleurs j’imagine. La pause repas sera faite un peu plus loin, en face de la Renvaktarstuga.

Les Renvaktarstuga sont des cabanes privées qui appartiennent aux Sames, vous ne pourrez donc pas les utiliser comme refuge pour la soirée. Sur les cartes vous trouverez de plus les indications « Låst » ou « Forfallen » à côté de certaines huttes ; cela signifie respectivement « Verrouillée » et « En ruine ».

Un petit peu après la pause repas, nous tomberons sur notre première traversée un peu complexe de rivière. En effet on trouve ici la confluence de deux bras qui forment un cours d’eau assez important au final. Il faut donc bien traverser un peu après la Renvaktarstuga et rester à l’ouest de l’ensemble des cours d’eau (rive gauche). Nous arriverons après quelques temps de recherche à traverser (presque) au sec en sautant de rochers en rochers. Encore une fois je pense que nous avons de la chance car le niveau des cours est bas en cette saison, il doit en aller tout autrement au printemps et la traversée doit être bien plus difficile !

Nous apercevrons rapidement Alggajàvrre qui marque notre point d’entrée dans le Sarek et un peu au dessus la Alkavare Kapell, une petite chapelle, vestige d’une période de prospection minière dans la zone.

Pour traverser le lac il y a deux possibilités : ramer ou passer par un pont. Vous trouverez donc vers l’extrémité Nord-Ouest et sous la Kapell, des barques pour traverser le cours d’eau.

Le système des trois bateaux : c’est un système que vous retrouverez en Suède et en Norvège. Pour traverser à la rame vous avez deux possibilités. Soit il y a deux bateaux de votre côté et vous en prenez un pour traverser, soit il n’y a qu’un bateau de votre côté et il vous faudra traverser, revenir déposer un second bateau qui est de l’autre côté et traverser une nouvelle fois. En résumé avec trois bateaux, on s’assure qu’il y en ait toujours au moins un de chaque côté et c’est de la responsabilité de l’utilisateur de l’assurer. Il faut donc jouer le jeu même si cela peut prendre du temps (on y reviendra à la traversée de Sitojaure) et faire en sorte qu’il y ait toujours un bateau au moins de chaque côté.

Pas de bol pour nous, il n’y a qu’un seul bateau de notre côté. Mais bon, la traversée doit faire 300m, on devrait s’en sortir.

On charge nos affaires, les bonhommes et le dernier (moi) pousse le bateau pour finir de le mettre à l’eau mais la problème : ça bloque ! Impossible de le faire décoller. Le niveau de l’eau est tellement bas que près de la berge il n’y en a pas assez pour que la barque flotte…

On aura beau décharger, pas moyens de faire flotter convenablement l’embarcation…. Bon… Etant donné qu’on sait qu’il y a un pont un peu plus haut on ne se prend pas la tête : on décharge la barque et on repart en direction du pont. Je pense qu’on aurait pu la mettre à l’eau en la vidant des sacs et tout, en enlevant les chaussures et en poussant dans l’eau mais hormis une certaine flemme à faire tout cela, on ne connaissait pas non plus la profondeur sur la suite du parcours, le pont paraissait donc une bonne alternative. Notons simplement que 2018 a été une année particulièrement chaude pour la Suède et ce même en Arctique, cela doit partiellement expliquer le niveau si bas du lac.

Nous revoilà donc en chemin vers le « Bro » qui se trouve environ 2km plus haut (pour repérer la zone de loin c’est dans l’ensemble de petites buttes qu’on aperçoit rapidement en repartant de la zone de la barque). On l’atteint donc vite et on se rend vite compte qu’il tire un peu la tronche ce pont …

Outre son petit côté rouillé et les quelques bouts qui pendent, on a le droit à une belle pancarte avec une main levée qui semble indiquer une interdiction de passer… N’ayant pas trop le choix on se lance tout de même, un par un. Ça craque et ça grince mais ça passe. Honnêtement, nous n’étions pas rassurés du tout à la traversée et je vous conseille de faire très attention si vous passez par là… (De retour en France et après traduction, on se rendra compte que le panneau signifie que le pont est en réparation et qu’il ne faut pas l’emprunter…).

Nous voilà de l’autre côté… Demi tour donc et c’est reparti en direction de la Kapell que l’on atteindra relativement rapidement si ce n’est la traversée de la rivière Gàjnàjjågåsj qui nous prendra un peu de temps car nous avons chercher un passage au sec.

Le détour par le pont nous a consommé du temps et nous avons moins avancé que prévu. Nous souhaitons donc continuer au moins jusqu’à l’extrémité Est du lac.

Nous progressons à présent dans une sorte de forêt miniature composées de buissons, à hauteur de taille ou d’épaules, particulièrement denses ce qui rend la navigation et la progression particulièrement difficiles. On avance donc tout doucement en nous frayant un passage. Il est sensé il y avoir un chemin dans le coin mais on le trouve pas et on a beau essayer en haut ou en bas, il y a rien à faire et franchement ça m’agace ! En plus Quentin commence à avoir une douleur suspecte au genou, il va falloir être vigilant.

Nous arriverons enfin à l’extrémité du lac et à un coin pas trop mal pour le bivouac après 23km de marche…une bonne journée.

La mise en place du bivouac est accompagnée d’une « agréable » petite pluie fine qui ne nous lâchera pas de la soirée … C’est donc pour moi un moment un peu morose dans la grisaille et le froid. C’est dommage, le coin doit être superbe sous le soleil.

Encore une fois nous ne tarderons pas à rejoindre notre duvet surtout que nous sommes bien fatigués ce soir mais bon soyons heureux, nous sommes concrètement dans le Sarek ce soir et nous allons commencer à l’explorer dès demain !

Jour 5 - Alggavàgge et la hutte magique


Nuit froide et pluvieuse ! Le réveil n’est donc pas très facile … mais le paysage compense : en effet une légère couche de neige a saupoudré la tête des montagnes environnantes c’est beau. L’ambiance matinale est très sereine mais les nuages referont vite leur apparition apportant au passage la pluie…

Nous nous remettons en route en cherchant le fameux chemin qui doit passer dans la zone. Alors honnêtement, hormis quelques traces de passages qui sont dues à l’humain mais aussi à des rennes, on ne trouvera pas de bon chemin pendant un moment. Non, on aura le droit à ces horribles buissons qui sont, de plus, trempés ce matin ! On est donc tout mouillé du pantalon et ça passe dans les chaussettes par capillarité. J’ai donc rapidement les pieds mouillés et pour tout vous dire, ils ne sécheront pas avant la fin du séjour … On progresse très lentement et on galère, c’est un sale début de journée ! Pour couronner le tout la douleur au genou de Quentin se fait vive et ressemble fort à une tendinite. C’est inquiétant pour la suite car on est à 40-50km minimum d’un point de sortie… Il va donc falloir que le genou tienne !

Après cette horrible zone, nous arrivons enfin dans un espace dégagé qui nous permet de marcher un peu plus vite même si on progresse parfois dans du marais qui finit de nous humidifier. Par contre la vue est superbe et les montagnes conservent leur bonnet de neige.

Nous prendrons la pause du midi (à 11h…) sur une petite proéminence et avec une vue magnifique sur la vallée en direction de l’ouest avec un grand troupeau de rennes en contre bas. Magnifique.

Nous entamons la descente côté ouest de la vallée. Au loin les sommets enneigés et les glaciers de Mihkàtjåhkkå et de Màhtujåhkkå.

La descente est facile et belle. Ne traversez pas la Ahkàvàgge, au contraire à ce niveau rester bien sur la gauche de la vallée (versant nord). Vous verrez au loin un Renvaktarstuga, que le semblant de chemin croise par la gauche. On croisera ici un beau troupeau de rennes assez curieux pour venir à une trentaine de mètres.

La confluence de deux vallées offre un magnifique paysage. C’est superbe, c’est ce qu’on est venu chercher.

On arrive après cette jolie rencontre à un passage potentiellement délicat : la traversée de la Guohperjåhkå. Faites cela « sous » le renvaktarstuga, on trouve des cairns qui indiquent le passage. Encore une fois, notre traversée a été facilitée par le niveau bas de la rivière mais au printemps ça doit être une autre paire de manches !

La suite de la progression sera relativement ennuyante surtout qu’il bruine ! Il n’y a pas vraiment de chemin bien marqué, tout au plus des traces de rennes … Essayez de rester sur les hauteurs ce sera plus facile pour avancer. En tous cas après quelques temps, on aperçoit enfin la petite cabane à côté du pont qui permet de traverser les gorges de Skàrjà. Je suis content on est tombé pas très loin, on s’améliore en navigation. J’ai hâte qu’on arrive car Quentin a bien mal à son genou, il faut qu’il le repose.

La descente vers la cabane sera rapide. Celle-ci est toute bête mais il y a l’essentiel : une table, deux banquettes et un espace de « stockage ». Par contre pas de quoi dormir convenablement, on monte donc les tentes dehors car nous arrêtons ici pour aujourd’hui. Le soleil refait même son apparition au bout d’un petit moment. Le coin est vraiment magnifique car il est à la confluence de plusieurs vallées. A 360°, des sommets, des vallées et la beauté brute du pays Samis.

Comme je le disais nous allons rester ici pour la nuit. L’endroit est beau, il fait beau et puis ça nous fera du bien d’être un peu à l’abri pour manger et faire la soirée.

Cette petite cabane, Mikkastuga, c’est un vrai moment de détente et de bonheur dans le trek, une bouffée d’air qui nous permet de trouver un semblant de confort. Nous passerons donc la fin d’après midi à nous réchauffer tranquillement au soleil ou à ranger un peu, nettoyer,… Nous aurons la visite d’un Finlandais qui se promène depuis 2 semaines dans le Sarek, pour faire des sommets, un personnage haut en couleur mais qui connaissait le « métier » !

Les heures passent, la lumière change en continue, j’ai envie de refaire la même photo toutes les 15min. Que ces grands espaces sont beaux !

Le soir nous feront un festin de roi : saucisson, fromage, pistaches, la fameuse fondue 4 fromages lyophilisée qui est devenue une tradition de rando, soupe, mousse au chocolat lyophi, amandes caramélisées, … De quoi refaire le stock de calorie pour le lendemain !

Nous sommes bien, il fait froid mais il n’y a pas de vent ce qui rend les choses supportables. Nous passons un petit moment à jouer aux cartes avant de rejoindre nos appartements dehors après quelques ultimes photos de nuit. Cette soirée est la meilleure que j’ai passé du trek et ce bivouac (grand luxe) est l’un des plus beaux de ces vacances. Cela nous aura fait un bien fou en ce milieu de parcours.

Je m’endors heureux, inconscient de l’horrible journée qui nous attend demain…

Jour 6 - L'horreur


Levé matinal et froid pour changer … Au moins il ne pleut pas… pour l’instant. On plie le camp et on repart.

Ici il y a un chemin pas trop mal tracé, on le perd de temps en temps mais on finit par le retrouver en général. Le genou de Quentin tire un peu mais on lui a pris du matos pour alléger son sac, ça a l’air de stabiliser la douleur au moins…

Vous verrez cette portion du chemin n’est pas compliquée. Il y a trois cours d’eau à traverser, pas de difficulté pour nous mais attention au printemps. Seule la Tjåggnårisjåhkå nous demande de passer un peu de temps à chercher un passage au sec. La trace bifurque après la rivière. Il faut que vous visiez la petite proéminence au loin baptisée Bielavàràsj (sur ma droite du plateau).

C’est à partir de ce point que la pluie fait son retour. D’abord légère, elle se renforce au fur et à mesure. Pour l’instant ça va même si l’ambiance est moins plaisante. En tous cas la vue est belle et la vallée impressionnante. Une dernière photo pluvieuse avant le début de l’horreur.

La suite du chemin nous amène à la partie technique de la journée. Le sentier passe sous la grande falaise du Bieltjåhkkå. On y croise un duo père/fille qui nous prévient que ça glisse fort et en effet déjà c’est de la rocaille bien lisse et la pluie n’arrange rien ! Pour couronner le tout, la végétation gorgée d’eau nous trempe le pantalon et la pluie tombe toujours plus fort. On se démerde donc dans ce passage en avançant doucement car ça dérape vraiment.

Au bout de 45min, on commence à être bien mouillé. On atteint enfin le plateau du lac Sàvvàjàvrre et là, on passe à un tout autre niveau. Déjà on est quasiment à 1000m, le mercure a donc bien baissé, mais on a surtout un fort vent de face (environ 50km/h) et on est dans les nuages. Prenez donc de la pluie, du vent et une température aux alentours de 0°C et vous avez le super combo. Rapidement on se retrouve mouillé jusqu’au caleçon (littéralement), la goretex abandonne la partie et on est aussitôt mouillé au niveau du torse. En gros on est entièrement trempé !

Commence alors un long moment de lutte, on perd notre température extrêmement vite, on se met donc à marcher comme des fous. Têtes baissées face au vent, on avance le plus vite possible pour se réchauffer de l’intérieur. On ne parle plus ou juste quelques blagues de temps en temps pour réchauffer l’ambiance qui règne.

On en parlera ensemble ensuite mais je peux vous dire qu’à ce moment on s’est tous senti extrêmement vulnérable au milieu. Déjà nous sommes à 60km de toute civilisation, le réseau téléphonique ne passe évidemment pas et même en cas de besoin les secours ne pourraient pas intervenir par cette météo. On est donc seuls, tous les trois, à marcher comme des fantômes pour fuir ce plateau qui est littéralement en train d’aspirer toute trace de chaleur dans nos corps.

Plus loin, avant d’attaquer la descente, nous ferons la rencontre fantomatique d’un groupe de rennes posés en train d’attendre la fin de la tempête. La descente sonne comme la porte de sortie de cet enfer de brume.

Les quelques dizaines de mètre de dénivelés refont monter légèrement le thermomètre mais nous sommes trempés et nous restons froid. Nous continuons donc d’avancer. On arrivera  vite dans une forêt de bouleaux détrempés qui continuera de nous mouiller.

Après de long kilomètres, on trouve enfin un spot où se poser. Le camp est monté à la hâte et on saute dans nos tentes respectives. Matthieu et moi nous mettons en caleçon car toutes nos fringues sont trempées. Directement sous la couverture de survie le temps de reprendre quelques degrés. Rapidement on s’habille avec des habits secs (heureusement les sacs à dos n’ont pas (ou peu) pris l’eau) et on se réfugie dans nos duvets.

Il nous faudra 3h pour revenir à une température convenable ! La pluie est tombée sans discontinu durant 7h. Le « soir » vers 17h elle s’arrête enfin et c’est heureux car il faut qu’on mange quelque chose de chaud pour récupérer. On sort donc « cuisiner » en caleçon car le pantalon est trempé. Les nuages se sont enfin levés et dévoilent un beau décor. On passe alors par un bon moment avec nos lyophi et la vue. C’est fou la vitesse à laquelle on passe d’une émotion à l’autre en rando : on alterne entre se dire « mais pourquoi bordel je suis ici ? pourquoi je fais ça? » à des moments de grâce offerts par une vue, un petit truc chaud à manger ou juste un bonne blague. C’est aussi ça finalement que l’on vient chercher ici, les choses simples qui ont un réel impact bienfaisant sur vous.

On se couchera tôt, la pluie reprenant en début de soirée. Heureusement nos duvets ne sont pas humides.

Cette journée aura été très riche en enseignement, tout d’abord et même si on le sait c’est la vitesse à laquelle une situation difficile peut arriver, c’est également le fait que l’eau arrivera toujours à traverser mais c’est surtout la rudesse du climat ici. Cet journée a changé notre perception de ce trek. On est passé de « balade » sauvage à rando engagée. Ce soir on a surtout envie de se barrer de là. Notre arrivée dans Rapadalen aura donc été bien sportive.

En terme de retour d’expérience, je pense qu’on s’est trop préparé en mode « Montagnes Françaises ». La Suède nécessite une approche particulière notamment pour ce qui est de la gestion de l’humidité. Après coup il va donc falloir qu’on revoit certains points. Mais bon rassurons nous aussi, on a surmonté cela et le duo père/fille suédois qu’on a croisé aujourd’hui nous dirons à Saltoluokta (où on les retrouvera) qu’ils ont eu pas mal de soucis aussi et que ça a été dur donc bon, si même les locaux expérimentés galèrent, ça va !

En attendant je m’endors, crevé, bien au chaud en écoutant la pluie dehors. J’espère qu’elle s’arrêtera d’ici demain matin.

Jour 7 - Rapadalen


Il a bien plu encore cette nuit mais au moins ce matin ça s’est arrêté… Par contre tout est évidemment encore mouillé de la veille. Je dois avouer que ce matin je n’ai aucune envie de me lever et enfiler des habits gorgés d’eau (pantalon, chaussettes,…).

Mais bon… il faut y aller. On plie donc le camp et on se met en route. On a pas trop mal récupérer de la veille mais Quentin a toujours aussi mal au genou gauche et celui de droite commence à faire des siennes aussi… c’est pas bon signe et il nous reste 60km à parcourir…

Le début du chemin se fait encore et toujours dans de la forêt dense et mouillée, on va pas sécher aujourd’hui… Par chemin j’entends une vague trace de piste qui semblerait avoir été récemment foulée par un humain étant donné les quelques traces de pas que l’on trouve ici et là. On est bien loin de la superbe Padjelanta et de son tracé 4 étoiles. Ici pas de chemin de planche dans les marais, il faut y aller directement et jusqu’à mi-mollets parfois. Et niveau marais on est servi aujourd’hui. De toute façon pour résumer on a le choix entre la forêt de bouleaux humides, les marais et une broussaille dense à hauteur d’homme qui vous fouette le visage… Un vrai bonheur.

Malgré tout on progresse et les quelques passages proches de l’eau révèlent à chaque fois un magnifique paysage avec, en toile de fond, le Gådoktjåhkkå tout saupoudré de neige fraîche.

Plus on avance et moins la trace est visible. Elle disparaît souvent au niveau des rivières et des marais.

Début d’après midi, Nammàsj (prononcé Nammatche) est en vue, c’est notre destination. Nous cherchons à poser le camp près du débarcadère qui mène normalement à Akste mais qui n’est plus en service à cette période.

Nous atteindrons notre destination vers 16h. Nous avons un joli espace de bivouac et surtout une vue incroyable sur Rapadalen.

Le camp installé, on s’atèle à nos tâches classiques : séchage des affaires (on a même la chance d’avoir du soleil !), photo, soin des pieds… D’ailleurs pour ce qui est des pieds, les miens commencent à en avoir un peu marre d’être trempés si bien que j’ai quelques plaies ouvertes au talons et un orteil qui commence gentiment à puruler… mais bon, quand vous marchez 8h par jour dans des marais il faut pas s’attendre à mieux – on a d’ailleurs croiser une Suédoise plus tard qui avait une philosophie intéressante : « Get wet and accept » (Sois trempé et accepte le)…

On allumera un petit feu ce soir. De quoi se réchauffer un peu même si le bois humide ne chauffe pas très fort.

La journée aura été bonne au final et on a bien progressé malgré le terrain difficile et le genou de Quentin. Le bivouac est vraiment beau et agréable. Encore une fois les lumières du soi donnent envie de faire des photos en continue.

Parce que ça caille et nous ne tarderons pas à rejoindre notre douillé duvet.

Jour 8 - Skierffe, Kungsleden et Sitojaure


Il a fait froid cette nuit ! Avec Matthieu ça a été car on est à deux dans la tente et on a de bons duvets mais Quentin s’est bien pelé. On a eu environ -5°C. Ce qui est marrant c’est qu’étant donné que tout est trempé, et bien tout a gelé, même les chaussures. On a donc le bonheur d’enfiler des bons gros blocs de glace dès le lever.

Par contre qui dit nuit fraîche dit jolie ambiance matinale ensoleillée :

La première étape de la journée consiste à réaliser l’ascension du Skierffe. Juste 600m de D+, ce n’est pas énorme mais il n’y a pas de chemin de ce côté-ci ce qui change pas mal la donne au final. On se met donc en route hors sentier à travers la forêt de bouleaux encore une fois relativement dense.

Afin de vous repérer je vous conseille de viser la cascade qui descend sur la gauche du Skierffe. En suivant ce cap vous ne rencontrerez pas de grosses difficultés. Il y a juste la Nammàsjjåhkå à traverser mais en cherchant un peu on peut trouver un passage à guet.

Nous arrivons rapidement au début de la montée qui se fait en grande partie dans la forêt. La pente est assez raide et l’absence de chemin n’aide pas mais en y allant tranquillement pas de soucis. De plus la vue est de plus en plus belle à mesure que l’on s’élève ce qui donne du baume au coeur :

Vous atteindrez un « faux » replat en haut de la montée là où les arbres se font plus rares. Prenez en direction de la droite (plein est) à ce moment. Une fois la cascade passée par le dessus, vous entamez la longue pente finale vers le sommet. Je vous conseille de ne pas trop marcher près de la falaise, déjà par sécurité mais surtout pour avoir la surprise de la vue au moment où vous arriverez au point culminant du Skierffe.

Et je dois vous dire que cette vue est absolument magnifique ! D’en haut vous embrassez en un regard Rapadalen et son delta, Nammàsj tout petit en bas, Tjahkelij, les lacs de Làjtavrre et de Tjaktjajàvrre,… C’est époustouflant ! Au nord vous pourrez également admirer les grandes landes vides qui s’étendent jusqu’au lac Sitojaure. Le Skierffe tient ses promesses en tous cas et nous sommes heureux et loin de la rudesse des derniers jours. C’est pour cela aussi qu’on marche : voir ces paysages uniques et merveilleux de ses propres yeux.

Nous profitons de ce lieu magique pour faire notre pause du midi. Toutefois à 1179m d’altitude il fait froid surtout dans le Grand Nord, on se refroidit rapidement étant statiques. Encore quelques photos et nous reprenons la route.

La suite du chemin doit nous mener vers le lac Sitojaure, pour cela nous devons rejoindre la Kungsleden mais le sentier redescend vers Akste pour remonter. On décide donc de couper tout droit en passant près du Doaresoajvve. On se retrouve donc encore une fois hors sentier dans un terrain très agréable marchant en toute liberté. Les paysages sont superbes : de la toundra à perte de vue avec en toile de fond de grand sommets tous blancs.

Nous rejoignons enfin la Kungsleden qui nous parait une autoroute après ces 7 jours dans la pampa : le chemin est large, parfaitement marqué et surtout balisé tous les 10m. En bref on avance vite sur la fin du plateau et ensuite dans une forêt/marais relativement triste.

Vers 16h30 nous arrivons en vue de la petite cabane près de l’embarcadère qui permet de traverser le lac. D’ici on peut prendre un bateau à moteur mais comme nous n’avons pas assez de couronnes suédoises sur nous (400Kr/pers), on se dit que l’on va ramer sur les 4,5km sauf que … il y a 0 bateau à rame ! Il devrait y en avoir au moins un sauf que là non… C’est un problème !

Heureusement pour nous il y a une américaine qui attend depuis 1h le bateau pour passer de l’autre côté. On va donc attendre que la pilote arrive et voir avec elle comment on peut s’arranger pour payer notre traversée (euros, virement,..).

Commence alors l’attente, on ne sait pas à quelle heure elle va passer, il y a juste un mot disant qu’elle le fera… Nous attendons donc en papotant avec la randonneuse américaine, en grignotant, en improvisant une pétanque à base de galets,…

Le temps passe et se fait long, au bout de 2 heures d’attente on commence à se demander ce qu’on va faire….

Heureusement, notre pilote arrivera vers 18h30. Heureusement également elle accepte les euros, on va donc pouvoir traverser ce soir et ne pas perdre de temps. On embarque donc tous les quatre et c’est parti pour 10 minutes de traversée.

La distance est vraiment longue jusqu’au petit village de l’autre côté. Je pense qu’en ramant c’est possible mais c’est une bonne étape  à ne pas entreprendre si il y a trop de vent ! Et je ne parle même pas du cas où il faut refaire un aller-retour supplémentaire pour ramener un bateau de l’autre côté. Je vous conseillerai donc de privilégier le passage avec le bateau à moteur même si c’est cher.

Nous arrivons donc de l’autre côté, nous débarquons et nous prenons le temps de papoter avec la pilote qui est également éleveuse de rennes. Initialement on s’était dit que nous resterions bien à la Sitojaurestugorna pour la nuit (un refuge) mais elle nous conseille de continuer la route 3km plus loin pour bivouaquer et dépenser les 50€ de la nuit (500kr) à Saltoluokta qui est plus sympa d’après elle.

Nous reprenons donc la route au crépuscule en marchant rapidement pour essayer de ne pas arriver de nuit. La Kungsleden est toujours aussi « roulante », on a donc besoin de juste 45 minutes pour couvrir les 3km jusqu’au point de bivouac près d’un point d’eau.

Il fait déjà sombre lorsque nous montons le camp. Nous aurons la visite d’un beau renard roux, pas craintif qui approchera à quelques mètres en vue de glaner un peu de nourriture je pense. Il s’en ira au bout d’un moment nous laissant à nos lyophi mangés à la lumière de la frontale.

Le ciel est clair, il va encore faire froid ce soir. On se couche pour la dernière fois dans nos tentes car demain c’est la dernière journée.

Jour 9 - Dernier jour vers Saltoluokta


Le mercure est encore descendu bien bas cette nuit comme en témoigne la tente gelée au réveil. Le soleil levant dévoile également le magnifique paysage qui nous entoure et dont on a pas pu profiter hier. J’adore ces ambiance de petit matin où tout est calme et apaisé.

Nous plions le camp une dernière fois et nous reprenons la route pour les 15km qui nous séparent de la fjallstation de Saltoluokta.

Les paysages sont réellement superbes sur toute cette portion de chemin, de plus nous avons la chance d’avoir un grand soleil aujourd’hui, le temps parfait pour finir le trek. C’est le premier jour sans aucune pluie.

Nous avançons donc le coeur léger contents de retrouver la civilisation après ces 8 jours pas toujours faciles.

Il ne nous faudra que 4h pour parcourir la distance qui nous sépare de la « station », 4h de spectacle offert par la nature :

Nous arriverons à Saltoluokta vers 13h. Il y a pas mal de monde ici, c’est même surprenant et un peu déstabilisant après une semaine en ayant croisé presque personne. Il me faut toujours un petit moment pour atterrir…

Le reste de la journée sera partagée entre une petite bière, un tour au sauna avec une vue magnifique sur le lac et la vallée, un bon repas le soir (~25€).

Le soir nous attendrons les aurores et nous serons récompensés par un beau spectacle ! Une formidable façon de finir ce trek.

Nous nous endormirons donc la tête pleine d’aurores boréales bien au chaud dans notre chambrée.

Le lendemain nous prendrons le bateau à 12h30 et ensuite le bus direction Kiruna où nous passerons une journée avant de revenir en France.

Dès le trajet en bus, nous ressentirons une nostalgie des grands espaces et du « Wild ». Nous disons malheureusement au revoir à la Laponie mais déjà nous souhaitons repartir vivre encore une fois une telle expérience.

Conclusions


Quelle aventure ! J’ai eu envie d’aller au Sarek dès que j’en ai entendu parler et mes espoirs n’ont pas été déçus. Le Sarek est sauvage, dur, beau, époustouflant. La dimension de la Nature, que ce soit les paysages ou la météo, vous font sentir tout petit. Il est rare de nos jours, en Europe tout du moins, de pouvoir marcher 3, 5 ou même 7 jours sans croiser une vraie structure humaine ni même des personnes ou bien juste 2min le temps de se croiser. 

Ce trek aura toutefois été l’un des plus durs que j’ai fait et il en est de même pour mes acolytes. Le terrain aura été la principale difficulté mais la météo n’aura rien arrangé. Mais bon, à côté de cela, la récompense qu’offre les paysages et tous ces petits moments indescriptibles compensent largement les difficultés. Quelques jours après notre retour Quentin parlait d’amnésie à la douleur, j’aime bien cette image. On oublie ce qui faisait mal et on ne garde que le bon et on a tout de suite envie de repartir encore un peu plus loin, un peu plus longtemps. Je ne sais pas encore où cela sera mais ce qui est sûr c’est que l’appel du Nord va encore être fort dans les prochains mois.


Vallée de la Kungsleden - Laponie

Kungsleden - De Nikkaluokta à Abisko

9jours

into the wild

96km

parcourus

1500m

D+

140km

au nord du Cercle Polaire

« L’Appel Sauvage » a encore été fort cette année ! Nous y avons évidement répondu : direction la Laponie Suédoise cette fois-ci avec Matthieu, Quentin dans la région du Kebnekaise pour une dizaine de jours fin juin entre Nikkaluokta et Abisko.

Initialement nous voulions suivre la Kungsleden sur cette portion mais nous avons fait évoluer la route durant la préparation et surtout sur place comme je l’expliquerai ci-dessous.

Notre motivation pour ce trek était surtout de se retrouver dans de grands espaces sauvages avec le moins de contact humain possible, en toute liberté. La Suède et la Laponie sont parfaits pour cela et nous avons vraiment pu profiter de la Nature et du grand air…

Suivez nous donc durant ces 9jours au milieu des forêts de bouleaux, dans les marécages ou la neige, loin de la civilisation, seuls et heureux de l’être !

L'itinéraire


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A l’origine nous voulions avant tout partir dans une région reculée avec peu de contact humain et au sein de laquelle nous pouvions vivre « la Grande Vie ». La Laponie Suèdoise était le terrain de jeu parfait grâce à l’isolement qu’offre la Lapland (la Laponie Suédoise) et à la loi de l’allemansrätt.

En Norvège et en Suède, existe une loi qui stipule que la Nature appartient à tous et que chacun peut en profiter librement, dans son respect évidemment – Plus d’infos. Cette loi et cet état d’esprit permettent donc de jouir de la Nature Scandinave tout à fait librement et quasiment sans contrainte « humaines » contrairement aux espaces sauvages français qui sont très réglementés (ce qui est aussi bénéfique pour leur sauvegarde).

Nous avions donc décider de parcourir la Kungsleden entre Singi et Abisko en démarrant à Nikkaluokta mais après quelques recherches sur internet et des retours du terrain, nous décidâmes dans un premier temps de partir dans la Vallée de Vistas pour ensuite couper par les montagnes au niveau de la cabane de Raïtastugan et rejoindre le tracé classique.

La Kungsleden, le chemin Royal, dans son ensemble, est un parcours de plus de 400km entre Hemavan et Abisko. Il traverse les espaces sauvages du Nord Suédois entre le Sarek, le Vindelfjallen ou les montagnes de Saltoluokta. La portion Singi-Abisko est surement la plus courue car des refuges sont présents à peu près tous les 20km permettant ainsi de pouvoir parcourir cette portion de 90km avec un sac léger si on dort en refuge.

Le problème est que ce trajet était bien sur le papier mais l’hiver a été très tardif cette année et les conditions de neige ainsi que les retours qu’on a eu des locaux nous ont dissuadés de le suivre comme je vous le présenterai en détails dans le carnet. Nous avons finalement parcouru la vallée de Vistas dans son intégralité avant de rejoindre la Kungsleden à Alesjaure. Nous avons ensuite changé de vallée deux autres fois afin d’éviter de croiser du monde, nous avons donc marché dans la vallée de Gama puis celle de Kårsavagge. Ce parcours est intéressant car il est plus isolé de la Kungsleden et du nombre relativement important de personnes qui le parcourt (environ 50-100pers./jours en haute saison) ; il offre une bonne diversité de paysages entre forêts de bouleaux et toundra de montagne.

Départ et premier jour : début du voyage et premières galères


Rendez-vous à 8h à Charles de Gaulle pour le départ. J’y retrouve Matthieu et Quentin avec nos (énormes) sacs à dos remplis de 10 jours de nourriture, on ressent l’excitation du départ et l’envie d’en « découdre » avec nos 100km dans la « pampa ».

Le vol de 2h30 est rapide ; nous voilà donc à Stockholm (plus précisément Arlanda). Nous avons décidé de faire la suite du voyage en train. Ce moyen de transport permet de prendre le temps, de vivre la transition vers le nord en douceur,…, surtout avec 21h de voyage…

Avant de prendre le train, nous devons l’attendre, on attaque donc 5h passionnantes à l’aéroport. On en profite pour refaire les sacs et revoir un peu le trajet.

Le train part à 18h, nous avons pris un compartiment de nuit à trois, ils sont pas mal mais un peu petit avec les sacs (à noter qu’il y a des douches ce qui est appréciable). On passera une bonne partie de la soirée à jouer aux cartes et à regarder le paysage défiler, celui-ci est principalement une succession de lacs et de forêts avec de temps en temps une petite ville…

La nuit, le soleil ne se couche qu’à peine, le cercle polaire se rapproche…

On ne dort pas si mal que ça dans ces petits compartiments. Il doit être dans les 7-8h lorsqu’on se lève. Re-jeux de cartes en prenant le petit déjeuner. On change de train vers 10h à Boden. Celui-ci a plutôt un format TER. La ligne part de Luleå et file vers Narvik à l’entrée des Iles Lofoten, il y a donc beaucoup de randonneurs. Ces 4 heures de trains paraissent longues, on les passe à regarder les paysages nordiques, on verra quelques élevages de rennes et deux élans non loin des voies.

Nous arrivons finalement (et enfin!) à Kiruna. L’arrivée est impressionnante car on passe devant l’immense mine de fer (27500 tonnes de minerais extraits chaque jours). La gare est située un peu en dehors de la ville, on rejoint le centre par une navette gratuite. De là, direction l’office du tourisme car on veut avoir quelques infos sur les moyens de transport pour Nikkaluokta.

En effet, les bus quotidiens ne commencent que le lendemain (26/06), nous souhaitions donc prendre un taxi. La dame au comptoir nous dit que c’est possible de se rendre sur place en taxi, par contre, d’après elle et un mail qu’elle vient de recevoir, la Kungsleden est quasiment impraticable car recouverte à 80/90% de neige ou bien est totalement marécageuse dans les zones sans neige… Coup dur ! A l’écouter, notre entreprise est vouée à l’échec du fait des conditions…

On essaie donc de réfléchir aux options : y aller quand même, attendre le lendemain pour avoir plus d’infos, changer totalement de lieu, … Changer de lieu : non, ça sera pareil et on a rien préparé ; reporté, à quoi bon ça repousse juste le problème sans changer grand chose à la situation; il nous reste donc la première option.

On décide donc d’aller voir sur place et si c’est pas bon, demi-tour et on avisera…

Nous voilà donc en taxi (après avoir mangé un horrible kebab dans Kiruna) direction Nikkaluokta. Je suis content de retrouver ces paysages du nord et leur ambiance sauvage…

1h30 et un petit dodo plus tard, nous arrivons enfin à Nikkaluokta, véritable départ de notre trek après 35h de voyage!

Il n’y a pas grand chose sur place si ce n’est une grande battisse qui fait office de restaurant, hôtel, boutique et surtout un sentiment de bout de monde et de début d’aventure.

Avant de partir on passe voir la gérante pour essayer de glaner quelques informations sur les conditions de terrain. Elle ne possède pas beaucoup plus d’infos que la dame de l’office du tourisme et nous confirme bien qu’il y a beaucoup beaucoup de neige (ce que l’on voit déjà facilement car toutes les montagnes alentours ont la tête blanche). Des pilotes d’hélicos du coin passent lorsque nous sommes en train de discuter avec la dame, ils nous confirment encore une fois que la neige est présente en masse et nous disent qu’ils ont même évacué des personnes la veille… Ce n’est pas très engageant … Avec toutes ces infos on reste sur l’idée de partir dans la vallée de Vistas car elle monte moins haut que la Kungsleden et donc sera plus déneigée sur le début. Les pilotes ne savent pas les conditions en fond de vallée,… on verra donc, au pire ça sera un demi tour.

Nous voilà enfin prêt ! On a les infos, les sacs sont pleins, il fait beau… Une dernière photo et C’EST PARTI !

Le début du chemin se fait sur la route pour 2km. On bifurque ensuite sur la gauche pour entrer dans la forêt et surtout dans le vif du sujet. On se fait directement accueillir par les moustiques !

En été, le grand Nord peut être un véritable enfer à cause des moustiques qui pullulent en très grand nombre étant donné qu’il y a beaucoup de marais. Nous espérions en avoir peu en juin ce qui aura finalement été le cas (surtout « grâce » à l’hiver tardif). Ils se font également plus rares à partir de fin août.

Le problème c’est qu’on a fait une erreur ! Sur la route, on a tourné trop tôt. Conséquence : on suit un chemin sur quelques centaines de mètres mais celui-ci disparaît rapidement. On se retrouve alors à marcher soit dans de la forêt broussailleuse ou bien, Ô bonheur, dans des marécages gorgés d’eau ! Comme on le voit sur la carte ci-dessous, on était pas loin du vrai chemin, mais la résolution de notre carte papier (1/75000e) ne nous à pas permis de retomber sur nos pattes surtout que nous ne savions pas dans quel état était le « vrai » chemin.

Nous luttons donc pour avancer sur ce terrain horrible, les pieds et le pantalon trempés tout en étant attaqués par les moustiques, je finis même à un moment dans une sorte de trou d’eau caché par de la mousse avec le niveau au dessus des genoux, ce qui mouille l’appareil photo et « améliore » mon humeur…

Au final on aura fait 2km en 2h… A cet instant je me dis que ça va être un véritable enfer si tout le chemin est comme ça…

Il commence à se faire tard et nous sommes fatigués du transport, nous nous mettons donc à la recherche d’un coin pour la nuit. Après quelques hésitations nous trouvons celui-ci directement à côté de la rivière sur un terrain acceptable.

On monte donc le camp en se battant un peu avec les moustiques et en esquivant les fourmilières en grand nombre ici. L’ambiance va vite mieux après que l’on ait lancé un petit feu …

Repas rapide et vite au lit pour une nuit sans nuit, on est tous un peu fatigués. En tous cas, la vue est belle avec le soleil bas sur l’horizon et on peut voir ce qui nous attend demain dans la vallée. Je m’endors toutefois inquiet pour la suite, entre marécages infranchissables, neige et moustiques, … On verra demain, on est quand même pas mal…

Deuxième jour : Plus loin dans la Vallée de Vistas


Nous avons bien dormi malgré le soleil de minuit, je n’avais pas retrouvé cela depuis mon expédition au Svalbard. On vit les heures de la journée différemment.

On ne s’éternise pas trop car les moustiques se font pressant… Une fois le camp plié, on décide de partir perpendiculairement à la direction du chemin car on s’est dit, après lecture attentive de la carte, que le bon chemin devrait être par là… et voilà que nous croisons 200/300m plus loin un superbe chemin en planche de bois comme on trouve en Scandinavie (dans les Lofoten par exemple) ! Nous nous étions donc bien trompés hier… Pas grave.

Nous avançons évidemment bien plus vite sur ce bon chemin. Il fait grisou aujourd’hui mais les paysages sont agréables. Pour l’instant nous n’avons croisé personne depuis que l’on a quitté Nikkaluokta…

Arrivés à une grosse rivière, le chemin se fait plus discret dans les hautes herbes, on se trompe donc en partant sur la droite mais ceci est une chance car nous tombons sur un élan en train de paître gentiment à 50m de là… L’absence de bois me fais penser que c’est une femelle, elle n’est pas très grosse mais la bête est toutefois impressionnante. Elle nous laisse l’observer 1 minute puis s’éloigne sans trop se presser révélant, au passage, un second élan caché plus loin dans le sous bois…

Nous retrouvons le bon chemin après cette jolie rencontre. La traversée de la rivière se fait sur un pont de fortune en troncs de bouleaux. Nous croiserons ensuite un groupe de quatre Russes qui sont passés par les montagnes il y a quelques jours, bonne nouvelle ! On peut donc passer malgré la neige, les conditions se sont pas si horribles que ça.

Nous continuons la route à un bon rythme en prenant le temps d’admirer les paysages. Derrière nous, Nikkaluokta parait déjà loin, le réseau téléphonique a disparu depuis ce matin (on ne le retrouvera que l’avant-dernier jour du trek), nous sommes à présent vraiment au sein de la Laponie sauvage !

Il y a de nombreuses rivières à traverser sur le chemin, beaucoup sont relativement étroites, d’autres plus larges ou plus débitantes demandent un peu de jugeote. Mais celle devant laquelle nous sommes va être compliquée à traverser sans enlever les chaussures et le pantalon… C’est donc parti. On traverse chacun son tour, l’eau est gelée ! Elle arrive directement de la fonte des neiges et n’a pas eu le temps de se réchauffer …

Le chemin continue ensuite gentiment. Lors de la pause midi nous croisons deux Allemands qui arrivent d’où on veut aller ! Bonne nouvelle surtout que nous avons également croisé des Hollandais qui, eux, ont fait demi tour en direction de Nallo… Le chemin qu’on veut faire est donc réalisable même si on va un peu lutter d’après les dires des Allemands…

La journée est longue, surtout que nous ne sommes pas encore « chauds » et que les sacs sont lourds en ce début de trek. Quentin commence à ressentir des douleurs sur la crête iliaque et souffre un peu en marchant, pour ma part je commence à en avoir un peu marre, ça fait bientôt 16km qu’on marche. Deux gars qu’on a croisé un peu plus tôt (avec 10 personnes cette journée aura été la plus peuplée du voyage) nous ont dit qu’il y a des spots de bivouac très sympa plus loin à côté d’un pont. On décide donc de pousser encore 2km.

Et en effet, on trouve un emplacement parfait pour le bivouac : terrain plat en herbe rase, rivière en contrebas à 20m, coin pour le feu de camp… Parfait !

Cerise sur le gateau : je repère un troupeau de renne dans la forêt un peu plus loin ! Ils ne nous ont pas vu, on s’approche donc discrètement pour les observer. Ils nous repèrent évidemment avant longtemps et s’échappent en nous gardant à l’œil.

Le camp sera vite installé et le feu rapidement lancé. Il fait relativement frais ce soir. Chacun se lave un peu à la rivière (l’eau est toujours aussi froide) et on profite d’un « bon » repas à base de lyophilisés et saucisson/fromage au coin du feu. On est bien ce soir là, on se sent libre. Nous sommes en train de vivre ce pour quoi on est venu, on a de la chance.

Fin de journée plus optimiste que la veille. A priori ça passe bien jusqu’à Alesjaure mais ça sera compliqué ensuite jusqu’à Abiskojaure…

Troisième jour : jusqu'à Vistasstugan


Encore une bonne nuit même si le bruit de la rivière était assez présent. On plie, on range, on démarre. Le programme de la journée est léger : direction la cabane/refuge de Vistas à 10km de là.

Mais avant de reprendre la route : atelier bricolage ! En effet, les chaussures de Matthieu montrent des signes de fatigue inquiétant au niveau des semelles. Celle du pied droit est déjà bien décollée et celle du pied gauche ne va pas tarder… C’est pas cool pour la suite du trek. Heureusement j’ai pris mon gros scotch d’escalade qui est solide, on va donc essayer de maintenir la semelle en place ainsi et changer le scotch le soir, au pire Quentin en a aussi un peu et on a un peu de ficelle… On va bricoler mais faudra que ça tienne.

Nous revoilà en route, toujours plus loin dans la Laponie sauvage. Le début du chemin nous emmène vers un petit pont qui permet de traverser une rivière infranchissable autrement, plus loin, rebelote, petit pont qui traverse une belle rivière et qui offre une vue superbe sur la vallée en aval.

La carte montre la présence d’une hutte proche du deuxième pont. Nous ne sommes pas rentrés à l’intérieur mais celle-ci à l’air plus que sommaire.

Le chemin nous mène ensuite vers Vistasstugan. Nous y arrivons 4h après le départ du camp ce matin (sans se presser). La journée de marche aura été courte.

Vistasstugan est normalement gardé mais le gardien n’arrivera que 2-3 jours plus tard d’après ce qu’on nous a dit à Alesjaure le lendemain. Les installations couvrent une surface assez grande car il y a plusieurs bâtiments d’habitation ou technique et même un sauna !

En ce qui nous concerne on se dirige vers la cabane d’hiver (celle proche du pont) qui reste ouverte annuellement et qui contient en particulier un téléphone de secours en cas d’urgence. La cabane est vraiment sympa, c’est même étonnant à quel point c’est bien aménagé, entretenu et propre ! L’ambiance à l’intérieur est très cosy, il y a quatre lits (relativement confortables), une table, un superbe poêle qui chauffe très bien, du gaz et une petite gazinière (grand luxe) et pas mal de matériel de cuisine. On se croirai à la maison !

Nous prenons possession des lieux pour la journée et la nuit, voilà trois jours déjà que nous sommes partis et cela serait bête de pas profiter de ce petit confort histoire de bien charger les batteries, surtout que d’après ce qu’on sait, les prochains jours vont être durs !

A peine installés, nous sommes accueillis par des rennes qui passent en plein milieu des cabanes.

L’après-midi commencera par un copieux repas suivi d’une alternance de sieste, « douche » à la rivière, jeux de cartes (beaucoup) et tout simplement profiter du moment.

On lancera également un feu dans le poêle histoire de se réchauffer et de faire sécher les affaires, ce dernier donne très bien, il fait donc vite très(trop) chaud dans la cabane mais c’est pas mal.

Vistasstugan est un beau site, il offre une jolie vue sur les montagnes alentours, sur la vallée. On y trouve également le début du chemin pour Nallostugan.

Nous serons rejoint, en début de soirée, par deux américaines qui arrivent d’Abisko, ce qui est une bonne nouvelle car cela fait deux groupes qui arrivent de cette direction, c’est donc bien réalisable. Comme on a pris trois lits sur les quatre de la cabane elles décident de planter la tente un peu plus loin, on partagera tout de même le repas et la chaleur du poêle.

On ne se couche pas trop tard car demain on a une longue route jusqu’à Alesjaure.

Bien que le refuge soit non gardé il y a une petite « taxe » dont on doit s’acquitter (250SEK / nuit / personne). Vous pouvez régler le montant par versement bancaire ou bien au bureau STF à Abisko (et peut être à Nikkaluokta mais j’ai un doute).

Quatrième jour : de Vistasstugan à Alesjaure


Direction Alesjaure après rangement et nettoyage de la cabane. Les batteries sont bien rechargées, le scotch sur les chaussures de Matthieu mis, les sacs blouclés… C’est parti pour 19km !

Nous quittons aujourd’hui la vallée de Vistas après trois jours à la traverser. Nous commencerons à prendre un peu d’altitude pour arriver au final  à un petit col qui nous permettra de « descendre » sur Alesjaure.

La végétation change rapidement, les arbres se font de plus en plus rares et rabougris, la toundra prend la place. Le fond de la vallée est beau et sauvage en tous cas.

Nous aurons la chance de passer non loin d’un couple de rennes peu de temps après le départ. Ils ne manqueront pas de manifester une certaine curiosité durant leur fuite. Les rennes sont, ici, habitués à l’homme étant donné qu’ils appartiennent aux Samis et sont parqués plusieurs fois par an pour être comptés ou marqués.

Le chemin est bon et relativement sec sur cette portion. On avance bien.

Nous ferons la pause du midi en face de la cabane de Renvaktarstuga, on aurait aimé qu’elle ne soit pas de notre côté de la rivière (qui semble compliquée à traverser) car il bruine un peu.

Plus loin nous traverserons la Moarhmmàjhoka sur un autre petit pont, tous sur le même modèle, simple mais efficace. Juste derrière, nous entamons la montée sur le col. Derniers regards sur la vallée de Vistas qui aura tenu ses promesses en terme de paysages et d’isolement.

Nous croiserons ensuite trois groupes distincts, des Suisses, des Estoniens et des Allemands qui arrivent tous d’Abisko. Ils nous donnent tous la même version du chemin, c’est à dire réalisable mais on finit trempé et on a souvent la neige au dessus des genoux voir de la taille pour la portion Alesjaure/Abiskojaure… Malgré la bagarre qui semble-t-il nous attendre, nous passerons ce qui est toujours mieux que de faire demi-tour (les américaines de la veille nous ont quand même dit qu’un groupe de 9 personnes avaient appelé l’hélico à Alesjaure pour faire demi-tour…).

Le chemin passe ici sur une sorte de plateau. On commence à avoir nos premières plaques de neige. Celle-ci est plutôt bonne et ne nous pose pas de problème. On ressent bien que nous sommes en altitude car les arbres sont quasiment absents et les lacs encore partiellement gelés !

La cabane de Tjatjajaurekåtan est une ruine, elle peut toutefois offrir un relatif abri au vent pour une pause où si on bivouaque non loin, ce qui doit être sympa d’ailleurs.

Nous entamons rapidement la « descente » sur Alesjaure. Durant celle-ci nous passons non loin d’Alisjàrvi un campement Sami encore inoccupé car nous sommes un peu tôt dans la saison. La vue sur le lac permet de constater, qu’en effet, il y a beaucoup de neige sur cette partie de la Kungsleden.

Comme il commence à se faire tard dans l’après-midi la neige a ramolli, on passe donc un peu au travers mais rien de terrible pour l’instant. Quelques traversées de rivières et on arrive enfin à Alesjaure.

Alesjaure est une grosse installation, il y a pas mal de cabanes. Je ne sais pas combien de personnes peuvent être accueillies ici mais on se dit qu’il doit y avoir pas mal de monde sur la Kungsleden à la haute saison.

Nous ferons un stop au refuge, le temps de discuter un peu avec les sympathiques gardiens des conditions et de leur faire notre retour sur l’état du chemin côté Vistas.

Nous ne resterons toutefois pas dormir ici, nous préférons poser le bivouac un peu plus loin. On continue donc 300 mètres plus loin et on trouve un bel emplacement qui offre une vue imprenable sur la vallée. La végétation a bien changé, ici on ne trouve que des arbrisseaux et de l’herbe rase.

Le camp est vite installé, on se relaxe car nous avons bien marché. Matthieu part à la recherche de baies et nous ramène quelques camarines noires (c’est dommage d’ailleurs car il y a encore peu de baies étant donné que l’hiver a été tardif).

La fin de soirée sera fraîche car le vent souffle fort et il descend directement des montagnes. On a toutefois quelques passages ensoleillés qui permettent de profiter.

Demain nous attend une journée difficile, on mange donc pas mal et on se couche tôt.

Cinquième jour : la journée difficile (ou pas) !


Une journée de plus en pleine Laponie Suédoise et pas des moindres car aujourd’hui nous attaquons la partie tant redoutée depuis le départ.

Notre stratégie pour la journée est établie : la majorité des groupes rencontrés ont suivi le « vrai » chemin de la Kungsleden en longeant le lac or la forme de la vallée fait que l’eau ruisselle et stagne dans cette zone ce qui rend la neige mauvaise et que l’on finisse trempé à patauger dans un mélange neige/marais. Nous avons donc choisi de passer plus en hauteur vers 800-850m afin d’être dans une zone où l’eau ne stagne pas et de profiter de l’altitude pour avoir une neige un peu plus froide.

D’après les retours qu’on en a eu la principale difficulté est concentrée sur la traversée d’une importante rivière 2km après Alesjaure et dont les ponts de neige en partie basse sont cassés, nous espérons donc en trouver de bons sur notre chemin, plus haut.

Nous prenons donc la route après avoir plié le camp, au bout de cinq jours chacun a à présent ses réflexes, ses rituels, on est à présent à 100% dans le trek. Il faut avouer que l’absence de réseau est positive pour cela car on est réellement déconnecté du monde extérieur.

Le début du chemin est bon et on profite de la fraîcheur matinale pour progresser rapidement sur la neige dure. On s’enfonce un peu quelques fois mais rien de dramatique. La fameuse rivière se rapproche mais pour l’instant aucun problème et pour couronner le tout il fait beau !

Nous arrivons donc en 45min à la rivière, on comprend rapidement pourquoi elle peut poser problème : elle est relativement large et le débit est impressionnant. Coup de chance nous tombons directement sur un pont de neige qui semble solide. Pour plus de sécurité on traverse chacun son tour ; ça passe tout seul ! C’est un moment de joie car nos appréhensions des jours précédents s’envolent, il fait beau et le paysage à cet endroit est magnifique ! On prend le temps de le savourer.

Nous restons ensuite sur les hauteurs car on voit bien que le fond de vallée est gorgé d’eau. On progresse relativement vite, il n’y a personne, c’est agréable et le soleil ne gâche rien à tout cela. La vue sur la vallée, en amont comme en aval, est magnifique.

Nous rejoignons la Kungsleden au niveau d’un « rengärde », un grand enclos circulaire pour parquer les rennes lors des comptages annuels. Le chemin se fait beaucoup plus boueux mais heureusement les sections aménagées permettent de ne pas être trop mouillés (même si au final l’eau trouve son chemin jusque dans les chaussettes).

L’utilisation de guêtres et de chaussures réellement imperméables est à recommander pour l’ensemble du trek pour limiter la pénétration de l’eau.

Nous avons avancé beaucoup plus vite que prévu mais cela ne nous sert à rien de courir car nous avons encore pas mal de jours devant nous et donc « le temps de prendre le temps ». On décide donc de passer l’après midi dans la petite cabane de Radunjarga, c’est un abri tout simple un peu en contre bas de la Kungsleden. Il est composé d’un sas (avec pelles et balais) et d’une grande pièce avec banquettes en bois, table et poêle. L’utilisation du bois de chauffage disponible est réservé aux situations d’urgences et il n’y a pas d’arbres dans les parages, on se passera donc de feu aujourd’hui.

Nous commencerons notre après-midi avec un bon repas, nous aurons même droit à un chocolat chaud maison préparé avec amour par Matthieu.

Nous passerons notre temps ensuite entre repos, corvée d’eau et jeux de cartes endiablés. Ce moment dans la cabane aura été une petite parenthèse dans le trek, le confort y était spartiate mais juste comme il fallait.

Nous avons choisi de ne pas dormir dans la cabane afin d’être au calme si jamais des personnes y arrivent tardivement. On installera donc le campement un peu plus loin sur les hauteurs pour profiter d’un emplacement sec. Le paysage et la lumière sont superbes.

Je me sens soulagé et serein en cette fin de soirée car je sais que nous allons pouvoir rejoindre Abikso ; même les chaussures de Matthieu et leur semelles qui se décollent ont l’air de vouloir tenir.

Nous nous couchons sous un beau soleil de minuit dans le calme de la lande de Laponie…

Sixième et Septième jours : changement de plan et repos


Il n’a pas fait chaud cette nuit mais nous avons tout de même bien dormi. On reprend la route en suivant la Kungsleden. Il y a pas mal de neige mais nous progressons tout de même assez rapidement.

Nous en sommes au sixième jour et il nous reste encore trois jours avant de retourner à Kiruna or nous ne sommes qu’à deux jours d’Abisko. Nous avons donc décider de changer légèrement les plans : nous allons dans un premier temps changer de vallée pour celle de la rivière Kamajakka car nous commençons à rencontrer de plus en plus de monde ici et nous souhaitons être plus isolés. Nous avons également décidé de rester deux jours au même endroit pour profiter de la nature, du calme.

Nous bifurquerons donc de la Kungsleden au niveau du camp Same (quelques centaines de mètres après la barrière à rennes). Le chemin est ensuite un peu boueux mais c’est joli. Vers 800m d’altitude, nous grimpons sur une petite proéminence pour admirer la vallée en contrebas. Le paysage est magnifique. La vision se perd à des kilomètres sur une succession de pics enneigés et de lacs plus bas dans la vallée. On aperçoit en face de nous le camp Same de Rovvidievva. Nous nous installons pour grignoter en admirant la Laponie.

Nous entamons la descente. Le chemin est bon, il ne doit pas y avoir grand monde qui est passé ici cette année car on ne voit aucune trace. Nous arrivons rapidement au petit pont qui enjambe la rivière Kamajakka dont le débit et la puissance sont impressionnants. Par contre, Quentin se rend compte qu’il a perdu sa caméra un peu plus tôt, il file donc en arrière la chercher et, heureusement, la retrouvera rapidement.

Le camp Same n’est pas habité actuellement, on passe donc rapidement et nous continuons en direction du nord. Le terrain est particulièrement détrempé, j’espère que nous trouverons un coin agréable pour poser le camp.

Nous arrivons vers la rivière Hoiganjohka après 2km. Nous n’avons vu qu’un seul coin intéressant pour l’instant. Nous posons les sacs près du petit pont et nous partons en reconnaissance dans le coin pour trouver un bon spot.

Après quelques hésitations nous trouvons le spot parfait ! Terrain plat, vue superbe, rivière à 20m… Nous sommes même accueilli par un grand soleil juste après avoir monté le camp.

Nous nous installons donc pour deux jours dans notre petit camp. La suite de la journée commence par manger un bon bout au coin du feu que l’on vient de lancer. Nous partagerons ensuite notre temps entre farniente et atelier taillage de bois surtout pour Quentin et Matthieu.

La lumière en cette fin de soirée est magnifique, on profite pleinement du moment, de la nature Lapone. Nous n’avons croisé personne depuis que l’on a bifurqué de la Kungsleden, on se sent au bout du monde, isolés, on est bien… On ressent réellement de la plénitude dans ce genre de moment, nous sommes venu pour cela, nous voilà comblés.

On ne se couchera pas trop tard ce soir là car le froid nous rattrape même si le soleil ne se couche pas.

Le lendemain nous profiterons de la journée pour bien manger et se reposer, Quentin partira également faire une longue balade sur les hauteurs. Matthieu et moi resterons près du feu toute la journée à tailler du bois, à papoter… On sentira d’ailleurs le feu de bois dans les vêtements et les cheveux jusqu’au retour en France.

Nous ne verrons absolument personne ce jour là, c’est génial… On a de la chance d’être ici, en Laponie et de pouvoir vivre pleinement notre aventure.

Huitième jour : encore plus loin et plus seuls


Fraîche nuit comme en témoigne le chapeau de givre sur les montagnes alentours.

Nous quittons le camp et faisons en sorte de ne laisser aucune trace de notre passage hormis deux petits bancs de pierre. Nous reprenons la route direction Abiskojaure et certainement vers plus de contact humain…

Le chemin est bon et bien marqué vers la cabane, avec la perte d’altitude, nous retrouvons des forêts composées de grands arbres qui contrastent avec les chétifs bouleaux des jours précédents.

Nous arriverons rapidement à Absikojaure qui est une grosse installation de cabane. Les gardiens nous diront qu’ils peuvent accueillir jusqu’à 60 personnes par nuit. Nous les croisons d’ailleurs en train de prendre le petit déjeuner et ils nous inviteront à nous installer avec eux afin que l’on échange sur les conditions de terrain. Je suis d’ailleurs étonné car je n’ai pas l’impression que les cabanes discutent beaucoup entre elles pour faire le point sur les conditions de terrain, les gardiens sont donc très intéressés par le retour que l’on peut leur en faire.

Un des gérants nous parle d’une vallée un peu plus au nord dans laquelle peu de personnes vont. Nous avions initialement prévu de suivre la Kungsleden jusqu’à Abisko mais la perspective de se retrouver encore plus isolés est séduisante. Nous changeons donc nos plans pour rejoindre la vallée de Karsåvagge.

Le début du chemin se trouve derrière l’emplacement de camping d’Abiskojaure. On longe d’abord le lac puis une petite rivière. On prend vite de l’altitude et la vue se dégage derrière nous révélant le lac, les montagnes alentours et à l’horizon. C’est beau.

La neige refait rapidement son apparition dissimulant un peu le chemin que l’on suit tout de même facilement grâce aux cairns régulièrement espacés.

Le chemin et l’ambiance générale du paysage sont de mieux en mieux au fil de l’ascension, il y a un air de jardin d’Eden, de nature intacte, pure. Sur notre droite deux troupeaux de rennes paissent, à gauche un petit ruisseau court entre les herbes. Il y a un grand soleil, nous sommes seuls, c’est un moment très agréable durant lequel nous étions particulièrement heureux d’être là et de partir à l’aventure dans une vallée où peu de personnes sont passées cette année.

Le chemin nous emmène de plus en plus haut, nous suivons les traces laissées par le gardien d’Abiskojaure hier, il n’y a que les siennes…

Nous arrivons au sommet (qui est tout plat et tout en longueur) vers 1150m d’altitude. La vue alentour est superbe : au sud ouest les vallées d’où nous venons et au loin le Kebnekaise. Au nord est, Abisko et le lac de Torneträsk.

Nous entamons la descente vers Kårsavagge. Il n’y a plus aucune trace le terrain est vierge à partir de maintenant. La vallée est particulièrement recouverte de neige, on voit d’ici les lacs qui sont encore gelés.

Il y a quelques cairns pour indiquer le chemin. C’est très beau. On a l’impression, encore une fois, d’être seuls au monde.

Il y a un chemin de l’autre côté de la vallée mais pour le rejoindre il faut traverser à guet vers la cabane de Kårsavagge. Nous ne prendrons pas cette option, nous choisissons au contraire de reste de ce côté de la vallée et de progresser hors sentier. Nous bifurquons donc vers la droite au niveau de la grosse rivière 500m après le sommet. La descente est rapide, nous utilisons les plaques de neige pour aller plus vite en se laissant un peu glisser.

Nous continuerons un peu plus loin le temps de trouver un bel emplacement de bivouac pour la nuit. Ce sera chose faite non loin de la rivière à un endroit où son lit se ressert.

Nous posons le camp pour la dernière fois car demain nous serons à Abisko. On est bien installé même si il y a un peu de vent. On se trouve un petit coin à l’abri pour prendre le quatre heure et jouer aux cartes.

Fin de soirée classique avec repas, moment de plénitude et lumière magnifique lorsque le soleil passe derrière les montagnes. Kårsavagge est magnifique en tous cas. Nous ne sommes pas loin de la Kungsleden mais on ressent bien qu’ici peu de personnes viennent. La vallée est calme, vierge…

Neuvième et Dernier Jour : Arrivée à Abisko...


Dernier rangement, dernier petit déjeuner, dernier empaquetage… Nous prenons la route direction Abisko. Aucun de nous n’est pressé de retrouver la ville et son agitation…

Nous progressons dans la vallée de Kårsavagge hors sentier en direction du pont qui permet de traverser la rivière. On l’atteint rapidement mais son aspect nous interpelle un peu de loin… C’est en se rapprochant qu’on comprend mieux : une des lattes qui soutient le tablier est cassée ce qui fait que celui-ci pend au dessus de l’eau… Un écriteau, de l’autre côté, indique que le pont est fermé. Le problème est que si l’on ne prend pas le pont on se retrouve avec le choix de rebrousser chemin et traverser à guet plus haut (malgré le très fort courant) ou bien faire un sacré détour en aval… Vu l’état du pont on estime qu’on peut tenter. On se lance donc les uns après les autres et malgré quelques craquements nous passons sans encombre…

Il n’y a pas grand chose à dire sur la fin du chemin vers Abisko. Celui-ci offre une belle vue sur le Torneträsk et les sommets alentours.

Nous rejoignons au final d’autres chemins parcourus par des touristes de passage à Abisko. On commence à retrouver la civilisation… La fin du chemin débouche sur la route non loin de la fameuse porte qui marque le début ou la fin de la Kungsleden. Nous nous y arrêtons le temps d’une photo.

Nous voilà arrivés à Abisko! Les chaussures de Mattieu auront tenu finalement !

Il est 13h et le bus pour Kiruna passe à 18h, on s’installe donc à la Turist Station sur les tables dehors profiter du soleil. C’est la fête du Mid-Summer qui marque le solstice d’été. Il y a donc toute une animation de danse et de musique et même du gâteau ! Cela nous permet de passer le temps …

Nous embarquons à 18h en direction de Kiruna où nous passerons la nuit et le lendemain (nous dormirons à l’hotel Scandic Ferrum qui est plutôt pas mal). Nous profiterons d’ailleurs de notre jour de battement pour visiter la mine ce qui vaut le coup. Le soir nous passerons la soirée au Bishop Arm, le pub de Kiruna…

Retour en France le surlendemain. Retour difficile à la réalité entre la température qui a dû prendre 20°C, la pollution et la foule… La Laponie nous paraît déjà loin…

Conclusions

Encore un trek qui m’aura marqué. Ces dix jours en Laponie ont été absolument géniaux grâce aux paysages, à l’ambiance mais surtout grâce au sentiment de liberté et de nature vierge que l’on y ressent. J’avais quelques appréhensions avant le départ sur la nature du terrain et les difficultés que l’on allait rencontrer, appréhension confirmées à notre arrivée par les retour que l’on en a eu mais à présent avec le recul, ce n’était pas si dur que cela, au contraire. La difficulté physique modérée nous a permis d’encore plus en profiter. Je suis également content car c’était la première fois que je partais avec 10 jours d’autonomie dans le sac et j’avais même du rab au retour. On peut donc envisager des treks de cette durée voir même un peu plus long avec un sac de 65L bien rempli.

Ce trek était ma première expérience Suédoise et en Laponie. J’y retournerai avec plaisir ! A peine rentré j’ai commencé à regarder du côté du Sarek National Park pour une prochaine balade… Qui sait, on verra ?…

Je ne saurai que vous conseiller d’aller vous perdre quelques jours dans ces contrées sauvages que la main de l’homme à laisser intactes pour l’instant.


Route vers Detifoss, Islande

Tour de l'Islande

3500km

parcourus

65km/h

de moyenne

+50

cascades somptueuses

1

Eruption volcanique

3trolls

(pétrifiés)

L’ Islande est très à la mode en ce moment et on comprend vite pourquoi lorsque l’on y va. Ce pays est magnifique ! A cheval sur les plaques tectoniques américaine et européenne, l’île connait une forte activité volcanique dans une ambiance de Grand Nord, le tout parsemé de cascades majestueuses, de lacs, d’immenses espaces vierges… C’est parfait ! Ce voyage a été mon premier road trip en solo, l’Islande se prête parfaitement à ce genre de voyage. Voici donc mon récit de ces 14 jours au pays des Volcans, des elfes et du peuple caché.


Quelques mots sur l'Islande

Bien que perdue au milieu de l’Atlantique nord par 66° de latitude, l’Islande fait partie de l’Europe. L’île a une superficie équivalente au cinquième de la France métropolitaine mais ne compte que 300 000 habitants. La population se concentre sur la bande littorale et notamment dans l’agglomération de Reykjavik qui accueille 200 000 personnes autant dire que le reste du pays est pratiquement vide ! L’Islande est donc un paradis pour les randonneurs en quête de solitude sauvage ou pour entreprendre un road trip durant lequel vous ne croiserez que une ou deux voitures par heure…

L’Islande est également intéressante d’un point de vue historique. Bien que son peuplement par des moines Irlandais remonterai au VIIIe siècle ap JC, l’île a connu un essor durant la période Viking au IXe et Xe siècle. Elle servie d’avant poste pour la conquête du Groenland par Eric Le Rouge (en 984) puis surement de Terre-Neuve (Vinland) par Leif Erikson. On retrouve de nombreuses reliques de cette époque dans le pays, que ce soit des bâtiments mais également dans un certain mode de pensée et dans certaines croyances.

Concernant les croyances il est intéressant de noter que 40% de la population croit aux elfes et dans une race d’humains invisibles mais bien présents, le peuple cachés. Cette croyance est si forte qu’elle est prise en compte lors de la construction de routes par exemple afin de ne pas détruire un lieu elfique.

L’Islande est également connue pour son activité volcanique. Nous avons tous en mémoire l’arrêt complet du trafic aérien en 2010 après l’éruption de l’Eyjafjöll. L’Islande est à cheval sur le rift Atlantique, c’est à dire qu’une partie du pays est en Amérique et l’autre en Europe pour simplifier. On recense environ 130 volcans actifs, des geysers, nombre de fumerolle et autres phénomènes telluriques, le volcanisme est omni présent. Les humains exploitent cette ressource pour créer de l’électricité (géothermie) ou pour se chauffer. Même l’eau de la douche à une petite odeur soufrée.

D’un point de vue climatique, l’Islande connait un climat relativement tempéré bien que situé juste sous le Cercle Polaire Arctique. Cela vient du fait que l’île est baignée par le Gulf Stream, les températures sont donc toujours relativement clémentes même en plein hiver si l’on compare avec d’autres pays à la même latitude ; par exemple la température moyenne du mois le plus froid (Janvier) est de -0,5°C. Toutefois le climat de l’Islande n’est pas à prendre à la légère, celui-ci est très changeant et peut être violent avec beaucoup de vent et de pluie. On peut facilement voir les quatre saisons en l’espace de quelques heures, un proverbe islandais résume très bien cette nature changeante de la météo : « Si le temps ne te plait pas, attends juste cinq minutes »


Premier Jour : de Paris à Reykjavik

On est début septembre et c’est le départ pour l’Islande pour un voyage qui me trottait dans la tête depuis longtemps. Décollage à 12h45 de Charles de Gaulle et quelques heures plus tard ça y est j’y suis ! Je serai tout seul pour ce voyage, mon premier voyage 100% solo… On verra ce que ça donne.

Une fois à l’aéroport je récupère ma petite voiture qui va être mon compagnon pour ces deux semaines, ça sera une Kia Rio rouge. J’aurai préféré un 4×4 pour explorer les fameuses F-Road mais le prix de la location tout seul était un peu élevé.

En Islande la plupart des routes intérieures sont des « F-Roads ». C’est route ne sont pas goudronnées et peuvent passer par des guets… L’utilisation d’un véhicule approprié est légalement obligatoire, il faut donc avoir un 4×4 pour les parcourir. Ne vous engagez pas à la légère sur ces routes surtout si vous devrez y traverser une rivière, sur ce point la F35 est très pratique car on y reste au sec tout du long.

Première étape : rejoindre Reykjavik pour y finir la journée.

La route entre l’aéroport et la capitale met dans le bain rapidement : les paysages sont volcaniques et vide. C’est sympa même sous la grisaille.

J’arrive en une heure au centre ville. Bien que ce soit la capitale, il n’y a que 200 000 habitants à Reykjavik en comptant toute l’agglomération. La ville n’est donc pas bien grande. Je trouve l’auberge de jeunesse où je passerai la nuit (Kex Youth Hostel) et j’y dépose mes affaires. J’enchaîne ensuite sur un tour en ville et un complément de courses.

La ville est sympa mais je n’ai pas le temps de beaucoup me balader, je ferai ça le dernier jour.

Je finirai la soirée en mangeant dans un restaurant sympa qui propose des soupes servies dans une miche de pain creuse et en me couchant tôt pour être en forme pour le lendemain.


Deuxième Jour : Le Cercle d'Or

Levé matinal à 6h30 car aujourd’hui c’est la première vraie journée ici et elle est chargée. L’idée est de parcourir le Cercle d’Or, c’est à dire la région au nord est de Reykjavik et qui concentre nombre de lieux à visiter. C’est également une des zones les plus denses en terme de tourisme même si cela reste contenu.

Pour l’heure je quitte la ville et je suis la route 36 vers le lac de Þingvallavatn.

Le « Þ » se prononce à peu près comme le « th » anglais. On retrouve par exemple cette lettre dans le nom du célèbre dieu nordique Thor : Þórr

La paysage est beau surtout sous la lumière matinale. La végétation rappelle celle que l’on trouve dans les pays nordiques c’est à dire un camaïeu de vert sombre et de brun. Après quelques temps à rouler je m’arrête sur la route pour aller voir une faille typique de la tectonique locale. On voit parfaitement la cassure et la zone sent le souffre témoignant d’une proche activité volcanique.

Je continue ensuite ma route vers le célèbre Geysir, le geyser a qui l’on doit justement le nom du phénomène. On sent en arrivant sur place que le lieu est touristique mais il n’y a pas encore trop de personnes en cette heure matinale. La zone connait une intense activité géothermale : ça fume et ça boue partout.

Le clou du spectacle étant Strokkur le dernier geyser en activité, en effet Geysir a arrêté ses impressionnantes « éruption » il y a de ça quelques années.

N’ayant jamais vu de geysers auparavant je dois avouer que le spectacle est impressionnant, notamment le bruit que celui-ci fait lors de l’éjection de la colonne d’eau.

Après pas mal de temps à admirer Strokkur, je reprends la route en direction de la superbe cascade de Gullfoss. Cette cascade est de toute beauté notamment par le sentiment de puissance qu’elle dégage. Elle n’est pas forcément très haute mais le débit d’eau qui chaque seconde se déverse est hallucinant. Je m’arrêterai me faire un bon café juste au bord de l’eau admirer le spectacle.

Un peu de vocabulaire : le suffixe « foss » signifie la cascade.

Une fois le café fini, je fais demi tour vers la Þingvellir. Le site se trouve le long de la route 36. C’est un lieu très important de l’histoire Islandaise car c’est ici que c’est tenu durant des siècles de Þing c’est à dire l’assemblée. C’est également un superbe lieu pour observer la fracture du rift et faire de la plongée dans les eaux cristallines filtrées par les roches.

Je prends donc le temps de flâner jusqu’à ce que les touristes m’agacent et me poussent à continuer le voyage.

Ma route m’emmène ensuite vers la cascade de Glymur qui l’une des plus hautes d’Islande. Pour y accéder il faut d’abord suivre la route 47 et ensuite finir le chemin à pied par une petite randonnée très sympa même si ça grimpe pas mal à la fin. La cascade est très belle, nichée entre les falaises et haute de ses 198m.

Une fois arrivé en haut de la cascade je souhaite redescendre par l’autre côté pour varier. Le problème c’est qu’il faut traverser la rivière qui alimente la cascade. En soit rien de bien méchant si ce n’est que l’eau est gelée. Je ne traîne donc pas en traversant (en caleçon) et je manque de rien de trébucher dès les premiers mètres. De l’autre côté je m’arrête 2min me sécher avec de la mousse…

La descente est beaucoup moins sympa de ce côté (rive droite) car très boueuse…

De retour à la voiture je reprends la route et je rejoins enfin la route 1 qui m’accompagnera tout au long du voyage. Je ne reste pas très longtemps dessus car je bifurque ensuite sur la 60 en direction des fjords du Nord Ouest. Je m’arrêterai non loin de la route dans un coin sans charme pour passer la nuit dans la voiture.

Première bonne journée même si avec le recul j’aurai dû passer plus de temps à Þingvellir je pense.


Troisième Jour : Les Fjords du Nord Ouest

J’ai pas trop mal dormi dans la voiture (en position passager), mieux que ce que j’aurai pensé en tous cas.

Je reprends rapidement la route en direction des fjords.

Le premier arrêt sera à une réplique de la maison du Viking Eirik Le Rouge, premier véritable colon du Groenland selon les Sagas. J’aime beaucoup ces longues maisons au toit végétalisé avec peu d’ouvertures ; ça sent la rusticité pratique et salvatrice durant les longs hivers…

Je continue ensuite en suivant toujours la route 60. Nouvel arrêt après quelques kilomètres à Sælingsdalur.

C’est à présent pour aller voir une église du Peuple Caché. Cette église est une grosse colline pyramidale pour le commun des mortels mais d’après les dires locaux c’est un haut lieu spirituel du Peuple Caché. Je m’y rends donc afin de, peut-être, voir tout cela par moi même. J’entreprends donc l’ascension de la colline. La vue est sympa mais malheureusement pas de contact avec un éventuel Peuple Caché…

Après ce dernière arrêt j’attaque le vif du sujet des Fjords du Nord Ouest car la route n’est plus goudronnée. En Islande, il n’y a guère que la route principale (la 1) et quelques routes secondaires adjacentes qui sont bonnes. Le reste des routes est carrossable mais avec une petite citadine c’est pas l’idéal. J’avance donc au ralenti, pas beaucoup plus que 30km/h. Au moins j’ai le temps de profiter du paysage. Il y a quasiment personne sur la route le sentiment de solitude (positif) se met doucement en place.

Rapidement le temps vire à la tempête…  J’ai pas envie de me tremper à monter ma tente ce soir, ça sera donc encore une nuit dans la voiture. Je me pose à un petit col pas loin d’une statue. On voit rien dehors. Je suis totalement humide car j’ai voulu aller faire un tour sous la pluie… mauvaise idée. Je finis donc la soirée ainsi en mangeant froid … Youpi…


Quatrième Jour : Plus loin dans les Fjords

Au matin la pluie et le brouillard sont toujours là. Je repars donc sans rien avoir vu de la vue certainement belle du coin par beau temps. La route est toujours aussi mauvaise et j’avance pas très vite.

Vers la fin de matinée, le mauvais temps se calme un peu et le soleil a l’air de vouloir percer ; ce qui arrive finalement vers midi offrant ainsi un superbe spectacle d’arcs-en-ciel, de clairs obscurs et de lumière absolument superbes.

Je me dirige ensuite vers la cascade de Fjallfoss (également appelée Dyjandi). La route pour s’y rendre passe par les montagnes et je ne croise personnes durant plus d’une heure. Les effets de lumière sont toujours aussi beaux.

La cascade est également impressionnante avec 100m de haut et 30m de large. On dirait un voile posé sur la montagne.

La route m’emmène ensuite à Isafjorður. Je m’y arrête pour manger chaud (des frites et un burger !!!) et aussi refaire le plein et vérifier que la voiture va bien. Après cette pause je longe la côte qui ondule au rythme des fjords.

Plus loin pose pour observer la faune locale car un groupe de phoque séjourne dans la zone et par chance ils sont là à 50m. Ils gardent leur distance mais ils sont faciles à voir.

Il est temps de trouver un lieu pour la nuit, ce qui sera fait à la point d’Ogurnes. J’installe le camp pas très loin de la route mais vu le passage proche de zéro je ne serai pas embêté. Dernier spectacle de a journée, il y a au milieu du fjord un baleine dont j’aperçois le souffle, trop loin pour l’appareil photo mais très sympa quand même.


Cinquième Jour : Sortie des Fjords

Une bonne petit nuit bercé par le bruit du ressac et 0 voitures. Les matinées sont fraîches en ce début de septembre.

Je reprends la route afin de sortir des fjords. Avant de rejoindre Holmavik, je passe par une sorte de plateau totalement désolé et rocailleux. Ce vide est beau.

Holmavik n’est pas très intéressante comme ville. Je fais juste un petit tour pour aller une source sainte mais c’est pas très impressionnant. Je lis dans mon guide que dans une ville voisine, à Drangsnes, qu’il y a un troll pétrifié et surtout des bains publics gratuits.

J’y file donc surtout après ces 4 jours sans douches… La ville est toute petite mais ils ont installé en front de mer trois petits bassins alimentés par une source chaude certainement captée en amont. J’y plonge après avoir pris une petite douche. Quel bonheur d’être dans une eau à 35°C face à la mer. Je me pose et profite du moment.

Après ce bain bien mérité je vais voir Kerling la troll pétrifiée. C’est aujourd’hui un gros rocher posé là, c’est assez étonnant.

De mémoire la légende dit que trois trolls ont voulu creuser un canal pour séparer les fjords du nord ouest de l’Islande. Affairés à leur besogne il n’ont pas vu le soleil se lever et ont été pétrifiés sur place. D’après la légende, toujours, l’île de Grimsey face à Kerling serait son taureau lui aussi pétrifié. Les deux autres trolls sont de l’autre côté du fjord, on les verra plus loin.

Une fois cette pause trollesque effectuée je reprends la route et rejoins la numéro 1 après une pause repas face à la mer.

Les Fjords du Nord Ouest m’auront pris trois jours mais ça les valait. L’isolement du lieu est superbe, surtout en cette période car il n’y a vraiment pas grand monde à croiser.

Une fois sur la route principale je retrouve un peu de trafic et le coin est moins sympa, plus plat…

Je ferai également un petit crochet pour aller voir les deux trolls pétrifiés de ce côté du fjord.

Cette nuit je me poserai aux chutes de Kolufoss. Il pleut bien je prends donc mon repas sous la pluie mais je ferai la nuit dans la voiture.


Sixième Jour : Geocaching et Route Perdue

Déjà 1700km…pas mal. Aujourd’hui je n’ai pas de gros programme, mon but principal est de réaliser une geocache perdue au bout d’une route à Skagafjord.

Le principe du Geocaching est simple : des personnes (n’importe qui) vont cacher des petites boites dans des lieux intéressants et simplement renseigner leurs coordonnées GPS sur le site. Le but n’est pas tant de retrouver la boite en tant que telle que de découvrir quelque chose, une lieu, un brin d’histoire. Quasiment tous les arrêts que je fais en Islande ont été motivés par une geocache jusqu’ici. https://www.geocaching.com/play

Le début de la route pour la geocache est plutôt bon et ça avance bien. Par contre rapidement je me retrouve sur une toute petite route caillouteuse et pas large du tout. Impossible de faire demi tour… J’avance quasiment au pas. Je dois parfois sortir de la voiture pour enlever les cailloux sur la route… J’avoue qu’à un moment je me demande un peu ce que je fais là. Après 2h pas facile j’arrive enfin dans la petite ferme abandonnée. De là il faut descendre vers la rivière et ensuite traverser par une sorte de caisse en bois suspendue par trois câbles au dessus des flots déchaînés… Pas rassurant mais ça passe bien. La géocache est enfin là ! Il faut la mériter celle-ci !

Pour la suite de la journée je retournerai sur la route 1, ce qui me prendra du temps depuis la géocache, pour ensuite m’engager sur la route 76 en direction de Siglufjorður, joli petit village aux maisons colorées. Il y a aujourd’hui un tunnel qui relie cette ville à Olafsfjorður mais je préfère emprunter l’ancienne route de montagne (la 802).

Je m’arrêterai pour la nuit au niveau du minuscule refuge. L’endroit est beau même sous la grisaille. Je profiterai calmement de la fin de soirée en admirant le paysage et en bouquinant.


Septième Jour : Akureyri

Journée pas très chargée en perspective. J’en suis à peu près à la moitié de mon voyage et j’ai bien besoin d’une bonne douche, d’un bon repas et de me poser un peu. Direction donc Akureyri, la deuxième plus gros agglomération Islandaise avec 17000 habitants.

Avant cela je dois rejoindre la Route 1 mais comme il est encore tôt je décide de revenir sur mes pas et de monter faire un tour au petit lac de de Hraunsvatn. Pour cela il faut se garer à une petite ferme non loin de la Route 1. On attaque ensuite le chemin de montée par une barrière à bétail (qu’il faut bien refermer évidemment).

La montée est sympathique surtout qu’il fait beau, par contre il y a un vent à décorner les boeufs surtout au niveau du lac.

Le site est beau, niché entre de petits sommets à pics. Le Lac est connu pour la pêche aux salmonidés. Je fais une petite géocache et je redescends.

Je prends ensuite la route vers Akureyri. Je passerai la nuit au Akureyri Backpackers, auberge de jeunesse dans la petite rue de Hafnarstraeti. L’auberge est sympa et bien tenue. L’après midi je fais un petit tour en ville mais il n’y avait rien de bien excitant à voir (je n’ai pas non plus exploré très loin). Le soir je profiterai d’être en ville pour manger un bon repas le soir, chaud et cuisiné !

Ça me fait du bien de voir un peu de monde et de papoter (notamment avec un Québecois et une Allemande de ma chambre) mais j’ai aussi hâte de retrouver la nature et la solitude, on y prend vite goût surtout dans ces paysages.


Huitième Jour : Myvatn et Krafla

Malgré quelques ronflements la nuit n’aura pas été si mauvaise. Le matin je déjeune avec Pascal, le Québecois. Je prends ensuite la route en direction de l’ouest et du Myvatn qui est une région assez dense en activité volcanique.

Sur le chemin je m’arrête à Godafoss, lieu historique car c’est ici que, selon la légende, les icônes païennes ont été jetées aux flots lorsque l’Islande a décidé de se christianisé. Je contourne ensuite le Myvatn par le sud, c’est un grand lac à l’est duquel on aperçoit déjà quelques structures intéressantes. Myvatn signifie « Lac des Mouches », en effet en été le lac est recouvert d’une nuée de mouche pouvant être un véritable calvaire. Il y en a beaucoup moins en septembre mais celles-ci restent agaçante car attirées par le CO2 c’est à dire par la bouche, les narines et les yeux.

Je commence mes visites autour du Myvatn par Dimmuborgir. Ce lieu étonnant est un ensemble de structures basaltiques aux formes extravagantes et formant un véritable labyrinthe. Je visite avec Stéfie, l’allemande du backpacker de la veille que j’ai croisé sur le parking.

Nous continuons ensuite vers Hverfell, un immense cône de scorie d’origine manifestement volcanique. Il fait gris en cette fin de matinée, cela donne donc à l’ensemble une impression de Mordor ou de paysage Lunaire. La vue du haut est belle et l’ensemble est impressionnant.

Pour la descente on fait ça pleine pente, c’est plus marrant et plus rapide.

On se rend ensuite à pied à une grotte géothermal, Grjotgja. La grotte se niche dans une faille bien fumante et de l’eau y remonte bien, bien chaude.

Au retour de la grotte Stéfie continue la route de son côté. Pour ma part je me dirige vers le Krafla. Le soleil est enfin de retour et ça change tout !

Je roule donc les vitres grandes ouvertes, la musique à fond ! Les paysages changent c’est de plus en plus beau.

Après une grosse colline, je m’arrête à Hverir qui est une grande zone à la riche activité volcanique : fumerolles, bains bouillants et une bonne odeur de souffre. C’est très beau, les couleurs sont folles.

Je continue la route quelques kilomètres avant de tourner sur la gauche vers Krafla, un volcan de 818m d’altitude à la riche activité sachant que la dernière éruption date de 1984. L’endroit est très venteux aujourd’hui, ça ajoute à la majesté de la nature ici avec le cratère et son lac aux eaux d’un bleu irréaliste. C’est beau.

Je vais ensuite me promener dans une coulée de lave qui a quelques années. La vie y reprend doucement ses droits au beau milieu des roches noires. Il n’y a pas grand monde, il fait beau, tout cela invite à flâner.

Retour ensuite sur la route 1. Direction plein est dans des paysages absolument merveilleux ! On voit à des dizaines de kilomètres à la ronde. Il n’y a personne, il fait beau, j’appuie un peu (trop) sur l’accélérateur ; la sensation de liberté est absolue !

Après les kilomètres vite avalés, je prends à gauche sur la route 864 qui me mènera à Detifoss. Mais pour l’heure je vais trouver un petit coin pour la nuit car il se fait tard et je n’avance pas vite sur cette petite route de graviers.

Je me poserai pas loin de la route mais comme d’habitude il n’y a personne pour m’embêter… Au loin j’aperçois le Krafla malgré sa distance de 40km environ. Superbe lieu de bivouac. Cela aura été certainement la meilleure journée du voyage. Tant de belles choses à voir …


Neuvième Jour : Detifoss, Seydisfjordur et Snaefell

Quel silence la nuit… Cela donne une impression presque inquiétante parfois car l’esprit va vite à inventer des bruits et leurs origines…

Toujours que je reprends la route rapidement car il fait frais ce matin, je prendrai donc le petit déjeuner plus loin. J’arrive à Detifoss au bout de 40min de route un peu difficile car très ondulée et donc inconfortable.

Je descend vers la chute d’eau, c’est grandiose ! Detifoss est la cascade d’Europe qui possède le plus gros débit avec 200 000 litres à la seconde pour une chute de 44m… C’est la chute d’eau la plus impressionnant qu’il m’ait été donné de voir. Ce qui est bien en Islande c’est qu’il y a peu de barrière, on peut donc ici avancer jusqu’à avoir les pieds dans l’eau au bord de la chute…impressionnant…

La scène d’intro du film Prometheus a été tournée à Detifoss.

Je remonte ensuite à pied le long du fleuve Jökulsá á Fjöllum vers la cascade de Selfoss en amont. Egalement impressionnante par sa largeur.

Après être retourné à Detifoss profiter encore un peu du spectacle et avoir fait une geocache dans le coin, je remonte au parking prendre un café et le petit déjeuner.

Demi-tour ensuite vers la route 1. Le soleil brille, le ciel est bleu et la route toujours aussi « tôle ondulée ». Le sol est noir cendre cela donne des airs lunaires. Au loin un nuage m’attire le regard, en regardant bien c’est le panache de fumée de l’éruption du Bárðarbunga qui était en court lorsque j’y étais. Malgré la distance on le voit bien.

Je file plein Est ensuite. Les paysages toujours aussi grandioses défilent trop rapidement. J’arrive vers Egilsstaðir mais la ville est très décevante et je ne m’arrête que le temps de faire des courses et le plein d’essence.

J’attaque ensuite la route 93 qui me mène à Seydisfjordur. La descente est particulièrement intéressante et sympa en voiture. Le petit village est niché au fond d’un fjord, c’est sympathique. Je m’arrête à la petite auberge/restaurant prend un verre au soleil.

Une scène du film Walter Mitty a été tournée à cet hôtel (quand il y a l’éruption après la descente en longboard)

Demi tour ensuite et je reprends direction de la 1 mais pas pour très longtemps car j’oblique vers la 931 dans l’idée de monter sur le plateau du Snaefell. La vue est belle sur les hauteur en venant d’Egilsstaðir mais on voit bien une sorte de brouillard grisâtre qui est dû à l’éruption du Bárðarbunga.

La montée sur le plateau, par la route 910, est impressionnante. En haut, changement total d’ambiance : on se retrouve dans une sorte de toundra à perte de vue. Au loin le Snaefell, point culminant de l’Islande avec 1833m, ainsi que le Vatnajökull.

Le Vatnajökull est un gigantesque glacier qui recouvre 8% de l’Islande soit quasiment la surface de la Corse en comparaison. Pouvant atteindre 1000m d’épaisseur, il renferme plusieurs volcans en son sein dont certains actifs.

Pour le soir je me trouve un beau coin avec une super vue pour planter la tente. Le glacier n’étant pas loin il fait particulièrement froid et il y a pas mal de vent. Il y a normalement pas mal de rennes dans ce coin mais je n’en ai pas vu pour l’instant… peut-être demain. Dans la nuit, je sors la tête pour voir si il n’y a pas d’aurore (comme quasiment toutes les nuits), pas d’aurore mais au loin je vois des nuages tous rouges malgré la nuit vu la direction je pense que c’était la réflexion de la lumière émise par la lave de l’éruption du volcan sur les nuages. L’impression était singulière.


Dixième Jour :Journée de transition

Nuit froide ! Mais ça a été. Le programme de la journée n’est pas bien chargé car je suis un peu dans un entre-deux.

Je prends donc mon temps le matin, je commence par aller voir le barrage hydroélectrique qui est dans le coin. Demi tour, sur le chemin je ne roule pas très vite pour essayer de voir des rennes mais ils font la tête et se cachent… pas grave.

A la descente je suis témoin d’un phénomène sympa : il y a tellement de vent qu’une cascade accrochée d’ordinaire à la paroi monte en direction du ciel… pas banal….

Je roule ensuite en direction du sud. Plutôt que de suivre uniquement la route 1 j’emprunte la 939 qui passe par la montagne et est bien plus jolie.

La descente vers la côte est belle. Il fait beau mais il y a pas mal de nuage, cela donne donc des effets de lumière très sympa.

Après une pause repas dans le village de Djupivogur, je continue sur la route 1 vers Hofn. J’y passe rapidement sans trop prendre le temps.

Le temps passe vite et il est déjà temps de trouver un endroit où dormir. Tâche ardue ce soir car aucun coin ne me dit ni n’est bien approprié.

Après une longue recherche je me dirige vers le Flaajokull. Pour cela il faut que je prenne une route bien mauvaise mais ça passe.

Le glacier est une langue mourante du Vatnajokull. On note malheureusement le recul du glacier du fait de sa fonte…

Le soir après avoir bouquiné je jette un coup d’oeil dehors et là Ô miracle une AURORE !! Alors oui c’est pas mal couvert et l’aurore n’est pas très forte mais que c’est beau ! Je tente la photo ci-dessous mais le rendu n’est pas fou…ça aura été un beau cadeau quand même.


Onzième Jour : Jokulsarlon, Skatafell et Sandar

Journée chargée aujourd’hui qui commencera avec le très connu Jokulsarlon.

Sur la route qui me mène à la route 1, j’ai la magnifique surprise de tomber sur un troupeau de rennes. Il doit y avoir environ un vingtaine de bêtes et un superbe mâle à la ramure impressionnante. Je profite un peu en les regardant paître.

La route vers Jokulsarlon est rapide. J’arrive sur le site auquel il y a déjà un peu de monde.

Le site est beau, l’immense glacier se jette dans un grand lac de fonte qui se jette ensuite dans la mer. Comme le glacier se casse au moment d’arriver dans le lac celui-ci est rempli d’iceberg bleus et gris. C’est très beau. Pour couronner le tout des phoques vivent ici et se laissent approcher. Sur la plage de sable noir les icebergs s’échouent donnant ainsi des contrastes saisissant.

Ce lieu a été le tournage de nombreux films dont Lara Croft et James Bond Demain ne meurt jamais.

Après Jokulsarlon, je reprends la route et je m’arrête à un glacier pour faire une geocache.

Une scène de Batman begins a été filmé près de ce glacier.

Je continue ensuite vers une autre geocache cachée à côté d’une belle église au toit tout de végétal.

Direction Skaftafell. Skaftafell est un parc national offrant beaucoup de randonnées et d’activité. Avec le recul j’aurai dû y passer une journée entière mais bon faut faire des choix.

Je décide de réaliser la petite randonnée qui mène à la cascade de Svartifoss. Il y a des arbres ce qui est relativement rare en Islande. Le chemin est sympa et facile. La cascade superbe : c’est une falaise en fer à cheval constituée d’orgues basaltiques. C’est très beau.

J’aurai dû rester un peu plus longtemps dans le Skaftafell mais j’ai continué ma route vers les Sandar.

Les Sandar, ceux sont d’immenses étendues de sable noir qui sont créés lors des éruptions. Les volcans font fondre la glace, notamment celle du Vatnajokull, ce qui créé d’énormes coulées de boues chargées de roches et dévastant tout sur son passage.

Alors les Sandar c’est un peu déprimant … Du sable noir à perte de vue et sous le ciel gris ça ne rend pas les choses plus gaies…

Pour la nuit je me dirige vers Fjaðargljufur. C’est un canyon de 2km, les parois sont verticales avec la rivière au fond. Les verts sont impressionnants, avec le Sandur noir au fond c’est beau.

La vue pour la nuit est bien, plus que quelques jours en Islande, il faut que je profite.


Douzième Jour : Hjorleifjskofði, DC-3 et Cascades

Une longue journée en prévision. Elle commencera par la visite de l’Hjorleifskofði. Ce lieux m’a été conseillé par un pote, Julien, qui y est allé en février. Ce lieux est historique c’est un des premiers lieux de peuplement d’Islande et un tombeau viking s’y trouve au sommet. Le lieu est un peu magique, on dirait une île perdue au milieu d’une mer de sable noir. Dans le passé c’était une île mais le niveau de la mer a baissé reliant ainsi la « colline » à l’Islande.

L’ascension des 220m de la colline, seul, sous la pluie a quelque chose de mystique. Personne ne vient ici car ce n’est pas connu. En haut la vue depuis le tombeau est sublime surtout par mauvais temps je pense. Un peu plus bas on trouve les ruines de la ferme d’Arnarson. Je retrouve aussi la trace du passage de mon pote sur le logbook de la geocache du sommet. Je suis content d’être venu ici.

Ma prochaine étape est l’épave d’un vieux DC-3 qui s’est crashé ici après guerre. Pour y aller faut trouver le début du chemin que je ferai à pied car la voiture passerait pas je pense.

Rendu sur place j’attaque la balade de 3,5km. J’avance bien, dans l’immensité du Sandur, et au loin je commence à apercevoir l’avion.

Sauf que… sauf que plus je me rapproche plus je me dis qu’il y a un problème : une bonne grosse rivière au débit important me coupe le chemin pour l’avion… Je décide de descendre plus bas afin d’essayer de voir si il y a un passage. Mais non, pas de passage. Plutôt que de prendre des risques à traverser je rebrousse chemin. En regardant de plus prêt je me rends compte de mon erreur et je reprends donc la voiture pour pousser 400m plus loin et prendre au final la bonne entrée pour l’avion… J’attaque de nouveau les 4km. L’avion se rapproche de nouveau mais pour de bon cette fois-ci.

C’est un peu surréaliste de le voir la comme ça. Il ne reste pas tous les morceaux mais l’avion est en bon état.

Encore 4km de retour à la voiture et hop c’est reparti direction la superbe cascade de Skogafoss qui est également le début de la randonnée du Landmannalaugar.

Le trek du Landmannalaugar est LA randonnée à faire si vous allez en Islande, la beauté des paysages y est époustouflante.

La cascade est impressionnante, véritable mur d’eau de 60m.

La route continue et la série des superbes cascades aussi avec Seljalamdsfoss qui a la particularité de ne pas être accrochée à la falaise. On peut même passer derrière c’est très beau.

Je finirai la journée en rejoignant Gulfoss pour la nuit. J’y arrive relativement tard car la journée a été bien bien longue…

C’est bientôt la fin du voyage…


Treizième Jour : Retour à Reykjavik

De retour à Reykjavik en début d’après midi. La boucle est bouclée. 3500km à 57km/h de moyenne.

Je prends un lit dans le backpacker rue Laugavegur (que je trouve mieux que le Kex). J’y retrouve Pascal, mon camarade Québecois de Akureyri. Comme j’ai pas mal de temps j’en profite pour visiter la ville. C’est très sympa Reykjavik dans un style tout scandinave. La journée se passe tranquillement au soleil.

Le lendemain pareil, je visite, je prends le temps, je bois des cafés au Reykjavik Roaster (qui font d’excellents cafés).

En fin de journée, je rejoins Pascal avec qui on prend des verres au Dylon et avec qui on goutte le « Rotten Shark » du requin gardé sous terre plusieurs semaines. C’est horrible ça pue l’urine, immangeable… La soirée continue au bar de l’auberge de jeunesse avec des Français, un américain et d’autres personnes ; c’est toujours sympa c’est moment cosmopolites.

23h, je reprends une dernière fois la route en direction de l’aéroport, je rends la voiture puis s’amorce une longue attente car mon avion est tard dans la nuit.

Ça y est c’est le retour…bye bye Islande et à bientôt!


Conclusions

Quel pays absolument fantastique ! J’ai beaucoup utilisé de mots tels que « Superbe », « Magnifique » ou encore « Merveilleux » mais c’est parce que c’est le cas ! L’Islande offre vraiment des paysages à part. On retrouve les « codes » des paysages nordiques comme on peut le voir en Norvège mais le volcanisme ajoute vraiment un plus.

14 jours pour faire le tour que j’ai fait c’est un peu rapide avec le recul. J’aurai peu être dû passer plus de temps dans la partie entre Hofn et Reykjavik, dans le triangle d’or aussi mais je ne regrette pas les choix que j’ai fait. Les fjords du Nord Ouest par exemple m’ont pris quasiment trois jours mais ça valait le coup. Prendre un 4×4 aurait été également plus sympa, déjà pour aller plus vite sur les routes en gravier et aussi pour explorer le centre mais encore une fois entre le budget et le timing il fallait faire des choix.

Dans tous les cas j’ai adoré ce voyage, le faire seul lui aura donné un aspect différent mais très sympa aussi. L’Islande n’est pas très grande mais on peut y passer une vie à explorer je pense ! Ce qui est sûr c’est que je dois y retourner, que ce soit au Nord Ouest dans le Hornstrandir ou au centre faire la traversée,… les idées ne manquent pas… 

Pour conclure : si vous hésitez à aller en Islande, arrêtez ! Allez-y vous ne serez pas déçus !

Quelques infos utiles :

  • Site d'info généraliste sur l'Islande : Lien
  • L'excellent site météo Islandais qui donne aussi des infos sur l'activité volcanique : Lien
  • Un autre site intéressant qui donne l'état des routes : Lien

Bivouac au Svalbard

Svalbard

12jours

d'expé

130km

parcourus

77°

Latitude Nord

-15°

Température moyenne

Je voulais depuis longtemps réaliser une randonnée itinérante en milieu polaire et en particulier sur la fin de l’hiver afin de me confronter à cet environnement dure, hostile mais magnifique qu’est l’arctique hivernal. Nous sommes donc parti avec mon pote Guillaume, au Svalbard durant deux semaines donc 12jours dans le froid une expédition dont on se souviendra longtemps.


Le Svalbard

Le Svalbard est un archipel perdu à mi-chemin entre l’extrême nord de la Norvège et le Pôle Nord. Situé entre 74° et 81° de latitude, l’archipel est au coeur de l’arctique mais le courant du Gulfstream baigne les îles ce qui permet « d’adoucir » les températures, notamment l’hiver avec des moyennes aux alentours de -15°C qui sont à contraster avec le -30°C, -40°C voir même -50°C que l’on peut rencontrer aux mêmes latitudes au Canada ou au Groenland.

L’archipel est constitué d’une trentaine d’îles. La principale est l’île Spitzberg. Au total un peu plus de 2600 personnes vivent à l’année sur cette île et notamment dans la ville de Longyearbyen. L’autre « grande » ville de l’île étant Barenstburg qui est une ville minière Russe.

Le Svalbard étant au coeur de l’arctique on y trouve de nombreux ours blancs. Il y a d’ailleurs plus d’ours que d’humain sur l’archipel (environ 5000 au total). L’ours représente donc un danger dès que l’on sort des villes car c’est un des rares animaux qui peut chasser l’homme. Ce danger conditionnera une grande partie de notre vie quotidienne durant l’expédition et notamment le soir au bivouac. L’Ours blanc sera omniprésent durant le voyage car on y pense constamment, on en parle beaucoup ainsi que des histoires d’attaques… C’est un sentiment ambivalent car on a évidemment envie de le voir mais en même temps on se dit que si on le voit de trop près c’est dangereux…

Quelques infos sur l’Ours Blanc :

L’ours blanc peut être considéré comme un mammifère marin semi-aquatique car sa survie dépend intégralement de la mer et de la banquise étant donné qu’il se nourri quasi exclusivement de phoques. Présent sur tout le territoire arctique, l’ours blanc est un descendant de l’ours brun dont le pelage a muté afin de mieux se fondre dans son environnement. Excellent nageur, pouvant courir bien plus rapidement qu’un homme et pouvant vous sentir à des dizaines de kilomètres à la ronde, l’ours est un super-prédateur. C’est même le plus grand prédateur terrestre. Un ours mâle (que l’on identifie facilement par son absence de cou et sa taille) peut atteindre 800kg pour une taille de 2-3m de long. La femelle, plus petite, pèse un honorable 350kg pour 2m de long. C’est malheureusement une espèce en voie de disparition du fait du réchauffement climatique et de la fonte des banquises.

Un des avantages du Svalbard est qu’il est relativement simple d’y aller car une ligne aérienne régulière mène à Longyearbyen tout au long de l’année ce qui en fait d’ailleurs la ligne régulière la plus septentrionale du monde. On peut donc y être en quelques heures en partant de Paris (moyennant une escale à Oslo ou Tromsø) pour un prix honnête ce qui n’a rien à voir avec le grand Nord Canadien ou le Groenland.


L'expédition

Download file: Svalbard.gpx

Comme je l’ai dit plus haut l’expédition consiste en une boucle partant de Longyearbyen et passant par Barensburg au Sud Ouest. Le problème est qu’au Svalbard on ne peut pas se balader or des villes comme on veut du fait de la présence de l’ours. Pour ce genre d’expédition il faut une autorisation du Gouverneur local, être armé en permanence d’un fusil (avec toutes les autorisations requises), avoir du matériel type balise argos, etc,… ce qui fait qu’un expédition n’est pas forcément simple à organiser. De plus je souhaitais partir à la fin de l’hiver au mois de mars. Nous allions donc rencontrer des températures constamment négatives et de potentielles conditions très rudes auxquelles je n’avais jamais été confronté.

Partant de tous ces éléments j’ai fait le choix de partir avec une agence qui proposait un circuit en autonomie sur 12j en ski-pulka avec un guide. Ce format à l’avantage de faciliter les démarches administratives mais également de profiter de la sécurité et surtout de l’enseignement qu’allait nous dispenser notre guide polaire, Manu. Ces douze jours auront donc étaient, en plus d’une expé, une véritable école du froid et des techniques associées.

Direction le grand blanc!


Premiers jours au Svalbard : la Préparation

Ca y est c’est le grand départ après 5mois d’attente depuis la réservation du voyage ! On est le 29/03 et on embarque avec Guillaume pour deux semaines d’aventures (très) nordique. Première étape : se rendre sur place. On a donc rendez-vous à l’aéroport Charles De Gaulle pour un premier vol direction Oslo. Nous enchaînons ensuite pour 5h d’attente afin de prendre le second vol. Second vol qui passe pas loin de l’annulation car la tempête sévis sur le Svalbard. Au final nous partirons avec un peu de retard.

Nous arrivons sur place à 00h30 accueillis par un vent violent et des températures qui nous font paraître lointain le début de printemps parisien. Nous sommes directement dans le vif du sujet. Nous sommes récupérer par les guides. Le notre sera Manu, un Belge, qui guide l’hiver et une partie de l’été et qui est infirmier le reste du temps. Nous rencontre les autres membre du groupe : Bertrand et Olivier. Nous serons donc quatre plus notre guide. Un vrai « Boys Band »…

Direction la guesthouse ensuite. Nous serons loger à l’extrémité de Longyearbyen dans la Guesthouse 102. Cette soirée finira par un repas/grignotage afin de ne pas dormir le ventre vide.

Le lendemain réveil aux aurores car nous avons du pain sur la planche : il faut tout préparer pour l’expe qui démarre demain !

Nous commencerons par un briefing de sécurité surtout orienté sur l’ours blanc et le danger qu’il représente. Une fois le brief fini, direction un grand hangar qui sert de lieu de préparation pour les expé. Nous recevons donc notre pulka, nos skis, des raquettes, du matos pour le froid (nous avions notre matos perso avec Guillaume), de la nourriture, le fuel des réchauds, les tentes, … Cela représente beaucoup beaucoup de matos. Notamment la nourriture car nourrir cinq gaillards pendant 12jours par -10/-15°C cela représente quelques kilogrammes. Comptez quasiment 3000kcal/jours/personne…. Il faut également emporter de la nourriture pour les chiens car nous serons accompagnés par deux chiens de traîneaux. Avant de tout ranger, on s’entraîne à monter les tentes car mieux vaut savoir faire cela avant de partir si jamais le premier montage se fait dans la tempête. Nous avons des tentes pour dormir (des Helsport Svalbard High Camp – trois places pour deux) mais également une tente messe qui servira pour se réchauffer (un peu), manger, … C’est une tente type Laavu traditionnel Same. Le montage n’en est pas facile car la tente est lourde mais au bout des douze jours nous serons devenu rapide et efficace.

Nous voilà bien équipé. Nous commençons le rangement de nos pulka mais il sera complété demain par les affaires personnelles (vêtements,…). Cela nous aura pris toute la matinée et le début de l’après midi.

Le reste de la journée sera libre. Nous en profitons donc pour visiter Longyearbyen et pour ma part faire quelques Geocaches. La météo est venteuse et on a un bon avant goût de ce qui nous attend. Je suis content car mon matos tient bien le froid pour l’instant.

Le soir, fin de la préparation du sac, des affaires. On se couche tôt en prévision du lendemain…


Premier Jour : le Départ

C’est le jour du départ ! Enfin !

La matinée commence tranquillement avec les derniers détails de la préparation. Dernière douche pour les 12 prochains jours… je savoure… Une fois que nous sommes prêt nous allons récupérer les chiens vers 11h. Ceux sont de beaux chiens de traîneaux. Un mâle, Fenrir, magnifique mais foufou et une femelle Freya, beaucoup plus calme et douce. Ils serviront avant tout à éloigner un potentiel ours trop curieux mais également à nous avertir si ils en sentent un. On s’en servira parfois pour tirer les pulka en cas de fatigue et leur présence est également agréable pour le moral. Ceux sont des bêtes superbes parfaitement adaptées à ces conditions polaires.

Une fois les chiens récupérés on se dirige vers le début du chemin. Le vent n’a pas faibli depuis hier c’est dans une véritable tempête que nous attaquons. J’avoue que lorsque la voiture qui nous a conduit ici est partie j’ai ressenti un petit moment de solitude car on se retrouve dans le blanc entouré uniquement de vent… On attaque avec les raquettes car la neige est très molle ici.

Il fait environ -15°C mais avec le vent, la température ressentie avoisine plutôt les -20/-25°C toutefois tant qu’on est en mouvement ça reste supportable. Il faut juste éviter de suer afin de ne pas avoir froid.

Nous avançons doucement, on découvre la sensation de tirer une pulka. Le décor est magnifique, blanc…

Après quelques heures de progression, on s’arrête à l’abri du vent pour un rapide repas au menu et comme pour tout les jours suivant : yum-yum (pâtes chinoises) et soupe. J’ai une légère douleur à la hanche mais celle-ci est due à un mauvais réglage de mon harnais de pulka et disparaîtra rapidement une fois celui-ci mieux ajuster.

L’après midi nous continuons la progression dans la poudreuse ce qui créé beaucoup de frottement sur la pulka ; nous ne sommes pas encore dans le rythme de l’expe, on fatigue donc rapidement mais ça va.

Première journée, premier problème : subitement la partie reliant la pulka au harnais casse… impossible de continuer ainsi. Heureusement on en avait un en rab. Je continuerai donc avec celui là pour le reste de l’expe.

Nous arrivons à notre emplacement de bivouac en début de soirée. L’installation du camp est laborieuse car c’est la première fois, on est donc pas très bien organisé et on a pas encore tous les réflexes. Cela nous prendra donc plus d’une heure de tout installer… par contre ça réchauffe car il faut « enterrer » les tentes dans la neige et creuser les toilettes, donc on pelte beaucoup…

On se retrouve tous ensuite dans la tente messe pour le repas du soir. Les réchauds font gagner de précieux degrés à l’intérieur. Le repas chaud fait un bien fou.

Au coucher nous découvrons tout le cérémoniel nécessaire, entre brossage des affaires, changement de vêtements, … cela prend quasiment 20min par personne pour se mettre au lit…

Une fois au fond du duvet, la tente fermée, on se sent un peu « à poil » en cas d’attaque d’ours. On a juste un sifflet pour avertir. Le guide, lui dort dans la tente messe avec le fusil au cas où.


Deuxième Jour : la Mise en Jambe

Alors déjà la nuit c’est pas forcément facile par ce froid (même si ça a été globalement) mais sortir du sac e couchage le matin est une vrai torture. Il faut ensuite ré-enfilé les affaires humides de la veille avec lesquelles on a dormi dans le duvet pour pas qu’elles gèlent ; ensuite il faut enfiler les chaussures qui elles ont gelé et enfin s’extraire de la tente…  Heureusement ce matin il fait beau.

Le petit déjeuner se déroule dans la tente messe. Malheureusement on a oublié le sac des thés et cafés à Longyearbyen. Pour ma part je tournerai donc aux yumyum avec du « Caviar » sur des wasaa (le seul pain qui gèle pas…)

Le « Caviar » Norvégien n’a rien des oeufs d’esturgeon. On est plus sur du tarama en tube. C’est loin d’être fameux mais quand on a faim c’est excellent !

Il faut ensuite ranger le camp, ce qui prend également un temps fou surtout pour ce premier vrai matin d’expe. Au final entre le levé et le départ il se sera passé 3h et on aura pas chômé.

Aujourd’hui on s’équipe avec les skis et on démarre. Enfin plutôt on pense démarrer car au bout de 5mètres Olivier pète une de ses fixations… Retour à la raquette pour lui.

Le début est une légère pente descendante, agréable car la pulka se fait oubliée. La progression en ski est sympa également. La pente se durcie plus loin et ayant un harnais souple je passe mon temps à me prendre la pulka dans les jambes ce qui est pas agréable du tout. De plus je ne gère pas bien les skis qui sont assez différents des skis alpins classiques je chute donc pas mal. Si bien que je casse, moi aussi, ma fixation… Retour aux raquettes donc ainsi que pour Bertrand. Au final après cette journée nous serons tous revenus aux raquettes qui s’avéreront tout à fait pratiques durant le reste de l’expe.

La descente continue dans une vallée, c’est toujours aussi blanc, toujours aussi beau. La météo est au soleil avec un léger vent. Un sentiment de pureté absolue émane du paysage.

Le soir nous bivouaquerons à la confluence de trois vallées. Nous mettrons encore du temps à monter le camp mais un peu moins qu’hier. Par contre la couche de neige est très fine on tombe vite sur de la glace ce qui n’aide ni pour accrocher les tentes, ni pour creuser les toilettes que l’on construira finalement avec des blocs de glace.

Nous sommes arrivés tôt on profite donc de la fin d’après midi. Petit frayeur à un moment car j’ai sorti mes mains pour prendre une photo et en 30s je ne sentais plus un de mes doigts… La sensation reviendra finalement rapidement, le doigt n’était pas gelé mais cela rappelle qu’une gelure peut arriver très très vite surtout avec du vent.


Troisième jour : Premier Coup de Mou

Lever, petit déjeuner, rangement, départ,… La routine est déjà au bout de trois jours. Le froid complique tout. La moindre petite action qui normalement prend quelques secondes prend deux/trois fois plus de temps avec les gants, avec la neige ou le vent. Les gros moufles ne permettent pas de réaliser des actions fines, il faut donc les enlever sauf qu’on a du mal à tenir longtemps dans le froid mains nues ou en sous gants.

Toujours est-il qu’on reprend la route. Nous commençons par de la montée. On sent bien les pulkas dans le dos. La journée se déroule comme d’habitude : du blanc, de la montée, de la descente, encore du blanc et toujours ce sentiment de pureté et cette beauté des paysages. On a de la chance il fait beau.

En fin d’après midi nous allongerons un peu l’étape pour dormir dans une cabane perdue. Comme partout en Norvège on trouve des cabanes, des « Cabin » ou Hytte, libres d’accès et bien pratique en cas de mauvais temps ou pour passer une nuit un peu plus confortable. Notre cabane du soir est toute petite. Il déjà commencer par creuser un peu la neige pour pouvoir rentrer. L’intérieur est spartiate : six lits (constitués de planches), une petit table et c’est tout mais c’est déjà pas mal.

On gagne donc tout le temps de montage ce qui fait qu’on a pas mal de temps libre. Malheureusement, il n’y a pas grand chose à faire par ce froid car l’intérieur de la cabane reste très très froid et surtout humide. C’est donc un peu dur surtout qu’on a bien marché aujourd’hui et qu’on commence à être fatigués. Heureusement la cabane est dans un lieu magnifique légèrement surplombant on profite donc aussi de la vue et de la quiétude. Mais un peu dur ce soir avec le froid quand même.

La fin de journée sera rythmée par le repas et le couché. La nuit ne sera pas forcément meilleures étant donné que ça ronfle un peu dans la cabane …


Quatrième Jour : Dans la Grondalen

Ce matin on a pas à démonter le camp, on prend donc notre temps. Au moment de partir on se rend compte que le Fenrir a rongé une paire de raquette ainsi qu’un bidon d’essence (pour les réchauds) dans la nuit ce qui fait qu’il fuit à présent… Il est gentil ce chien mais il passe ses journées à faire des bêtises et n’est même pas utile pour tirer les pulkas car totalement indiscipliné. Mais bon ça fait un peu d’action.

Le début de journée est la suite de la montée de la veille qui nous mène à un col. Le sentier est assez renfermé et entouré de congères. C’est beau. Je suis bien en forme aujourd’hui en plus donc j’en profite d’autant plus.

Au bout de ce passage « renfermé » se dévoile une immense vallée entièrement blanc, toute droite aux bords doux et arrondi. Au bout la mer, encore recouverte par la banquise en grand partie. Le tout est absolument magnifique.

Notre but aujourd’hui est d’atteindre une cabane perchée sur un Pingo, une colline de glace recouverte de terre. La progression se fait à bon rythme mais la cabane se rapproche pas bien vite étant donné les dimensions colossales de la vallée. Comme il fait beau j’ai vite chaud et donc je sue légèrement ce qui fait qu’à chaque arrêt je me gèle comme je suis humide. En arctique l’ennemi c’est vraiment l’humidité…

Nous arrivons enfin à la cabane. Elle ressemble à celle de la veille, en légèrement plus confortable. Ce soir grand luxe : je change de chaussette pour la première fois (je n’en ai que trois paires..) et ça fait du bien surtout qu’elles sont sèches. Je voulais me laver un peu mais mes lingettes ne dégèle pas même après plusieurs heures sous la doudoune (agréable bloc de glace contre les côtes) ; j’utiliserai donc de la neige pour laver les parties sensibles…c’est mieux que rien.

Fin de soirée classique dans le froid et l’humidité…


Cinquième jour : Jusqu'au Pied de Barenstburg

Petit journée en prévision aujourd’hui. L’idée est d’aller monter le camp un peu avant Barentsburg, non loin de la banquise et d’y passer le lendemain en repos afin de faire un tour dans les environs.

Lorsque l’on part de la cabane c’est jour blanc, on voit rien, on ne distingue pas le sol du ciel. C’est très perturbant et extrêmement facile de s’y perdre. On navigue donc à la boussole et en suivant des traces de motoneiges.

Finalement le soleil arrivera à percer la couche nuageuse en début d’après midi. Nous atteignons notre lieu de bivouac après 8km de marche. Nous sommes tout proche de la banquise et donc potentiellement de l’ours, bien plus que les jours précédents.

Le camp est vite monté mais avec soin car nous allons rester ici le lendemain.

Le soir le soleil nous offre une lumière somptueuse.

Etant donné le risque accru d’une rencontre avec un ours nous allons faire des tours de garde cette nuit. Comme on est quatre plus le guide on fera des rotations toutes les 2h, le guide s’occupant de la première et de la dernière. Pour ma part je tire la garde de 00H-2h. Je dois avouer que le réveil n’est pas facile mais on traine pas car on veut pas que notre camarade qui vient de finir son tour soit trop amputé de sa nuit. On se retrouve donc tout seul avec une lumière entre chien et loup (il ne fait jamais vraiment nuit) à tourner autour du camp avec une simple pistolet d’alarme si jamais un ours se présente. La lumière fait que l’on distingue rien car tout est de la même couleur à cette heure. Le silence est assourdissant, parfois rompu par des cris au loin, sûrement des renards polaires. Pas de rencontre avec un ours ce soir mais une courte nuit. En tous cas on dort un peu plus serein en sachant que quelqu’un veille pendant ce temps.


Sixième Jour : Balade sur la Banquise

Aujourd’hui nous ne bougerons pas le camp mais on se reposera pas vraiment pour autant étant donné qu’on se fera une « balade » de 6h sur la banquise.

Il fait grand beau ça va être une journée sympa. On part léger direction le fond du fjord qui est encore pris dans la glace. Les paysages sont superbes avec au premier plan la « plat » de la banquise et au fond des pics tout en neige et cerclés de glaciers.

Le midi nous nous arrêterons à une cabane sur les hauteurs pour manger. En repartant nous croiserons des rennes, les premiers d’une longue série.

Nous rentrerons ensuite pour une fin de journée calme. Comme il fait beau j’ai réussi à dégeler un peu des lingettes, je fais donc un brin de toilette. Je change même de caleçon et de sous-vêtement ! Le luxe !

Ce soir nous sommes à la moitié du périple. Le moral et le physique sont au vert, tout va bien !

Encore un petit tour de garde ce soir …


Septième Jour : Barentsburg

Nous reprenons la route après cette journée de repos. Direction Barentsburg la cité minière Russe pour un voyage dans le temps à l’ère soviétique.

Avant toute chose il faut ranger le camp sous le vent et attaquer ensuite par une forte montée durant laquelle on ressent bien les pulkas qui n’ont qu’une envie : redescendre. L’arrivée dans la ville se fait par une sorte d’immense zone de dépôt de machines hors d’âge et d’anciens bâtiments en ruine… Sympa. La ville en tant que telle n’est pas beaucoup plus réjouissante avec ces bâtiments figés dans le temps, des tuyaux partout, de la fumée et une austérité soviétique parfaite. Nous arrivons après une longue traversée de la périphérie dans ce qu’on pourrait qualifier de centre ville : en soit l’unique hôtel de la ville, la poste et un petit magasin. Nous décidons de nous arrêter manger à l’hôtel le midi pour changer un peu des YumYum et passer un peu de temps au chaud.

L’intérieur des bâtiments est à la hauteur de l’extérieur figés à l’ère de l’URSS. Nous prendrons donc un repas sans plus et pas bien gros, servi sans le sourire … un vrai plaisir. Par contre quel plaisir de prendre un café ! Ne pas prendre de douche pendant 7 jours ne pose pas trop de problème dans le froid mais dès qu’on passe au chaud, les odeurs se développent… et là c’est un vrai bonheur…!

Nous reprenons la route après cette pause en demie teinte. Nous traversons la seconde partie de la ville, un peu moins industrielle, l’église notamment est jolie dans un style tout à fait slave. Nous quittons donc cette aparté « civilisée » pour retrouver nos solitudes glacées. Nous reprenons au passage le chemin du retour vers Longyearbyen qui longera la côte pendant quelques jours.

Le Svalbard est sous souveraineté Norvégienne et est administré par un gouverneur, le Sysselmannen. Toutefois l’archipel est régi par le Traité du Svalbard qui stipule que n’importe quelle personne peut exploité les ressources naturelles quelque soit sa nationalité. Le Svalbard est également une zone entièrement démilitarisée. Toutefois l’Arctique attire depuis longtemps les convoitises : d’une part, de part ses ressources naturelles (charbon, pétrole, fourrure, …) et d’autre part du fait de sa situation stratégique notamment durant la Guerre Froide (en observant une carte du monde centrée sur le pôle on se rend mieux compte de la proximité des USA et de la Russie). De nos jours s’ajoute à cela la possibilité d’exploiter les passages du Nord Ouest et/ou du Nord Est qui s’ouvrent de plus en plus du fait du réchauffement climatique. Tous ces points expliquent la présence Russe à Barentsburg : bien que la cité minière n’ait plus d’intérêt économique, elle assure une position stratégique à la Russie dans l’Atlantique Nord.

Nous longeons une route relativement ennuyante au sortir de la ville, route qui mène à un petit héliport. Nous prendrons ensuite la direction de l’est en longeant le littoral. Nous croisons quelques rennes paissant tranquillement à la recherche de lichen sous la neige. Le chemin n’est pas très passionnant ni très joli sur cette partie.

Le soir nous logerons dans un bâtiment en semi ruine mais qui nous coupera du vent pour la nuit. Rien de bien confortable pour autant et manquant un peu « d’esthétisme ». J’aurai préféré dormir sous tente, je n’aime pas trop le lieu et je préfère les infinis blancs…


Huitième Jour : du Plat ...

J’ai mal dormi cette nuit, c’était humide sûrement à cause de la proximité de la mer.

Le chemin de la journée aura été extrêmement monotone ; sur le début surtout : du plat, du plat et tout droit…

La seconde partie de la journée est plus sympathique car ponctuée de lits de rivières gelées à passer ce qui permet de mettre un peu de piment à la journée. On croise également beaucoup de rennes dont des jeunes. J’aime bien les rennes, ceux sont de jolies bêtes.

Le soir nous trouverons une nouvelle cabane pour passer la nuit. Cerise sur le gâteau nous pourrons faire un peu de feu dans un vieux pôele et ainsi avoir chaud et sécher un peu nos affaires…


Neuvième Jour : ... Encore du Plat

Une bonne nuit de passée dans la cabane, il faisait même bon…

Nous partons tôt car nous avons une longue longue route aujourd’hui. La marche du jour commencera le long de la Baie des Hollandais mais continuera dans une gigantesque plaine plate et très large… On a l’impression de ne pas avancer et nous mettrons des heures à arriver au bivouac du soir.

Nous nous poserons non loin de l’emplacement du 2e jour, le lieu est toujours aussi beau surtout le soir au couchant.

Comme nous avons un peu le temps le soir nous décidons de nous construire des toilettes de compétition avec un mur en parpaing de neige (répétition d’une volonté de faire un igloo les prochains jours).

La fin de journée sera classique pour un jour de bivouac avec un repas glaciale dans la tente messe, le rituel du déshabillage avant la nuit et une nuit froide avec les chaussettes et les doublures trempées des chaussures dans le sac de couchage pour les faire un peu sécher contre soit…


Dixième et onzième jours : Petite pause sous le col

Le lendemain sera une petite journée. Nous ne sommes pas très loin de Longyearbyen à vol d’oiseau mais il nous reste un col de 600m à passer et ça va pas être une partie de plaisir avec les pulkas (même si elles se sont bien allégées après ces 10j). Comme nous avons bien avancé les derniers jours nous sommes en avance sur la planning, nous allons donc passer une journée sous le col à profiter du lieu.

Avant cela nous allons devoir rejoindre la zone du bivouac par un chemin de montagne bien plus refermé que les jours précédents ce qui change des immenses plaines que l’on a traversé.

Nous posons le bivouac tôt dans la journée ce qui nous permet de savourer la fin d’après midi dans ce qui est un des plus beau bivouac du séjour. L’ambiance est très montagnarde et la vue superbe.

Le onzième jour nous ferons une petite balade sur les hauteurs afin de profiter de la vue mais nous passerons surtout du temps à nous essayer à la construction d’un igloo pour Guillaume et à creuser un abri sous neige pour ma part (ce n’est d’ailleurs ni facile, ni rapide).

Nous profitons surtout de cette journée pour savourer les grands espaces et la pureté car demain nous serons de retour à la civilisation et ensuite de retour à Paris dans le RER. Nous savourons donc le blanc, le silence et l’espace…


Douzième Jour et Retour à la Maison

Dernier levé, dernier rangement du camp, dernier empaquetage des pulkas. On chausse les raquettes et on attaque le col. Le poids du matériel se fait ressentir mais ça passe bien. Derrière une longue pente jusqu’à Longyearbyen.

Nous arriverons en début d’après midi après 12j « perdus » dans la blancheur du Svalbard. L’intérieur des bâtiments nous parait surchauffé après tout ce temps par des températures oscillant entre -5°C et -15°C. Arrivés nous commençons par poser les affaires et on saute tous à la douche presque aussi tôt. Quel bonheur !! Sûrement une des meilleures douches de ma vie ; la première depuis 12j. J’aurai changé 3 fois de chaussettes, 2 fois de caleçons et pas beaucoup plus de sous vêtements thermiques. Je vous laisse imaginer l’odeur à l’intérieur au chaud juste avant la douche.

A présent que nous sommes propres on s’accorde une sieste ; la fatigue et la pression retombent et on s’écroulent tous.

Le reste de la journée sera consacrée au rangement du matériel, à son tri et au repos, on dit également au revoir à Fenrir et Freya avec qui on aura passé des moments sympas même si Fenrir était ingérable (mais drôle). Le soir on se fait un resto et Ô bonheur sans limite on boit une bonne bière fraîche ! D’ailleurs anecdote sympa, on ne porte pas de chaussure dans ce bar (comme dans de nombreux bâtiments ici) car la rue est tellement boueuse ou neigeuse que ça salirai tout, autrement. Tout le monde est donc en chaussette en train de boire des bières.

Le soir on dort comme des bébés dans un vrai lit, encore une fois que du bonheur.

Le lendemain c’est journée libre. On en profite tous pour se reposer, faire des courses de souvenirs, boire des petites bières et profiter encore quelques heures du Svalbard. J’en profite aussi pour finir d’écrire mes carnets en buvant un bon café.

Le soir, nous prenons l’avion assez tard. On se fait donc un restaurant en attendant pour goûter les mets locaux (Renne pour moi).

Le retour se fera sans soucis hormis le « choc » de se retrouver à Paris en quelques heures. Le trajet en RER fait mal ensuite mais je suis quand même content de retrouver mon chez moi et le confort de la vie de tous les jours…Le Blanc paraît déjà loin…


Conclusions

Ce voyage aura été une belle aventure ! Même si je suis passé par une agence ça n’a gâché en rien le plaisir de l’expédition. Au contraire ça m’a permis d’apprendre énormément au contact du guide grâce à ses conseils et à toutes les questions qu’on lui a posé : Merci Manu !

Pour ce qui est du Svalbard, cette terre est à part. Un morceau de Grand Nord accessible en quelques heures et qui vous offre un sacré dépaysement. L’ambiance est géniale même à Longyearbyen car tout le monde est là pour l’aventure, l’isolement,… On se sent invité par la Nature au Svalbard, pas plus ; et parfois on est plus les bienvenus et elle sait nous le faire sentir.

Nous avons vu le Svalbard en hiver mais l’été a l’air très sympa aussi surtout grâce aux expés en kayak. Dans tous les cas je vous conseille de tenter le Svalbard que ce soit en hiver ou en été, à ski, raquette, kayak ou même en croisière. On y sent la force de la Nature mais aussi sa fragilité face au réchauffement…

Quelques infos utiles :


L'extrémité Ouest des Lofoten, Norvège

Îles Lofoten, Norvège

14jours

de beauté

300km

au nord du Cercle Polaire

4plages

perdus au bout du monde

3sommets

à couper le souffle

Voilà plus d’un an que nous patientions pour retourner en Norvège et surtout partir aux Îles Lofoten. Pourquoi ici en particulier ? Parce que les Îles Lofoten sont un joyau d’une beauté unique niché au nord du Cercle Polaire Arctique. Imaginez les Alpes mais avec les pieds dans l’eau. Vous êtes le matin en bord de mer et l’après-midi en montagne. Les Lofoten sont uniques et magiques.

Où sont-elles précisément ?

Situées entre le 67° et le 69°N, les Lofoten sont à 300km au nord du Cercle Polaire Arctique, l’archipel s’étend sur 150km dans l’Atlantique Nord. Bien qu’au delà du Cercle Polaire, les Lofoten jouissent d’un climat relativement doux étant donné la latitude. Cela est rendu possible grâce au Gulfstream qui baigne les îles.

L’archipel est constitué de sept îles principales (d’est en ouest) : Austvågøya, Gimsøya, Vestvågøya, Flakstadøya, Moskenesøya, Værøy, Røstlandet. Les populations (environ 24000 habitants) se concentrent le long du littoral étant donné que le centre des îles est en général très montagneux.

Il est facile de parcourir l’archipel en voiture grâce à l’E10 qui relie les différentes îles par des ponts ou des tunnels. Pour les personnes pressées la traversée peut se faire depuis Moskenes jusqu’à Svolvaer en quelques heures mais quel dommage de ne pas prendre le temps de découvrir les Lofoten plus longuement. C’est pour cela que nous avons choisi de « vivre » les îles à pied afin de s’y immerger le plus possible.

Notre projet était le suivant : arrivé à Svolvaer depuis Bodø et descendre les îles Lofoten à pied jusqu’à Moskenes. Entre les deux se laisser vivre au grès de la météo et des envies.


Comment se rendre aux Îles Lofoten ?

Il y a de nombreuses possibilités pour se rendre aux Lofoten :

  • en voiture : la porte d’entrée des Lofoten se situe au niveau de Svolvaer sur l’E10. On peut également arriver aux Lofoten par Moskenes en ferry depuis Bodø. Lorsque nous y étions, nous avons croisé pas mal de personnes en van faisant un tour de la Scandinavie, entrant aux Lofoten par Svolvaer et repartant par Bodø pour poursuivre vers le sud ensuite.
  • en ferry depuis Bodø : il existe plusieurs lignes qui partent de Bodø ayant pour direction Moskenes, Svolvaer (ExpressBoat) ou Stamsund.
  • en avion : il y a deux petits aéroports sur l’archipel : Svolvaer et Leknes. Il existe plusieurs vols quotidien partant principalement de Bodø.

Vous l’aurez compris beaucoup des points d’entrées passent par Bodø. Cette petite ville est accessible par avion, voiture ou train. Elle est même sur la route des hurtigruten.

Pour ce qui est de notre voyage nous avons pris l’option suivante :

  • Avion jusqu’à Oslo (Gardenmoen)
  • Train entre Oslo et Bodø
  • Ferry Express Boat entre Bodø et Svolvaer

Pourquoi prendre le train alors que le trajet dure 17h? Et bien premier point, si l’on considérait le trajet complet Paris → Svolvaer prendre le train ou bien faire un vol jusqu’à Bodø ne nous faisait pas perdre de temps car les horaires des avions nous faisaient rater le ferry. On économisait une nuit d’hôtel au passage. Ensuite le voyage en train permet de prendre le temps de s’imprégner de l’ambiance et surtout de parcourir la Norvège du sud au nord pour en admirer les paysages. Autre côté plaisant : les trains norvégiens sont très confortables (et abordable en prix) notamment le train couchette entre Tromsø et Bodø dans lequel nous avions réservé une cabine avec deux couchettes, lavabo, …

Concernant Bodø, la ville est sympathique et plus active que nous l’avions pensé. On y trouve de bons restaurants.


Premier Jour : de Svolvaer à l'Olderjforden

Nous y voilà enfin! Nous sommes à Svolvaer après quelques heures de train, la traversée du fjord en ferry et une nuit passée en hôtel (histoire de prendre une dernière douche). Nous commençons donc la route direction Kleppstad. Le début du sentier se fait le long du Lille Kongsvatnet après avoir passer le pont au dessus du Straumen puis en direction d’une petite centrale électrique. Cette portion ne présente pas vraiment d’intérêt. Nous quittons le sentier pour entrer sur un vrai chemin. Celui-ci longe le lac de Stor Kongsvatnet. Certaines portions se font sur des chemins aménagés avec des planches surélevées qui ont pour but de protéger les zones humides, on retrouvera ce genre d’installation à de nombreuses reprises durant le voyage  :

Les zones humides sont extrêmement fragiles, il faut éviter autant que possible d’y marcher.

Nous mettons du temps sur cette portion car la vitesse d’évolution n’est pas très élevée entre le poids du sac (plein de nourriture pour les prochains jours), le temps de se mettre en jambe et surtout pas mal de passage rocailleux, recouverts de mousse ou de sentier glaiseux. Nous sommes toutefois content de commencer vraiment le trek et de découvrir les Lofoten.

Nous arrivons finalement au niveau d’un petit bâtiment hydroélectrique auquel nous tournons sur la droite pour monter en direction du Damvatnet. On ressent bien le poids du sac sur les épaules dans la montée. Il doit être dans les 12h-13h, nous faisons donc un pause repas à côté du petit lac. Nous avons une vue superbe sur les lacs en contrebas, les montagnes et au loin la mer.

Nous devons ensuite rejoindre Vestre Nøkkvatnet, du bas nous sommes un peu étonné car nous n’arrivons pas à voir le chemin qui monte… nous le suivons dans les buissons pour arriver finalement au pied d’une canalisation d’eau qui descend du barrage au dessus. Nous comprenons donc qu’il faut la longer pour rejoindre le lac supérieur. L’ascension se fait à l’aide de cordes fixes ancrées sur la canalisation car la pente est raide surtout avec les sacs sur le dos.

Nous arrivons, au final, au lac après cette petite phase “d’escalade”. Le milieu a changé, il n’y a plus d’arbres juste de la lande rase. La vue est belle.

Le temps commence à se couvrir un peu et l’heure est déjà avancée. Nous cherchons à rejoindre un petit col qui nous permettra de descendre vers le fjord. Nous nous égarons légèrement car le sentier est peu marqué et je me suis trompé sur la position de la passe. Nous galérons dans la broussaille mais on arrive à l’endroit voulu. Il est environ 17h et vu d’ici il nous reste beaucoup de chemin, il faut descendre dans le fond du fjord; traverser une zone de marécages (d’après la carte) et longer le fjord sur 5-10km pour rejoindre Kleppstad. Vu l’heure on va pas pouvoir tout faire aujourd’hui, il va donc falloir trouver un endroit pour dormir près de l’eau car la vallée au fond va être trop humide.

Nous attaquons la descente mais le soucis c’est que sur cette partie du sentier,…il n’y a plus sentier. On aperçoit de temps à autre une trace de passage mais rien de fou. Je sortirai donc le GPS au bout de quelques hésitations afin de suivre le chemin. Une personne que l’on croisera plus tard nous à dit mettre quasiment 3-4h à descendre car elle s’était perdue plusieurs fois ou était tombée sur des barres rocheuses empêchant la progression. Dans tous les cas la fatigue commence à se faire sentir et le terrain, extrêmement glissant, n’aide pas.

Une fois le fond de la vallée atteint on constate bien que nous sommes dans un marais, on se dirige donc vers le bord de l’eau en suivant la trace. Cela fait 9h que l’on est parti, il fait moche il est « tard » (19h) et nous en avons un peu marre car on imaginait une première journée plutôt tranquille.

Nous sommes donc sur la trace au milieu des broussailles et dans la boue quand soudain nous tombons sur une cabane et en passant devant je note le “Open Cabin” placardé au dessus de la porte : Ô miracle c’est un refuge “public” ouvert à tous ! On va avoir un toit pour dormir ce soir ! La cabane est toute simple : deux banquettes, une table et un poêle mais c’est le grand luxe tout de même ! Nous nous installons pour la soirée, biens contents d’être au chaud.

Cela aura été une longue première journée, le temps aura été maussade mais sans pluies mais les paysages déjà beaux même avec cette météo. Nous n’avons croisé absolument personnes pendant la marche. A l’issue de cette journée nous décidons de changer un peu nos plans et de prévoir des journées plus courte en distance. On se dit également que l’on va zapper certaines parties de l’archipel pour se concentrer sur Moskenoya car cette île parait la plus riche.


Deuxième Jour : de la cabane magique à Haukland

Une bonne nuit de sommeil ! On reprend la route après un bon petit déjeuner, après avoir ranger et nettoyer et après avoir signé le livre d’or. C’est quand même bien ces cabanes publiques !

Le plan de la journée est le suivant : rejoindre l’E10, faire un coup de stop pour rejoindre les plages d’Utakleiv ou d’Haukland, on verra sur place où passer la nuit. On a choisi de ne pas parcourir Vestvagoy car d’après la carte c’est surtout de la zone humide relativement plate et on a envie d’autre chose. La météo est au soleil ce matin quand on remet le sac sur le dos.

Il nous faudra 1h30 pour rejoindre Kleppstad en longeant le littoral du fjord. Le chemin est sympa. On essaie de trouver un endroit stratégique pour le stop et ça a l’air de fonctionner car un couple s’arrête pour nous prendre au bout de quelques minutes. Ceux sont deux grimpeurs suédois qui passent un peu de temps aux Lofoten. Il y a beaucoup de voies possibles et bien sauvages étant donné le nombre de paroies qu’il y a. Ils nous déposeront à l’intersection entre l’E10 et la petite route qui part vers les plages (Leiteveien). On enchaînera sur un deuxième stop car la perspective de marcher sur la route pendant 2h ne nous enchante pas trop. Notre chauffeur nous déposera sur la plage d’Utakleiv. La plage est très belle et sauvage, il y a peu de monde, par contre ce jour là était assez venteux. 

Nous voulions rester sur cette plage initialement mais entre le vent, le manque de point d’eau et aussi un panneau pas clair sur le prix de la nuit sur la plage, nous décidons de retourner par le chemin côtier vers Haukland. Ce chemin est sympathique et permet de découvrir la plage au fur et à mesure que l’on avance.

Haukland est une très jolie plage de sable blanc nichée dans une anse aux eaux cristallines. Cela donne très envie de s’y baigner si l’eau n’avait pas été aussi froide (mais nous avons vu certaines personnes se prêter à l’exercice tout de même). Derrière la plage se trouve un grand espace en herbe parfait pour poser la tente. Malheureusement le parking qui se situe derrière attire du monde et notamment pas mal de camping-car. Ce soir nous ne serons pas seuls mais la tente la plus proche doit être à 20m de nous, pas de quoi nous embêter. Aspect pratique intéressant : il y a des sanitaires sur parking qui offrent également un point d’eau facile. On pose donc notre bivouac juste derrière la plage à côté d’une table de pique-nique histoire de manger assis ce soir. L’entrée de la tente est face à la mer, il fait un grand soleil, la vie est belle.

Du haut de ses 489m, le Veggen qui se situe entre Utakleiv et Haukland est atteignable à pied depuis les plages et offre un superbe point de vue.

Cela aura été une petite journée, surtout niveau marche mais nous avions besoin de nous reposer suite au voyage et à la première journée de marche. De toute façon le but n’est pas de courir mais de profiter. Ce que nous ferons pendant l’après midi sur la plage au soleil.


Troisième Jour : de Haukland à Nusfjord

Réveil au son des vagues et sous le soleil par 68°N… Quel bonheur !

Le programme de la journée est relativement simple. Rejoindre Nusfjord pour y passer la journée et faire la randonnée jusqu’à Nesland. Le choix de cette journée relativement « pauvre » en marche se justifie par la météo du lendemain qui se sera pas super, nous préférons donc voir le village sous le soleil. Il faut aussi prendre en compte qu’il nous faudra obligatoirement faire du stop car nous devrons emprunter un tunnel (sans trottoir) pour changer d’île.

Nous levons donc le camp tranquillement de bon matin. Notre premier but est de rejoindre l’E10 au niveau de son croisement avec l’Offersøyveien juste avant le passage du tunnel. Nous ferons la route à pied, passage pas très intéressant avec des paysages relativement pauvres.

Nous arrivons finalement à l’embranchement avec l’E10, nous commençons donc notre mission stop.

Il nous faudra 1h30 dans le vent et après plusieurs désillusions pour qu’un couple de Norvégiens en balade s’arrêtent finalement. Nous leur demandons à la base de nous déposer au début de la FV807 qui mène à Nusfjord mais après leur avoir expliqué ce qu’était ce petit village ils décident d’y aller et nous y dépose. Parfait! La route est sympathique et on sent que les paysages deviennent de plus en plus montagneux.

Nous arriverons finalement à Nusfjord vers 13h. Ce village est dit être le plus vieux des Lofoten. C’est un ancien village de pêcheur reconverti en village musée et inscrit à la liste des « sites à protéger » de l’UNESCO. Nous voulions y aller mais nous avions peur que cela soit juste un attraction touristique où des Tour Opérateurs déversent des flots de touristes mitraillant de photo. Et bien non ! Nous avons été très agréablement surpris, il y avait peu de monde et le charme du village est intact. Celui-ci a été conservé dans le style « village de pêcheur ». Alors bien sûr il y a un magasin de souvenir mais il est « camouflé » dans le bâtiment de l’ancienne épicerie (on y trouve d’ailleurs quelques produits frais mais hors de prix!). Les Rorbus ont été aménagés en location très agréable (mais au prix Norvégien…) avec une vue superbe sur le fjord.

Les Rorbus sont des cabanes de pêcheurs montées sur pilotis et posée directement sur les rochers du littoral, les pieds dans l’eau.

Pour résumer tout cela, je vous conseille de faire un tour à Nusfjord, quelques rorbus ont été transformés en musée exposant d’ancienne embarcation ou du vieux matériel de pêcheur.

Nous récupérons les clés de notre rorbu, après avoir posé les affaires, nous décidons de faire la randonnée Nusfjord-Nesland qui est réputée.

Celle-ci part du bout du village et suit la côte jusqu’au hameau de Nesland. Le littoral est magnifique durant la balade surtout sous le grand soleil que nous avons aujourd’hui. On pourrai se croire dans le sud de la France avec cette eau cristalline. Une petite erreur de navigation fait que perdons un peu de temps à un moment. Au final nous ne ferons que la moitié de la randonnée afin de pouvoir profiter du village de jour. La balade est vraiment à faire, même en aller-retour si vous êtes en voiture.

De retour nous ferons un peu de barque sur le fjord ; le soir nous dînerons dans un restaurant du village et profiterons de notre rorbu douillé…


Quatrième Jour : de Nusfjord à Kvalvika

Premier jour de pluie ce matin. Le réveil est plus long que prévu surtout lorsqu’on est au chaud dans un vrai lit et que l’on sait que l’on doit aller marcher sous la pluie… On s’y met tant bien que mal.

On se retrouve donc sur la route à remonter vers l’E10 direction Kvalvika. Cette portion n’est pas agréable. On est le long de la route avec peu ou pas de place pour marcher, il y a peu de voitures mais pas mal de camion et bus. Le tout sous la pluie c’est pas folichon.

Une fois sur l’E10 on se fait prendre en stop par des locaux très sympa(encore une fois pas le choix car il y a des ponts routiers à passer). On voulait, à la base, juste se faire déposer à Ramberg mais le couple nous propose de nous déposer au pied de la rando ! Nos aimables chauffeurs sont originaires des Lofoten et y ont vécu toute leur vie. Aujourd’hui à la retraite ils profitent de leur journée pour flâner en voiture et redécouvrir leurs îles.

Ils nous déposeront donc au petit parking qui sert de départ pour la randonnée vers la plage de Kvalvika. Le sentier, bien balisé, est simple à suivre et n’est pas compliqué techniquement. Toutefois on passe par des zones détrempées surtout après la matinée pluvieuse.

Le chemin pour la plage commence par monter gentiment pour déboucher sur une sorte de col vers 200m d’altitude. Derrière, le sentier se poursuit sur la descente vers la plage dans un terrain plus rocailleux. Tout étant trempé, il faut faire attention car ça dérape. La plage se dévoile le long de la descente. Celle-ci s’étend sur deux anses séparées par une avancée rocheuse. A chaque extrémité se trouvent deux sommets fermant ainsi l’ensemble, au SO le Kjerringa (585m) et au NE le Ryten (515m). C’est somptueux, même sous le voile gris de ce début d’après midi. La première plage sous le Ryten doit s’étendre sur environ 500m, une étendue d’herbe courre tout du long parfait pour le bivouac. La seconde plage est plus petite et plus isolée. Elle est également un peu moins bien orientée vis à vis du soleil surtout le soir.

En tous cas le site est magnifique et parfait pour un bivouac comme on les recherche. Malheureusement, on trouve pas mal de détritus sur la plage, la majorité étant rejetée par la mer.

On s’installera côté SO de la première plage sous le Moltinden (600m) sur une jolie plateforme herbeuse bien plate et parfaite pour un bivouac.

Le temps est toujours maussade mais on sent que le soleil commence à vouloir percer. On en profite pour bouquiner et se reposer sous la tente. Pour ma part je sors faire un tour et tombe à 50m du bivouac (à côté du chemin) sur une cabane semi enterrée bricolée dans le creux de rochers. Cette plage est connue pour avoir “hébergée” deux surfeurs pendant un hiver, ils s’étaient construit une cabane directement sur la plage. Je ne sais pas si c’est celle-ci mais en tout cas elle a des airs de maison Hobbit avec sa porte ronde.

Le soleil percera finalement en fin d’après midi, la plage se transforme, c’est encore plus beau sous les rayons du soleil avec la légère brume d’embruns, l’atmosphère est paisible, sereine.

Nous décidons de monter en haut du Ryten en cette soirée afin de profiter de la lumière de soir. Le soleil se couchant vers 23h on a largement le temps. L’ascension commence au pied du petit cours d’eau qui descend du Ryten, c’est d’ailleurs le meilleur point d’eau de la plage. Vers 250m nous arrivons au petit lac qui se niche au creux de ce replat. Il faut alors prendre sur la gauche quelques dizaines de mètres après le lac. Nous sommes à peine à 300m d’altitude mais le paysage a déjà complètement changé : on se sent plus en montagne qu’en bord de mer vu la végétation.

La suite du chemin longe le bord de la falaiseet monte progressivement vers le sommet. Le point de vue principal se trouve un peu sous le sommet. La vue est absolument magnifique, surtout à cette heure avec la lumière rasante du soir. Ce sera l’un des plus beaux points de vue du trek avec le Reinebringen et l’Hermannsdalstinden. Nous profitons de la vue et du calme, il n’y a personne, nous sommes bien, c’est un beau moment.

Nous entamons la descente qui sera beaucoup rapide évidemment. Nous finirons la soirée en mangeant nos lyophilisés face au large toujours avec cette ambiance de plage du bout du monde. Cela ne fait que quatre jours que nous sommes ici mais Svolvaer et la France paraissent déjà bien loin.


Cinquième Jour : de Kvalvika à Reine

Réveil agréable au bord de la mer même si les montagnes alentours nous cachent le soleil. C’est donc un réveil frais ce matin. Nous rangeons notre bivouac et nous reprenons l’ascension vers le col. Les rochers sont un peu moins dérapant qu’hier. Nous arrivons rapidement au petit col, nous croisons déjà quelques personnes qui viennent faire l’ascension du Ryten.

Dernier coup d’oeil à la plage qui aura été un des plus beaux lieux du voyage. On continue sur la descente qui, elle, est toujours bien dérapante et humide. Le planning de la journée est de nous rendre à Reine, une fois sur place nous aviserons en fonction de l’heure.

Arrivés de nouveau au parking nous prenons direction Fredvang. Nous arriverons dans la petite ville en une petite heure de marche pas très passionnante sur la route. Nous faisons une petite pause juste avant la série de pont qui nous permet de rejoindre l’E10. On s’installe sur une aire de pique nique sans charme. Quelques minutes après cela un gros camion aménagé en van arrive. Nous commençons à discuter avec le conducteur qui est Norvégien. Après avoir exposé notre plan il nous propose de nous emmener car il va également à Reine. On accepte, on embarque donc après avoir manger un bout avec Ian (le conducteur) et son fils. Le bout de route que nous empruntons ensuite jusqu’à Reine est très beau. En tous cas le voyage est haut en couleur. Ian est un grand bavard et il a beaucoup d’histoire à raconter !

L’arrivée sur Reine est belle, la route passe d’îles en îles suspendue au dessus de l’eau. Reine est juché sur une petite presqu’île. Le village s’articule autour d’une place centrale avec des jolies maisons en bois et notamment un super café qui fait des cinnamon rolls délicieux et du bon café (juste à côté de la location de kayak)! On retrouve un ensemble de Rorbu/hotel qui forme un ensemble typique.

Ian nous dépose sur la place. Nous avions initialement loué un rorbu mais nous sommes en avance sur le planning et nous ne pourrons pas changer de nuit car ils sont complets. Nous essayons donc d’autres hôtels du coin (il doit y en avoir deux autres de mémoire) mais pareil, choux blancs. Nous sommes victime du succès de Reine.

Il nous faut un toit pour la nuit et il n’y a pas grandes possibilités de bivouac pour la nuit autrement. Au final on trouve le contact d’une habitante qui loue des chambres pour la nuit. On va donc la voir (c’est à 100m de la place) et coup de chance il lui reste une chambre !

On pose donc nos sacs pour la nuit. Sur place on fait la connaissance de Félicie, une Franco-Suisse qui passe un mois en solo dans les Lofoten. On débriefe les choses qu’on a fait/vu jusque là et on échange des conseils pour la suite. Le soir on dînera avec Ian, son fils et Félicie dans le resto de l’hôtel à Rorbu qui est pas mal. Ça sera notre dernière journée “véhiculée” on fera toute la suite à pied dans les montages.


Sixième Jour : de Reine à Bunes en passant par le Reinebringen

Une bonne journée en perspective, surtout qu’elle commence sous un grand soleil, il fait même chaud. On aura une chance insolente pendant toutes les vacances sur la météo…

Le programme est simple. Le matin direction le Reinebringen (448m) pour en réaliser l’ascension et ainsi admirer le point de vue le plus connu des Lofoten. Ensuite direction la plage de Bunes sur laquelle on rejoindra Ian, son fils et Félicie.

On part léger pour notre sommet de la journée. Le début de la rando se rejoint en suivant la route (direction Å) sur 200-300m. Le chemin est repérable par un panneau qui avertit de la dangerosité de l’ascension. Concernant ce panneau et différentes choses que l’on peut lire, je pense que le chemin est tout à fait praticable et sans autres dangers immédiats lorsque le temps est sec depuis quelques jours, par contre c’est que par temps humide ça peut devenir très glissant. Il faut noter que lorsque nous avons fait la randonnée (en 2016), un chemin était en train d’être construit afin de rendre la montée plus sûre.

Nous commençons la montée dans les arbres. Le sentier est bon et on s’élève rapidement. Il faut juste faire un peu attention à la direction que l’on suit car de « faux » sentiers mènent nulle part. Un peu plus haut la végétation s’éclaircit et la vue se dégage. On aperçoit la montée en zigzag jusqu’au petit col juste sous le sommet. Il fait très chaud, on est en sueur. La chaleur aux Lofoten est toute relative mais en tous cas on sent bien la différence avec les jours précédents. Nous arrivons au point de vue sur l’autre versant après cette longue montée . C’est vraiment superbe. On peut voir le village en contrebas mais également la route qui court le long de la côte et toutes les îles dans le lointain. Cela valait vraiment le coup de monter ici, la récompense en vaut la peine !

Nous prenons notre temps pour admirer la vue et nous balader le long de la crête. Il faut toutefois penser à redescendre car nous devons ensuite prendre le bateau pour Bunes.

Il faut faire un petit peu attention à la descente car cela peut glisser. On croise pas mal de monde qui montent. Certains, juste équipés de baskets ou de chaussures plates, luttent pas mal dans la boue…

De retour au village nous reprenons nos sacs chez notre logeuse et on se dirige vers le ferry.

Le ferry est un ancien bateau de pêche reconverti pour faire les allers-retours dans le fjord. Le voyage est agréable et surtout rapide. Nos compères, Ian et Félicie mettront, eux,  1h30-2h en kayak.

L’arrivée à Vinstad se fait par un petit ponton sur lequel une véritable foule de touristes attend pour le retour à Reine. Heureusement ceux sont des personnes qui fond l’aller-retour pour la plage dans la journée, il y a donc beaucoup moins de monde qui bivouaque sur la plage.

La marche vers la plage est rapide. On suit le chemin qui longe le bras du fjord et on tourne à gauche juste après le petit cimetière. Il suffit alors de monter en haut de la colline qui fait dans les 80m et on y est

Arrivée sur la plage de Bunes, Iles Lofoten, Norvège

La plage est grande et il y a l’embarras du choix pour poser la tente. Nous décidons de nous mettre plutôt vers la droite afin de nous isoler un peu. Bunes est surplombée par l’Helvetestinden, impressionnante face rocheuse lisse de 510m de haut. L’endroit est très beau et apaisant. La mer est assez éloignée car la plage est profonde. On trouve beaucoup de bouées échouées sur la plage au milieu de la végétation éparse. C’est encore une fois un magnifique lieu à découvrir.

Nous passerons la fin de journée à profiter de la plage et de ses variations au fur et à mesure des heures qui passent. Le soir venu, nous se serons rejoint pas Ian et Félicie mais également des Français, des Américains et d’autres Norvégiens. Nous passerons la soirée à discuter autour d’un feu avec le coucher du soleil qui n’en finit plus en toile de fond.


Septième Jour : de Bunes à la "Butte 448m"

Réveil à l’ombre en cette septième journée dans les Îles Lofoten. Mais il fait beau ce qui augure une randonnée au soleil.

Le but aujourd’hui est d’atteindre le sommet d’une petite butte à 448m sous l »Hermannsdalstinden (1029m) dont on fera l’ascension le lendemain. Normalement un petit ferry permet de se faire déposer à la station électrique de Forsfjorden mais d’après les infos que l’on a eu sur internet, le ferry ne passe plus cette année. Nous allons donc devoir faire le tour du fjord à pied. A posteriori on remarquera que les infos que l’on a eu n’étaient pas bonnes car on a bien vu au loin un ferry passer de Vinstad et aller à la station électrique.

Relativement proche sur la carte la station s’avérera plus longue à atteindre que prévue. Le chemin depuis Bunes est très mauvais et difficile. Pour le rejoindre il faut revenir à Vinstad et partir sur la droite avant d’arriver au niveau de l’embarcadère. Le chemin commence par suivre le fjord dans du terrain assez spongieux mais qui permet une progression rapide. Toutefois on arrive rapidement dans la partie « compliquée » : la majeure partie du chemin passe par un chemin qui se faufile dans des gros rochers recouverts de mousse et dans de la végétation dense. Les rochers moussus, en plus d’être glissant, cachent des trous recouverts de mousse… On passe donc la jambe à travers très facilement et là, on risque de se faire mal. On progresse donc doucement en tâtant avec les bâtons le terrain devant nous. Cette portion est interminable. La centrale électrique ne se rapproche pas et on galère vraiment longtemps.

Nous arriverons finalement à la centrale électrique un peu cassés par le fait d’avoir mis autant de temps à parcourir si peu de distance.

De la station nous prenons à droite en suivant la grosse canalisation. Le terrain est très boueux et glissant. On s’élève rapidement au dessus du fjord et la vue est belle.

On rejoint le lac de Tennesvatnet une fois en haut de cette montée relativement raide; de là on prend vers la droite pour rejoindre le sommet de la butte qui sépare le lac du Krokvatnet. Dans la montée nous croisons un vieux monsieur qui monte avec son chien (seule personne que nous croiserons aujourd’hui), nous découvrions en discutant avec lui que c’est le propriétaire de ces terres et qu’il rejoint sa cabane auprès du Krokvatnet pour y passer quelques jours avec des amis…

L’ascension de la butte est raide mais on arrive enfin à son sommet. Nous sommes bien fatigués… Nous trouvons un emplacement pour monter le camp. Tâche ardue car même si il y a pas mal de zones plates mais celles-ci sont des marécages pour la plupart.

Finalement nous trouverons un bon emplacement dont la vue embrasse le fjord et l’Hermannsdalstinden. Nous savourons ce beau lieu au soleil pour le reste de l’après midi.

Encore une bonne journée de marche même si peu de kilomètres ont été parcourus à vol d’oiseau. Demain nous ferons l’ascension du plus haut sommet de Moskenesoya.


Huitième jour : de la "Butte 448m" à Munkebu en passant par l'Hermanndalstinden

Nous nous levons ce matin sous un grand soleil. Direction le sommet de l’Hermanndalstinden (1029m) ce matin. Nous quittons le camp relativement tôt le matin après avoir pris un bon petit déjeuner. Nous partons léger, laissant la tente et les gros sacs derrière et ne prenant que le strict nécessaire pour l’aller-retour.

Le sentier commence par redescendre quasiment au niveau du lac pour ensuite remonter dans un chemin relativement étroit, boueux et bordé d’une végétation dense pouvant cachée certains trous par exemple. Nous croiserons un couple qui redescend et qui a dû passer la nuit plus haut.La vue se fait rapidement de plus en plus belle.

L’ascension est réputée difficile surtout par temps de pluie. Il n’y a pas de difficultés sur le début du chemin mais la section suivante peut faire quelques frayeurs si l’on n’est pas habitué à un peu d’air et de vide. Le chemin monte d’un coup assez fortement sur une arrête qui laisse pas mal d’air surtout sur la gauche. Des chaînes et des cordes ont été installées pour aider le marcheur. Nous y sommes passer alors que le terrain était sec mais  je pense que faire cette portion sous la pluie peut être légèrement plus dangereux et dans tous les cas il ne faut pas se laisser impressionner par le vide.

L’avantage est que l’on prend vite du dénivelé.

Arrivé au cairn de la photo précédente le chemin part sur la droite. La végétation commence à se raréfier et à être rase. La montée se poursuit ensuite sur un chemin qui pourrait rappeler un sentier des Alpes. La vue est très belle et dégagée, ça promet pour la suite.

Sur la fin, le sentier se fait 100% minéral. Nous ne sommes même pas encore à 1000m et on se croirait à 2500m en France. Il ne reste que quelques lichens. Sur cette partie le chemin devient un peu moins visible et des points de peinture rouges donnent la direction. On arrive au final à une petite passe (très venteuse lorsque nous y étions) qui n’est pas encore le sommet.

Celui-ci se trouve quelques dizaines de mètre sur la gauche et est marqué par un poteau. Pour l’atteindre il faut passer par de gros blocs rocheux qui doivent être glissant si mouillés.

Encore quelques mètres et ça y est nous sommes au sommet. La vue est époustouflante, sublime ! On domine totalement la région environnante. A l’ouest, les Lofoten se jettent dans l’océan avec Vaeroy au loin. A l’est, l’archipel s’étend sur des dizaines de kilomètres, loin au sud on perçoit le continent. C’est absolument parfait ! Sûrement la plus belle vue que nous avons eu durant le séjour (avec le Ryten)…

Nous prenons le temps de savourer l’instant, seuls, bien à l’abri du vent.

Après ce moment de plénitude, nous décidons de redescendre. Nous croiserons quelques groupes de personnes en train de monter. Certains ne dépasseront pas le passage avec les chaînes et les cordes.

Une fois de retour au bivouac, nous nous accordons une petite pause repas avant de refaire les sacs et de partir en direction de Munkebu.

Le chemin est relativement simple pour s’y rendre.

Munkebu est un refuge qui se situe sous le Munken. Plusieurs spots de bivouac sont disponibles dans les parages. Le refuge en lui même n’est accessible que si l’on a les clés qu’il faut récupérer à Sørvagen auprès du DNT (Club Alpin Norvégien).

Le Munken est accessible à pied et offre un beau panorama de son sommet.

Concernant le bivouac, la zone est assez marécageuse, il y a des emplacements pour poser la tente mais pas tant que ça au final si on veut être au sec. Pour notre part nous choisirons de nous mettre sur les hauteurs pour avoir moins d’humidité. Nous avons une jolie vue sur le refuge avec l’Hermann en toile de fond. Nous finirons ainsi la journée qui aura été ensoleillée tout du long encore une fois.


Neuvième Jour : de Munkebu à Sørvagen

La nuit aura été humide… Munkebu est vraiment un beau lieu mais pas forcément le plus adapté à un bivouac.

Nous quittons donc la zone après avoir tout empaqueté encore une fois, direction Sørvagen pour un retour à la civilisation.

Le début du chemin ondule entre de petits sommets secondaire. On reste sur les hauteurs c’est beau même si le temps est plus maussade aujourd’hui. Nous entamons ensuite la descente qui sera progressive sur le début et assez raide à la fin avec quelques passages avec chaînes et cordes pour aider ; mais rien d’infaisable. Nous croisons un peu de monde qui monte certainement à Munkebu pour la journée.

L’arrivée sur Sørvagen se fait par le lac de Sørvagvatnet. La ville s’étend le long de l’E10. On y trouve deux supérettes bien pratiques après quatre jours en montagne. Pour la nuit nous choisissons de dormir dans du dur et nous prenons une chambre qui appartient au restaurant le Maren Anna. La chambre n’est pas extraordinaire en elle même voir même un peu austère… Mais nous souhaitions dormir dans un lit et surtout prendre une bonne douche bien chaude…

La journée n’aura pas été très chargée. Nous la finirons par une balade dans la ville et surtout un bon repas au Maren Anna qui sert une cuisine tout à fait excellente !

Certains guides proposent l’aller retour pour l’Hermanndalstinden depuis Sørvagen dans la journée. Je ne doute pas que ce soit faisable mais je pense que cela demande une bonne condition physique et surtout de voyager léger. De plus cela laisse peu de temps pour prendre le temps ce qui est aussi dommage. Une autre possibilité est de faire l’inverse de notre chemin : partir de Sørvagen et finir à Reine par le ferry ce qui est déjà plus envisageable en une journée.


Dixième Jour : de Sørvagen à Moskenes en passant par Å

Journée de transition aujourd’hui. Nous avons choisi de partir pour Væroy le lendemain, cette journée sera donc consacrée à la visite de Å et à du repos.

Rejoindre la petite ville de Å qui se trouve au bout de l’E10 est relativement facile et rapide depuis Sørvagen en suivant la route. Les paysages sont beaux le long du trajet et heureusement il n’y a pas trop de trafic. On longe le littoral non loin de l’eau en passant par de petit patelins locaux.

Å est un petit village musée au bout de la route. Nous avions peur que ça soit ultra touristique car il y a un grand parking à bus et que c’est assez connu. Heureusement il n’y pas pas foule. Nous croiserons Félicie juste à l’entrée du village qui faisait du stop pour retourner vers Svolvaer.

Nous commençons notre tour dans le village par acheter du pain et des Cinnamon Rolls avec un café dans la boulangerie de la petite place principale. Nous nous poserons ensuite près de l’eau profiter du soleil et des viennoiseries. Nous serons rejoint par deux groupes de français avec qui nous partagerons nos expériences des Lofoten.

Nous ferons un tour plus poussé dans le village. Cela n’est pas très long vu la taille de celui-ci. Le village est sympathique mais pas extraordinaire non plus si on le compare à Nusfjord.

Nous ne restons pas très longtemps finalement. Nous préférons aller vers Moskenes, prendre une place au camping et profiter de la fin d’après midi. Nous reprenons donc la route à pied dans la direction opposée.

Plusieurs belles randonnées sont faisables en partant de Å : l’une d’elles est la plage de Stokkvika en passant par le lac d’Ågvatnet, une autre belle randonnée est l’ascension de l’Andstabben (514m) à l’ouest du village.

Comme nous prendrons le ferry demain à Moskenes nous choisissons de passer la nuit au petit camping de « Moskesnes Camping As ». L’endroit n’est pas d’un charme fous mais nous pourrons prendre une douche, faire une petite lessive et prendre une bière sous le soleil couchant des Lofoten. La fin de l’après midi et la soirée passerons donc ainsi calmement. Demain nous quittons les îles principales des Lofoten en direction de Vaeroy.


Onzième Jour et Douzième Jours : Vaeroy

Avant de parler de Vaeroy en tant que tel, je souhaitais expliqué pourquoi nous y sommes aller. Premier élément nous avons été pris en stop par un couple qui avait passé quelques jours « inoubliables » sur la petite île, un autre couple d’autostoppeur qui nous avait pris était originaire des Lofoten et nous avait vendu Vaeroy comme « spéciale » dans le bon sens a priori ; enfin certaines photos et son isolement avait fini de nous persuader d’y aller. Nous verrons bien.

Pour rejoindre l’île, nous partons donc de Moskenes par le ferry qui rejoint ensuite le continent (en passant par Røst). La traversée se fait en une ou deux heures environ.

L’arrivée se fera dans la grisaille sur un débarcadère sans charme tout en béton… Il n’y a pas grand monde qui descend ni grand monde qui monte dans le ferry… Allons voir dans le village de Sørland ce qui l’en est.

La route vers Sørland est relativement triste et le village également … Il n’y a personne dans les rues et la grisaille n’aide pas … Nous faisons une pause au magasin du coin pour refaire le plein pour le bivouac de ce soir. J’essaie de discuter avec des locaux pour qu’ils nous donnent des coins sympa mais ils parlent pas très bien anglais et n’ont pas non plus l’air très motivés à nous aider…

Nous décidons de rejoindre la plage au bout de la route sur la côte nord non loin de l’aérodrome désaffecté qui accueille le « Midnight Sun Festival » durant le jour polaire.

La route passe par un petit col pour suivre ensuite un littoral sans grand intérêt. Le chemin est relativement long jusqu’à la plage. Nous y arriverons après qu’un local nous ait pris en stop pour aller plus vite.

La plage est sympathique : dans son dos se trouve des grandes falaises quasiment verticales sur lesquelles se forment les nuages. La plage s’ouvre sur l’océan avec une jolie vue sur l’extrémité des Lofoten. Il fait encore gris mais ça devrait changer. Sur la plage et dans les environs on trouve les traces du festival sous forme de sculptures de galets ou de bois, de grandes cabanes en bois sur la plage ou d’un faux bateau pirate échoué. Le tout est sympa et donne un côté plage de pirate perdue.

Nous passerons ainsi la soirée à nous balader sur la plage ou sur le chemin qui longe le littoral vers l’Ouest. Le soleil reviendra en fin d’après midi nous réchauffant ainsi un peu et permettant de sécher de l’humidité de la journée.

De nos onze jours cette journée est la moins sympathique pour l’instant. Nous verrons demain ce que nous réserve Vaeroy.

Le lendemain nous n’avons pas vraiment de plan. On souhaite rejoindre Sørland en coupant par un col au dessus de la plage et aller voir la fameuse vue du fer à cheval au passage.

Nous empaquetons donc tout notre matériel (pour la dernière fois) et on attaque la montée par le chemin bien visible qui mène à la passe. Celui-ci est raide mais pas compliqué et offre une jolie vue que la zone. De haut on peut voir aussi la petite ville de Sørland et la physionomie si particulière de Vaeroy avec sa grande plaine entourée de hautes falaises.

Nous voulions ensuite rejoindre le point de vue que l’on voit partout et qui permet d’admirer les falaises en fer à cheval. Malheureusement nous nous tromperons de coin en pensant que la vue était accessible depuis la station radio. En fait non il faut bifurquer sur la gauche à un moment mais nous n’avons pas vraiment vu de panneaux ni même de chemin clair. Donc grosse déception… ça plus le temps et l’ambiance générale de l’île nous sape un peu le moral. Nous décidons donc de rejoindre la ville et de trouver un hôtel. L’un des rares hôtels de l’île se trouvent dans la zone portuaire et n’a aucun charme. Nous devrons attendre pendant une heure que la réceptionniste arrive mais « heureusement » nous serons accompagnés par deux gars complètement saouls et relativement flippants dont nous arriverons pas à nous débarrasser jusqu’à ce qu’on ait la chambre !

Journée pourrie !! Vaeroy est spéciale mais pas dans le bon sens du tout … Une impression de misère, de lassitude se fait sentir partout. Beaucoup de personnes vivent ou vivaient ici de la pêche et sont au chômage… En tous cas nous sommes véritablement déçu par ces deux jours… Alors tout ça, est évidemment à prendre avec recul car c’est notre expérience et peut être qu’avec plus de soleil et de chance cela aurait été plus sympa…

Nous prendrons le ferry à la première heure le lendemain.


Treizième et Quatorzième Jours : Bodø et le retour

Le ferry entre Vaeroy et Bodø prend environ 5h et passe par Røst. De quoi profiter de la vue sur la mer. De retour à Bodø nous rejoignons l’Airbnb que nous avions réservé chez une norvégienne qui vit ici depuis 3ans. Nous passerons récupérer nos sacs laisser à la consigne à l’aéroport. La fin de journée sera surtout marquée par une grosse pizza chez Bjørk dans le centre ville.

Pour le retour nous prendrons deux avions avec une escale à Oslo. C’est plus rapide que le train… Bye bye Lofoten et la Norvège après ces deux semaines bien remplies.


Conclusions

Ce voyage aura été pour nous l’un des plus beaux que nous ayons fait. Définitivement dans le TOP 3 des plus belles destinations. Nous avions fait la Norvège des fjords l’année précédente mais les Îles Lofoten n’ont rien à voir avec le sud du pays. Ces montagnes avec les pieds dans l’eau sont vraiment uniques, magnigfiques. Nous y avons passé quatorze jours mais nous avions l’impression de n’avoir pas fait la moitié ou le tiers des possibilités offertes par ce terrain de jeu extraordinaire. Point positif supplémentaire : il n’y pas pas encore trop de monde et beaucoup de touristes restent le long de la route principale donc dès qu’on s’éloigne un peu on est seul.

Nous avons eu pendant ces vacances une chance insolente avec la météo : trois jours seulement de mauvais temps ! C’est extrêmement rare dans ces îles. De plus nous avons même eu des températures tout à fait confortables frôlant les 20°C.

Hormis les paysages et la météo on aura aussi rencontrer pas mal de monde très sympa, dans l’esprit baroudeur, « backpacker » ce qui est agréable pour échanger, partager.

Je conseille à 200% la visite des Îles Lofoten et surtout de prendre le temps de les explorer. Une chose est sûre on y retournera, je sais pas quand, mais on y retournera !

Quelques infos utiles :

  •  Le site à consulter avant de voyager aux Lofoten : Lien
  • Le site de la météo Norvégienne : http://www.yr.no/
  • Le site de la compagnie ferroviaire Norvégienne : Lien
  • Un site d'infos générales sur les Lofoten : Lien
    • Et notamment les ferry pour s'y rendre : Lien

Paysage en chiens de traineau

Itinérance en chiens de traîneau

Introduction


Ça faisait longtemps qu’on en causait, que ça nous travaillait Qing et moi (Quentin) (entre autres choses…) : expédition chiens de traîneau en Laponie. Bon la Laponie c’était complet. Du coup plan B : direction Québec ! (pour le même prix). En plus on y a déjà fait un road trip en été et c’était juste génial. Ça sera surement le cas en hiver…

La vidéo de notre périple au fin fond du Québec :

Video de l'itinéraire en Chiens de Traineau

Le camp des loups


Après une petite journée/nuit à la ville de Québec où nous pûmes expérimenter les conditions climatiques qui allaient être globalement celles du séjour (froid + soleil) ainsi que la graille locale nous arrivâmes dimanche soir à Girardville près du lac Saint Jean. Le paysage qui défile pendant nos 5 heures de route est déjà une expérience : lacs gelés et forêts enneigées à perte de vue nous plongent directement dans une ambiance de roman de Jack London.

Arrivés à la nuit tombée au « camp des loups » nous fûmes émerveillés d’apprendre que nous allions dormir les 2 premières nuits dans des cabanes parmi des loups, de vrais loups. En effet si ça peut paraître logique vu le nom du camp, moi j’imaginais bêtement que c’était juste un nom. Imaginez donc une forêt, une nuit étoilée sans pollution lumineuse, une soixantaine de loups répartis en 3 meutes et 3 très grands enclos, nos 2 cabanes au milieu, puis soudainement ces fameuses bibittes (« bêtes en Québécois) qui se mettent à chanter à l’unisson : le pied total pour nous autres amoureux de la nature!

Nous vécûmes cette nuit là notre première expérience de l’hiver Canadien telle qu’on en rêvait. Même se déplacer la nuit jusqu’à la cabane toilette par -20 degrés fut un réel plaisir!

Le lendemain matin, on assista au repas des loups et à une séance câlin entre les bestioles et Gilles le boss du camp. Vous pouvez payer ici pour une expérience presque unique au monde, l’activité « contact avec les loups » où vous rentrez dans l’enclos d’une des meutes pour s’adonner à une séance de papouilles. Aucun risque, ces loups sont en fait « imprégnés » c’est à dire qu’ils ont été élevés et nourris par l’homme depuis qu’ils sont petits ce qui les rend dociles et affectueux comme de bons chienchiens à leurs mémères (à noter que seul un des enclos a ce type de loup).

On quitta le camp des loups pour rejoindre la base de préparation des expéditions, jointe à la maison de Gilles et au chenil. Les chiens sentaient probablement l’odeur du départ qui s’approche car ils braillaient un max et semblaient gonflés à bloc. Bon… on n’était pas encore sur le traîneau, ni même dans le chenil, mais la pression commençait à monter, tranquillement…

Après la distribution de bottes et moufles grand froid, notre guide d’expédition, dénommé Julien, commença à briefer notre petit groupe (Qing, moi et Dominique (une Belge)) sur un tas de détails techniques et nous annonça la couleur : « Je vais être obligé de vous parler maintenant de tout ce qu’il y a à savoir car dès que vous serez sur le traîneau il n’y aura pas de temps d’apprentissage, vous serez en autonomie et devrez gérer vous mêmes votre attelage. En kayak par exemple, on peut y aller molo et apprendre petit à petit sur le tas. En traîneau ce n’est pas possible ». Nous l’avons compris bien assez tôt : les chiens n’attendent pas, pas d’hésitation possible, pas de réglage de dernière minute autorisé… Imaginez que vous ne savez pas skier et qu’on vous balance direct sur une piste rouge avec uniquement quelques paroles et conseils théoriques en guise de bagage… et bien c’est exactement ce qu’on peut ressentir la première fois qu’on se retrouve aux commandes d’un traîneau.

Un état de fait nous apparu soudain comme une révélation : « hey! c’est compliqué en fait ». Aucune personne dans notre entourage n’ayant vécu l’expérience nous n’étions pas prévenus… à dire vrai il y avait bien le retour d’une collègue qui m’avait dit que son fils avait trouvé ça flippant mais je n’y avais pas prêté attention. Nous étions donc jusqu’avant ce briefing sans aucun à priori et dans une confortable naïveté (que peut-il y avoir de difficile à se faire traîner par de gentils chienchiens??).

Julien nous distribua également le nom des 4 limiers qui composèrent notre attelage. Il était alors très important de retenir leur nom car ordres, réprimandes et encouragements doivent souvent être ciblés à un chien en particulier. L’attelage de Q était ainsi composé de Corail et Karma en chien de tête ainsi que de Cosmos & Sikar à l’arrière. J’avais en tête Sky & Akouf et à l’arrière Jacks & Pépère. Bon, Pépère n’est en fait pas un vrai nom car je dois avouer que je l’ai tout simplement oublié… Pour ma défense, l’avenir nous dira que je ne devais garder qu’une seule de ces braves bêtes tout du long de l’expédition : Akouf (dit « le courageux »). Je reviendrai sur les causes du turnover de chien plus tard. Après ce petit briefing, la pression passa un cran au dessus : on avait plein d’info en tête et avions légitimement peur d’en zapper une importante…

La préparation des traîneaux consista à l’installation de la toile pour les bagages (opération qui me parut aussi pénible que mettre une couette dans sa housse) ainsi qu’à l’attache de l’ancre (sorte de grappin à planter dans le sol, dans le but de fixer l’engin).

Quelques minutes plus tard, nous voila à tirer nos traîneaux dans le chenil où 70 chiens de traîneau survoltés,de toutes les races nordiques (Husky, Malamutes, Groenlandais, Samoyèdes etc.), aboyaient à gorge déployée : + 1 cran niveau pression…

Une fois les traîneaux correctement disposés, il convient à chacun d’aller récupérer ses animaux en commençant par les chiens de tête. C’est là que le sport commença. Il faut aller chercher chaque cerbère, le détacher de sa niche et le ramener au traîneau. Problèmes généralement rencontrés :

  1. La dite bestiole a envie de se mettre sur la gueule avec une autre bestiole du chenil
  2. Les autres bestioles du chenil ont envie d’en découdre avec la dite bestiole (par jalousie peut être?)
  3. La dite bestiole n’a pas envie d’aller au traîneau et préfère aller courtiser de la chienne en chaleur / agacer du mâle

A ces situations s’ajoute un élément à considérer : chaque molosse est une vraie boule de nerfs et de muscles capable de tracter 2 fois son poids (sachant qu’un Malamute mâle peut atteindre jusqu’à 50kg…)

Je rencontrais plutôt les situations 1 et 2 mais fus heureusement aidé de Julien qui vint faire la police. Qing était plutôt sur la situation 3. et se fit traîner dans la neige (littéralement) par une de ses chiennes désireuse d’aller chanter la pomme (« flirter » en Québécois). Tout ça avec en parallèle Julien qui nous pressa de nous magner le fion (plus on met de temps, plus les chiens s’impatientent, plus ça peut partir en cacahuète). Inutile de préciser qu’à partir de ce moment là, toutes les consignes claires et cohérentes qu’on nous avait précédemment énumérées ne sont plus que poussières dans la tempête émotionnelle que nous subissons.

A peine le dernier molosse attaché que Julien nous fit signe de détacher les animaux attachés à l’arrière de nos traîneaux respectifs (les chiens de tête de chaque traîneau sont en effet attachés au traîneau de devant). C’est une étape hyper importante car si on part sans les détacher ces pauvres toutous peuvent tout simplement se retrouver étranglés et y laisser leur vie…

A peine les bestiaux de derrière détachés que mon traîneau démarra à 50000km/s sans attendre mon « OK » censé autoriser le départ. Déjà bien éloignés du chenil j’entendis un guide venu nous assister dans notre préparation me crier « l’ANCRE! N’OUBLIE PAS L’ANCRE! ». En effet j’avais été tellement pris de court que j’avais zappé que j’avais initialement une ancre enterrée dans le sol censée bloquer mes chiens à l’arrêt… Ces derniers avaient réussi à faire décoller l’engin sans difficulté alors que le grappin était solidement planté dans la glace… Et voici donc ce fameux grappin qui se baladait à l’arrière de mon bolide au risque de se coincer dans une souche et provoquer l’accident. Ni une ni 2  j’arrivai à choper le problème pour venir le fixer là où il était censé se trouver (du moins je croyais). Après 30 secondes je réalisai que le traîneau de Qing me suivait de prêt, mais sans Qing dessus… Une fois arrêté, elle nous rejoignit en courant puis nous expliqua qu’elle avait dû utiliser ses 2 mains pour déterrer l’ancre et que bien entendu les chiens n’avaient pas attendu qu’elle soit confortablement installée avant de démarrer. Elle avait bien réussi à se faire traîner sur quelques mètres, tel le skieur qui tombant du tire-fesse s’obstine à ne pas lâcher prise…

Nous revoilà vite repartis dans l’action car les chiens sont encore chargés à bloc et ne supportent pas d’être à l’arrêt. Il s’en suivi de multiples déboires et gamelles dont je vous passerai l’énumération. Les passages les plus difficiles à négocier consistent aux virages dans les descentes qui, si vous n’êtes pas bien positionnés et avez de surcroît une mauvaise vitesse, vous envoient systématiquement dans le décor.

Arriva un moment où je fis une gaffe beaucoup plus sérieuse que les autres : une fois n’est pas coutume Q s’était sympathiquement vautrée lors d’une descente et ses chiens avaient décidé de continuer la route sans elle (rien d’inhabituel en cela). N’écoutant que mon courage je descendis de mon traîneau pour arrêter sa meute. Seulement voila, mon propre quadruplet de canailles décida également de se faire la malle pendant que j’étais occupé à sauver ma belle. Ils n’allèrent pas bien loin : juste assez pour se mettre sur la gueule avec les chiens de Dominique qui était placée devant moi. S’en suivi une bagarre entre les 2 attelages d’une rare violence où Julien dû intervenir en distribuant les taloches… A noter qu’il est d’autant plus difficile dans ces situations de séparer les querelleurs du fait que les attelages s’emmêlent. Bilan du combat, beaucoup des pauvres toutous avaient pris de sales coups par ma faute… Jacks notamment avais pris une sacré morsure à la patte (je voyais du sang sur la neige). Julien ne manqua pas de m’engueuler à juste titre, en précisant que j’étais le seul responsable de la catastrophe… Inutile de préciser qu’à ce moment là je me sentais mal… très mal.

Julien décida ensuite de s’arrêter un peu plus tôt pour la pause déjeuner car tout le monde avait l’air d’avoir besoin de souffler. Une fois les chiens installés et tranquillisés, nous procédâmes moi et Q à une séance câlin / réconfort avec nos bêtes qui avaient tant souffert de notre incompétence. On essayait de les rassurer et de se montrer positif, mais notre cœur battait toujours la chamade. On dit que les animaux sentent la peur. J’espérais qu’à ce moment là ce n’était pas le cas!

Julien lança sans transition des sujets de conversation sans lien avec notre aventure actuelle. Ceci, je supposais, dans le but de détourner notre attention de nos problèmes et de baisser un peu la pression de nos cocottes minutes respectives. Seulement voilà, après moultes gamelles et gaffes plus ou moins sérieuses notre esprit ne voulait pas zapper de chaîne et notre participation à la conversation n’étaient donc réalisées que grâce au mode automatique de notre cerveau. La partie consciente de notre matière grise elle, passait en revue le concentré d’action qu’on avait subi dans la matinée…

En quelques minutes Julien avait abattu un petit arbre mort (bien sec!), l’avait débité en bûches et avait coupé ces dernières en 2. Il agença 4 demi-bûches en lignes parallèles puis superposa les autres en couches successives, systématiquement perpendiculaires à la couche du dessous. Avec quelques brindilles et de l’écorce de bouleau, le feu prit en 2 secondes avec juste l’aide d’un petit briquet!! Il est impressionnant de voir à quel point l’air est sec (du fait des températures négatives je suppose). Pour se désaltérer, rien de plus simple, il suffisait de remplir de neige la bouilloire puis de la mettre sur le feu. Barbaque et pains à toaster furent ensuite déposés sur le grill pour nous offrir le plus sauvage des barbecues. Le cadre, en pleine forêt boréale canadienne, était idyllique. Seulement, nos têtes pleines d’inquiétude n’étaient pas du tout réceptives car on était déjà mentalement en train de préparer le départ.

Le rangement des ustensiles de cuisine et de la bouffe doit être fait le plus discrètement possible car les canidés, loin d’être idiots, sentent très vite le départ arriver. A peine la dernière fourchette réintégrée dans la boite que tous les molosses étaient debout à aboyer qu’on traînait un peu trop. Quelques secondes plus tard on était chacun sur nos traîneaux respectifs et Julien nous fit signe de détacher les chiens de derrière.

A y est c’était reparti à 500000km/s comme ce matin. Même mon attelage qui comportait maintenant un blessé restait vaillant. Bon on maîtrisait tout de même un peu plus. Notre équilibre notamment se faisait de plus en plus naturellement. Ceci n’empêchait pas les multiples gamelles. Voulant revenir au camp par la rivière gelée (plate et tranquille comme on aime!), Julien décida d’emprunter des chemins ouverts par des motoneiges. Le petit problème est qu’il fallait, pour arriver à la rivière, se taper quelques descentes à pas piquer des hannetons. J’arrivais à les négocier tant bien que mal mais Qing par contre n’avait pas encore compris comment utiliser les freins. Lors d’une descente un peu plus raide que les autres, son traîneau allant plus vite que les chiens percuta ceux de derrière puis alla se renverser dans la poudreuse. Qing enterrée dans la neige jusqu’au nombril commença alors à montrer des signes de fatigue nerveuse. Pour couronner le tout, un de ses toutous avait décidé de la réconforter par une séance de léchouille alors que ses efforts étaient concentrés sur comment se dépêtrer de la neige. 2 de ses chiens, emmêlés l’un sur l’autre, commençaient par ailleurs à se reprocher violemment cet état de fait. Heureusement Julien intervint vite pour arrêter la bagarre et aider Qing à se remettre sur pieds. Le reste de la balade sur la rivière fut beaucoup plus tranquille mais notre esprit lui, était très occupé. Allions nous abandonner ce soir? Fallait-il continuer alors qu’on avait tant souffert aujourd’hui? On pensait alors que le boulot trankilou devant son ordi, c’était pas si mal finalement. Dans mon attelage, Jacks l’estropié montra vite des signes de fatigue (matérialisés par sa corde qui n’est pas systématiquement tendue) et il laissait des traces de sang dans la neige, ce qui me rappelait constamment mon erreur et me nouait l’estomac. Quant aux chiens de Qing ils regardaient désormais souvent derrière eux pour vérifier qu’elle avait toujours le contrôle et qu’ils n’allaient pas se faire botter l’arrière-train par un traîneau fou.

De retour au camp des loups, on passa la soirée à débriefer de notre calvaire et à lister toutes les techniques qui nous restaient à maîtriser. Gilles vint nous apporter le repas ainsi que quelques mots de réconfort : « la première journée est toujours la plus dure et ça ne peut aller qu’en s’améliorant ». Cet état de fait ne nous rassura pas des masses non plus vu le niveau duquel on partait… qui plus est le lendemain c’était le début de l’expédition de 4 jours et un abandon en cours de route ne serait alors plus envisageable…

Départ du camp


Le lendemain matin le stress était à son comble, avec la même suite d’actions et d’adrénaline jusqu’au départ à quelques différences prêts : il faut charger les traîneaux du nécessaire pour 4 jours d’expédition avec notamment les sacs de couchage grand froid et surtout la bouffe pour hommes et bêtes. Par ailleurs, mon pauvre Jacks, blessé à la patoune par ma faute, dû rester à la niche se reposer. Son poto Pépère fut lui aussi remplacé pour maintenir l’harmonie au sein de l’attelage (il est primordial de respecter les liens sociaux si l’on veut que tout se passe bien). A leur place je récupérai Keorn et Keffir, 2 frères malamutes mâles qui se ressemblent tellement que je ne sus jamais les distinguer.

A y’est, c’est parti pour quatre jours d’expéditions! Le départ fut violent mais nous avions tout de même retenu quelques leçons qui nous permirent d’éviter grand nombre de gamelles. J’utilisais notamment désormais régulièrement mon grappin en plus de mes freins pour calmer la hardiesse de mes limiers qui se montraient souvent un peu trop rapides et impatients.

Le temps était toujours au beau fixe et l’air de rien, le stress diminuait petit à petit. On commença à se permettre de ne pas être à 100% concentrés sur notre conduite et de contempler un peu le paysage magnifique qui nous entourait. Je sortis même pour la première fois ma caméra lors d’un long passage assez plat dans une tourbière.

Notre tranquillité fut à un moment interrompue par le passage délicat d’une petite crevasse creusée par un ruisseau, où nous devions emprunter un pont de glace. Julien passa le premier sans grabuge. Vint ensuite le tour de Qing qui s’élança à pleine vitesse comme commandée. A l’inverse de Julien cependant, le pont céda et son traîneau vint se planter violemment dans la neige ce qui ne manqua pas de la faire tomber. Celle-ci eu cependant le réflexe de s’accrocher de toute ses forces à la partie émergée des skis de son traîneau. Le temps que Julien arrive pour l’aider, elle avait tout de même mis un pied dans l’eau glacée, ce qui ne s’avéra pas très confortable pour le reste de la journée!

Nous arrivâmes en fin d’après-midi à notre premier camp, situé sur une île en plein milieu d’un lac gelé où nous fûmes heureux de découvrir un peu plus la vie de trappeur canadien telle qu’on l’imaginait. Après s’être occupé de l’installation des chiens nous allâmes chercher de l’eau au lac. Rien de plus simple sachant que celui-ci était recouvert d’une couche de 2m de glace! Heureusement Julien était équipé en conséquence. Après avoir dégagé la neige à coups de hache, celui-ci entreprit de percer la glace via une sorte d’énorme visse surmontée d’une manivelle. Après quelques minutes d’effort, l’eau jaillit du trou telle une fontaine, du fait de la pression exercée par la banquise.

S’en suivi une petite balade en raquette en duo avec Julien (les femmes avaient décidé de rester au chaud dans la cabane) où nous discutâmes politique, finance et permaculture. Je fus impressionné par la singularité de cet homme qui, nourrit d’une énergie débordante et d’une grande curiosité, ne limitait pas ses intérêts à son univers de coureur des bois. Bien au contraire, j’avais souvent l’impression que ces sujets l’ennuyaient car il passait rapidement à d’autres thèmes de conversation. Après réflexion, je me dis que je serais également las de répéter chaque semaine les mêmes choses à des citadins qui ne connaissent rien à la vie sauvage! Nous apprîmes plus tard qu’il était, en plus d’être guide, écrivain…

De retour au camp, on décida, moi et Q de tester le sauna avec pour objectif de clôturer l’expérience par un bain de neige… Une chose que je n’avais pas prévue en plongeant dans la poudreuse c’est que ce n’était pas de la poudreuse, mais plutôt de la glace, ce qui ne manqua pas de me meurtrir les genoux. J’étais cependant content de moi car j’avais résisté quelques secondes de plus que Q dans ce froid de canard 🙂

Après un dîner copieux nous nous endormîmes on ne peut plus rapidement…

Deuxième jour de raid


Le lendemain un élément que l’on n’avait pas vraiment rencontré jusqu’à présent s’invita dans notre expédition : le froid. Les autres en avaient déjà fait l’expérience pendant la nuit (-30 degrés paraît-il) sur le court chemin qui allait au petit coin mais j’avais réussi à ne pas avoir besoin d’y aller. Le soleil déjà haut dans le ciel, le thermomètre indiquait toujours -22 degrés. Les rafales de vent qui faisaient bouger la cabane nous indiquaient par ailleurs que ce n’était pas le bon moment pour une promenade de santé. On attendit un petit peu mais décidâmes finalement d’y aller malgré les conditions un peu rudes. Les moufles, jusqu’à présent plutôt optionnelles (on portait jusqu’à présent des  gants légers), étaient devenues une nécessité et ce fut une réelle difficulté supplémentaire que d’essayer de détacher/attacher les chiens avec.

Une fois parti, en trombe comme d’habitude (mais avec une appréhension moindre), je m’aperçu que Qing ne nous avait pas suivi. Celle-ci avait une fois de plus eu tout le mal du monde à retirer l’ancre solidement plantée dans le sol… Il convient d’ajouter que, du fait des difficultés des 2 jours précédents, Qing était courbaturée à un niveau tel qu’elle n’arrivait pas à lever le bras (NB : on comprendra donc mieux sa démarche de canard dans certains passages de la vidéo…).

L’épreuve en ce début de journée consista à résister au froid, dont l’effet était décuplé par le vent que l’on prenait en pleine face (étant donné qu’on évoluait essentiellement sur des lacs). Ainsi par exemple, avec une température de l’air à -20°C, et un vent de 35km/h (moyenne observée au canada au mois de mars selon windfinder.com) la température équivalente ressentie est de -43°C… Tout ça pour dire qu’on se situait très probablement à ces moments là dans la fourchette de températures correspondant à la définition de « Froid intense. Danger grand : gelures probables lors d’exposition prolongée. » (Lien vers source). Heureusement on avait pris le soin de se couvrir de la tête aux pieds par de multiples couches et notre chaudière interne était constamment alimentée par les efforts fournis sur le traîneau. Heureusement aussi, on arriva vite dans la forêt est ce fut comme si la température avait récupéré 20 °C d’un coup.

Le reste de la journée se passa sans grabuge notable, mise à part pour Dominique qui avait toujours quelques difficultés à asseoir son autorité envers sa meute. Une des probables raisons exprimées par Julien était qu’elle n’arrivait pas à changer de ton entre ses quelques encouragements et ses nombreux reproches, ce qui perturbait grandement ses chiens. Moka, un de ses deux chiens de tête, lui donnait spécialement du fil à retordre. Fatigué d’entendre trop souvent Dominique crier après l’animal, Julien décida de le changer d’attelage. Plus précisément, il me refila la bestiole en échange de Sky. Julien m’expliqua plus tard : « des fois, le feeling passe pas entre chien et homme, tout comme entre hommes. Dans ces cas là faut pas chercher à comprendre ». Moka était en effet un peu plus dissipé que le reste de ma bande (il ne perdait pas une occasion pour se rouler dans la neige) mais Akouf le remettait généralement dans le droit chemin (parfois en montrant les crocs) et finalement l’efficacité de ma meute n’était pas amoindrie.

Etant placée devant moi je voyais régulièrement  Dominique paniquer à l’approche d’une pente un peu raide. Elle répétait alors ce même mot, que ses toutous n’avaient très probablement jamais appris, avec une intensité croissante « doucement!, DoUcEment! DOUCEMENNNNNNNNNNT » puis ce dernier cri s’atténuait d’un coup comme celui de quelqu’un qui saute dans le vide.  Je savais alors qu’il fallait que je laisse passer un peu de temps avant d’attaquer à mon tour la descente car si Dominique s’était plantée sur le chemin ou même en bas de la pente, il fallait que je puisse m’arrêter avant de lui rentrer dedans. J’eus une fois affaire à cette situation et je dus mettre toute mes forces à la fois sur le frein et sur le grappin pour éviter la collision.

Arrivés à notre second camp, qui se révéla être la cabane la plus spacieuse du séjour, nous procédâmes à notre routine de travaux du soir (à noter que Julien effectuait quatre vingt pour cent des tâches): décharger les traîneaux, nettoyer les emplacements des chiens, leur donner à boire et à manger, aller chercher de l’eau au lac, ramener du bois dans la cabane, sortir les sacs de couchage etc.

Nous eûmes cependant le temps moi et Qing d’aller faire une petite promenade en raquette. Évoluer dans cette forêt où régnait un calme absolu avait quelque chose de magique. Seul le bruit de nos raquettes venait perturber le silence et le temps semblait être arrêté. Nous ne suivions pas de chemin et la nuit tombait, nous étions donc prudent. Julien nous avait notamment prévenu qu’il ne fallait pas marcher sur certains endroits de la rivière, où la glace pouvait se révéler être fragile. Après une petite demi-heure, il nous rejoignit, avec la démarche assurée du trappeur qui avait marché en raquette toute sa vie. Tout l’opposé de Qing qui avait, du fait de ses courbatures, une démarche de canard boiteux.

On arriva jusqu’à une clairière qui était en fait des lacs gelés entretenus par des castors (on n’aurait pas pu deviner si on ne nous l’avait pas précisé!).

La soirée Julien nous demanda si on souhaitait continuer notre expédition jusqu’au 3ème camp ou retourner au premier. Le chemin qui allait au troisième s’avérait plus technique que ce qu’on avait vu jusqu’à présent et vu qu’on n’était pas encore des as du traîneau, il nous posait légitimement la question. Ce  dernier campement était aussi selon lui le plus rustique. Si ma nature de perpétuel optimiste et curieux me faisait pencher pour le troisième camp, Qing était partagée et Dominique était clairement plus pour retourner au premier, ce qui du coup, n’aida pas du tout Julien… Malgré l’indécision générale, il finit par trancher: nous irions jusqu’au troisième!

Troisième jour de raid


Le lendemain matin, après le copieux petit déjeuner à base de pancakes et sirop d’érable, on s’apprêta au départ comme d’habitude. Il faisait toujours très froid et le port des moufles était de rigueur. Une fois les traîneaux disposés, Julien nous donna le top départ pour aller chercher nos chiens. S’enclencha alors le chrono habituel, où telle une course il fallait aller le plus vite possible car les molosses étaient déjà survoltés. Pour une raison que je ne m’explique pas, je fus assez lent et Julien me pressa comme d’accoutumé car j’allais « être en retard ». A peine les bestiaux attelés que Julien nous fit signe de détacher les chiens de derrière. Seulement voilà, j’éprouvai toutes les difficultés du monde à détacher l’attache avec mes moufles alors que les secondes étaient comptées… Je me débarrassai en vitesse de ma moufle droite puis détachai rapidement les bestiaux. Du moins je croyais, car je réalisai vite mon erreur, d’une extrême gravité : au lieu de détacher les chiens de mon traîneau j’avais simplement détaché la corde qui reliait les chiens de tête entre eux. A ce moment là un vent de panique s’empara de moi car je savais que si mon attelage partait, la pauvre bête qui était restée attachée à mon traîneau allait se faire étranglée (imaginer 4 molosses qui tirent une corde reliée à votre coup et que votre corps lui, ne peut pas bouger…) Je criai de toutes mes forces pour dire à Julien et Qing (situés devant moi) de ne pas partir pour de pas inciter mes chiens à faire de même mais ils ne m’entendirent pas sous le vacarme des aboiements. Il était déjà trop tard… ils étaient déjà lancés. Heureusement un miracle se produisit alors. Mon ancre, qui le premier jour n’avait pas résisté une seconde, restait sereinement plantée dans le sol. Après une manipulation de quelques secondes qui me parurent une éternité, j’étais lancé sur les traces de Q et Julien, tremblant et heureux d’avoir esquivé l’horreur.

Arrivé à hauteur de Qing et Julien, j’expliquais ce qui venait de se passer et vit le visage du guide pâlir (il avait faillit perdre un chien cette saison à cause du même type d’accident). Je n’eu pas le temps de lui dire que tout s’était finalement bien passé qu’il était déjà en train de courir à la rencontre de Dominique qui était resté bloquée au départ. Heureusement elle n’arrivait juste pas à déterrer la fameuse ancre!! Ainsi au final il y eu plus de peur que de mal!

Le reste de la journée ne fut pas aussi difficile qu’annoncé par ce faux départ. Le chemin était en effet assez technique mais il n’y avait pas trop de descentes de la mort comme le craignait Dominique. La difficulté résidait essentiellement au franchissement/contournement des nombreux obstacles de la forêt, ainsi qu’à quelques côtes un peu abruptes à grimper. Généralement, tout est question de vitesse, équilibre et maîtrise de la force centrifuge. D’autres passages délicats consistaient à faire comprendre à son quadruplet de coquins qu’il valait mieux, dans un virage serré, bien suivre le chemin plutôt que de couper à travers les bois. Ainsi parfois il était important dans un virage d’attendre que les chiens de derrières identifient bien là où ils devaient passer car ces derniers avaient souvent le mauvais réflexe de couper au plus court sans se soucier de savoir si le traîneau qu’ils tiraient pouvait également suivre…

On arriva en fin d’après-midi au dernier camp qui n’était pas une cabane mais une tente, située sur une petite île au milieu d’un lac.

Ici pas de toilette, il convenait d’aller dans la forêt pour faire ses besoins. Après notre routine habituelle de soirée je demandais à Julien si je ne pouvais pas aller couper un arbre pour faire du bois (je l’avais vu faire plein de fois lors de nos piques niques du midi) et celui-ci se proposa de m’accompagner. On ramena ainsi 3 arbres que l’on débita en buches. La nuit tombée, nous observions le ciel avec attention car l’application de Qing disait que c’était la soirée de la semaine avec le plus de chance de voir des aurores boréales. Malheureusement, les nuages, de plus en plus épais, éliminèrent vite toutes nos chances de voir le phénomène.

Dernier jour ...


La nuit ne fut pas très confortable pour une seule et bonne raison : le poêle chauffait énormément et la petite tente n’arrivait pas à évacuer la chaleur. Ne tenant plus, je sortis une paire de fois pour me refroidir et on garda longtemps la porte ouverte, alors qu’il faisait -20 dehors…

Au petit matin, nous fûmes réveillés par le chant de la meute, qui ressemblait étrangement à celui des loups. C’est la première fois que je les entendais se coordonner de la sorte et en fus touché. Nous amorcions notre dernière journée d’expédition et déjà je commençais à m’attrister de finir l’aventure. Je m’ébrouais : il fallait profiter à fond de cette dernière journée et ne pas penser au lendemain!

Je sortis pour aller au petit coin et fus surpris par le temps : il neigeait à gros flocons ce qui tout de suite me plongea directement dans une ambiance encore jamais vue, presque féérique. Après le copieux petit déj habituel, je m’imposais la corvée de ramassage de crottes. Julien avait plus nourri les molosses que d’habitude (car il les trouvait un peu maigrichons) ce qui augmentait proportionnellement la quantité d’excréments produite. Je dus ramasser ainsi en moyenne 3 gros cacas par chien (x 17 toutous = 3 seaux remplis à ras bord). Heureusement par ces températures, les étrons, gelés comme des esquimaux au chocolat, ne sentent quasiment rien.

Le départ se passa cette fois-ci sans accroche.  L’objectif de la journée était de retrouver le camp de base en passant par « la route des crêtes ». Celle-ci s’avéra beaucoup plus tranquille que le jour précédent mais c’était sympa de changer de paysage. En effet, on prenait de la hauteur et beaucoup d’endroits présentaient une vue dégagée.

Le départ se passa cette fois-ci sans accroche.  L’objectif de la journée était de retrouver le camp de base en passant par « la route des crêtes ». Celle-ci s’avéra beaucoup plus tranquille que le jour précédent mais c’était sympa de changer de paysage. En effet, on prenait de la hauteur et beaucoup d’endroits présentaient une vue dégagée.

A un moment je vis Julien crier « ORIGNAL DROIT DEVANT! » puis foncer à toute allure. En effet il avait aperçu deux orignaux, chose apparemment rarissime et nous encourageait donc à partir à leur poursuite pour avoir une chance de les voir. Malheureusement, les chiens de Dominique, qui étaient placés juste devant moi et Q, n’avaient pas envie de faire de même et nous restâmes donc à un rythme relativement lent. Nous avions donc presque vu des Orignaux sauvages, est-ce que cela compte pour quelque chose?

Il était toujours tôt dans l’après-midi mais déjà je reconnaissais la rivière du 1er jour : on s’approchait du camp de base et du chenil. Ça tombait pas mal car Qing avait percuté un arbre assez violemment ce qui avait abîmé son pare-choc et la déséquilibrait constamment (la pauvre devait perpétuellement mettre son poids sur la droite). Avant même de voir le chenil, on l’entendit : tous les chiens qui étaient restés au camp nous accueillaient par de chaleureux aboiements!

Dès que nous fûmes arrivés, nous dûmes raccompagner chacun de nos braves toutous à leur niche respective. Un vrai crève cœur! Qing versa une petite larme et moi je me retenais de ne pas en faire autant. L’aventure avait été courte (5 jours seulement) mais elle avait été d’une richesse intense et splendide.

Conclusions


Au moment où je vous écris (plus ou moins 1 mois après), il n’y a pas eu un seul jour sans que je ne repense à cette expérience formidable. Je repense à nos chiens bien sûr, mais aussi aux petits détails qui nous ont plongé dans un autre univers : les forêts de pins et d’épinettes, les barrages de castor, le pain croustillant cuit à la chaleur du feu du poêle, la sensation de la neige que l’on frotte entre ses mains pour se les laver, le crépitement du feu du pique-nique dans les bois, la fatigue du soir quand on se glisse dans le sac de couchage, le bruit de nos pas dans la neige, le chant des loups…

Aussi en seulement cinq petits jours, nous fûmes surpris de la rapidité avec laquelle nous avons développé des sentiments envers nos chiens. Chacun sa personnalité, ses qualités, ses défauts, son charisme auprès des autres. Sur mon attelage :

  • Akouf dit « le courageux » : le seul toutou que j’eus dans mon équipe du début jusqu’à la fin. Il n’en démord jamais et il est toujours le premier à vouloir repartir. Un vrai chien de tête! Il a aussi un sacré coup d’épaule qui lui a permis de rompre son attache (je dus alors en bricoler une  de fortune le temps de rejoindre Julien).

  • Sky dit « le larmoyant pelé » : ce brave chienchien avait en effet un pelage des plus singuliers : tout blanc sans poil long de telle sorte qu’on avait l’impression qu’il avait été tondu comme un mouton. Julien confessa qu’il n’avait jamais vu de chien « aussi moche », point sur lequel je n’étais pas d’accord (je trouvais qu’il avait une beauté singulière). Sky avait pour habitude de s’adonner à de longues séances de plaintes et jérémiades la nuit ou le matin (il était le seul à faire ça). A la différence de beaucoup d’autres, il avait un passé probablement difficile car ce dernier avait été recueilli par Gilles il y a peu de temps et avait avant appartenu à des familles. Il était en manque constant de câlin. On avait aussi l’impression qu’il se retenait de faire ses besoins, probablement par peur de réprimandes (il est difficile de désapprendre quelque chose à un chien).

Keorn et Keffir « les forts »: Les 2 frères malamutes mâles étaient les locomotives de mon attelage. Infatigables, on avait l’impression que rien ne pouvait les arrêter. C’était surtout grâce à eux je pense, que même dans les côtes les plus raides, je n’avais qu’un effort minime à fournir là où les autres mushers devaient pousser leur traîneau! Ça avait aussi son inconvénient quand il fallait les arrêter… Ils étaient par ailleurs peu bruyants et affichaient souvent leur indépendance, un caractère typique de leur race (« Même s’il présente des caractéristiques similaires avec le husky sibérien, le malamute est plus trapu, plus puissant, plus têtu et plus dominant. Le husky sibérien est plus fin, plus rapide tandis que le Malamute est plus endurant et saura tirer de plus lourdes charges sur des distances plus longues. » source: wamiz.com)

Moka « le fou » : Moka était un peu le foufou de la bande (on sentait qu’il était plus jeune que les autres) et devait être rappelé à l’ordre à la moindre distraction (pipi des copains/copines, animaux sauvages etc.).

Et n’oublions pas:

  • Jacks ‘l’estropié » : nul besoin de le redire, ce brave Jacks (qui veut dire copain en Québécois) fut durement touché dans la bagarre du premier jour et je m’en veux encore aujourd’hui.
  • Pépère » le brave » : compagnon de traîneau de Jack, je n’eu pas le temps de développer beaucoup de liens avec lui mais je suis sûr que c’est un brave et fidèle toutou!

Ajout par « Q » sur son attelage « 5 étoiles »: une équipe de choc, avec laquelle Julien n’a jamais eu de souci:

  • Les soeurs Karma et Corail: mes chiennes de tête. Karma est la vive et Corail la câline. A chaque fois que je venais les chercher au chenil, Karma se tenait toujours toute droite et remuait de la queue, comme si elle me disait « je suis toute prête, ramène moi maintenant! » je l’attachais en effet le plus souvent en premier afin de ne pas casser ce dynamisme. Corail en revanche était totalement différente. Au départ du chenil, elle était toujours couchée et dès que j’approchais, elle roulait sur le dos, non  pas parce qu’elle ne voulait pas partir, mais parce qu’elle adorait des câlins au point où j’avais même du mal à lui mettre son harnet! Mes deux leaders étaient supra intelligentes. Mais comme l’expédition tombait pendant leur période de « chaleur », elles pouvaient s’arrêter à tout moment en chemin pour une simple odeur de mâle. Heureusement que j’avais aussi Cosmos et Sikar.

  • Cosmos est « le moteur », un malamute jeune et bien dynamique, toujours celui qui relance le troupeau. Si cet entrain ne m’arrangea pas vraiment au début, surtout à la fin des pauses,  il s’avéra être un avantage énorme tout au long de l’expédition. Plusieurs fois, il boostait mêmes les 2 chiens de tête en donnant des petits coups de tête pour qu’elles avancent. J’appréciais beaucoup le geste.
  • Sikar est le « brave », et le plus costaud. Du coup il était aussi le plus lourd, et celui qui s’enfonçait le plus dans les passages de neige souple et profonde. A ces moments là, il ne tournait jamais la tête et avançait toujours avec une détermination touchante! Il était, plus qu’un chien, un vrai partenaire.